Le Premier parti ouvrier de France
 |
20/05/03 |
 |
6.28 t.u. |
 |
Roland Gaucher. |
|
Cette formule qui donne son titre à cet article a été longtemps brandie comme un drapeau par la propagande du PCF. Un article publié dans L’Humanité le 25 avril montre que chez les chômeurs, les ouvriers, les salariés et les travailleurs intérimaires, le score des électeurs de Robert Hue varie entre 1 et 4 % pour le premier tour des Présidentielles. Cela met en évidence, de manière remarquable que le PCF s’est effondré dans les milieux ouvriers.
A quoi il faut ajouter un autre phénomène important. Déraciné dans la classe ouvrière, le PCF est également coupé d’une puissance qui faisait jadis une grande partie de sa force (en particulier financière) : le Parti communiste russe et son Internationale. Et si on veut avoir quelques informations sur Ziouganov, il faut lire un autre journal que L’Humanité.
Quel est aujourd’hui le premier « parti ouvrier de France » ? Ni le PS, ni les formations trotskistes, ni les Verts. C’est le Front national.
Ne comptez pas trop sur les médias pour se pencher sur ce bouleversement et pour tenter de l’analyser. On ne va pas faire des misères au pauvre Robert Hue, ni à l’insignifiante madame Buffet.
Si le Front national est devenu le premier « parti ouvrier de France », il convient de préciser que c’est sur le plan électoral. Je doute qu’il en soit de même sur le plan du Parti proprement dit. Il serait intéressant de faire une enquête à ce sujet pour savoir combien le Front compte dans ses rangs d’ouvriers, de travailleurs intérimaires, d’employés, voire de chômeurs.
Une chose apparaît sure en tout cas : s’il est possible qu’un certain nombre de petits cadres se recrutent dans la classe ouvrière, aucun ne figure ni au Comité central, ni au Bureau politique, ni au Comité exécutif.
Signalons, à ce propos, que l’Esprit public, l’association de Jacques Bompard, le maire d’Orange, organise un colloque dans cette ville les 30 et 31 mai. Parmi les ateliers prévus, le n° 4 est consacré au « Monde des travailleurs », avec cette question : « Ouvriers et employés : pourquoi votent-ils pour la droite nationale si nombreux, mais y adhèrent-ils en moindre proportion ? »
D’autres ateliers sont consacrés à l’action transversale (la pénétration dans les syndicats, les groupes de pression, les associations, la jeunesse, les médias, etc.)
Ce colloque s’annonce en somme comme un travail d’autocritique à l’intérieur du FN, et peut se révéler intéressant si les débats sont menés avec impartialité.
La semaine prochaine, je parlerai du « scandale » provoqué par le livre de Brigitte Bardot et de son passage à la télévision.
Roland Gaucher.
|