Le peuple (Volk) contre le Cirque mondialiste
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10/06/02 |
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11.26 t.u. |
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François-Xavier Massa |
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Qui s’en souvient encore ? En pleine (1ère) Guerre d’Afghanistan, les belles âmes occidentales – entendez les Quisling de l’Amérique, téléguidés de Washington – avaient organisé sur injonction de leur maître le boycott des JO, sous prétexte que ceux-ci devaient se tenir sur le territoire de la défunte Union Soviétique.
Je note qu’au moment même où perdurent les “Guernica” de l’US Air Force sur l’Afghanistan et l’Irak, et, in fine, sur leurs populations civiles, la même pensée n’a guère effleuré les Je Suis Partout de l’américanolâtrie triomphante.
Il y a donc, pour la bonne conscience internationale, de “bons” Orientaux morts. Il suffit que ceux sur lesquels pleuvent les bombes ne soient pas (ou plus) des alliés de Washington. Pardon, je corrige, même officiellement rallié à l’Oncle Bush, l’Afghanistan reçoit toujours quotidiennement ses livraisons de bombes quotidiennes. Seule nouveauté : ces crimes de guerre ont désormais l’aval d’Hamid Karzaï, le nouveau (et si peu) maître de Kaboul. Il est vrai que ce dernier n’a pas grand-chose à refuser à ses mentors US. Titulaire d’une Green Card, celle-ci pourrait lui être fichtrement utile, le cas échéant, si les choses se gâtent, pour regagner cette lointaine Amérique où prospèrent quelques-uns de ses intérêts. Et qui sait, la firme Unocal, dont il est l’un des obligés pourrait même lui (re)trouver un petit travail tranquille.
Ceci n’a, évidemment, pas le plus petit rapport avec les décisions que prend Karzaï en tant que chef du gouvernement provisoire actuellement en place.
Tout cela n’a guère troublé les athlètes à Salt Lake City. Grand bien leur fasse, ni aujourd’hui ceux du Mondial. Alors qu’on ne me demande pas d’applaudir à de telles mascarades.
À quoi comparer ces activités qu’elles soient footbalistique ou athlétiques ?
En matière sportive, à la triste routine du sport-spectacle et du sport-fric.
2002 n’aura pas dérogé à la règle, désormais, universelle de l’argent. Et, à bien y réfléchir, la grotesque exhibition du drapeau de Ground Zero cadrait parfaitement avec ses jeux : le fanion trônant hier sur l’un des points forts de la finance internationale pour ouvrir les Olympiades de la fraude, du dopage (repassez-vous les images des coureurs US anabolisés, mais jamais détectés, jusqu’aux oreilles) et des magouilles, quel meilleur symbole aurait-on pu trouver, en effet ? Seuls les pauvres pompiers tombés au feu, le 11 septembre, ont dû se retourner dans leurs tombes toutes fraîches. Et gageons que la directrice de l’US Red Cross de New York qui avait démissionné pour protester contre les détournements des fonds officiellement destinées aux victimes du “9-11”, comme on dit là-bas, n’a dû être guère dépaysée par cette récup…
Concernant Salt Lake City, la combinazione a atteint un tel niveau que le président russe, Vladimir Poutine, s’est même fendu de quelques remarques acerbes, mais, franchement qu’allaient faire ses athlètes (et ceux du reste du monde) dans cette galère ?
Pour juger de l’état d’esprit de ces “Jeux” (sic), citons quelques exemples.
Pour arbitrer de la rencontrer de hockey opposant le “gentil” (re-sic) Canada et la politiquement incorrecte Biélorussie (pensez-vous, Minsk, veut refusionner avec la Fédération de Russie pour ressusciter la défunte URSS), les trois juges auront été Américains et… Canadien. Et, comme a fini par le rappeler un commentateur sportif : budget de la seule équipe canadienne, 120 M$US ; budget la fédération sportive biélorusse de hockey, 5 M$US. À part ça, ce sont les “vilains” nostalgiques de l’URSS qui ont les moyens d’acheter les victoires. Ben voyons !
Et comme l’a souligné notre confrère de Novosti, Valéri Asriyan, " Il ne fait aucun doute que les Jeux Blancs de Salt Lake City figureront dans les annales de l'histoire au chapitre "Scandales". La dernière "trouvaille" des juges – le retrait du relais 4x7,5 kilomètres des fondeuses russes grandes favorites de l'épreuve – a définitivement discrédité tant l'Olympiade que ses organisateurs. En écartant sans aucune raison de la course la quintuple championne olympique Larissa Lazoutina, à une demi-heure du coup de pistolet pour que l'équipe russe n'ait pas le temps de procéder à son remplacement, les juges ont tout simplement privé la sélection russe de la médaille d'or qui lui était destinée.
" Le dopage est l'arme des faibles, un moyen auquel recourent ceux qui doutent de leurs forces. Les skieuses de fond russes, en particulier Larissa Lazoutina, celle que l'on nomme la "Reine des pistes blanches", ne doutent pas le moins du monde de leur supériorité et elles n'ont pas besoin de recourir aux stimulants. Nous avons donc affaire à une provocation intentionnée des juges, et cela a soulevé une vague d'indignation dans le monde sportif.
" Il va de soi que le dopage doit être combattu. Seulement il semble que maintenant les juges veulent faire de la lutte antidopage un prétexte pour écarter les athlètes dont la victoire n'est pas souhaitée pour une raison quelconque. Avant la course, il a été prélevé au biathlonien russe numéro un Pavel Rostovtsev une quantité de sang telle qu'il n'a pas été en mesure de lutter pour une place sur le podium. Pour les contrôles antidopage, les sportifs ne sont pas tous contraints, tant s'en faut, de fournir une quantité aussi importante de sang. Par conséquent on est bien en présence d'une partialité des juges ".
En matière de propagande, j’hésite un peu. Mais puisqu’il faut bien comparer avec quelque chose, concernant Salt Lake City, reconnaissons donc que ces jeux devant être ceux de l’Amerika Uber Alles, ils l’ont été jusqu’à la nausée. En effet (sauf, voir plus haut) quel rapport entre ces Olympiades et la vaste ratonnade entreprise par l’Oncle Sam ? À quoi servait-il de mêler Bin-Laden, la croisade contre le terrorisme, ses morts – à peine trois mille pour le World Trade Center, et (déjà) plus de quatre mille pour l’Afghanistan – si ce n’est pour justifier la litanie des crimes américains ?
Combien a pu palper la maffia de l’Olympisme pour autoriser une telle turpitude ad majorem Americani gloriam ? On ne le saura sans doute jamais. Mais, risquons une appréciation, largement assez pour alimenter en lait premier-âge les milliers de nouveaux-nés irakiens qui seront morts au cours de ces Olympiades.
Quant au Mondial, le propaganda staffel a démarré sur les chapeaux de roues.
Nos bonnes consciences coloniales-socialistes parisiennes, autrement dit les véritables racistes français, ont commencé à couper les cheveux en quatre à propos de la remarquable équipe du Sénégal qui a “osé” battre la clique du cosmopolitisme franco-ricain.
Pensez-vous une équipe ne comprenant que des nationaux de son pays, et dont les supporters soulignaient que des marabouts avaient jeté un sort sur notre remarquable Zidane…
Revenons donc sur cet exemplaire – et si “volkische” – équipe sénégalaise.
Primo, les Sénégalais ont eu d’autant plus de mérite que, contrairement aux Bleus, leur fédération se bat avec ses propres moyens et non avec des mercenaires francisés à coup d’euros. Moins riche, mais forte de son seul talent, l’équipe (vraiment) nationale du valeureux Sénégal a humilié la racaille footbalistique franco-on-ne-sait-trop-quoi. On attend donc avec impatience de voir si le 11 (et blanc) danois fera aussi bien que le 11 (et nègre, au sens de cette négritude si noblement défendue par feu le président Senghor, que le Chirac des “odeurs” et des “cages d’escalier” sénégalais a osé insulter en n’allant pas s’incliner sur sa dépouille) sénégalais. En clair si le sport a encore voix au chapitre dans ce genre de compétition.
Secundo, comment ne pas relever le racisme sous-jacent des remarques visant la tradition maraboutique sénégalaise. Ceux qui s’en gaussent feraient mieux de relire Tite-Live et Dumézil. Celle-ci est non seulement tout à fait respectable, mais, excusez du peu, tellement “volkische”.
Faire entrer dans le sacré la confrontation humaine, c’est ce qu’ont fait des siècles durant les légions de la Rome Antique qui se réunissaient à l’orée de chaque campagne sur le Champ de Mars (Ager martialis) pour s’y faire investir de la furor guerrière. De même, en fin de campagne, les troupes réunies se prêtaient à cet exercice, en sens inverse, afin d’être purgées de ce fluide sacré permettant au combattant de se surpasser. En quoi des marabouts cherchant à “neutraliser” Zidane seraient-ils moins honorables que les Anciens Romains, cherchant à attirer les Dieux des cités adverses du bon côté, ce afin d’affaiblir les défenseurs de telle ou telle forteresse sabine ou volsque ? Ce faisant, les marabouts n’ont fait que leur devoir de Sénégalais et leur attitude a été conforme à leur patriotisme et aux attentes du peuple (Volk). C’est ne rien faire qui eut, pour eux, été incompréhensible pour eux-mêmes et leurs compatriotes. Souvenons-nous que César, s’il fut le chef de guerre que l’on connaît, se gardera bien de jamais renoncer à sa charge de Pontifex maximus, qui renforçait et sacralisait son pouvoir. Et lors de la Devotio, (commune aux Hittites et aux Anciens Romains), le général romain qui se jetait sur les lances ennemies, pour inverser en dernier recours le sort d’une bataille, s’était voué aux Dieux de l’ennemi pour les “entraîner” avec lui.
Non décidément, se moquer du Sénégal, de sa victoire et ceux qui l’ont appelé de leurs vœux, n’est ni respectable ni acceptable. Et je repense, ici, aux propos de mon confrère Dehbi d’El Moudjahid, qui revenant, à l’époque, sur la mobilisation de l’intelligentsia occidentale en faveur de l’auteur des Versets Sataniques, s’interrogeait : " Que recherche-t-on en Occident avec ce battage indécent autour de la condamnation de Rushdie ? À faire oublier le fond de la question, à savoir l'atteinte grave à la religion de l'Islam… Faut-il qu'un milliard de musulmans se fassent eunuques de leurs valeurs spirituelles pour plaire à un Occident en rupture avec les siennes propres ".
Au fond, rien n’a changé, depuis ces temps où le colonial-socialiste Jules Ferry, s’exprimant à la Chambre des Députés, jetaient ses forces sur l’Afrique, d’un " Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ".
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