Les trois tares de l’extrême-droite
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18/05/04 |
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2.57 t.u. |
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Roland Gaucher |
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I - L’individualisme forcené
Ce que les médias appellent « l’extrême-droite », c’est-à-dire le milieu nationaliste qui ne dissimule pas ses intentions, a réussi ces dernières années, une percée remarquable avec le Front national, puisque Jean-Marie Le Pen a accédé au second tour des dernières présidentielles, et que le FN gravite en général autour des 15 % des votants.
Il n’en reste pas moins que le Front souffre de trois grandes tares qui peuvent lui porter un coup très dur dans les mois qui viennent, à savoir l’individualisme forcené, que j’aborde ici cette semaine, l’esprit de chapelle, et l’obsession du complot.
L’individualisme forcené, ou le « Moi, moi, moi ! je ... » vient d’exploser avec virulence, à quelques semaines des régionales. Le fait est assez grave pour avoir été relevé dans Présent du 8 mai sous ce titre éloquent : « Avis de tempête au Front national ». L’article souligne que des « tensions » se sont manifestées par un communiqué de Bernard Antony (Présent du 6 mai), puis par des déclarations de Bruno Gollnisch à Nice Matin, au Monde et à l’AFP, et enfin par Marie-France Stirbois au Monde.
C’est cette dernière qui, pour l’instant, est au centre des tensions. Motif : le 19 avril, Le Pen a eu le toupet de lui préférer pour la seconde place sur la liste des européennes dans le Sud-Est, la veuve de Jean-Pierre Schénardi, mort récemment en Afrique, Lydia.
Pour comprendre le climat qui règne dans cette fédération, il faut savoir que lorsque ses cadres se réunissaient à Nice, Marie-France Stirbois, en voyant Schénardi arriver s’empressait de se lever et de quitter la séance. Mais la semaine suivante, Schenardi lui rendait la politesse en prenant soin d’être présent le premier et de s’esquiver sous le nez de Marie-France.
Il va de soi que les participants s’empressaient ensuite de commenter ces comportements, « avé l’assent ».
On n’imagine pas pareilles exhibitions à gauche. Il est certain que Marie-Georges Buffet et Robert Hue se détestent. Ils ne le montrent pas dans des réunions publiques. Je doute, pour ma part, que Hollande s’entende très bien avec Strauss-Kahn et avec Fabius. Il n’en fait pas étalage. Dans tous les partis, les rivalités et règlements de comptes sont inévitables. Il est quand même préférable que ces affrontements se déroulent en coulisse. Dans l’intérêt du parti.
Pour en revenir à Marie-France, qui transforme sa crise de nerfs en crise de parti, il est bon de rappeler qu’après la mort de son époux, elle était député à Dreux. Elue par un électorat en grande partie ouvrier. Un milieu vraiment pas fréquentable. On conçoit qu’elle ait déserté Dreux pour Nice, et que l’été prochain elle accompagnera peut-être Gollnisch en vacances au Japon, en lui versant la modique somme de cinquante mille francs. Là, au moins, on est sûr de se retrouver entre soi.
Roland Gaucher
La semaine prochaine : L’esprit de chapelle.
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