Masque hébraïque et voile musulman
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03/11/03 |
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5.30 t.u. |
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François Ryssen |
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Je vous ai parlé récemment de Mahathir Mohamad, ce Premier ministre de Malaisie, qui a eu l’impudence de dire que " les Juifs avaient pris le contrôle des pays les plus puissants ". Reconnaissons que ce n’était pas très fair-play de sa part, et que même si cela est vrai, il aurait au moins pu faire preuve d’un peu plus de tact et de diplomatie.
Dans les jours qui suivirent, l’individu a récidivé dans un entretien au Bangkok Post : " Eh bien, la réaction du monde [à mes propos] montre que les Juifs contrôlent le monde. " Et encore : " Il n’y a pas beaucoup de juifs dans le monde, mais ils sont si arrogants qu’ils défient le monde entier. "
Que pareil personnage puisse s’exprimer librement sur ce sujet est une preuve éclatante que les Juifs ne dirigent pas le monde entier, comme le prétendent les antisémites. Seuls les dirigeants des " pays les plus puissants " ont sévèrement condamné les propos du ministre malais : l’Union européenne et le président des Etats-Unis.
En 1997 déjà, Mahatir Mohamad avait pris à partie le milliardaire George Soros, l’accusant de provoquer la chute de la monnaie malaise et de déstabiliser le pays par ses magouilles financières. A cette occasion, il avait traité le financier " américano-hongrois " de " crétin ", selon un article du journal Le Monde du jeudi 30 octobre : " C’est un peu court, jeune homme ". Une petite recherche sur internet nous a apporté finalement les informations que nous recherchions et que ne divulguaient pas le grand journal de référence – informations pourtant capitales si l’on veut bien comprendre la nature du problème : nous y avons découvert que Georges Soros est effectivement juif, et c’est bien cela, et uniquement cela qui permettait d’expliquer l’antisémitisme supposé du chef de gouvernement malais. Il faut donc arrêter de noyer le poisson, et revenir aux choses simples.
Nous voulons simplement dire qu’il est malhonnête de la part d’un grand et respectable quotidien comme Le Monde, d’accuser le représentant d’une nation d’antisémitisme et de le traîner dans la boue, en omettant purement et simplement de donner les raisons qui ont pu motiver certains de ses propos. Le fait est que l’on entend parler continuellement d’antisémitisme, et que l’on ne donne pour ainsi dire jamais la parole aux antisémites afin qu’ils puissent se justifier. Et de la même manière, on entend sans arrêt parler des Juifs, et l’on ne les voit jamais s’exprimer en tant que tels, si bien que le citoyen lambda est plus que jamais incapable de dire qui est juif et qui ne l’est pas. Il ne voit pas les Juifs, et pourtant, il sent leur présence à chaque instant de manière diffuse, autour de lui, ou derrière lui, selon les circonstances.
Ils s’expriment très bien en tant que " ministres ", " républicains ", " français comme tout le monde ", " journalistes ", etc, mais jamais en tant que Juifs. On a vraiment l’impression qu’ils ne réservent leurs propos secrets qu’aux journaux de leur communauté, tels Tribune juive ou Actualité juive, comme si les Français de souche ne méritaient pas d’être tenus au courant de leur vie et de leurs convictions les plus intimes. Je trouve, pour ma part, cette attitude un peu choquante, et j’estime que les Juifs devraient faire preuve d’un peu plus d’esprit d’ouverture.
Il me semble pourtant que le débat gagnerait en clarté si les Juifs faisaient davantage confiance à la démocratie, et s’affichaient avec leurs spécificités, comme le font les noirs ou les Arabes. Ils doivent avoir leur place à part entière dans cette société multiraciale qu’ils sont si puissamment contribuer à édifier en l’espace de quelques années, grâce aux médias et à l’inlassable propagande en faveur de l’immigration et du métissage qu’ils ont mis en place. Ils ne doivent plus avoir peur aujourd’hui : la république française aime tous ses enfants, quelle que soit la couleur de leur peau ou leur religion. Elle doit pouvoir garantir la sécurité de tous ses citoyens, et permettre aux Juifs de s’expliquer à visage découvert, sans honte aucune. Car il n’y a pas de honte, bien sur, à être juif.
C’est tout le débat soulevé par Tariq Ramadan ces dernières semaines. Dans un texte diffusé sur internet, celui-ci accuse les " intellectuels juifs français ", de " défendre Israël par réflexe communautaire." Figurez-vous que cette simple et banale constatation a déterminé l’Union des étudiants juifs de France à engager des poursuites contre " l’universitaire suisse ", ce qui prouve noir sur blanc que les Juifs veulent continuer à agir à visage masqué, comme ils ont l’habitude de le faire, à l’inverse des musulmans qui s’affichent eux de plus en plus en tant que membre de leur communauté. Cette dernière attitude me semble tout de même plus loyale et plus honnête, malgré l’immense respect que nous ressentons pour la communauté juive (qui souffre énormément, comme chacun sait).
Dans le même registre de sensibilité maladive, le quotidien israélien Maariv publiait dimanche 19 octobre une photo du gouverneur Chirac avec la légende suivante : " Le visage de l’antisémitisme en France " ! Ceci n’était pas une plaisanterie. Le gouverneur Chirac était en effet accusé d’avoir empêché les " 25 " réunis à Bruxelles, d’adopter une condamnation du ministre malais Mahathir Mohamad, suite à ses odieuses déclarations. On aura l’explication de ce malentendu un peu plus tard : le gouverneur Chirac souhaitait en fait une déclaration annexe, afin de ne pas heurter de front l’organisation mondiale islamiste. " On a atteint le comble de l’absurdité ", se désole-t-on à Bruxelles, paraît-il. " Absurdité " ? disent-ils. Ne serait-ce pas là une nouvelle preuve d’antisémitisme ? Non, les Juifs ne sont pas " absurdes ", monsieur. Ils n’entendent pas être insultés par des laquais, c’est tout. Quant au gouverneur Chirac, il va bien falloir qu’ils choisisse un jour entre ses maîtres et son nouvel électorat. A moins que ce ne soit Dugland-Dupont qui se charge de remettre les choses en ordre. En Suisse par exemple, le populiste Christoph Blocher vient de faire plus de 26 % des voix. Effectivement, ce n’est peut-être pas le moment d’enlever son masque.
François Ryssen
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