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Nul ne peut tout voir

Être fier de son pays, de la culture qu’il nous inculque, de l’histoire dans laquelle il nous enracine, reconnaissant envers la protection qu’il nous assure, envers sa façon de nous soigner… S’agit-il d’un chauvinisme malsain, de la pointe d’un condamnable iceberg nationaliste, d’une attitude réactionnaire? Ou s’agit-il plutôt de la moindre des choses pour un citoyen que de savoir respecter, apprécier et honorer sa patrie?

Le sentiment national, l’attachement au pays, le fait qu’une population se sente rassemblée autour d’une histoire et de valeurs partagées constitue le ciment qui rend possible la citoyenneté. Le concept de citoyenneté est bien sûr une abstraction, une création humaine. On ne le perçoit pas à partir de la Cupola de la Station Spatiale Internationale, au grand dam des astronautes humanistes sans-frontiéristes dont nous gave le Liberal Party of Canada depuis Marc Garneau jusqu’à Julie Payette (on devine que Chris Hadfield sera bientôt recruté). Dans un monde qui ne juge pertinent que ce qu’il voit, l’idée de citoyenneté peut sembler surannée, j’en conviens, tout comme l’idée d’État-nation.

Appartenir à une parcelle de la planète bleue, arbitrairement séparée de ses voisins par les puissants et la cupidité qu’on leur suppose, fait toutefois partie de l’organisation sociale humaine depuis des siècles. On met sur le dos de cette division de l’unité terrestre en sous-unités politiques plus locales bien des maux : les guerres, les inégalités socio-économiques, le racisme, la xénophobie. L’ancien modèle a le dos large. Pour plusieurs le progrès, aujourd’hui, consiste à le faire éclater de sorte qu’il n’en reste plus rien. Parlons tous anglais, abolissons les souverainetés nationales et tout ira mieux. Les armes utilisées contre la nation et la citoyenneté qui y est rattachée sont nombreuses. On attaque sur tous les fronts, même les plus surprenants.

Récemment en France, Danièle Obono, une politicienne mélenchoniste défendant bec et ongles qu’un groupe ait le droit de chanter « Nique la France« , se voyait extrêmement gênée par un journaliste qui lui demandait si elle était à l’aise de dire « Vive la France ». La scène est pathétique, choquante, et révélatrice de l’esprit qui berce notre époque.

Est-ce donc ça, le progrès?

On dira bien sûr que l’idée n’est pas de condamner les peuples, mais leur passé sanglant. Qu’il ne s’agit pas de détruire les pays, mais de racheter les fautes passées. D’apprendre la « vraie histoire » aux gens, c’est-à-dire que leur fierté nationale est basée sur l’oppression, la méchanceté, la mesquinerie, le racisme, la fermeture à l’autre, le rejet de la diversité engendrée par l’ancien système, et qu’il faut donc tout revoir pour se nettoyer de nos fautes collectives. Il faut toutefois savoir lire ce qui se cache derrière ces imprécations vertueuses. Il s’agit, qu’on le veuille ou non, de la destruction des identités nationales. En condamnant le passé, les racines des peuples, on nourrit un grand processus de déliaison collective.

Ça n’est pas moi qui le dit, mais bien 150 ans de sociologie : l’identité nationale, c’est le ciment qui lie les individus entre eux. C’est ce qui permet aux collectivités de s’organiser et à l’individu de penser à autre chose qu’à sa survie individuelle. C’est ce qui permet à « la guerre de tous contre tous » inhérente à l’individualisme absolu de se transformer en conflits politiques opposant des « nous » nationaux à des « eux » étrangers, si vous voulez. S’attaquer, donc, à la composante majeure de l’identité nationale, c’est-à-dire l’attachement aux valeurs communes et au passé collectif, qu’il soit mythifié à un degré ou à un autre, c’est s’attaquer au collectif et donner des armes supplémentaires au libéralisme sauvage, à l’avènement de l’individu roi sur son terrain privé, armé comme un texan se méfiant de tous ses voisins.

Triste et rétrograde tableau.

C’est pourtant ce que nous proposent de plus en plus, aujourd’hui, les grands penseurs libéraux-progressistes qui crachotent leur fiel sur toute forme de patriotisme.

David Leroux

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