Islande : le Parti pirate arrive deuxième, l’alternance en mauvaise posture
En attendant la formation d’un gouvernement, le Premier ministre a annoncé sa démission.
C’est une percée historique mais pas suffisante. Improbable casting de hackers, militants écolos ou libertaires, les Pirates islandais ont triplé leur nombre de sièges lors de législatives anticipées qui sanctionnent la droite sortante au mandat entaché de corruption et d’évasion fiscale, selon des résultats définitifs publiés ce dimanche 30 octobre.
Avec neuf élus à l’Althingi, le Parlement monocaméral, le Parti pirate devient la deuxième formation politique du pays. Mais il n’atteint pas les 12 députés prévus par les sondeurs et échoue à sécuriser la majorité absolue avec ses alliés. “Ce qu’on pouvait supposer s’est produit : les jeunes électeurs ne se sont pas déplacés” alors qu’ils constituent le coeur de cible des Pirates, analyse Gretar Eytorsson, professeur de sciences politiques à l’Université d’Akureyri.
Alliés des Pirates, le mouvement Gauche-Verts obtient 10 sièges, trois de plus qu’en 2013, les sociaux-démocrate en perdent six pour descendre à trois mandats tandis que les centristes d’Avenir radieux n’en conservent que quatre sur six.
29 sièges pour les sortants, 27 pour l’opposition
Côté majorité sortante, le Parti de l’indépendance, soutenu par les investisseurs, les gros patrons-pêcheurs, les seniors et les eurosceptiques, sort en tête avec 21 sièges (+2). Un score inattendu et cependant insuffisant pour contrebalancer la déroute de son partenaire, le Parti du progrès qui ne compte plus que 8 députés (-11). Au total, le scrutin assure 29 sièges sur 63 à la coalition de centre-droit sortante, contre 27 sièges aux Pirates et leurs alliés de centre-gauche.
Un parti centriste, arbitre surprise de l’élection
Après les résultats vient le temps des tractations politiques pour constituer une majorité. Avec sept mandats, le parti centriste Résurrection, créé au printemps par des députés pro-européens dissidents du Parti de l’indépendance, pourrait s’imposer comme l’arbitre surprise de cette élection.
“Il se montre ouvert à travailler avec la droite ou la gauche” mais dans l’hypothèse d’une négociation avec le Parti de l’indépendance, “il posera ses conditions”, pronostique Gretar Eytorsson, Le président de Résurrection (ou parti de la réforme), Benedikt Johannesson, devrait de fait chèrement monnayer son soutien. Il s’est bien gardé samedi soir de faire connaître sa préférence.
Le Parti pirate avait juré “d’écrire l’Histoire”
L’élection à un tour convoquée avant la fin de la mandature du fait de la démission du Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson (Parti du progrès), seul chef de gouvernement au monde victime des Panama Papers, est un succès en demi-teinte pour le Parti pirate qui avait juré “d’écrire l’Histoire”.
“Nous sommes très satisfaits”, a réagi au contraire la capitaine des Pirates, Birgitta Jonsdottir, samedi soir, comparant ses supporters et militants à des “Robin des Bois” déterminés à “prendre le pouvoir aux puissants pour le donner au peuple”.
Les Pirates ont ainsi juré de ne pas collaborer avec la coalition au pouvoir et nottament le Parti de l’indépendance et son président, Bjarni Benediktsson. Pour le politologue Gretar Eytorsson, un ticket Gauche-Verts n’est en revanche pas impossible, les deux formations se retrouvant dans leur opposition à l’Union européenne. Il leur manquerait un seul député pour obtenir la majorité absolue.
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