Sapin étrille Macron sur l’assouplissement des 35 heures pour les jeunes
Le ministre de l’Économie, qui n’a jamais été tendre avec son ancien colocataire de Bercy, estime que son programme «permet de porter un jugement sur autre chose que la seule qualité de son sourire».
Leurs relations n’ont jamais été bonnes. Mais depuis que le benjamin a quitté le gouvernement, abandonnant son portefeuille ministériel à son aîné, les rapports entre les deux anciens colocataires de Bercy se sont passablement dégradés. Dernière preuve, s’il en faut, de cet affrontement: la sortie de Michel Sapin dans Les Échos, où il étrille les pistes programmatiques révélées par Emmanuel Macron dans L’Obs la semaine dernière. En cause, notamment: sa proposition de déverrouiller les 35 heures pour les jeunes.
«J’ai compris que, dans ses propositions, les jeunes devaient être moins payés que les vieux et travailler plus que les vieux. Chacun pourra juger. Quand on commence à rentrer dans le concret, cela permet à chacun de porter un jugement sur autre chose que la seule qualité du sourire», assène-t-il. En avril, déjà, il avait développé un argumentaire similaire pour railler la création de son mouvement transpartisan: «Il a plutôt une belle gueule et un sourire craquant… et c’est beaucoup de buzz…»
Montebourg critique lui aussi son successeur
Ces critiques n’ont pas manqué de faire réagir l’entourage de l’ex-ministre, qui a tenu à exprimer publiquement son agacement. «On savait que (Michel) Sapin ne comprenait pas tout. La nouveauté est qu’il nous le confirme sur le mode bête, méchant et parfaitement inutile», s’est insurgé le député PS du Finistère et secrétaire général d’En Marche!, Richard Ferrand, sur Twitter. Une escalade de la tension qui s’explique probablement par l’imminence de la déclaration de candidature à la présidentielle de l’ancien banquier.
Invité de Télé Lyon Métropole vendredi, le prédécesseur d’Emmanuel Macron à Bercy et candidat à la primaire à gauche, Arnaud Montebourg, a lui aussi critiqué la mesure défendue par son successeur. «Aujourd’hui, il est déjà parfaitement possible de travailler 45 heures. D’ailleurs, c’est le cas puisque la durée effective de travail est de 39 heures. En réalité, c’est le seuil de déclenchement de la majoration des heures supplémentaires. Donc quand vous dites à quelqu’un “nous allons supprimer les 35 heures”, on ne les supprime pas mais on diminue son pouvoir d’achat puisque finalement on enlève la majoration attachée aux heures supplémentaires. Il y a là un petit élément de clarifications qu’il va falloir demander à M. Macron», a-t-il objecté.
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