Areva sous pavillon chinois ?
Manifestement ravi, Michel Sapin déclarait, peu après la signature à Bercy d’accords avec le vice-Premier ministre chinois Ma Kai : « Il y a une volonté claire et nette : celle de la Chine d’avoir un investissement qu’elle considère comme stratégique dans la refondation de la filière nucléaire française. »
Puis, comme pour prouver qu’il est encore au gouvernement, le ministre de l’Économie et des Finances, fidèle parmi les fidèles du président Hollande, a ajouté : « Nous avons encore quelques discussions avec nos partenaires chinois pour nous permettre de respecter le calendrier de fin novembre et d’aller jusqu’au bout des sujets, y compris ceux de la participation à la gouvernance des nouvelles entreprises. »
Il semblerait que le gouvernement socialiste se soit employé, pendant cinq ans, à brader tous les fleurons nationaux à des puissances étrangères – Chine et Qatar en tête. Le tout avec la complicité active, voire sous la pression, de la Commission européenne à laquelle doit être présenté le projet de restructuration d’Areva. Jadis fierté nationale, le nucléaire français aura eu la malchance d’être dirigé par des incompétents et des affairistes.
Le rachat d’UraMin en 2007, une petite société minière canadienne, étant le point d’orgue d’une gestion calamiteuse. Une responsable ? Anne Lauvergeon, symbole des années Mitterrand et ancienne associée-gérante de la banque franco-américaine Lazard Frères.
Ce membre des Young Leaders de la French American Foundation (promotion 1996) a d’abord été nommé PDG de la COGEMA en 1999 sur ordre du ministre de l’Économie d’alors, Dominique Strauss-Kahn, avant de fonder Areva en juillet 2001.Bref, un pedigree typique de l’oligarchie que confirmeront, quelques années plus tard, des propos de madame Lauvergeon dont la teneur ne fait pas mystère de ses convictions profondes : « À compétence égale, eh bien, désolé, on choisira la femme ou on choisira la personne venant d’autre chose que le mâle blanc. »
Huitième merveille de la Ripoublique exemplaire et de la France à fric, Anne Lauvergeon décida seule de l’acquisition d’UraMin pour 1,8 milliard d’euros, qui a plombé les comptes de ce géant. Elle est, désormais, entendue par le juge Van Ruymbeke. Celle qu’on surnomme « Atomic Anne » est la cause directe du rachat progressif d’Areva par les Chinois.
La compagnie CNNC (China National Nuclear Corporation/Compagnie nucléaire nationale chinoise) devrait donc rentrer au capital d’Areva. Il y a un an déjà, un protocole d’accord était signé après le recentrage du groupe sur le cycle du combustible… Si l’État contrôlera toujours, directement ou indirectement, au minimum 67 % de la nouvelle entité qui remplacera Areva, une page se tourne. Désormais, la France ne maîtrisera plus un de ses atouts maîtres qu’est le nucléaire civil, laissant un empire avoir un droit de regard sur ce secteur stratégique… Un drame qui laisse indifférent la majorité des commentateurs politiques.
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