En 2001, en rédigeant l’ouvrage Les Nouveaux nationalistes, je relevais que « je [craignais] de voir poindre derrière l’anti-islamisme d’une partie de l’extrême-droite française un retour de son vieux fonds pro-sioniste » et j’ajoutais que, de surcroît, celui-ci serait totalement improductif car sans lien avec le peuple. Je précisais en effet : « dans mes activités militantes, j’ai souvent entendu des bourgeois et des intellectuels sans contacts réels avec l’immigration se plaindre de l’islamisation de la France, par contre les milieux populaires ne m’ont jamais parlé des méfaits des musulmans mais, en des termes que la loi m’interdit de répéter, des blacks, des beurs ou des viets ! »
Ce n’est donc pas sans une certaine satisfaction que j’ai pu lire dans Libération du 22 juin dernier une analyse de Stéphane Rozès, directeur de l’institut de sondage CSA, qui explique ainsi l’échec actuel de Philippe de Villiers : « Le patron du MPF s’est aussi trompé de cheval de bataille : en brandissant l’islamisation de la France comme la menace majeure, il ne convainc pas les couches populaires qu’il cherche à séduire. Pour les catégories populaires qui sont aujourd’hui tentées par le vote frontiste, le problème c’est l’immigration tout court. Pas l’islam. Dénoncer l’islamisation, c’est à l’inverse s’inscrite dans une thématique chrétienne qui ne touche pas cette partie du corps électoral. » Et d’expliquer : « Ce qui préoccupe avant tout les couches populaires, c’est la question de l’insécurité sociale, du chômage et de la précarité ».
Le combat contre une islamisation fantasmatique, très largement instrumentalisée par le Parti de Washington et de Tel Aviv, ne sert donc a rien, sauf à se marginaliser et à peser in fine 3% des intentions de vote !
Que ce créneau soit adopté par des mouvements marginaux, passe encore - on ne peux pas demander à leurs dirigeants d’avoir plus de réflexion que ne leur permet leur QI – mais quand on voit des cadres importants (dont des élus) du FN ou du MNR quitter ces partis en invoquant comme raison de départ une carence de leurs groupes dans la lutte contre l’islamisation, on est en droit de se poser des questions.
Par contre, on ne pourra que se féliciter que le parti de JMLP ne se trompe pas d’ennemi, lui dont le quotidien internet Français d’Abord Quotidien, précisait dans son édition du 17 juin 2006 : « Jean-Marie Le Pen comme Bruno Gollnisch notamment l’ont maintes fois précisé, les nationaux ne sont pas en guerre contre l’Islam et les nations arabes, [ils] réfutent assez largement les thèses tendant à démontrer un choc inéluctable entre peuples “chrétiens” et “musulmans”, théorie instrumentalisée par les “faucons” du Nouvel ordre mondial. Ce n’est pas l’Islam en tant que tel qui menace la France, mais l’immigration invasion qui génère une montée en puissance des revendications ethniques et religieuses des populations allogènes. La nuance à son importance. »
Un paragraphe que nous aurions pu écrire.