Un phénomène, à mon sens des plus intéressant, se développe actuellement dans notre capitale : en trois semaines, douze permanences politiques ont été attaquées à Paris. Huit concernaient l’UMP, deux le PS, une les Verts et une le PCF.
Les vitres de ces permanences ont été brisées à l’aide de pavés, grilles d’arbres ou autres projectiles.
La permanence PS du 3è a par exemple été vandalisée quatre fois depuis avril et le patron de l’UMP à Paris estime que pour ses locaux les dégâts s’élèvent déjà à 60 000 euros.
Selon un journaliste du quotidien 20 minutes : “Une chose est sûre, personne n’avait jamais constaté une telle recrudescence de violences politiques à l’approche d’échéances électorales. Bertrand Delanoë a d’ailleurs demandé au Préfet de police de Paris de surveiller ces lieux.”
La police n’a pour l’instant aucune piste. Il semble, selon certains journalistes, que ce soit le statut même des élus politiques qui est remis en cause. Certaines attaques s’accompagnant de slogans écrits du type “Un pavé dans l’urne”, “A voté”, etc. En fait les anarchistes ou les hypothétiques extrémistes de droite montrés du doigt par certains pourraient bien être des Français tout ce qu’il y a de plus moyens protestant de la seule façon qui leur reste contre le bourrage de crane et la sidération médiatique que constitue cette campagne présidentielle...
Il n’est pas nécessaire, en effet, d’être ni très politisé, ni très au fait des pratiques des médias, pour se rendre compte que tout est fait pour ne nous donner à choisir qu’entre les seuls trois candidats du système : blanche neige et les deux nabots. Ni l’une ni les autres ne concourant à l’élection présidentielle, mais uniquement à celle de gouverneur d’une province de l’Etat européen dont la capitale est Bruxelles, et il y a entre leur programme a peu près autant de différences réelles qu’entre ceux des partis démocrates et républicains aux USA.
Il est donc normal que certains français aient des « réflexes citoyens » et vandalisent leurs permanences…
Dans les banlieues, où l’on ne réfléchit pas moins qu’ailleurs, le mépris du jeux politique tel qu’on nous le propose est identique. La seule différence est qu’aucun candidat n’a jugé utile d’installer une permanence au Val Fouré ou à la Cité des 4000…
Alors, à défaut de pouvoir « voter pavé », les beurs et les cailleras annoncent qu’ils pourraient bien … « voter Le Pen » ! Et les journaleux du Monde d’avoir des frayeurs en relatant que « Pour la première fois j’entends des jeunes des quartiers populaires dire : “En cas de second tour Sarkozy-Le Pen, je vais voter Le Pen”. Pour eux, le choix c’est subir avec Sarkozy ou faire péter le système avec Le Pen » (Le Monde du 16 février : Question à Axiom, rappeur et représentant d’AC le feu ! par Christiane Chombeau) et que « Le Pen est “le candidat des Afro-Européens” » selon le rappeur noir Rost, Ahmed Moualek, du site Internet La Banlieue, ou Dieudonné (Le Monde du 17 février, « Le Pen veut miser sur les Français d’origine étrangère»).
Ces deux phénomènes qui n’en font qu’un ne peuvent que réjouir les lecteurs réguliers de cette chronique, tant ils confortent un positionnement que nous défendons depuis la création de ce site.
Alors le 22 avril, pour nous, et pour de nombreux autres, voter pavé ce sera bien voter Le Pen !