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Mercredi, 3 Janvier 2007
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Les messages de l’assassinat du Raïs Saddam Hussein al-Tikriti
Christian Bouchet
Éditorial
Les messages de l’assassinat du Raïs Saddam Hussein al-Tikriti
« L'exécution a débuté vers 6 h 10. J'ai lu la sentence de mort. Alors, Saddam a déclaré : "Dieu est le plus grand, longue vie aux moudjahidines, nous irons au paradis et nos ennemis en enfer. Longue vie à l'Irak". Puis, il est monté à la potence sans rien dire, calmement. Il était résolu et courageux. A un moment, il a tourné sa tête vers moi comme pour me dire "N'aie pas peur", c'était une sensation très bizarre. Saddam a refusé qu'on lui mette un sac sur la tête. Il y a eu une brève discussion, et le bourreau a cédé, laissant son visage découvert.

La scène était terrifiante. Il est resté maître de lui-même jusqu'au bout. Son visage n'est devenu pâle qu'au dernier moment. Quelqu'un lui a demandé : "As-tu peur ? ", "Je n'ai jamais eu peur de personne de toute ma vie. J'ai vécu comme un moudjahid, en attendant la mort à tout moment, lui a rétorqué Saddam" ».

Mounir Haddad, témoins de l’exécution du Raïs Saddam Hussein al-Tikriti.

On sait a peu près tout de l’assassinat « légal » du Raïs Saddam Hussein pour en avoir vu les images abjectes et révoltantes tant sur les grandes chaînes de télévision que sur le net.

Il y a peu de chose à en dire car tout l’a déjà été, y compris par des personnalités que l’on ne peux gère soupçonner de sympathie pour le président irakien. Ainsi, pour rester en France, Ségolène Royal, sans doute pour être en phase avec l’opinion de la majeure partie de nos concitoyens, a exprimé « un sentiment indéfinissable de dégoût ». Sentiment que partage tout être civilisé.

Cela écrit, il faut voir plus loin que cette tragique mise à mort et comprendre le sens de cette exécution. On peux en faire l’analyse suivante : tout d’abord, comme avec le « décès providentiel » de Slobadan Milosevic, elle permet de clore « au mieux » un procès embarrassant pour l’Empire du mal, ensuite elle envoie un message à tous les dirigeants politiques du monde qui pourraient être tentés de faire preuve de la même indépendance que Saddam, enfin elle est instrumentalisable dans la mise en place de la stratégie du «chaos constructif» défendue par certains hiérarques de Washington.

La fin d’un procès embarrassant

Dans Il manifesto du vendredi 29 décembre 2006, Danilo Zolo professeur de droit international à Florence et professeur associé d’université anglaises et étasuniennes, a publié une lumineuse chronique intitulée « La peine de mort contre Saddam Hussein, pierre angulaire de la haine ».

Il y démontre que ce jugement est « une imposture parce que ce n’est pas le peuple irakien, ni une cour légitime, nationale ou internationale, qui ont décidé la condamnation à mort du raïs. La sentence a été émise par un Tribunal spécial, promulgué en décembre 2003 par les forces anglo-étasuniennes occupantes. Sur le plan formel, le pouvoir qui a institué ce tribunal a été le gouvernement provisoire de l’Irak c’est-à-dire, de fait, le gouverneur militaire étasunien Paul Bremer. Personne ne peut penser que le Gouvernement provisoire, qui n’avait aucune autorité législative et ne disposait pas de sources de financement autonomes, ait été le pouvoir réel qui a lancé le Tribunal. C’est donc une puissance occupante, les Etats-Unis d’Amérique, qui ont voulu l’institution d’un tribunal spécial pour mettre sous procès les représentants du régime vaincu. Les juges du tribunal ont en majorité été désignés par le Gouvernement provisoire, entraînés par des experts étasuniens et soumis à un contrôle politique étroit. Même le Statut du tribunal a été rédigé par des juristes étasuniens. Et le pouvoir qui a voulu, organisé et financé le tribunal a été un pouvoir conquis en une guerre d’agression qui a violé et la Charte des Nations Unies, et le droit international général. Les Conventions de Genève n’attribuent certes pas à une puissance occupante le pouvoir de créer des tribunaux pénaux pour juger les dirigeants du régime déposé. Il s’est donc agi d’un tribunal dépourvu de légalité internationale, de légitimité politique et d’un minimum d’autonomie. »

Il remarque de plus « que le Tribunal spécial a exercé sa juridiction sur la base de formes de délit -les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité- qui n’étaient pas prévus par le droit irakien, et qui n’ont été introduites dans le Statut qu’aux fins de permettre l’accusation et la condamnation à mort de l’ex-dictateur. En outre, les droits de la défense ont été gravement limités et on a même violé le principe nulla culpa sine judicio, qui exige une rigoureuse présomption d’innocence en faveur des accusés. L’ex-dictateur a toujours été détenu en un lieu secret par les milices étasuniennes qui l’ont capturé et soumis à de lourds interrogatoires, proches de la torture. De plus, le Statut du Tribunal prévoit que la cour puisse se prononcer sur une éventuelle agression décidée par le régime baathiste contre un pays arabe, par exemple le Koweït, et exclut implicitement sa compétence à juger de crimes d’agression commis contre des pays non arabes. »

Or c’est la que tout s’explique car cette disposition a été conçue par les rédacteurs étasuniens du Statut pour éviter que le tribunal n’enquête sur la guerre que l’Irak avait déchaîné dans les années 1980-1988 contre l’Iran, pays de religion musulmane mais non arabe. La raison en est très simple : les Etats-Unis ont soutenu sur le plan économique, militaire et diplomatique cette guerre, qui a causé de cinq à huit cent mille morts. En outre, les Etats-Unis ont été de fait complices de Saddam Hussein en ne dénonçant pas certains faits gravissimes commis par les troupes irakiennes : les attaques faites avec des armes chimiques contre la population iranienne. Comme a pu l’écrire Gilles Munier, le 24 octobre 2006, dans La Lettre des Amitiés franco-irakiennes « Cette formule [a] l’avantage de gommer les responsabilités des dirigeants occidentaux, en particulier celle – écrasante - de Rumsfeld dans les livraisons d’armes à l’Irak pendant le conflit avec l’Iran. L’origine des gaz de combat utilisés par les belligérants à Halabja ne sera pas évoquée outre mesure, pas plus que le montant des commissions versées à des partis politiques aux Etats-Unis, en France ou ailleurs… »

De même, on ne parlera plus maintenant des mythiques « armes de destructions massives » qui avaient été la cause officielle principale de l’invasion de l’Irak… Ou du moins, si on en parle encore, les propagandistes de l’Empire n’auront plus face à eu la voix d’un grand témoins pour contester leurs dires.

Un message à tous les dirigeants politiques du monde

Que le meurtre de Saddam Hussein soit un message adressé à tous les dirigeants politiques du monde qui pourraient être tentés de faire preuve de la même indépendance que Saddam est une évidence pour tous. Et tant à gauche qu’à droite, ceux qui résistent au Nouvel ordre mondial font la même analyse.

Quand Jacques Vassieux, conseiller régional du Front national écrit : « Quelques mois après la mort – l’assassinat ? – de Slobodan Milosevic dans les geôles d’un pseudo TPI, c’est un nouveau symbole de la résistance à l’impérialisme américain que les instances judiciaires inféodées aux USA ont exécuté. Le Raïs Saddam Hussein a été pendu le 30 décembre à l’aube. Comme toujours depuis plus de quarante ans, lorsqu’il s’agit de tuer les leaders politiques opposés aux intérêts de l’oncle Sam, les motifs sensés justifier l’exécution sont les "crimes contre l’humanité" et le "rétablissement de la démocratie". En effet l’empire néolibéral américain ne sera satisfait que lorsque l’ensemble du moyen orient sera devenu "démocrate", libéral, marchand, et pour finir, soumis aux Etats-Unis et à leur conception du moyen orient. », il fait écho à la communiste « rouge vif » Danielle Bleitrach qui remarque qu’ « une telle exécution a un sens politique : d’abord faire bien comprendre que qui s’oppose à Bush et plus généralement à ses alliés occidentaux sera détruit. Le message vise tout autant le Hamas, les Palestiniens, l’Iran que le peuple irakien… »

C’est aussi un message adressé aux alliés des USA comme le fait ressortir, un éditorialiste du quotidien el-Watan, Abdelkader Dehbi : « Et puis c’est jour de shabbat ; çà tombe très bien pour faire plaisir à Israël et rappeler aux dirigeants sionistes, que l’Amérique - tel un tueur à gages - remplit toujours ses "contrats ». M. Bush père n’avait-il pas promis en effet, à Itzhak Shamir, alors Premier ministre sioniste d’"écraser l’Irak et ses dirigeants » pour leur faire payer le crime d’avoir osé envoyer des fusées sur Tel-Aviv, lors de la première guerre du golfe ? Voilà qui est fait, donc. »

Mise en place de la stratégie du «chaos constructif»

Enfin, last but not least, l’exécution de Saddam Hussein, fait le jeu de la théorie américaine du « chaos constructif », un euphémisme inventé par Washington pour légitimer la politique de terre brûlée pratiquée en Mésopotamie. Le schéma semble assez simple : la majorité des chiites irakiens, 60 % de la population, tenus en suspicion et marginalisés par le Baas, ont choisi l’attitude du wait and see lors de l’invasion américano-britannique en 2003. La récompense US a été une réintégration de la majorité chiite dans le jeu politique, avec un contrôle notamment des services de sécurité, du ministère de l’Intérieur et une majorité parlementaire sous l’autorité de la famille al-Hakim, longtemps exilée en Iran. Des groupes armés se disant sunnites se sont depuis jurés d’en finir avec les chiites, accusés de collaboration avec l’occupant américain. Le problème politique de démocratisation et de fin de l’occupation s’est soudain transposé dans le giron confessionnel et les attentats terroristes anti-sunnites ou anti-chiites ont créé une sorte de nouvelle Irlande à horreur amplifiée.

Il est évident que le déchirement entre sunnites et chiites ne vise pas uniquement l’Irak, mais qu’il a fonction à créer des divisions à l’intérieur du monde arabe et dans l’ensemble de la communauté musulmane. Le résultat serait tant l’atomisation pour une longue durée des Etats-Nations arabes et musulmans (1), que l’isolement de l’Iran présenté comme le grand péril chiite contre lequel les Etats sunnites chercheraient le soutient yankee (2).

La mise en scène du procès avec les fuites providentielles de vidéos montrant des chiites – ou prétendus tels – insultant Saddam et se revendiquant de Moqtada Sadr vont dans ce sens. Et leur font écho, comme par hasard, le cheikh saoudien Abdel-Rahman al-Barrak, que beaucoup considèrent comme le dignitaire le plus influent du courant wahhabite de l’islam sunnite, qui vient de qualifier les chiites « d’infidèles » dans une fatwa diffusée sur Internet (3), de même que le message diffusé presque au même moment sur Internet par « l’émir » de l’Armée islamique en Irak, un des groupes de « la guérilla sunnite » du pays, où il affirme que « l’occupation chiite hérétique de l’Iran est beaucoup plus dangereuse que l’occupation américaine » et invite « la nation islamique à se mobiliser pour sauver Bagdad, la capitale des Abbassides, des mains des Perses, et à réagir pour que Bagdad ne connaisse pas le même sort que Jérusalem et de l’Andalousie ».

Comprenant parfaitement le danger, les leaders chiites se gardent bien de tomber dans le piège. Ainsi, un porte-parole de Moqtada Sadr, Nassar al-Roubaïe, a qualifié de réaction personnelle d'un des témoins l'invocation du nom de Moqtada lors de l'exécution et Sayyed Mohammad Hussein Fadlallah, autorité religieuse chiite libanaise influente, a mis en garde, contre une discorde entre les musulmans chiites et sunnites, accusant les Américains de vouloir provoquer la division à l’occasion de l’exécution de l’ancien président irakien. « Certains disent que Saddam était sunnite, mais en vérité c’était un dictateur qui a persécuté son peuple et ses adversaires sans tenir compte de leur rite (sunnite ou chiite) », a-t-il déclaré.

Mais le 3 janvier on apprenait par L’Orient-Le Jour que « L’armée US chercherait à affronter les miliciens de Sadr » et que : « Les forces irakiennes et américaines s’apprêtent à lancer une offensive, au moins limitée dans un premier temps, contre les miliciens chiites de l’Armée du mehdi du jeune imam radical Moqtada Sadr. Les hommes se réclamant de Sadr sont considérés par le Pentagone comme la menace la plus importante contre la sécurité en Irak. (…) "Les Américains veulent la guerre avec l’Armée du mehdi car ils veulent se débarrasser de cette milice. Il semble qu’ils vont réussir à en avoir une" confiait ainsi un diplomate occidental ». (4)

La concomitance des faits - exécution de Saddam, révélation de la vidéo mettant l’accent sur le chiisme des bourreaux, dénonciation du chiisme par des sunnites extrémistes et action yankee anti-chiite – ne peux que laisser rêveur et fleure bon la manipulation.

En attendant c’est le peuple irakien qui paie l’addition avec six cent cinquante mille morts et chaque jour quelques centaines d’autres victimes...

Tout cela pour la sécurité de l’entité sioniste et pour les profits des multinationales usaméricaines !

notes

1 – Un affrontement sunnites-chiites aurait des conséquences dans tout le Proche-Orient et Moyen-Orient car les chiites forment 80 % de la population iranienne, 60 % en Irak, 30 % au Liban, près de 50 % au Koweït et dans les Emirats arabes unis, plus de 20% en Azerbaïdjan, en Afghanistan et au Pakistan, 66 % au Bahrein, 10 % en Syrie. En Arabie Saoudite, les chiffres sont absents mais les chiites sont implantés dans les régions riches en pétrole, à l’Est du Royaume.

2 – « Les Etats-Unis jouent sur la peur des Arabes du Golfe relative au fameux "croissant chiite" . Le roi Abdallah II de Jordanie a été le premier à parler d’un "croissant chiite" en décembre 2004, quand il avait accusé l’Iran chiite de chercher à influencer les élections en Irak et d’étendre son influence jusqu’au Liban. Le 29 décembre 2006, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a dénoncé les "mercenaires" des Américains qui évoquent la menace d’un "croissant chiite", dans une attaque voilée contre des monarchies du Golfe. Il semble ainsi que les Américains soient tentés de réactiver la vieille hostilité entre "Arabes et Perses", comme ce fut le cas pendant la guerre Iran-Irak. L’exécution de Saddam, la tension en Irak et au Liban — où la crise politique est présentée comme un conflit confessionnel entre sunnites et chiites — et la poussée des "salafistes" à travers le monde arabe nourrissent ce scénario ». Adlène Meddi (al-Watan le 1 janvier 2007)

3 - « Les négationnistes (chiites, NDLR) sont dans leur ensemble la pire des sectes de la nation islamique. Ils portent toutes les caractéristiques des infidèles. (…) Ils sont en réalité des infidèles polythéistes, même s’ils s’en cachent. Les écoles de pensée chiite et sunnite sont à ce point éloignées qu’elles ne pourront jamais s’entendre ; aucune réconciliation n’est possible à moins que les sunnites ne renoncent à leurs principes. », affirme-t-il.

4 - L’Armée du mehdi a mené à deux reprises en 1994 des soulèvements contre l’occupation américaine, mais s’était ralliée depuis au processus de normalisation politique encouragé par Washington. Toutefois, depuis la rencontre entre Maliki et George Bush, et la prorogation par l’ONU de la présence américaine, le mois dernier, les ministres et députés de « sadristes » se tiennent à l’écart des institutions. Nassar al-Roubaïé, chef du groupe de Sadr au Parlement, a déclaré à Reuters que Sadr n’avait pas l’intention de se laisser entraîner dans l’affrontement que souhaite, selon lui, l’état-major américain.
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