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Samedi, 6 Novembre 2010
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Des Villes contre l’islamisation sous influence
Jules Van den Berghe
Impérialisme :: Antisionisme
Des Villes contre l’islamisation sous influence
Le 9 mai 2009, l’organisation allemande islamophobe Pro-Köln organisait à Cologne un rassemblement qu’elle espérait d’importance contre « la plus grande mosquée d’Europe » qui y est en construction. Devaient se joindre à son appel des formations d’extrême droite européennes comme le Vlaams Belang, le FPÖ, la Ligue du Nord et, surtout, le réseaux « européen » des Villes contre l’islamisation. En invités vedettes : le Hollandais Geert Wilders et l’ex-eurodéputé Carl Lang, dissident du Front national. Leur point commun : une islamophobie obsessionnelle conjuguée à un philosionisme s’inscrivant dans une vision purement occidentalo-centrée.

Un conglomérat populiste libéral

C’est dans le contexte de la campagne des élections municipales en France, le 17 janvier 2008, que Filip Dewinter, principale figure du Vlaams Belang, lança l’initiative des Villes contre l’islamisation. L’idée était, purement et simplement, de substituer, plus ou moins habilement, la lutte traditionnelle des droites nationales contre l’immigration de travail et de peuplement par celle contre l’islam. Comme au sein de la mouvance européenne dont il est la figure de proue, l’immigration est désormais perçue sous le prisme essentiellement islamophobe, c’est à l’échelle des « villes » et non pas des « peuples » ou des « nations » que l’on entendait agir. Si les mots ont toujours de l’importance, dans ce cas précis, il est essentiel d’insister sur les termes employés puisque la plupart des organisations politiques qui s’agrègent désormais dans ce réseau rejettent plus ou moins directement les vieux principes des États-Nations au profit d’une vision morcelée ethno-linguistique, voire ethno-communautariste, s’intégrant dans un espace européen sous tutelle occidentaliste.

Comme si cela avait été préparé de longue date, s’associèrent presque immédiatement à cette initiative, outre le parti hollandais de Geert Wilders (Parti pour la liberté, qu’il créa en 2006 suite à son départ du VVD), le SIAD danois d’Anders Gravers (1), pour l’Autriche le FPÖ, pour l’Italie la Ligue du Nord, pour la Grande-Bretagne le Bristish National Party, ainsi que son rival officiel le UKIP, et, bien entendu, la formation de Dewinter, le Vlaams Belang.

L’objectif premier était de lancer une campagne très médiatisée, sur un thème pouvant choquer à la fois l’opinion publique et la presse, avec un logotype facilement imprimable et compréhensible par tous : une mosquée à minarets stylisée et barrée de rouge.

Cette initiative était initialement issue d’un accord direct entre Wilders et Dewinter, avec l’appui du SIAD (Stop Islameringen Af Danmark) le groupe fondateur du SIOE (Stop Islamisation of Europe). La toile politique des VCI a très vite regroupé l’organisation britannique No Sharia Here et l’allemande Pax Europa, dirigée par l’ancien journaliste Udo Ulfkotte, membre actif du parti régional brêmois Bürger in Wut, issu du Partei Rechtsstaatlicher Offensive (Schill-Partei), un parti populiste de droite dans le style du Parti populaire danois et du PVV hollandais de Wilders ou encore de la Liste Dedecker en Flandres ; avec en plus le Britannique Stephen Gash, du English Democrats Party, un très petit parti populiste de droite. C’est donc ce qu’il faut bien désigner comme un conglomérat de groupuscules épars autour du VB et du PVV qui forme ce réseau.

Lors de cette manifestation anversoise, la France n’avait pas été oubliée puisqu’elle était déjà « représentée » par le régionaliste alsacien Robert Spieler (Alsace d’abord) et par Carl Lang, député français au Parlement européen, alors encore membre du Front National. Une présence qui n’avait pas l’aval officiel de la direction de son parti, loin s’en faut, principalement du fait que ce réseau s’arc-boute sur une idéologie totalement étrangère aux traditions politiques françaises : le populisme libéral, soit un sentiment spécifique au monde anglo-saxon et de la Mer du Nord (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Flandre…), zone historique des villes souveraines, des Provinces Unies qui firent la guerre au Royaume de France et de la Ligue hanséatique. D’où l’idée de « Villes » contre l’islamisation et non de peuples ou de nations.

L’œil de Washington

Au-delà de cette action médiatique, apparaît une structure assez peu connue en France, le SIOE. Cette formation, totalement inconnue avant le 11 septembre 2001, aux effectifs squelettiques, dispose de moyens financiers non négligeables, malgré une ancienneté nulle et des responsables sans aucune notoriété et sans antécédents politiques sérieux. Il s’agit d’une nébuleuse agissant comme une toile relationnelle, utilisant des relais sympathisants pour occuper un espace médiatique avec un principe simple : faire parler de soi, coûte que coûte !

L’objectif de ce réseau, qui s’inspire par son activisme des méthodes lobbyistes anglo-saxonnes, est d’influencer les différents courants droitistes et populistes de l’Union européenne, afin de les amener volens nolens à soutenir de manière quasi inconditionnelle les principes occidentalistes et, de fait, les initiatives nord-américaines en matière de géopolitique aux Proche et Moyen Orient.

À cet effet, on constate qu’outre les Villes contre l’islamisation qui sont destinées à asseoir une implantation géographique, touchant pour l’heure essentiellement le Danemark, la Hollande, la Belgique-Flandre, l’Allemagne et la France, la principale activité du SIOE de 2006 à 2008 a été de soutenir la cause d’une quasi inconnue : Ayaan Hirsi Ali (2).

De son vrai nom Ayaan Hirsi Magan, cette femme politique binationale, somalienne et néerlandaise, née à Mogadiscio le 13 novembre 1969, a une histoire digne d’un roman de Tom Clancy : après l’assassinat de Theo van Gogh par Mohammed Bouyeri en novembre 2004, Ayaan Hirsi Ali s’est dite « menacée de mort ». Cela car l’assassin aurait laissé sur le corps de sa victime une liste où son nom figurait en tête, un peu comme les passeports du commando islamiste des avions du 11 septembre, retrouvés quasi intacts dans les ruines fumantes des Twin Towers. C’est à ce moment qu’elle émigra aux USA, où elle fut opportunément recrutée par l’American Enterprise Institute (AEI) (3), un très discret think tank néo-conservateur, proche des Administrations successives de Bush Jr., qui semblait n’attendre qu’elle…

Comme un réseau tel que les VCI n’est jamais le pur produit du hasard, il n’est pas inutile de s’attarder sur ses parrains qui apparaissent toujours officieusement et de façon assez discrète via le SIAD et le SIOE.

L’AEI est proche des milieux chrétiens sionistes comme le CUFI (Christians United for Israël)(4), lobby très puisant aux USA et très fortuné. Plusieurs personnalités américaines proches ou membres des Républicains ont, à plusieurs reprises, vanté les mérites du SIOE dans la presse US ou sur leurs sites Internet comme Rob Simmons, délégué du MOGOP, le Parti républicain du Missouri.

L’Institut de l’entreprise américaine pour la recherche sur les politiques publiques ou AEI est un think tank fondé en 1943. Aux USA, cet institut est régi par la loi sur les organisations non lucratives, et ses fonds proviennent principalement de contributions individuelles, corporatives ou d’autres fondations. Ce n’est pas dévoiler un secret que d’affirmer que l’AEI est l’un des architectes majeurs des politiques néo-conservatives des Administrations Bush. Plus de deux douzaines d’élèves de l’AEI en ont été soit membres, soit nommés à l’une des nombreuses commissions gouvernementales. Parmi ses membres les plus éminents et hautement symboliques, on retrouve Irving Kristol, considéré comme le fondateur du néo-conservatisme américain, le père de William Kristol, John R. Bolton, ambassadeur américain aux Nations unies d’août 2005 à décembre 2006, Lynne Cheney, la femme de l’ex vice-président Dick Cheney et, comme de bien entendu, l’inévitable Richard Perle, ancien vice-secrétaire à la Défense, conseiller actuellement dans le United States Defense Policy Board, et accessoirement propriétaire du Jerusalem Post.

Il est fondamental de préciser que certains membres les plus éminents de l’AEI font partie des vingt-cinq signataires à l’origine du Project for a New American Century (PNAC). Cette charte fondatrice de quatre-vingt-dix pages synthétise les propositions à mettre en œuvre pour « Reconstruire les défenses de l’Amérique » dans le cadre d’un « nouveau siècle américain » post-Guerre froide. Le PNAC apparaît au printemps 1997 comme une annexe du New Citizenship Project fondé en 1994 qui s’est fixé pour mission la promotion de l’implication et de la participation à la vie civique nationale américaine. Au-delà du document fondateur, le PNAC se définit comme une organisation à but non lucratif dont la mission principale est la diffusion d’études, de rapports et d’analyses concernant les domaines de la Défense, de l’armement et de la sécurité nationale. Authentique cabinet noir de géostratégie, c’est du PNAC que sont sortis les projets de Bush, appliqués au lendemain du 11 septembre 2001 en Afghanistan, en Irak et même lors de l’offensive de l’armée israélienne au Liban, lors de l’été 2006.

Parmi ses membres se trouvent de nombreux néo-conservateurs, certains ayant occupé de hautes fonctions : William Kristol (président du PNAC), Donald Rumsfeld (ex-secrétaire à la Défense), Paul Wolfowitz (ex-président de la Banque Mondiale), Jeb Bush (frère de George W. Bush et gouverneur de Floride), Richard Perle, Richard Armitage, Dick Cheney (ancien vice-président des États-Unis), Lewis Libby, William J. Bennett, Zalmay Khalilzad (ancien ambassadeur des États-Unis en Irak), et Ellen Bork (femme du juge Robert Bork). Les Français André Glucksmann et Bernard Kouchner sont quelquefois cités comme membres. En fait, ils n’ont été que signataires, en 2004, au côté de personnalités aussi diverses que Massimo D’Alema ou Joe Biden (actuel vice-président de Barak Obama), d’une lettre ouverte présentée par le think tank néo-conservateur aux chefs d’États et de gouvernements de l’Union européenne.

C’est juste à un moment où les stratèges américains doutent dans leurs engagements, en Afghanistan et Irak notamment, qu’apparaît, à partir de l’affaire Hirsi Ali, le SIOE en Europe occidentale : au Danemark, tout d’abord, puis en Hollande autour de Geert Wilders. Formidable coïncidence : l’affaire des caricatures de Mahomet tombe à point pour son lancement médiatique. À peine à la une des journaux, le voilà en Flandre-Belgique en 2006-2007 avec affiches, autocollants et tracts à foison. Le thème choisi est simple et sans ambages : promotion de l’islamophobie sous toutes ses formes légales.

Mais, contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’un tel réseau, la méthodologie employée est loin d’être celle d’amateurs dans son application : tout est précis et calculé comme on peut le constater sur le site officiel du SIOE et des VCI. Pour prendre des responsabilités en son sein, il faut nécessairement respecter une charte d’engagement bien spécifique. Elle inclut de s’impliquer en faveur du « monde occidental » et de « toutes ses composantes » (y compris les USA et Israël), de défendre le libéralisme, « l’esprit des Lumières », le « refus de tout totalitarisme », y compris le « totalitarisme nationaliste », de « refuser toute forme de racisme » et, bien entendu de lutter contre l’islamisation, ce qui est très différent de lutter contre l’immigration stricto sensu ou contre l’immigration de travail et les délocalisations. Du reste, le SIOE sera très attaché à la mise en œuvre de la directive Bolkestein, alors qu’il ne s’agit pas, en l’espèce, de lutte contre l’islam …

Autre élément très particulier de ce réseau : ses sources de financement. Par exemple, le 23 janvier dernier, Patrik Brinkmann, se présentant comme un « homme d’affaires » a annoncé qu’il faisait un don de cinq millions d’euros à Pro Köln-Pro NRW. À l’occasion d’une conférence de presse Brinkmann a tenu à expliquer la philosophie de son engagement politique et les raisons profondes de ce don : « La culture juive est pour moi inextricablement liée à la chrétienne. Qui est antisémite est donc contraire à sa propre culture. Il y a aussi le phénomène étrange du paganisme dans la scène nationale. Mais celui qui hait le christianisme hait une partie de lui-même. Car notre culture européenne est judéo-chrétienne. Pour beaucoup d’entre nous c’est une chance que le destin des juifs et des chrétiens soit entrelacé. Beaucoup de juifs ont combattu aux côtés de l’Allemagne pendant la guerre de libération de 1870-71 ou en 1914. Des artistes juifs tels que Max Liebermann furent, pourtant, des patriotes allemands. Il y a dans ma famille un destin tragique. Ma grand-mère avait trouvé dans les années trente son grand amour : mais elle eut de la malchance pendant ces jours-là, car l’homme était un juif. Le problème est devenu encore plus important à cette époque : En 1937 est née de cette relation une fille. Le père juif fut ensuite envoyé dans un camp de concentration et assassiné. À mon sens très humble ceci est un crime, qui n’est en rien justifié. Et il n’y a rien à ce sujet pour me contredire. » Et de préciser : « J’ai visité Israël. Je suis allé à Yad Vashem, non pas comme un touriste, sinon parce que je suis allé pour pleurer. Je me sens comme un Allemand et un Suédois, mais je pense que le judaïsme va de pair avec la culture européenne. Dans cette mesure, je considère qu’il est ainsi » (5). D’aucuns affirmeront que Brinkmann fleure bon l’agent d’influence du Mossad…

Des propos qui recoupaient ses déclarations faites à l’occasion du congrès de Pro Köln-Pro NRW, tenu à Leverkusen (Allemagne), le 19 février : «Notre devise est : “L’Occident dans les mains des chrétiens”. Nous considérons le judaïsme comme partie intégrante de la culture occidentale. Celui qui est antisémite ne peut pas être un vrai patriote. Nous avons besoin d’une droite sans antisémitisme. Nous respectons les peuples et les cultures et, donc, c’est pour nous le moment de dire que le national-socialisme n’est pas un modèle à suivre […]. Je suis maintenant très fier de participer en Allemagne à la construction d’un parti de droite moderne et sérieux au-delà de tout extrémisme et antisémitisme». Dans la salle pour l’applaudir, se trouvaient des représentants de la Nouvelle droite populaire, du Mouvement national républicain et du Parti de la France de Carl Lang (6), de même que la Flamande Hilde De Lobel pour le Vlaams Belang et l’Autrichien Andreas Mölzer du FPÖ.

Objectif : France !

C’est le 15 mars 2007, jour du meeting de Jean-Marie Le Pen à Paris (Palais des Sports) que Filip Dewinter a lancé les bases en France de ce réseau d’influence. Déjeunant dans une brasserie à proximité de la Porte de Versailles avec Jean-François Touzé, en présence de Roland Hélie et d’Emmanuel Camoin (entre autres), Dewinter avait déjà dans l’idée de mettre en place un tel projet en marge du FN considéré comme « dépassé » et beaucoup trop compromettant en ce qui concerne son positionnement géopolitique et vis-à-vis d’Israël. Cette rencontre avait été arrangée par Robert Spieler, qui entretient depuis fort longtemps des relations suivies avec le VB.

C’est dans cet esprit que ce qui est devenu depuis la NDP (Nouvelle droite populaire), avec la revue Synthèse nationale, a été choisi pour lancer les VCI en France et, notamment, lors des municipales de 2008. Il est fort probable que Spieler et Hélie, dépourvus d’une véritable structure militante, sans apports financiers conséquents pour développer leur groupuscule, ont imaginé pouvoir avoir de cette manière quelques moyens, en prévision d’un « après Le Pen » qui leur serait forcément favorable.

À cet effet, ils ont mis à contribution le relationnel d’Hilde de Lobel, tissé depuis de nombreuses années dans la mouvance identitaire et euro-régionaliste (Alsace d’Abord, Adsav, Ligue du Nord, Bloc identitaire…) dans le but de préparer les Européennes de 2009. Après des municipales plus que décevantes, puisque toutes les listes plus ou moins dissidentes du FN parrainées par leurs soins ont eu des résultats très médiocres, l’idée fut de constituer pour les élections européennes de 2009 des listes « identitaires et régionalistes » afin d’être en mesure de former avec Wilders, la Ligue du Nord et d’autres, un groupe au Parlement de Strasbourg, et cela, bien entendu, aux dépends du Front national.

Ce projet a été officieusement confirmé par Guillaume Luyt, président des Identitaires, en octobre 2007, lors d’un banquet parisien des anciens de l’Action française, quelques jours avant la réunion publique à Paris de Synthèse nationale le 27 octobre 2007 à l’ASIEM. Dans ce projet, étaient alors intégrées des personnalités comme Nicolas Bay et Jacques Gaillard qui étaient encore adhérents du MNR et qui ont depuis préféré rejoindre le FN.

Il est certain qu’auparavant, ce sont Philippe de Villiers et Bruno Mégret qui avaient été contactés pour jouer ce rôle, mais ils ont été vite mis de côté, sans doute en raison d’exigences que le SIOE ne pouvait leur garantir. C’est dans ce cadre que, le 8 décembre 2007, le SIOE a organisé en France, à Marseille, une manifestation qui rassembla moins de cent personnes (sur les photos on ne peut compter qu’une trentaine de participants autour des cadres identitaires niçois Philippe Vardon et Dominique Lescure) contre la construction d’une nouvelle « grande » mosquée, abusivement présentée comme « la plus grande sur le continent européen ». Précédemment, le MNR avait déjà participé aux deux manifestations du SIOE, à Bruxelles le 11 septembre 2007 et à Londres le 26 octobre de la même année.

Le 2 janvier 2008, Touzé, Hélie et Spieler, en présence d’Hilde de Lobel, lancèrent à Paris la branche française des VCI sous couvert d’une réunion parrainée par Synthèse nationale. Il leur fallait tenter d’occuper un certain espace médiatique, au moment où la campagne pour les cantonales et les municipales battait son plein. Cette réunion, dans les salons d’Athènes (ex-salle des Agriculteurs) n’a rassemblé qu’une grosse centaine de personnes (dans une salle de 220 places) dont la moyenne d’âge était supérieure à soixante ans. Quelques semaines plus tard, la manifestation de Spieler, le 23 février à Strasbourg, au prétexte fallacieux de soutenir les « Serbes du Kosovo » entrait dans ce cadre, tout comme la réunion des « jeunesses européennes », organisée par le mouvement de jeunesse flamand, Vlaams Belang Jongeren à Anvers le 4 mai suivant. Et c’est en présence de Spieler, Roland Hélie et Carl Lang, que le porte-parole de Kadarn, l’organisation de jeunesse du mouvement breton Adsav, qui se revendique du courant identitaire, a déclaré ne pas faire de différence entre l’immigration du Tiers-monde et celle « en provenance du Bassin parisien » (les francophones blancs !), les dénonçant toutes les deux avec la même virulence.

Avec le lancement d’un blog le 10 février, l’utilisation de la boîte aux lettres de Synthèse nationale pour les VCI en France, la reprise en permanence de thèmes anti-islam dans leurs documents, la NDP étant présentée comme « le seul mouvement capable de lutter efficacement contre l’islamisation » (sic), Hélie et Spieler (avant la défection de Touzé suite à une querelle de personnes en septembre de la même année) devenant les maîtres d’œuvre en France de ce réseau à l’influence très limitée.

Et Carl Lang est de la partie

Aussi, apparaissent-ils comme tels un an plus tard au sein de l’initiative scissionniste de Carl Lang, le Parti de la France. Ce dernier s’inscrivait alors au cœur du réseau identitaire européen informel, dont Hilde de Lobel, député du VB, est la coordinatrice. « Nous pouvons à certains égards nous inspirer de l’exemple du Vlaams Belang » expliquait-il dans Rivarol (13 octobre 2007). En tant que député français au Parlement européen, il a toujours entretenu d’excellents rapports avec le VB, faisant fi de la campagne ouvertement francophobe entreprise par ce parti depuis deux ans à l’encontre des francophones belges.

Les démonstrations des VCI furent aussi l’occasion pour lui de s’asseoir une stature sinon internationale, du moins européenne. Aussi, avait-il régulièrement invité dans ses locaux régionaux de Lille, parlementaires et militants flamands, comme le 14 septembre 2007, autour de thèmes ouvertement occidentalistes. Et la Région Nord-Pas-de-Calais, dont il était l’élu, a toujours été pour lui un moyen d’entretenir son image. C’est dans ce même esprit qu’il a participé activement aux deux manifestations bruxelloises commémorant les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, manifestations parrainées par le SIOE et les Villes contre l’islamisation. Lors de la manifestation du 11 septembre 2007, interdite par le bourgmestre socialiste de Bruxelles, il avait même été interpellé manu militari par les forces de l’ordre belges, menotté avec d’autres députés au Parlement européen, belges et italiens notamment (La Revue de presse européenne du 12 septembre 2007, La Libre Belgique et Le Soir, 11 septembre 2007). Une publicité inespérée…

Aussi, à la veille du rassemblement anti-mosquée du 20 septembre 2008 à Cologne, initié par Pro-Köln, Diana West de Gates of Vienna, structure médiatique interactive liée au SIOE, l’interrogea sur la question de l’islam en France et du FN en particulier. Lang lui expliqua qu’il fallait attendre que Le Pen ait passé la main pour lancer un fort mouvement islamophobe dans notre pays, le leader du FN n’étant pas, selon lui, sur ce point dans le coup… (7)

Il est incontestable que le réseau des VCI en France, relayé dans l’entourage immédiat de Lang, a pu trouver appui au sein de certaines publications de la droite nationale comme Présent, Minute, Le Choc du Mois et aussi Monde et vie, et toucher ainsi la frange la plus intellectuellement prédisposée à entendre ce discours de compromission et de renoncements. Ainsi, l’article de Xavier van Lierde (8) en novembre 2007 (n°787 de Monde et vie) mettant en avant le Parti du peuple danois contre la stratégie de Marine Le Pen au sein du FN est édifiant : « La stratégie suivie avec succès par le Parti du peuple danois est, à vrai dire, exactement contraire à celle suivie par le Front national. Alors que le FN refuse par principe toute alliance avec les formations de droite et laisse entendre qu’il n’est ni de droite ni de gauche, le PPD, lui, soutient loyalement la majorité de droite contre l’opposition de gauche. Enfin, alors que, sous l’influence de Marine Le Pen, le FN affadit son discours sur la question de l’immigration et de son impact sur l’identité nationale, le PPD affiche sa fermeté en la matière. Plus qu’au Front national, le Parti du peuple danois ressemble à l’Union du Centre en Suisse ou au Vlaams Belang en Flandre ».

Avec la nomination de Michel Hubault au secrétariat général du Parti de la France, puis ensuite à la communication de ce parti, et l’influence grandissante de la tendance « judéo-chrétienne » de Bernard Antony dans son entourage, l’option nationale-sioniste est devenue pour Carl Lang une forme d’obligation incontournable. Mais avec des perspectives électorales en berne, il est peu probable que le porte parole certainement le plus médiatique pour la France que le SIOE puisse espérer, arrive à émerger de manière significative. De surcroît, le changement d’administration à Washington n’a fait qu’obérer l’avenir du SIOE et des VCI. À l’occasion des régionales de 2010 en France, seulement deux listes, en Lorraine et en Franche Comté, ont pu être certifiées VCI/SIOE, avec des résultats pour le moins médiocres ; le fait que le programme de ces listes ouvertement hostiles au Front national s’arc-boutait sur l’unique et obsessionnel thème de l’islamophobie, n’a pas arrangé les choses envers un électorat plus inquiet par une crise sociale et économique d’importance que par une hypothétique prolifération de minarets.

Ce phénomène en marge de notre espace national français, malgré les accommodements philosophiques, politiques et intellectuels vis-à-vis de l’occidentalisme et du national-sionisme qu’il implique, risque bien de faire choux blanc à plus ou moins courte échéance. La France n’est pas les Provinces Unies et le FN n’est pas encore éclipsé de la scène politique. Reste à savoir ce que deviendront ceux qui se sont aventurés dans cette fange et s’ils ne vont pas tout simplement tenter de revenir polluer notre espace national-nationaliste d’une manière ou d’une autre dans les mois et les années à venir.


notes

Notes :

1 Le SIAD a soutenu le Parti du peuple danois (Dansk folkeparti, DF) aux dernières élections : 13,9 %, 25 sièges sur 179.
2 – ayaanhirsiali.web-log.nl Cette personne a bénéficié en France du soutien médiatique de BHL et de Charlie Hebdo.
3 -Denis Sieffert, « Manipulations antilaïques », Politis, 14 février 2008
4 - www.cufi.org/site/PageServer
5 - Entretien de l’agence PI (qui se définie comme « Proamerikanisch und israelisch », à savoir occidentaliste germanophone) avec Patrik Brinkmann en janvier 2010.
6 - Sur leurs sites et blogs internet respectifs, ces formations politiques françaises de droite extrême se sont bien gardées de préciser la nature exacte de l’intervention de Brinkmann quand elles relatèrent ce congrès.
7 - « Last summer in Brussels, I also interviewed Carl Lang, a member of European Parliament for Le Pen’s Front National, and concluded that this political party is in total disarray, and that the 80-year-old Le Pen himself will probably have to retire before any coherent anti-Islamization movement has a chance of evolving out of the political group Le Pen will eventually leave behind ».
8 - Pseudonyme de Christophe Dungelhoeff : ex-Renouveau étudiant, ex-MNR, animateur sur Radio Courtoisie au « Libre journal de la Vieille Europe ».
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