contact presentation soutien proposer article contact
transp
 
actualite
blank
blank
Éditorial
Politique
Étranger
Tribune libre
theoriciens
Yockey
Thiriart
Douguine
Evola
Autres
histoire
France
Italie
Espagne
Amérique latine
Allemagne
Pays anglo-saxons
Europe de l'Est
Autres
imperialisme
Entretiens
Antiaméricanisme
Antisionisme
Varia
spiritualites
Alternatives religieuses
Tradition
Varia
liste
liste
detail
sites nc
snc
accueil
recherche
recherchez
avancee
Samedi, 15 Novembre 2003
imprimer
mail
Entre Céline et Brasillach
Marc Laudelout
Impérialisme :: Entretiens
Editeur du Bulletin célinien - un mensuel qui en sera bientôt à son deux cent cinquantième numéro... - Marc Laudelout publie ce mois-ci Entre Céline et Brasillach. Il a accepté de répondre à nos questions

Pourquoi ce titre Entre Céline et Brasillach ?

En fait, le livre comporte deux parties. La première propose un témoignage inédit de feu Henry Poulain, et la seconde une étude documentaire sur les relations, souvent conflictuelles, entre Brasillach et Céline.

Qui était Henri Poulain ?

C’était le secrétaire de rédaction et le gérant de l’hebdomadaire Je suis partout dont le rédacteur-en-chef était Robert Brasillach. Y collaboraient également : Lucien Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau. Poulain présente cette caractéristique d’avoir été l’une des rares personnes à avoir été à la fois l’ami de Céline et de Brasillach.

L’intérêt de son témoignage est qu’il est inédit. Rédigé en 1964, il était destiné à Dominique de Roux pour le second numéro de ses Cahiers de l’Herne sur Céline. Finalement, il ne sera pas publié à l’époque. J’ai décidé de l’éditer aujourd’hui, avec tout un appareil critique, car c’est un texte fort intéressant. Il nous montre, par exemple, Céline pris sur le vif, dans le dispensaire qui l’occupait (Céline, de son vrai nom Louis Destouches, était médecin.)

Henri Poulain évoque-t-il les dissensions entre Céline et Brasillach ?

Nullement. Il passe tout cela sous silence, ne voulant manifestement pas rappeler ces mauvais souvenirs. C’est la raison pour laquelle, dans la seconde partie, je relate, sous le titre Une impossible rencontre, tout ce qui opposa les deux hommes, et ce dès 1932, à la parution du Voyage au bout de la nuit.

Brasillach signe une critique négative du livre ?

Pire : il n’en parle pas ! Et il fait, dans sa chronique de L’Action française, l’éloge du roman d’un certain Guy Mazeline qui, quelques semaines plus tard, ravira le Goncourt à Céline. Il est clair que beaucoup de choses opposent Céline et Brasillach : l’expérience vécue, la formation, les goûts, la personnalité, et même l’origine. Le premier est Breton (celte) ; l’autre Catalan (méditerranéen). Ce sont aussi deux univers très différents. Grâce à plusieurs lettres inédites (notamment celle qu’il adresse alors à son beau-frère, Maurice Bardèche), on voit bien les raisons pour lesquelles, dans un premier temps, Brasillach ne peut apprécier un bouquin aussi révolutionnaire que Voyage. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il reconnaîtra les mérites du livre, le comparant, par exemple, au Candide de Voltaire. En fait, chaque fois, Brasillach vient à résipiscence, mais il y met un certain temps.

Et sur le plan politique ?

Il y a des convergences naturellement, mais aussi pas mal de divergences. Le fascisme lyrique de Brasillach a peu de choses en commun avec les convictions de Céline qui, ancien combattant de 14, veut absolument empêcher ce qu’il considère comme une guerre fratricide entre la France et l’Allemagne. Si Brasillach apprécie, avec pas mal de réserves, un livre comme Bagatelles pour un massacre (encore que son antisémitisme soit assez différent de celui de Céline, lequel est avant tout « raciste »), il n’acceptera pas un livre comme L’École des cadavres qui, en 1938, prône un rapprochement avec l’Allemagne. Même s’il a évolué vers le fascisme, Brasillach demeure un maurrassien, avec les réflexes propres à sa famille d’esprit. Là aussi, il évoluera et reconnaîtra, quelques années plus tard, la justesse de vues de Céline, en tout cas ce qu’il considérait comme telle à l’époque.

Qu’est-ce qui les opposait aussi ?

La façon de réagir face à l’adversité, par exemple. Céline n’admettra pas la façon dont Brasillach se comportera vis-à-vis de ses juges. Il y décèlera des relents douteux de masochisme chrétien. Il y a vraiment incompatibilité majeure entre les deux hommes. Pour parler comme Céline, c’est presque « une question d’espèce ».

Dans le livre, je ne tire pas la couverture à Céline. Je montre seulement ce qui les opposait et en quoi ils sont très différents. Le lecteur demeure seul juge. Il n’empêche que Céline fut choqué par la manière dont les anciens amis de Brasillach évoquèrent sa mémoire lorsqu’en Allemagne, ils apprennent son exécution. La crise de l’été 1943 avait laissé des traces...

De quoi s’agit-il ?

En août 1943, Brasillach quitte avec éclat la rédaction de Je suis partout. C’est la rupture avec les « ultras » (Lesca, Cousteau, Rebatet, etc.). Brasillach considère, à juste titre, que la guerre a pris un tournant décisif et qu’il faut en tirer les conséquences. Stalingrad, le débarquement allié en Afrique du nord, et la chute de Mussolini donnent évidemment à réfléchir. Il estime, en fait, qu’il faut au mieux préparer ce qu’il appelle le « syndicat des vaincus » et que c’est à la France qu’il faut s’accrocher – et non à l’Allemagne nationale-socialiste. Ici aussi, il réagit en maurrassien.

Et la littérature dans tout ça ?

Même si, avec le temps, Brasillach reconnaît la valeur du premier roman de Céline, il est finalement peu réceptif à l’univers et surtout au style de son aîné. Tout cela est beaucoup trop radical pour lui. En littérature, Brasillach a des goûts résolument classiques. Les écrivains qu’il apprécie sont Colette, Alain-Fournier, et surtout Giraudoux. Rien de commun avec Céline et sa tentative, réussie, d’introduire l’émotion du langage parlé dans la littérature. Le livre raconte tout cela, avec pas mal de documents inédits, notamment des correspondances, de Céline à Brasillach, mais aussi de celui-ci à Henri Poulain, par exemple. De 1932, date de la parution du Voyage, à la mort de Brasillach, tout ce qui opposa les deux hommes est relaté, de manière chronologique et relativement détaillée.

Quel est le point culminant de cette discorde ?

Sans doute ce qui se passe en 1939 lorsque Céline et son éditeur Denoël décident, d’un commun accord, de retirer de la vente les deux pamphlets, Bagatelles pour un massacre et L’École des cadavres. Je suis partout publie un écho accusant Céline de « se dégonfler ». Celui-ci adresse alors à Brasillach un droit de réponse d’une très grande violence qui est reproduit dans le livre.

À qui ce livre s’adresse-t-il ?

Je pense qu’il peut intéresser un lectorat très composite : les amateurs des deux écrivains, bien entendu, mais aussi ceux qui s’intéressent à l’histoire de la France des années trente et de l’occupation.

En ce qui concerne ma démarche, je me permets d’insister : il ne s’agit pas de juger l’attitude de l’un ou de l’autre, mais d’exposer les faits et d’expliquer en quoi les deux hommes étaient très dissemblables et devaient donc fatalement s’opposer. Même au-delà de la mort (de Brasillach), le rapprochement n’a pas eu lieu...

Leur situation posthume est bien différente également...

En effet. Pour Céline, la partie est gagnée : il est considéré comme un auteur majeur du XXe siècle. Son œuvre romanesque est traduite dans une vingtaine de langues et elle est étudiée dans les universités du monde entier. Brasillach, lui, n’est même pas considéré, sur le plan littéraire, comme l’égal d’un Drieu ou d’un Rebatet auquel on l’a parfois assimilé. Aujourd’hui, son œuvre n’est plus disponible dans une grande maison d’édition, comme ce fut le cas il y a encore quelques années. En fait, on a fauché Brasillach à un âge où Céline n’avait pas encore écrit Voyage au bout de la nuit. Peut-être portait-il en lui une grande œuvre qu’on ne lui aura pas laissé le temps d’écrire...

Entre Céline et Brasillach est disponible à Ars magna diffusion, BP 60426, 44004 Nantes cedex 1 ( 25 euros franco) ou sur la toile via la librairie en ligne www.librad.com :: lien :: Quant au Bulletin célinien on peut se le procurer en écrivant à BP 70, 1000 Bruxelles 22, Belgique.
0
depeches
Humour allemand 10/03/12
blank
faire un don
rss flux rss
blank
 
 
© 2002–09 :: v2.0
derniers documents
Gouverner par le chaos :: 23/03/12
Un homme est mort : le mystère François Duprat :: 22/03/12
Internet : du virtuel poétique au réel prosaïque :: 24/02/12
Platon, encore et toujours :: 20/02/12
L’actualité de la stratégie d’encerclement de la Russie (1) :: 3/02/12