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Mercredi, 2 Juin 2004
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Parasitisme de la culture
Francis Parker Yockey
Théoriciens :: Yockey
Dans le chapitre sur la vision de la politique, la condition dans laquelle des personnes pensant à titre privé affectent les affaires publiques a été appelée politique parasite. L’exemple a été donné de La Pompadour jetant la France dans une guerre contre le Grand Frédéric parce qu’il l’avait gratifiée d’un nom peu flatteur devant toute l’Europe. Dans cette guerre, la France perdit son empire outre-mer au profit de l’Angleterre, parce qu’elle combattait en Europe et consacrait moins d’efforts à la grande guerre impériale qu’à la guerre européenne locale. C’est le résultat habituel de la politique parasite.

Une nation est une Idée, mais elle est une simple partie de la plus grande Idée de la Culture qui la crée dans le processus de sa propre réalisation. Mais précisément comme une nation peut être l’hôte de groupes et d’individus puissants qui pensent en complète indépendance de la réalisation de l’Idée nationale, une Culture peut l’être aussi.

Chacun est familier de la politique parasite dans une nation, et chacun la comprend lorsqu’il en devient conscient. Quand le Grec Capodistria était Secrétaire aux Affaires Etrangères en Russie, on ne s’attendait pas à ce qu’il exécute une politique anti-grecque. Pendant la Révolte des Boxers en Chine, aucune puissance occidentale ne pensa à donner un commandement à un général chinois. Dans la guerre américaine contre le Japon, 1941-1945, les Américains n’utilisèrent pas de conscrits japonais, tout comme l’Europe découvrit dans les deux premières Guerres Mondiales qu’elle ne pouvait pas utiliser les Slaves de Bohême contre la Russie. Les généraux américains n’oseraient pas utiliser leurs Mexicains contre le Mexique, ou leurs Nègres contre l’Abyssinie. Dans la période de préparation de la guerre contre la Russie, un sympathisant avéré de la Russie n’aurait pas non plus avoir un poste public en Amérique. Les Américains remettraient encore moins tout leur gouvernement à des immigrants russes reconnus.

Des phénomènes de ce type reflètent le fait général qu’un homme ou un groupe reste ce qu’il est même s’il est pris dans un autre groupe, à moins d’être assimilé. L’assimilation est la disparition d’un groupe dans un groupe. Le flux sanguin des individus qui le composent continue, mais le groupe a disparu. Tant qu’il était un groupe, il était étranger.

Dans notre examen de la race nous avons vu que les différences physiques ne sont pas des barrières à l’assimilation, mais qu’une barrière Culturelle l’est. Des exemples sont les Allemands baltes et les Allemands de la Volga, isolés dans la Russie primitive, les Chinois et les Japonais en Amérique, les Nègres en Amérique et en Afrique du Sud, les Britanniques en Inde, les Parsis en Inde, les Juifs dans la Civilisation Occidentale et en Russie, les Hindous au Natal.

Le parasitisme de la Culture surgit de la même manière que le parasitisme surgit en politique. Un parasite est simplement une forme de vie qui vit dans ou sur le corps d’une autre forme de vie, à ses dépens. Cela implique donc qu’une partie de l’énergie de l’hôte soit dirigée dans une direction étrangère à ses intérêts. C’est complètement inévitable : si l’énergie d’un organisme est utilisée pour quelque chose d’autre que son propre développement, elle est gaspillée. Le parasitisme est inévitablement nuisible à l’hôte. Le mal s’accroît en proportion de la croissance et de la diffusion du parasite.

Tout groupe qui ne prend pas part au sentiment de la Culture, mais qui vit à l’intérieur du corps de la Culture, implique nécessairement une perte pour la Culture. De tels groupes forment des zones de tissu anesthétique, pour ainsi dire, dans le corps de la Culture. Un tel groupe, en se tenant en dehors de la nécessité historique, le Destin de la Culture, milite inévitablement contre ce Destin. Ce phénomène n’est en aucune manière dépendant de la volonté humaine. Le parasite est spirituellement extérieur, mais physiquement à l’intérieur. Les effets sur l’organisme-hôte sont néfastes à la fois physiquement et spirituellement.

Le premier effet physique des groupes non-participants à l’intérieur du corps de la Culture est que le chiffre de la population de la Culture est ainsi réduit. Les membres du groupe étranger prennent la place d’individus appartenant à la Culture, qui ainsi ne pourront jamais naître. Il réduit artificiellement le chiffre de la population de la Culture en proportion du chiffre du groupe parasite. Dans le parasitisme animal et humain, l’un des nombreux effets sur l’hôte est la perte de nourriture, et le parasitisme Culturel est analogue. En réduisant le nombre des individus de la Culture, un parasite Culturel prive l’Idée Culturelle de la seule forme de nourriture physique dont elle a besoin – un apport constant de matériel humain approprié pour sa tâche vitale.

C’est seulement à la lumière d’études récentes des tendances de la population que cet effet anti-reproducteur des groupes immigrants a été établi. Ainsi, de l’étude comparative des tendances de la population américaine, il est apparu que les 40 millions d’immigrants en Amérique venant des autres continents de 1790 jusqu’à aujourd’hui n’ont pas du tout servi à accroître la population de l’Amérique, mais seulement à changer sa qualité. Une Idée supra-personnelle, revêtue de la force du Destin, doit accomplir sa tâche de vie, et si cela implique une population d’une certaine taille, s’accroissant jusqu’à un certain niveau, ce supplément viendra à exister.

Le Matérialisme se retrouve avec les données des tendances de population dans les mains mais sans en avoir l’explication. Ces données ont montré un accroissement graduel pour les nations occidentales, atteignant rapidement un apogée, et ensuite une stabilisation et une lente diminution. La courbe qui décrit ce mouvement de la population des nations – c’est la même courbe, à peu près, dans chaque cas – sera la même pour décrire le mouvement de population d’une Haute Culture. Au stade où une Haute Culture se transforme en Civilisation – le stade marqué pour nous par Napoléon – l’accroissement du nombre est rapide et s’élève jusqu’à un chiffre qui dépasse tout ce qui a précédé. Le même Esprit de l’Epoque qui a extériorisé toute l’énergie de la Culture en un industrialisme et une technique massifs, de grandes révolutions, des guerres gigantesques, et un impérialisme illimité, a aussi appelé ce nombre [de population] à l’existence. La tâche de vie de la Civilisation Occidentale est la plus puissante que le monde ait jamais vue, et elle a besoin de ce nombre pour pouvoir l’accomplir.

Les groupes culturellement parasites ne sont pas disponibles pour l’Idée. Ils utilisent l’énergie de la Culture vers l’intérieur et vers le bas. De tels groupes constituent des points faibles dans le corps de la Culture. Le danger de cette faiblesse interne pour la Culture s’accroît en proportion directe avec les menaces venant de l’extérieur. Au 16ème siècle, quand l’existence de l’Occident était menacée par les Turcs, il aurait été parfaitement évident pour chaque Occidental que des groupes intérieurs importants de Turcs – s’il y en avait eu – auraient été une sérieuse menace.

Une seconde manière pour le parasitisme de la Culture de gaspiller la substance de la Culture est par les frictions internes que sa présence crée nécessairement. Dans le corps de la Culture Arabe vers l’époque du Christ, un grand nombre de Romains était présent. Leur stade culturel était celui de la Civilisation Tardive, de l’extériorisation complète, et le stade culturel de la population araméenne qui était ici chez elle était celui de la Culture la plus précoce. La tension qui était naturellement engendrée – raciale, nationale et culturelle – culmina finalement avec le massacre, en 88 av. JC, de 80.000 Romains. Cela entraîna les guerres de Mithridate, dans lesquelles des centaines de milliers de gens périrent en 22 ans de lutte.

Un autre phénomène plus proche de notre époque est celui des Chinois en Californie. Ici la tension raciale entre les populations blanche et chinoise aux 19ème et 20ème siècles entraîna persécution mutuelle, haine, émeutes et excès sanglants.

La population nègre en Amérique tout comme en Afrique du Sud a donné lieu a des explosions similaires de haine et de violence des deux cotés.

Tous ces incidents sont des manifestations du parasitisme de la Culture, de la présence d’un groupe qui est totalement en dehors de la Culture. Ces phénomènes n’ont absolument aucun lien, contrairement à ce que pensait l’approche analytique du Rationalisme, avec la haine ou la méchanceté de part et d’autre. Le Rationalisme regarde toujours vers le bas : il voyait simplement un groupe d’individus de chaque coté. Si ces individus se massacraient les uns les autres, c’était le désir de ces individus particuliers à ce moment particulier de s’entretuer. Le Rationalisme ne comprenait même pas le simple phénomène organique de la foule, et encore moins les formes supérieures, le peuple, la race, la nation, la Culture. Il ne vint jamais à l’idée des Libéraux que puisque ces tensions s’étaient toujours manifestées ainsi pendant 5.000 ans d’histoire, c’est qu’une certaine nécessité était à l’œuvre. Les Libéraux ne pouvaient pas comprendre l’instinct, le rythme cosmique, le battement racial. Pour eux une émeute raciale était la manifestation d’un manque d’« éducation », de « tolérance ». Un oiseau survolant une manifestation dans la rue la comprendrait mieux que les matérialistes, car ils adoptaient volontairement le point de vue du verre de terre et le soutenaient avec détermination.

Ainsi, loin que ces excès soient le résultat de la méchanceté ou de la malice, c’est le contraire qui est vrai, les démonstrations de bonne volonté et de « tolérance » accroissent en réalité la tension entre groupes totalement étrangers, et la rendent plus mortelle. Focaliser l’attention sur les différences entre des groupes complètement étrangers transforme ces différences en oppositions, et accélère l’explosion. Plus les deux groupes sont mis étroitement en contact, plus la haine mutuelle s’accroît insidieusement et dangereusement.

Théoriquement il semble parfait de dire que si chaque individu était « éduqué » dans la « tolérance » il n’y aurait pas de tension raciale ou culturelle. Mais les individus ne sont pas les unités de ce type d’événement ; les individus ne sont pas la cause de ces choses, ce sont les unités organiques supérieures qui le sont, et qui contraignent les simples individus. Le processus n’a rien à voir avec la conscience, l’intellect, la volonté, ou même les émotions, dans son déclenchement. Tout cela entre en jeu seulement comme des manifestations de défense de la part de la Culture contre la forme de vie étrangère. La haine n’est pas à l’origine du processus, et la « tolérance » ne le stoppe pas non plus. Ce genre de discours applique la logique de la table de billard à des organismes supra-personnels. Mais la logique n’est pas à sa place ici. La vie est irrationnelle, et toutes ses manifestations le sont : naissance, croissance, maladie, résistance, auto-expression, Destin, Histoire, Mort. Si nous voulons conserver le mot logique nous devons distinguer logique inorganique et logique organique. La logique inorganique est la pensée de la causalité ; la logique organique est la pensée du destin. La première est consciente, éclairée ; la seconde est rythmique et inconsciente. La première est la logique de laboratoire de l’expérimentation physique ; la seconde est la logique vivante des êtres humains qui se livrent à cette activité, et qui ne sont en aucune manière sensibles, dans leurs vies, à la logique qu’ils appliquent dans leurs ateliers.

II.

Le plus tragique exemple de parasitisme de la Culture pour l’Occident a été la présence d’une partie d’une nation de la Culture Arabe dispersée à travers tout le corps de l’Occident. Nous avons déjà vu le contenu entièrement différent de l’idée-nation dans cette autre Culture : ici les nations étaient tout à la fois Etat, Eglise et Peuple. L’idée d’une patrie territoriale était inconnue. La patrie était partout où étaient les croyants. Membre et croyant étaient des idées interchangeables. Cette Culture était parvenue à sa phase tardive de Civilisation alors que notre Occident Gothique émergeait simplement de l’état primitif.

Dans les petits hameaux – il n’y avait pas de cités – de l’Occident en train de s’éveiller, ces cosmopolites accomplis construisirent leurs ghettos. La pensée de l’argent, qui semblait mauvaise à l’Occident profondément religieux, était le point fort de ce peuple étranger hautement civilisé. Le prêt à intérêt était interdit aux chrétiens par l’Eglise, et cela conféra un monopole de l’argent aux étrangers. La Judengasse [en allemand : rue des Juifs] avait un millénaire d’avance sur le développement Culturel de son environnement.

La légende du Juif errant surgit à cette époque, exprimant le sentiment de malaise que l’Occidental ressentait en présence de cet étranger sans terre qui était partout chez lui, bien qu’il semblait à l’Occident qu’il n’était nulle part chez lui. L’Occident comprenait aussi peu sa Torah, sa Mishna, son Talmud, sa Kabbale et sa Yetsirah que lui-même comprenait le Christianisme et la philosophie scolastique. Cette incapacité mutuelle à se comprendre engendra des sentiments d’étrangeté, de peur et de haine.

La haine de l’Occidental pour le Juif avait une motivation religieuse, pas raciale. Le Juif était le païen, et avec sa vie civilisée et intellectualisée, il semblait méphistophélique et satanique pour l’Occidental. Les chroniques de l’époque racontent les horreurs qu’engendra la contact entre ces deux groupes totalement étrangers. Les Juifs furent massacrés à Londres le jour du couronnement de Richard 1er en 1189. L’année suivante 500 Juifs furent assiégés dans le château de York par la populace, et pour éviter sa fureur, ils s’égorgèrent mutuellement. Le roi Jean fit emprisonner des Juifs, arracher leurs yeux ou leurs dents, et massacrer des centaines en 1204. Lorsqu’un Juif à Londres força un chrétien à lui payer plus de deux schillings par semaine sur un salaire de 20 schillings, la colère de la populace tua 700 Juifs. Les croisés, pendant des siècles, massacrèrent des populations juives entières dans les villes, lorsqu’ils s’arrêtaient sur leur route de la guerre en Asie Mineure. En 1278, 267 Juifs furent pendus à Londres, accusés de frapper de la monnaie. L’arrivée de la Peste Noire en 1348 fut attribuée aux Juifs, et des massacres en résultèrent dans toute l’Europe. Pendant 370 ans, les Juifs furent bannis d’Angleterre, avant d’être réadmis par Cromwell.

Bien que la motivation de ces excès n’était pas raciale, elle créait la race. Ce qui ne détruisit pas les Juifs les rendit plus forts, et les sépara plus que jamais des peuples-hôtes, physiquement et spirituellement.

Pendant les siècles de notre histoire occidentale, les problèmes et les développements qui soulevèrent une excitation fondamentale en Occident ne touchèrent pas le Juif insensible, dont la vie intérieure était passée dans la fixité avec l’achèvement de la Culture qui créa cette Eglise-Etat-Peuple-Nation juive. Vides de sens étaient pour lui le conflit de l’Empire et de la Papauté, la Réforme, l’Age des Découvertes. Il les regardait purement en spectateur. Sa seule préoccupation était de savoir ce qu’ils signifieraient pour lui. L’idée d’y prendre part, ou de faire des sacrifices pour un camp ou un autre, ne lui vint jamais. Les Britanniques en Inde regardèrent du même œil les troubles parmi les populations indigènes.

Dans ses ghettos répartis dans l’Europe, tout était uniforme : les interdits alimentaires, la morale dualiste talmudique, une pour les goyim et une autre pour les Juifs, le système juridique, les runes, les phylactères, les rituels, les sentiments. Son soufisme, sa secte hassidique, son kabbalisme, ses leaders religieux comme Baal Shem, ses Tsaddiks, étaient tous incompréhensibles pour les Occidentaux. Non seulement incompréhensibles, mais inintéressants. Les Occidentaux étaient absorbés dans les conflits intenses de leur propre Culture, et n’observaient pas, sauf dans leurs relations avec lui, la vie du Juif parmi eux.

La Culture Occidentale n’identifia pas le Juif en tant que phénomène Culturel avant le 20ème siècle extériorisé et sensible aux faits. A l’époque médiévale, jusqu’à la Réforme, il le vit comme un païen et un usurier, à l’époque de la Contre-Réforme comme un homme d’affaires habile, à l’époque des Lumières comme un homme civilisé, à l’Epoque du Rationalisme comme un combattant d’avant-garde de la libération intellectuelle d’avec les liens de la Culture et de ses traditions.

Le 20ème siècle vit pour la première fois qu’il avait sa propre vie publique, son propre monde avec tous ses détails. Il réalisa que l’étendue de sa vision était l’équivalent de la sienne en ampleur et en profondeur, et donc étrangère en un sens total qui n’avait jamais été suspecté auparavant. Dans ses siècles précédents, le point de vue de l’Occident envers le Juif était limité par son stade de développement à l’époque, mais avec le 20ème siècle et sa vision universelle, l’entièreté de ce qui a été appelé le « problème juif » fut aperçue pour la première fois. Ce n’est ni la race, ni la religion, ni la morale, ni la nationalité, ni l’allégeance politique, mais quelque chose qui inclut tout cela, qui sépare le Juif de la Culture Occidentale.

La Culture embrasse la totalité de la vision du monde : science, art, philosophie, religion, technique, économie, érotisme, lois, sociétés, politique.

Dans chaque branche de la Culture Occidentale, le Juif a développé ses propres goûts et préférences, et lorsqu’il intervient dans la vie publique des peuples occidentaux il se conduit d’une manière distincte, c’est-à-dire dans le style de la vie publique de l’Eglise-Etat-Nation-Peuple-Race juive. Jusqu’au 20ème siècle, cette vie publique fut invisible pour l’Occident replié sur lui-même.

Comme toutes les nations à la fin de leur Civilisation, par ex. les Hindous, les Chinois, les Arabes – la nation juive passa à un système de castes. Les brahmanes en Inde, les mandarins en Chine, le rabbinat dans la Juiverie, sont trois phénomènes correspondants. Les rabbins étaient les gardiens du Destin de l’unité juive. Lorsque des libres-penseurs apparurent parmi les Juifs, ce fut le devoir du rabbinat local d’empêcher un schisme. Dans le cas de Uriel da Costa, un Juif libre-penseur d’Amsterdam, la Synagogue locale l’emprisonna et le soumit à une telle persécution qu’il mit finalement fin à sa vie. Spinoza fut excommunié par la même Synagogue, et on attenta une fois à sa vie. De grosses sommes lui furent proposées pour revenir au judaïsme, et lorsqu’il refusa il fut maudit et prononcé anathème. En 1799, le leader hassidique de la Juiverie orientale, le doyen Salman, fut livré par le rabbinat au gouvernement des Romanov après un procès par son propre peuple, tout comme l’Inquisition occidentale livrait les hérétiques à la disposition de l’Etat.

L’Occident contemporain ne voyait même pas ces phénomènes, et ne les aurait pas compris s’il les avait vus. Il regardait tout ce qui était juif avec ses propres préjugés, tout comme les Juifs regardaient l’Occident selon ses termes de vision avancée.

Les Parsis en Inde sont un autre fragment de la Culture Arabe dispersée parmi les étrangers. Les Parsis possédaient vis-à-vis de leur environnement humain le même sens des affaires que le Juif dans l’Occident médiéval. Leur vie intérieure était entièrement séparée des étrangers autour d’eux. Leurs intérêts étaient différents en tout. Les Parsis ne participèrent jamais aux troubles et aux révoltes durant les siècles du Raj britannique.

De la même manière, la Guerre de Trente Ans, les guerres de Succession, le conflit des Bourbons et des Habsbourg, ne touchèrent le Juif d’aucune façon. Les différences entre phases de Culture créent un isolement spirituel complet. L’attitude du Juif envers les tensions occidentales était celle de Pilate au procès de Jésus. Pour Pilate, la question religieuse ici impliquée était totalement invisible – il appartenait à une Civilisation dans sa dernière phase, éloignée d’un millier années de l’excitation religieuse de sa propre Culture.

Avec l’agitation du Rationalisme en Occident, cependant, une césure apparut dans la vie collective de cette partie de la Juiverie isolée dans la Culture Occidentale.

III.

Autour de 1750, de nouveaux courants spirituels commencèrent à apparaître en Occident. La philosophie sensualiste anglaise prit l’ascendant sur l’âme européenne. Raison, empirisme, analyse, induction – voilà le nouvel esprit. Mais tout devient folie lorsqu’on l’examine à la lumière de la raison non fécondée par la foi et l’instinct – Erasme a démontré dans son livre malicieux L’Eloge de la folie que tout est folie, pas seulement l’avidité, l’ambition, la fierté et la guerre, mais aussi l’Eglise, l’Etat, le mariage, la reproduction et la philosophie. La suprématie de la Raison est hostile à la vie, et provoque une crise dans tout organisme qui y succombe.

La crise de Culture du Rationalisme faisait partie du Destin de l’Occident. Toutes les Cultures précédentes sont passées par là. Elle marque le tournant entre l’intériorité de la Culture et la vie de l’âme extériorisée de la Civilisation. L’idée centrale du Rationalisme est la liberté – ce qui signifie liberté vis-à-vis des liens de la Culture. Napoléon libéra la guerre vis-à-vis du style de Fontenoy en 1745, où chaque camp invitait courtoisement l’autre à tirer le premier coup. Beethoven libéra la musique de la perfection de la forme de Bach et Mozart. La Terreur de 1793 libéra l’Occident de l’idée de la sacralité de la Dynastie. La philosophie matérialiste le libéra de l’esprit de religion, et l’ultra-Rationalisme poursuivit en libérant la science de la philosophie. Des vagues de révolutions libérèrent la Civilisation de la dignité de l’Etat et de ses hautes traditions en faveur de la politique des partis. La lutte des classes fut une libération vis-à-vis de l’ordre social et de la hiérarchie. La nouvelle idée d’« humanité » et des « Droits de l’Homme » libéra la Culture de sa vieille fierté de l’exclusivité et du sentiment de supériorité inconsciente. Le féminisme libéra les femmes de la dignité naturelle de leur sexe et les transforma en hommes inférieurs.

Anacharsis Cloots organisa une députation de « représentants de la race humaine » qui présenta ses respects à la Terreur révolutionnaire en France. Il y avait des Chinois à la queue de cochon, des Ethiopiens noirs, des Turcs, des Juifs, des Grecs, des Tatars, des Mongols, des Indiens, des Chaldéens barbus. Mais en réalité, c’étaient des Parisiens déguisés. Cette parade eut ainsi dès le début du Rationalisme une double signification symbolique. D’abord, elle symbolisa l’idée que l’Occident voulait maintenant embrasser toute l’« humanité », et deuxièmement, le fait que c’étaient des Occidentaux déguisés montrait l’exacte quantité de succès que cet enthousiasme intellectualisé obtiendrait.

Le Juif avait bien sûr vu ces choses venir. La persécution ne diminue pas l’intelligence et la conscience de son environnement. Dès 1723 les Juifs avaient acquis le droit de posséder du terrain en Angleterre, et en 1753 ils obtinrent la citoyenneté anglaise, seulement pour la voir révoquée l’année suivante après une pétition de toutes les cités. En 1791 ils furent émancipés en France, et en 1806 le Grand Sanhédrin fut réuni par l’Empereur Napoléon, donnant ainsi une reconnaissance officielle à l’existence à l’intérieur de l’Occident de la Nation-Etat-Peuple juive.

Une seule chose empêcha la nouvelle situation d’être aussi idyllique que le nouveau sentiment libéral aurait voulu qu’elle soit. Huit cent ans de vol, de haine, de massacres et de persécution des deux cotés avait soulevé chez le Juif des traditions de haine de l’Occident encore plus fortes que la vieille haine occidentale du Juif. Dans sa nouvelle flambée de générosité et d’indulgence, l’Occident renonça à ses anciens sentiments, mais le Juif était incapable de la réciproque. Huit cent ans de ressentiment ne pouvaient pas être effacés par un Vœu de Nouvel An venant de l’Occident étranger. Des unités organiques supra-personnelles étaient ici opposées, et ces hautes unités ne partagent pas avec les humains des choses comme la raison et le sentiment. Leur tâche de vie est dure et colossale, et exclut les sentiments de « tolérance », sauf en tant que symptôme de crise. Dans une grande bataille de ce genre, les êtres humains sont en dernière analyse de simples spectateurs, même s’ils jouent un rôle actif. La méchanceté et le désir de revanche des humains ne jouent que la part la plus petite et la plus superficielle dans de tels conflits, et lorsqu’ils apparaissent ils sont la simple expression dans l’individu de l’incompatibilité supérieure, profonde et totale, entre les Idées supra-personnelles.

Les nouveaux mouvements – capitalisme, révolution industrielle, démocratie, matérialisme – étaient tous terriblement excitant pour le Juif. Déjà au milieu du 18ème siècle, il avait senti leurs potentialités et avait favorisé leur croissance de toutes les manières. Sa position d’outsider le forçait à agir secrètement, et les sociétés secrètes des Illuminés [de Bavière] et leurs descendance furent ses créations, comme le montrent leur terminologie cabalistique et leur équipement ritualiste. Plus des deux tiers des Etats Généraux qui ouvrirent la voie à la Révolution Française de 1789 consistaient en membres de ces sociétés secrètes, conçues pour saper l’autorité de l’Etat et introduire l’idée de Démocratie. Le Juif répondit à l’invitation de l’Occident de participer à sa vie publique, mais il était impossible pour lui de perdre son identité du jour au lendemain, et il eut donc à partir de ce moment deux vies publiques, une devant l’Occident et une devant sa propre Nation-Etat-Peuple-Eglise-Race.

Avec l’effondrement des vieilles traditions occidentales devant l’assaut des nouvelles idées, le Juif alla de l’avant. Les Rothschild devinrent – ce qui aurait été simplement inconcevable pour les deux camps un siècle plus tôt – barons de l’Empire autrichien en 1822. Les Juifs entrèrent dans le barreau anglais en 1833, et un Juif fut fait chevalier par la Reine – le premier – en 1837. L’Occident accepta la dualité du Juif et une loi de la reine Victoria dispensa les Juifs élus à une fonction municipale de prêter serment. Des Juifs entrèrent dans le Parlement à partir des années 1840, et un Juif devint Lord-Maire de Londres en 1855. Tout cela connut une opposition de la part des éléments traditionalistes de l’Occident, et à chaque fois le Juif connut un triomphe. L’expérience de la « tolérance » faisait visiblement défaut des deux cotés.

La quantité de pouvoir et d’importance que le Juif acquérait fut révélée par l’incident du jeune garçon Mortara. Cet enfant fut pris de force à ses parents juifs, des personnes privées ordinaires, par l’archevêque de Bologne en 1858, sous prétexte qu’il avait été baptisé par une servante. La même année, le gouvernement français demanda officiellement la restitution de l’enfant à ses parents. L’année suivante, l’archevêque de Canterbury, des évêques, des nobles d’Angleterre signèrent une pétition présentée par Lord John Russel demandant le retour de la garde de l’enfant.

Les persécutions continuèrent – il y eut des révoltes à Bucarest en 1866, à Rome en 1864, à Berlin en 1880, en Russie pendant tout le siècle et au 20ème siècle. Cette persécution en Russie fut un indice de la force du Juif dans les nations occidentales. Des protestations, des pétitions, des comités cherchèrent à alléger le sort des Juifs en Russie et à gêner le gouvernement de la Russie. Le pogrom en Ukraine après la guerre russo-japonaise de 1905 conduisit le gouvernement américain à rompre les relations diplomatiques avec la Russie.

La haine ou l’intolérance n’est pas une bonne explication pour les nombreux résultats malheureux ayant accompagné la dispersion juive à travers les nations occidentales. La haine des deux cotés était un simple résultat. Plus on parlait de tolérance, plus l’attention était focalisée sur les différences, les aggravant en oppositions. Les contrastes conduisirent à l’opposition et à l’action, soit occulte soit ouverte, des deux cotés.

Ce n’est pas non plus une explication de blâmer le Juif de ne pas réussir à s’assimiler. Cela revient à blâmer un homme d’être lui-même, et la notion de morale ne s’étend pas à ce que l’on est, mais seulement à ce que l’on fait. Le « problème juif » ne doit pas être expliqué sur le plan moral, racial, national, religieux, social – mais seulement d’une manière totale, culturelle. Ayant vu à chaque phase [du passé] seulement cet aspect du Juif que son propre développement lui permettait, l’homme occidental voit maintenant la relation entière, car sa propre unité Culturelle est de la plus haute importance pour l’homme occidental. A l’époque médiévale, il voyait le Juif comme différent seulement par la religion, parce que l’Occident était alors dans une phase religieuse. A l’époque des Lumières avec ses idées d’« humanité », le Juif était vu simplement comme socialement différent. Au 19ème siècle matérialiste avec son racisme vertical, le Juif était considéré simplement comme racialement différent. Dans ce siècle, où l’Occident se transforme en une unité de Culture, de nation, de race, de société, d’économie, d’Etat, le Juif apparaît clairement dans sa propre unité totale, un complet étranger à l’âme de l’Occident.

IV.

Le 19ème siècle matérialiste vit ce phénomène du parasitisme de la Culture seulement comme du parasitisme de la nation, et il fut ainsi mal interprété dans chaque nation comme étant simplement une condition locale. Pour cette raison, le phénomène appelé antisémitisme dans chaque pays était seulement une réaction partielle à ce qui était une condition Culturelle, et pas seulement une condition nationale.

L’antisémitisme est exactement semblable en pathologie de la Culture à la formation des anticorps dans le sang en pathologie humaine. Dans les deux cas, l’organisme résiste à la vie étrangère. Tous deux sont des expressions inévitables, organiquement nécessaires, du Destin. En accomplissant sa tâche, le Destin combat l’étranger. On ne peut pas dire trop souvent que la haine et la méchanceté, la tolérance et la bonne volonté, n’ont absolument rien à voir avec ce processus fondamental. Une Culture est un organisme, un organisme d’une classe différente de celle de l’homme, tout comme l’homme est un organisme d’une classe différente de celle des animaux. Mais les régularités fondamentales de la vie organique sont présentes dans tous les organismes, quelle que soit la classe, plantes, animaux, humains, Cultures. Cette hiérarchie des organismes fait évidemment partie du plan divin, et elle ne peut pas être changée par un processus de propagande, quelle que soit sa durée, sa « tolérance », son auto-renoncement, ou son auto-tromperie, son intensité.

Un traitement de l’antisémitisme soulève des questions qui appartiennent à la déformation de la Culture, plutôt qu’au parasitisme de la Culture, et ainsi il suffit de dire ici que l’antisémitisme – à nouveau, exactement comme le phénomène pathologique humain de la formation des anticorps dans le sang – est l’autre face de l’existence du parasitisme de la Culture, et doit être compris seulement comme l’un de ses effets. L’antisémitisme est complètement organique et irrationnel, tout comme l’est la réaction à la maladie humaine. Le parasitisme de la Culture est le phénomène de la coexistence entre l’hôte et l’étranger total, et est aussi entièrement irrationnel. Il n’y a pas de raison au parasitisme de la Culture.

Au contraire, la Raison semblerait dicter que le groupe étranger se dissolve et se fonde dans la vie environnante. Cela mettrait fin à toute la persécution amère, la haine stérile, le combat inutile. Mais la Vie est irrationnelle, même pendant l’Age du Rationalisme. En fait la seule manière dont le Rationalisme puisse entrer en scène est sous la forme d’une religion, d’une Foi, d’une irrationalité.

Le phénomène du parasitisme de la Culture n’est pas confiné à une Haute Culture, à la terre-mère de la Culture. Cela est bien montré par l’histoire de l’Amérique.

L’Amérique fut à l’origine une colonie de la Culture Occidentale. Cette seule phrase contient tout le Destin de l’Amérique. Elle pose à l’avance les limites des potentialités de l’Amérique. L’idée de Colonie doit être examinée. Qu’est-ce qu’une Colonie ? C’est la création d’une Culture, c’est une œuvre, par sa simple installation réussie c’est une chose spirituellement achevée. C’est une autre manière de dire qu’elle n’a pas de nécessité intérieure, pas de mission. Elle est donc dépendante de la nourriture spirituelle venant de la Culture-Mère. Cela est aussi vrai de l’Amérique dans la Culture Occidentale que ce l’était de Syracuse et d’Alexandrie dans la Culture Antique, de Grenade et de Séville dans la Culture Arabe. Si des impulsions fécondes peuvent venir, bien que rarement, de la périphérie du Corps Culturel, elles trouvent leur signification dans leur développement dans le centre de la Culture. Cette dépendance spirituelle des colonies est une faiblesse. Cette faiblesse s’exprime par un manque de résistance à l’étranger Culturel, et on peut s’attendre à trouver moins de résistance organique à l’étranger Culturel dans une colonie, car le sens de la mission Culturelle n’est pas présent partout mais existe seulement chez des individus isolés ou au mieux dans de petits groupes. L’histoire des Colonies nous montre – Syracuse est un exemple – que les crises de Culture, même des crises autopathiques comme l’apparition du Rationalisme, produisent de plus grands effets chez elles. Une colonie peut être plus facilement désintégrée, parce qu’elle manque de l’articulation que possède la Culture. Il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir, une classe porteuse de Culture dans une Colonie. Cette classe est un organe de la Haute Culture liée à la terre. La Culture ne peut pas être transplantée, même si ses populations migrent et restent en contact avec le corps de la Culture. Les Colonies sont des produits d’une Culture, et représentent la Vie à un niveau moins complexe et moins articulé que la Culture créatrice.

La compréhension de ce fait élémentaire a toujours été inconsciemment très complète en Amérique, et a été tout aussi véhémentement et consciemment niée au 20ème siècle. Au 19ème siècle, les hommes de lettre américains assimilaient la Culture Occidentale intérieurement et étaient assimilés par elle. Le phénomène d’Edgar Poe a toujours provoqué l’étonnement à cause de sa complète maîtrise de la pensée de la Culture et de sa totale indépendance vis-à-vis de son environnement colonial. Dans leurs plus hautes branches, les belles-lettres américaines ont figuré comme une partie de la littérature anglaise, et à juste titre pour la plupart. La pauvreté et la maigreur des lettres américaines est attribuable au destin colonial, alors que ses quelques grands noms sont des expressions de la Culture Occidentale.

Les Américains de toutes vocations pendant les deux derniers siècles, dans la mesure où ils étaient ou souhaitaient être des hommes d’importance, ont eu leur centre de gravité en Europe – Irving, Hawthorne, Emerson, Whistler, Frank Harris, Henry James, la ploutocratie de la finance, Wilson, Ezra Pound. Une tradition américaine fait d’un voyage en Europe une partie de l’éducation. L’Europe continuait à posséder spirituellement ces éléments américains ayant des sentiments de Culture ou des ambitions de Culture.

Dans chaque généralisation de la question du sujet organique, on cherche seulement à affirmer la grande régularité. Les déviations existent toujours dans la matière vivante, mais trouvent leur place seulement par rapport aux rythmes plus grands. La pensée rationaliste tenta de désintégrer la pensée organique en se concentrant sur les incidents déviants, dans une tentative de détruire le grand et ample rythme organique. Elle n’eut même pas la profondeur suffisante pour saisir la sagesse contenue dans la formule « l’exception confirme la règle ».

Même si cela devint à la mode en Amérique, après son apparition en tant que puissance mondiale à la suite de la guerre contre l’Espagne en 1898-1899, de nier sa dépendance spirituelle vis-à-vis de l’Europe, le fait continua à exister. En cette époque nous ne sommes pas surpris qu’un fait de Culture montre son indifférence pour les vœux, les intentions, les demandes et les affirmations humaines. L’Amérique est un sujet qui demande à être traité séparément, puisque la maladie de la Culture de l’Occident lui a donné une nouvelle signification dans la politique mondiale. En ce moment, la présence du parasitisme de la Culture en Amérique est le seul aspect entrant en considération.

V.

A partir du début du 17ème siècle jusqu’au début du 19ème, la traite des esclaves apporta des millions d’aborigènes africains en Amérique. Ceux-ci formèrent, durant le 18ème siècle et la première moitié du 19ème, un corps parasite important, prolifique et totalement étranger. C’est un bon exemple de la signification Culturelle du terme parasite en ce qu’il ne fait pas référence au travail, au sens économique. Ainsi les Africains en Amérique étaient économiquement importants, et après qu’une économie ait été construite sur eux, nécessaires, au sens pratique. La lutte des classes lança la mode de se référer à toutes les personnes autres que les travailleurs manuels comme des « parasites ». C’était un terme polémique, et cela n’avait absolument rien de commun avec le phénomène du parasitisme de la Culture. Le Nègre en Amérique fut l’expression du parasitisme de la Culture en dépit de son utilité économique.

Le premier résultat de la présence d’un tel corps parasite de la Culture est connu. Il remplaça des Blancs non-nés en Amérique. En accomplissant une partie de la tâche de vie, il rendit inutiles des millions de non-nés, et cette grande masse d’Africains a donc réduit la population de l’Amérique de dix pour cent, car en ce moment – en 1948 – les Africains forment 14 millions sur un total de 140 millions. La manière à la mode et matérialiste d’expliquer ce remplacement en Amérique est de dire que les Blancs ne mettront pas des enfants au monde pour rivaliser économiquement avec les Noirs et leur niveau de vie plus bas. Naturellement, l’obsession économique explique tout économiquement, mais les faits des tendances de population montrent que la population d’une unité organique suit un chemin de vie qui peut même être décrit mathématiquement. Il est entièrement indépendant de l’immigration, des souhaits des individus, et des explications non-organiques qui en sont données. Le remplacement est Culturel, c’est-à-dire total, et ne peut pas être pleinement expliqué par l’économie.

La mentalité Coloniale, plus complètement désintégrée par la crise rationaliste, n’a été capable d’opposer aucune défense efficace au remplacement croissant de la population blanche, véhicule de l’attachement de l’Amérique à l’Occident, par l’Africain. Avec une égale incapacité à comprendre ou à s’y opposer, l’Amérique n’a pas résisté lorsque l’arrière-garde de la Culture Arabe, qui était dispersée dans tout l’Occident même lors de ses débuts Culturels, a assumé une proportion numérique plus grande et un rôle immensément plus grand que celui qu’il eut toujours en Europe.

A partir de 1880 environ, les Juifs se lancèrent dans ce que Hilaire Belloc appela à juste titre une invasion des Etats-Unis. Les chiffres à eux seuls pourraient justifier l’image. S’ils ne peuvent pas être donnés exactement, à cause du fait que les statistiques américaines de l’immigration reflètent seulement les origines légales, c’est-à-dire la nation d’allégeance légale, ils peuvent néanmoins être approchés à partir d’une étude des chiffres actuels de la population américaine et de l’étude du taux de natalité juif. Il est vraiment typique de la totale incompatibilité entre deux Cultures différentes qu’un mouvement massif des membres de l’une puisse avoir lieu dans l’autre et ne laisser aucune trace statistique. On demandait à l’immigrant à quel endroit il était né. Cela était déterminant pour le 19ème siècle matérialiste. Cela était supposé identifier sa langue, qui était ensuite supposée gouverner sa nationalité. Et la nationalité était supposée pré-ordonner tout le reste. Des choses comme des dérivés de Cultures mortes – Inde, Chine, Islam, Juiverie – étaient considérées comme des « nations » au sens occidental du mot. Dans sa forme, le Rationalisme était nettement une religion, mais une caricature désincarnée, matérialiste, de vraie religion. La religion est normalement dirigée vers les choses grandes et élevées de la spiritualité humaine, mais le Rationalisme tentait de transformer des choses comme l’économie, l’Etat, la société, la nation, en objet de sa propre préoccupation religieuse.

L’Amérique commença son existence politique indépendante comme créature du Rationalisme. Ses politiciens approuvaient la proposition – publiquement – que « tous les hommes ont été créés égaux », et disaient même que cela était « évident en soi ». Dire que cela était évident en soi, et se dispenser ainsi de preuves, était plus facile, et peut-être plus sage, que de le prouver. Les preuves auraient gâché ce qui est en fait un article de Foi, et donc au-dessus de la Raison. La religion du Rationalisme domina l’Amérique d’une manière dont elle ne fut jamais capable en Europe. L’Europe résista toujours au Rationalisme – se basant sur la tradition jusqu’au milieu du 19ème siècle, et se basant ensuite sur l’anticipation de l’esprit anti-rationaliste à venir au 20ème siècle – comme cela put se voir chez Carlyle et Nietzsche. Mais l’Amérique ne possède pas la première parce qu’elle n’a pas de tradition, et n’avait pas la seconde parce que les phénomènes de l’impulsion Culturelle et de l’avancement de la Culture viennent de la Terre-mère et rayonnent ensuite vers l’extérieur, puisque la religion Rationaliste de l’Amérique venait d’Angleterre, par la France.

L’Amérique reçut même sa part de Juiverie venant d’Europe, par laquelle elle acquit sa philosophie matérialiste, et elle succomba aux deux. Ce ne fut pas une coïncidence. Le mot se répandit rapidement à travers la population juive d’Europe que l’antisémitisme n’était pas une menace en Amérique, et que d’autres opportunités comme l’économique étaient égales à celles offertes au Juif en Europe. Cela était parfaitement sain, et était un hommage à l’instinct collectif des Juifs. L’Amérique représentait indubitablement à la fin du 19ème siècle le pays offrant les plus grandes possibilités au Juif. De 1880 à 1950, environ cinq à sept millions de Juifs – rappelez-vous, aucun chiffre précis n’existe – arrivèrent en Amérique. Ils venaient pour la plupart de la partie orientale, ou ashkénaze, de la Juiverie.

Au moment présent, les Juifs en Amérique sont approximativement de huit à douze millions. Un chiffre exact ne peut pas être donné, parce que le nombre n’est pas reflété dans les statistiques, mais doit être approché à partir des statistiques religieuses et de l’étude du taux de natalité. En tous cas, c’est un nombre considérable, et il remplace un nombre égal d’Américains. L’écrivain américain Madison Grant décrivit en 1916 comment les Américains de vieille souche furent chassés des rues de New York par les essaims de Juifs. Il les appelait les Juifs « polonais », car la vieille coutume était de donner aux Juifs une nationalité occidentale. Les Occidentaux avaient ainsi l’habitude de faire la différence entre Juifs anglais, Juifs allemands, et ainsi de suite. C’était un besoin de la Civilisation Occidentale à ce stade de voir à sa propre image tous les autres peuples extérieurs à la Civilisation.

L’Amérique, le pays le plus complètement désintégré par le Rationalisme, montrait la compréhension la plus faible pour la nature du Juif, alors qu’il y eut toujours quelques personnes en Europe – Carlyle, par exemple –, même au 19ème siècle, pour comprendre l’étrangeté totale, et pas seulement politique, du Juif. Mais en Amérique, avec son complet manque de tradition, il n’y eut pas de Carlyle, pas de Lagarde. Ainsi l’Amérique décida, au milieu du 19ème siècle, qu’un Chinois né aux Etats-Unis acquérait par là exactement la même citoyenneté américaine que la population native blanche d’origine européenne. D’une manière typique, la décision ne fut pas prise d’une manière responsable, mais à la suite d’un procès. Ce fut la continuation d’une coutume américaine de décider de questions politiques d’une manière pseudo-juridique. Manifestement un régime qui ne faisait pas de différence entre les Chinois et les Américains de souche n’opposerait aucune barrière politique au Juif. Et ainsi, en 1928, l’écrivain français sur les sujets historiques et de la politique mondiale, André Siegfried, put dire que New York avait un visage sémitique. Au milieu du 20ème siècle, ce développement s’était poursuivi, et New York City, la plus grande ville d’Amérique, peut-être du monde, avait une population presque à moitié juive.

VI.

L’Amérique, avec son manque total de résistance spirituelle, provenant de la faiblesse d’âme inhérente à une Colonie, devint l’hôte d’autres importants groupes de parasites de la Culture. La période d’immigration dense qui avait commencé avant le tournant du 20ème siècle, et qui amena les Juifs, apporta aussi des millions de Slaves des Balkans. Rien qu’entre 1900 et 1915, 15 millions d’immigrants arrivèrent en Amérique, venant d’Asie, d’Afrique et d’Europe. Ils venaient surtout de Russie, du Levant, et des pays des Balkans. De la Civilisation Occidentale vint un bon nombre d’Italiens, mais le reste du matériel humain venait d’en dehors de l’Occident. Ces millions, par leur nombre même, créèrent des phénomènes de parasitisme de la Culture. En marge de chaque groupe, des individus passèrent dans le sentiment américain, mais les groupes continuèrent à exister en tant que tels. Cela fut montré par l’existence d’une presse dans sa propre langue pour chaque groupe, par l’unité de chaque groupe en vue de buts politiques, par la concentration géographique des différents groupes, et par l’exclusivisme social des groupes.

En examinant la nature de la race, nous avons vu que les Slaves pouvaient être, et ont été, assimilés par les populations de Culture européenne. Deux traits distinguent la relation des Américains avec les Slaves, et expliquent pourquoi les Slaves ont conservé leur existence de groupe, même en étant entourés par une population américaine sous l’influence de la Civilisation Occidentale. D’abord, le fait de son style colonial d’existence signifiait que l’Amérique ne pouvait pas transmettre aux populations entrantes la forte impression de l’Idée Culturelle que transmettaient les nations occidentales sur la Terre-mère. Deuxièmement, les grandes masses, se comptant par millions, créaient par leur simple masse une condition pathologique dans l’organisme américain. Même si ces millions avaient été d’origine occidentale, comme des Français ou des Espagnols, ils auraient créé un groupe parasite politique. Naturellement un tel groupe se serait finalement dissous, mais dans le processus cela aurait eu un effet déformant sur la politique en Amérique. Les groupes slaves, d’autre part, se comptant par millions, dont les leaders ont la possibilité de souder le groupe en une ferme unité, ne se dissoudront que lentement, s’ils le font, dans la population hôte américaine, dans de telles conditions.

L’Amérique compte d’autres groupes parasites plus petits, chacun d’entre eux remplaçant des Américains non-nés, et provoquant les malheureuses expressions de haine et d’amertume qui gâchent et troublent la vie supra-personnelle. Il y a un groupe japonais, divers groupes levantins, et le groupe russe.

Superficiellement, il pourrait sembler que le cas de l’Amérique milite contre la vision de la Race du 20ème siècle, exposée plus haut, mais en fait ce n’est pas le cas. L’exemple américain n’est pas un critère pour l’Europe, car étant une colonie, elle est une région de faible sensibilité Culturelle, avec de même une force Culturelle et une puissance d’assimilation plus faibles. En d’autres mots, son pouvoir d’adaptation est plus faible que celui de la Terre-mère.

Le cas de l’Amérique n’est pas un cas d’assimilation excessive – c’est un cas d’assimilation insuffisante. Les groupes étrangers – qu’ils soient simplement politiquement étrangers, comme un groupe occidental dans une autre nation occidentale, ou totalement étrangers, comme le Juif chez un hôte occidental – sont parasites seulement tant qu’ils sont des groupes. Quand ils se dissolvent, la totalité de la population assimilante s’accroît. Le fait que cela soit venu de l’immigration plutôt que de l’accroissement par l’excès des naissances de la population native n’est pas important. Le simple fait qu’ils aient pu s’assimiler montre qu’ils n’étaient pas étrangers dans un sens parasitaire.

On ne doit pas non plus ignorer cela en examinant le parasitisme de la Culture en Amérique : cette population américaine assimila pendant le 19ème siècle des millions d’Allemands, d’Irlandais, d’Anglais et de Scandinaves dans son propre sang. L’immigration du 20ème siècle ne venait pas en majorité de ces pays européens, mais dans la mesure où c’était le cas, une assimilation complète eut lieu. Dans le cas des immigrants allemands et irlandais, les armées yankees les utilisèrent en grand nombre durant la Guerre de Sécession, et avec succès – ce qui n’aurait jamais pu être fait avec des groupes Culturellement étrangers, par ex. les Juifs ou les Slaves.

L’Amérique a été qualifiée de melting-pot. Elle ne l’est pas, car les groupes massifs de provenance étrangère Culturellement ne se sont pas « mélangés », mais sont restés distincts. Les groupes non étrangers Culturellement se sont assimilés immédiatement – ce qui signifie en une génération – et ainsi la vision de la Race du 20ème siècle s’applique aussi aux faits de la scène américaine.

Ces groupes inassimilés en Amérique forment entre un tiers et la moitié de la population de l’Amérique. Les groupes slaves semblent s’assimiler lentement, mais même s’ils disparaissaient entièrement, les groupes Culturellement parasites restants provoqueraient une condition pathologique de la plus grande gravité pour l’Amérique.

La vieille vision du racisme vertical ne peut être d’aucune aide dans le cas de l’Amérique, car ce que nous avons vu ici n’est pas le mélange des races, mais leur non-mélange. Tous les groupes parasites ont été arrachés à leurs anciens paysages, mais n’ont pas de nouvelles connexions spirituelles. Seul le Juif sans terre, qui transporte avec lui Nation, Eglise, Etat, Peuple, Race et Culture, a préservé ses anciennes racines.

Le phénomène du parasitisme de la Culture, même séparé de la morale, n’est pas en-dehors du royaume de la politique. Il n’est jamais bon de parler de groupes Culturellement étrangers en termes de louange ou de blâme, de haine ou de « tolérance ».

Guerres, émeutes, massacres, destruction, tout le gâchis des conflits domestiques insensés – tous les phénomènes qui surgissent inévitablement lorsqu’un hôte entretient un parasite de la Culture – demeurent aussi longtemps que dure la condition pathologique.

Le parasitisme de la Culture, en provoquant un phénomène de résistance, a un double effet néfaste sur le corps de la Culture et sur ses nations. La fièvre est un signe de résistance à la maladie chez un humain, mais cela ne confère pas une valeur positive à la fièvre. Sa seule valeur est négative, et la fièvre elle-même est une partie de la maladie, même si c’est une partie salvatrice. Les phénomènes de résistance comme les sentiments anti-japonais ou antisémites ou anti-nègres en Amérique sont aussi indésirables que les conditions qu’ils combattent. De même, l’antisémitisme européen n’a pas de valeur positive et il peut même, s’il est exagéré, évoluer facilement vers un autre type de pathologie de la Culture, cette condition aggravée qui peut aussi provenir du parasitisme de la Culture dans certaines conditions, à savoir la déformation de la Culture.

Extrait du livre de Francis P. Yockey : « Imperium » (1948).
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