Ho Chi Minh, le père du socialisme national vietnamien
Ne vous attendez pas ici à une biographie exhaustive du leader vietnamien car j’ai préféré me consacrer aux quatre premières décennies de sa vie, depuis sa jeunesse jusqu’à la création du Parti Communiste Indochinois, et notamment toutes ces années qui permettront à Ho Chi Minh de faire la synthèse entre nationalisme et communisme, une synthèse qu’il mettra en application une fois au pouvoir, forgeant un socialisme à la vietnamienne et assurant au Vietnam, après l’avoir débarrassé de l’impérialisme français et américain, une réelle indépendance entre le géant russe et le géant chinois.
Si les sources de renseignements sur la naissance, la famille et la jeunesse du futur Ho Chi Minh sont rares, fragmentaires et plutôt approximatives, il existe néanmoins deux facteurs qui, sans tomber dans le déterminisme, contribueront de manière non négligeable à façonner les futurs engagements d’un petit garçon qui naît en mai 1890 dans le district de Nan Dan.
Ce premier facteur est la région même où naquit l’oncle Hô : le Nghê Tinh. Cette province, qui s’étend entre l’Annam et le Tonkin et qui a pour capitale Vinh, réputé pour le caractère bien trempé de ses habitants, tous vivant plus ou moins dans la misère, fait office de charnière, de frontière, entre un Nord montagneux et laborieux et un Sud, bercé par la mer de Chine, opulent et aristocratique. Le Nghê Tinh est une région au climat difficile, balayé parfois par les typhons, des pluies diluviennes, ou encore par un vent torride qui, en été, brûle tout sur son passage. De ce pays majoritairement paysan, viennent aussi de nombreux lettrés et poètes, comme si la pauvreté et la dureté de la vie étaient sources de créativité et de soif de connaissance. Mais il est évident que dans un pays où, pour survivre, de nombreuses familles ne possèdent parfois guère plus que 500m² de rizière, la seule solution réside dans la carrière d’écrivain public, de maître d’école ou pourquoi pas, de doc phu (gouverneur)
Et si cette province est riche d’intellectuels elle l’est aussi en révolutionnaires. Ainsi au 7ème siècle, Mai Hac Dê, chef de la révolte paysanne chasse les chinois et devient empereur ; mais également Nguyên Du, auteur d’une œuvre majeure de la littérature vietnamienne, le Kim Van Kieu. Au 15ème siècle c’est d’ici que part la guerre de libération que mènera le roi Lê Loi, toujours contre les chinois. Plus tard, en 1885, le Nghê Thinh confirme son statut de berceau révolutionnaire, lorsqu’éclate la révolte des lettrés, à l‘appel de mandarins nationalistes. Et c’est toujours de cette province que viendront la plupart des leaders indépendantistes comme Phan Bôi Châu, Phan Chu Trinh, Tran Phu ou encore Lê Hông Phong.
Le climat familial dans lequel naquit Ho Chi Minh fut aussi un facteur déterminant dans son futur engagement et notamment la figure du père, Nguyên Sinh Huy. Ce dernier, fils de paysans mais homme de grand savoir, sera successivement gardien de buffles et domestique avant d’étudier et de passer le concours de lettres chinoises qui lui permettra d’obtenir un poste d’enseignant avant d’entrer comme secrétaire au palais impérial de Hué. Devenu par la suite mandarin dans la région de Ha Tinh, il sera révoqué à cause de ses positions nationalistes et de son refus d’apprendre le français. Il aurait en outre participé à la révolte des lettrés et vouait une admiration à Phan Bôi Châu, auteur de pamphlets anti-français. Suite à sa révocation il mènera une vie d’errance, entre Saigon, Pnom-Penh et Angkor, gagnant misérablement mais toujours fièrement sa vie comme conteur, écrivain public ou encore rebouteux.
Hormis ces deux aspects, la jeunesse du petit Cung (apparemment le premier nom d’Ho Chi Minh) est semblable à celle de tous les petits vietnamiens ruraux et se déroule entre l’école, la pêche à la ligne et les promenades avec son père. A dix ans il perd sa mère et son père lui donne alors le nom de Nguyên Tât Thành. A quinze ans il entre au collège Quôc Hoc, à Hué, où il sera mêlé aux mouvements insurrectionnels de 1908 puis à 19 ans, après des études chaotiques et sans résultat, il part à Phan Thiêt, petit port du sud du pays. Là il enseignera de janvier à septembre 1911 le français et le Quôc ngu (transcription romanisée du vietnamien) et puis subitement un jour de septembre, il disparaît.
On retrouve sa trace à Saigon où il s’inscrit à l’école de formation professionnelle, dans la section de préparation à la navigation au long cours. Car si comme ses compatriotes, le jeune Thành émigre pour des raisons économiques, il le fait aussi pour échapper à une présence coloniale qu’il ne supporte plus, hanté par l’image de la révocation de son père. Et dans les derniers jours de 1911 c’est un jeune homme amer mais plein d’espoir qui embarque sur la Touche-Tréville, en tant qu’aide cuisinier. Sous le nom de Ba, il fait alors le voyage de Haiphong à Marseille. Un trajet qui durera deux ans, le navire faisant escale à Oran, Dakar, Port-Saïd, Alexandrie, Diégo Suarez…. A travers ses escales le jeune Suarez découvrira des situations voisines de celles du peuple vietnamien et il en tirera une très riche documentation, documentation qui servira dans l’écriture de son premier livre Le procès de la colonisation français.
Débarquant au Havre en 1914, après des escales à Boston et New York, il y travaille quelques temps comme jardinier avant de partir pour Londres où il travaille encore et toujours durement comme balayeur de neige ou plongeur de restaurant, faisant le dur apprentissage de la condition prolétarienne. Il va d’ailleurs adhérer à une organisation clandestine de travailleurs asiatiques, le Lao dong hoi ngai.
Mais très vite, réalisant qu’il ne pourrait réellement agir et peser sur l’avenir de sa patrie qu’à Paris il gagne la capitale française en 1917, quelques semaines avant qu’à Petrograd Lénine et les bolcheviks prenne le pouvoir. En France il retrouve cent mille annamites, militaires et travailleurs, amenés là par la guerre qui déchire l’Europe et très rapidement il réalise les similitudes entre la condition du colonisé, exploité et enchaîné par une puissance colonisatrice et celle du travailleur, enchaîné et exploité par le patronat. Il se dirige donc vers les organisations ouvrières, ce qui lui permettra par la suite de donner une perspective idéologique à son nationalisme. D’abord patriote révolté, le futur Ho Chi Minh, au contact de la gauche française va se transformer peu à peu en révolutionnaire moderne, mêlant socialisme et libération nationale.
Mais dans l’immédiat il va vivre à Paris cinq années entre misère et fraternité, entre tracasseries policières et confrontations politiques faisant l’apprentissage à la fois de la vie et de la politique. D’ailleurs il décide de modifier son nom passant de Nguyên Tât Thânh à Nguyên Ai Quôc, ce qui signifié Nguyên le patriote. C’est en tant que photographe qu’il va gagner sa vie, plutôt difficilement d’ailleurs car les commandes n’affluent pas, ce qui lui laisse, d’un autre côté, le temps de fréquenter les milieux politiques et de regrouper autour de sa personne quelques révolutionnaires annamites (Phan Chu Trinh, Phan Van Truong, Nguyên Thê Truyên…) de s’initier au socialisme mais aussi de lire énormément et de commencer à écrire.
Les premiers contacts politiques ont lieu dans une petite librairie du quai de Jemmapes et il se lie avec des syndicalistes révolutionnaires comme Monatte avant d’écrire dans les colonnes de l’Humanité et du Populaire. Il s’inscrit par ailleurs aux Jeunesses Socialistes, dont il sera le premier adhérent annamite. Il est donc bientôt fort logiquement approché par un membre de la Troisième Internationale, un des frères Vouiovitch ; une rencontre qui fera pencher par la suite Ho Chi Minh vers le communisme.
En janvier 1919, à l’occasion de la Conférence de la Paix, Nguyên Ai Quôc, Phan Van Truong et Phan Chu Trinh rédigent un programme pour l’émancipation de leur pays qu’ils portent au secrétariat de la conférence. Et bien que ce programme soit assez modéré (on y demande la présence d’une délégation d’indigènes au parlement français, la liberté de la presse et de réunion, l’amnistie des prisonniers politiques, l’égalité des droits entre annamites et français…) Wilson éconduit sans ménagement Nguyên Ai Quôc venu plaider directement la cause de son peuple. Mais qu’importe puisque Quôc n’aura aucun mal à se faire entendre de ses compatriotes présents en France, sur lesquels il prend un ascendant considérable.
De 1920 à 1923 ses activités politiques vont alors prendre trois formes : participation au congrès socialiste de Tour et adhésion à la fraction communiste, publication de son pamphlet contre la colonisation française et création d’une revue.
Participant et prenant la parole au congrès de Tours, où il évoque le sort de l’Indochine et du Vietnam, il va se heurter à la méfiance d’une grande majorité du mouvement socialiste envers tout ce qui peut évoquer le nationalisme, assimilé bien entendu à une revendication réactionnaire. On peut d’ailleurs reprendre ici les souvenirs d’Ho Chi Minh : » A cette époque, je distribuais souvent des tracts pour dénoncer les méfaits du colonialisme. Je soutenais alors la révolution d’Octobre, simplement par une sorte de sympathie spontanée. Je ne comprenais pas encore toute sa portée historique. J’aimais et respectais Lénine simplement parce qu’il était un grand patriote qui avait libéré ses compatriotes ; jusque là je n’avais encore lu aucune de ses oeuvres […] un camarade me donna à lire les thèses de Lénine sur le problème des nationalités et des peuples coloniaux […] depuis lors j’avais accordé une confiance totale à Lénine, à la Troisième Internationale […] Au début , c’était le patriotisme et non le communisme qui m’avait poussé à croire en Lénine et à la Troisième Internationale. Peu à peu, progressant pas à pas, au cours de la lutte, combinant l’étude théorique du marxisme-léninisme au travail pratique, j’étais arrivé à comprendre que seuls le socialisme et le communisme peuvent libérer les opprimés et les travailleurs du monde entier » Nguyên Ai Quôc s’inscrit alors à la 9ème section du Parti Communiste, où militent notamment Georges Pioch et Boris Souvarine et participe à leurs côtés au congrès de Marseille en décembre 1921. Fréquentant une école pour cadres il va affiner ses talents d’orateur, mêlant habilement passion et maladresse dans ses différentes élocutions. N’oubliant pas son peuple et sa patrie, Quôc va notamment écrire un article retentissant dans les colonnes de l’humanité au cours du mois de mai 1922 dans lequel il dénonce les »…préjugés de l’ouvrier français, pour qui l’indigène est un être inférieur, négligeable… »
Toujours en 1922, à l’occasion de la visite de Khai Dinh, l’empereur d’Annam, il publie une saynète ridiculisant les mœurs de la cour avant d’écrire un petit livre intitulé Le Procès de la colonisation française. Cet ouvrage, composé d’exemples d’abus du colonialisme (recueillis en Indochine, au Dahomey, à Madagascar ou encore aux Antilles) est l’occasion pour Nguyên Ai Quôc de dénoncer un système dont les ramifications sont mondiales et auquel il convient d’opposer une résistance qui elle aussi ne peut être qu’internationale. Et si ce livre est écrit dans un style peu habile et parfois assez médiocre (tant et si bien que certains iront jusqu’à penser qu’il a été pensé par Quôc mais rédigé par un de ses collaborateurs) on y discerne déjà une ligne claire : ne pas isoler la question coloniale et nationale de la question sociale économique car toutes deux sont les conséquences d’un même système et d’un même problème. Ho Chi Minh n’aura d’ailleurs de cesse, tout au long de sa vie et surtout une fois arrivé au pouvoir de réaliser un communisme typiquement vietnamien (et ce n’est pas pour rien que l’on parlera plus tard d’Ho Chi Minh comme d’un national-communiste)
Parallèlement à ce livre Nguyên Ai Quôc publiera (d’avril 1922 à avril 1926) un mensuel intitulé Le Paria, s’annonçant comme la tribune du prolétariat colonial. Se présentant sous la forme d’une feuille imprimée et illustrée parfois de photos, parfois de dessins, Le Paria s’attaque essentiellement au colonialisme français et outre des articles signés Nguyên Ai Quôc, on y trouve la signature du leader syrien Rachid Rida, de Marcel Cachin ou encore du futur fondateur du PC algérien, Hadj Ali Abdel Kader. Contrairement à son livre, les articles sont l’occasion pour Quôc de démontrer un vrai sens de la polémique, évitant les nuances et appuyant ses attaques féroces contre la France sur des chiffres et des preuves solides. Le paria se réclame par ailleurs ouvertement du communisme alternant les articles à la gloire de l’URSS et de Lénine, chaque numéro étant l’occasion de saluer une nouvelle réalisation soviétique, une nouvelle conquête du communisme...
Et c’est peut-être en raison de cette fascination évidente pour la Russie que finalement, vers la fin de l’année 1923 (les dates exactes restant assez mystérieuses) Quôc s’envole pour Moscou où il atterrit au moment de la disparition de Lénine (avant ? après ?) mais la mort de son "maître à penser" (en son hommage il écrira un article plutôt émouvant pour la Pravda) ne refroidit pas son ardeur révolutionnaire puisqu’il continue à alimenter en articles Le Paria depuis l’URSS et commence à attaquer, fait nouveau pour lui, le colonialisme anglo-saxon avant d’entamer la publication d’un deuxième journal, en vietnamien cette fois : Vietnam hôn (l’âme du Vietnam) Pour autant il n’en oublie pas ses amis restés en France, des amis algériens, antillais, malgaches ou sénégalais qu’il presse « …d’éduquer les masses pour les conduire à l’indépendance… »
Toujours durant l’année 1924, il effectue un stage à l’Université des Travailleurs d’Orient, rédige des articles pour la Pravda et quelques brochures (La Chine et la jeunesse chinoise, La race noire…) Fréquentant Staline, Bouckharine, Radek, Zinoviev, le chinois Li Li-san et l’indien Roy, on dira de lui que »sa tournure d’esprit le portait beaucoup plus vers l’action et les réalisations pratiques que vers les débats de doctrine, et qu’il fut toujours, au sein du mouvement, un empirique » Lors du 5ème congrès de l’Internationale Communiste (juin-juillet 1924) il se fait remarquer par sa liberté de ton et la vigueur de ses attaques où la ferveur nationaliste perce la carapace idéologique et tranche avec l’orthodoxie communiste. Dénonçant à la tribune du congrès l’expropriation systématique des paysans, de la Cochinchine à la Kabylie, le discours d’Ho Chi Minh peut être qualifiée de pré-maoiste en ce sens où l’accent est mis sur la classe paysanne en tant que telle et surtout en tant que facteur révolutionnaire : toujours ce refus de ne pas oublier ses racines vietnamiennes et donc cette nécessité d’adapter le communisme aux spécificités du Vietnam (un pays à large majorité paysan)/
Et justement, au début de 1925, Ho Chi Minh arrive à Canton en tant qu’expert en politique asiatique auprès de Borodine, représentant du Kommintern auprès du gouvernement chinois. Canton qui n’a jamais cessé d’être un refuge pour les vietnamiens indésirables aux yeux de l’administration française et d’ailleurs c’est justement parmi ces exilés, qui se sont regroupés autour du leader nationaliste Phan Bôi Châu et dont ils s’éloigneront bientôt à cause de son manque de cohérence doctrinale, qu’Ho Chi Minh recrutera le premier noyau du mouvement révolutionnaire annamite.
En juin 1925 est donc créé par Ho Chi Minh, Hô Tung Mâu et Lê Hông Phong le Vietnam thanh niên cach mand dông chi hôi (l’Association de la Jeunesse Révolutionnaire du Vietnam) Groupe qui sera plus connu sous le nom de sa revue : Than niên et qui, s’il n’est à ce moment là qu’un groupuscule, formera plus tard l’armature du PC Indochinois, de l’armée populaire et de la république Démocratique du Vietnam ! Than tiên n’était pourtant pas foncièrement une revue marxiste puisque ses fondateurs y défendaient principalement des thèses nationalistes mais en y intégrant toujours une dialectique totalement léniniste puisque dans l’esprit d’Ho Chi Minh la révolution se décomposerait en deux phases : la phase nationaliste puis la phase socialiste.
En 1926 il écrit Le Chemin de la révolution, un programme plus ouvertement marxiste-léniniste mettant l’accent sur la nécessité d’organiser les masses, de construire un parti marxiste-léniniste et de rester en liaison étroite avec les travailleurs du monde entier. Dans le même temps il enseigne le marxisme à ses compagnons de la première heure puis pousse Hô Tung Mâu et Lê Hông Son à s’inscrire au PC chinois, tandis que Lê Höng Phong intègre l’académie militaire de Moscou. Des militants vont eux intégrer celle de Whampoa où des spécialistes russes forment l’armée chinoise, tandis que d’autres retournent clandestinement en Indochine y fonder les premières cellules d’agitation.
Courant 1927 Ho Chi Minh tente sans succès de fonder une Ligue des Peuples Opprimés avec le leader communiste indien Roy et des nationalistes coréens et prend contact avec l’Union Syndicale Ouvrière Panpacifique.
C’est alors qu’on perd sa trace avant qu’il ne réapparaisse peu après sous le nom de Vuong. Une nouvelle identité pour un homme qui quitte la Chine peu avant le printemps 1927 lorsque Chiang Kai-chek écrase la commune de Canton, rompt les relations avec l’URSS, dissout les syndicats et massacre les militants communistes.
Qu’a cela ne tienne puisqu’en 1929 à Hong-Kong se tient le congrès du Thanh tiên, en l’absence de Vuong, qui se trouve à Moscou depuis le milieu de l’année 1928. Là il donne une série de conférence avant de s’envoler pour Bruxelles où il participe au Congrès contre la guerre impérialiste. En novembre 1928 il s’embarque pour le Siam afin d’y noyauter les nombreux vietnamiens vivant là bas, de raviver l’agitation anti-française et de réorganiser les réseaux communistes. Il va également créer une nouvelle revue Thân ai (amitié), ouvrir une école où on y enseignera le thaïlandais et le vietnamien, ainsi qu’une coopérative forestière. Plus tard on le retrouve en Thaïlande, déguisé en moine bouddhiste et prêchant le communisme auprès des jeunes bonzes !
Pendant ce temps au Vietnam, la révolte gronde de nouveau et la classe ouvrière prend peu à peu conscience de sa réalité et de sa force, car même si numériquement elle reste faible elle est fortement concentrée. En février 1928 éclate la première d’une longue série de grèves qui se déclencheront ici et là jusqu’en 1929. Les débats font rage alors au sein du Thanh tiên (que ce soit en Chine, au Siam ou au Vietnam) pour savoir si le moment est propice à la création d’un parti ouvertement marxiste-léniniste et Lâm Duc Thu prend alors l’initiative de réunir un congrès au mois de mai 1929. La délégation du Tonkin y défend l’idée de la création immédiate d’un parti communiste vietnamien mais la majorité pense que le moment n’est pas encore venu et rejette la proposition tout en acceptant la nécessité future d’un tel outil.
C’est donc la porte ouverte aux divisions et les tonkinois créent officiellement en juin 1929 le parti Communiste Indochinois, suivant cet exemple, en octobre ce sont les délégués de Cochinchine et du Sud-Annam qui créent le Parti Communiste de l’Annam tandis qu’une troisième structure est créée, la Ligue des Communistes Indochinois ! Devant ce désastre annoncé certains communistes vietnamiens mais aussi les dirigeants de la Troisième Internationale, agacés par ces divisions internes, vont faire appel à Ho Chi Minh, devenu entre-temps un personnage-clé en Extrême-Orient puisqu’il est l’interlocuteur privilégié du Bureau d’Orient (agence de contrôle asiatique du Kommintern), du secrétariat de l’Union Pan-Pacifique, des communistes d’Indonésie, de Malaisie et du Siam, du PCF et de la Ligue contre l’Impérialisme et pour l’Indépendance.
En février 1930, à peine arrivé à Hong-Kong, il convoque des délégués de chaque fraction, élabore un programme et l’impose à tous, confirmant ainsi son rôle de leader et d’animateur du mouvement révolutionnaire vietnamien. Le parti ainsi créé est ouvertement communiste, le comité central est transféré à Haiphong et tous ses membres résidant hors du pays (excepté Ho Chi Minh qui, pourchassé par la Sûreté, ne peut regagner le Vietnam) se voient démis de leurs responsabilités ; ce faisant le parti s’implante réellement sur le sol vietnamien, au contact du peuple et de la nation.
Ainsi fut forgé l’outil qui permettrait plus tard à Ho Chi Minh et aux vietnamiens de libérer leur pays de l’impérialisme et de s’engager dans la voie d’un communisme national. Pour conclure laissons la parole à l’oncle Hô : » le problème est de libérer la nation. Il faut donc éveiller le patriotisme chez chacun… »