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Mercredi, 14 Décembre 2011
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A propos de Christopher Cadwell et des néo-cons
Claude Bourrinet
Impérialisme :: Antiaméricanisme
A propos de Christopher Cadwell et des néo-cons
Un livre peut s’évaluer selon ses lecteurs, et leurs réactions. C’est pourquoi je ne m’évertuerai pas à juger directement un ouvrage que je n’ai eu ni le temps, ni le désir de parcourir, mais comme un corps naturel peut être analysé en fonction des modifications environnementales qu’il suscite, par rapport à quelques comptes rendus.
L’objet dont il s’agit est la traduction d’une étude polémique de Christopher Cadwell, parue aux Etats-Unis, en 2009, Reflections on the Revolution in Europe, éditée en français sous le titre « Une révolution sous nos yeux - Comment l'islam va transformer la France et l'Europe ». Pour étayer mon propos, je me fonderai sur une critique favorable à l’ouvrage, très fouillée, transcrite le 6 décembre 2011 sur le site Polemia, sous la plume de René Schleiter.

J’ai consulté de même un blog qui s’intitule « Ostracisme », animé par un certain Aristide. J’évoque celui-ci, car il n’est pas sans intérêt de s’arrêter au nom, qui apparaît d’ailleurs comme tel dans la présentation de Schleiter (« un ostracisme quasi total dans les médias français « ), Il me semble représentatif d’un certain état d’esprit. L’ostracisé est celui qui est rejeté, dont on ne veut plus, qui est devenu personne non grata, celui par qui le « scandale » arrive, comme le suggère le très atlantiste Alain Besançon à propos du livre.

Nous sommes d’emblée dans l’affectif, et, malgré l’apparente rigueur arithmétique et factuelle de Cadwell, qui submerge le lecteur de chiffres, de statistiques, de rapports, de données, en bon propagandiste anglo-saxon,et bien qu’on nous avance l’argument, selon moi, sophistique, de sa qualité d’étranger, qui lui donnerait plus de « liberté » pour évaluer l’Europe, nous ne quitterons jamais ce pathos.

Derrière cette accusation de mutisme médiatique résiderait celle de voiler la vérité. Un discours, ou un ensemble de faits, que l’on cache à la conscience publique, ne sauraient donc, ipso facto, qu’être vrais. Puisqu’ils gênent. A contrario, que la « grande presse britannique » s’en soit engoué serait un label de véracité, puisque cette dernière est censée être plus franche, plus brutale, plus respectueuse de la déontologie journalistique.

Peut-être cette assertion était-elle judicieuse il y a quelques années. Depuis, l’oligarchie internationale a resserré l’étreinte, la presse de tous pays s’est concentrée entre quelques mains puissantes, dont la plus emblématique est celle de Murdoch, et le mensonge a été proféré sciemment, ou par omission, et a proliféré, comme les derniers événements de Libye, de Syrie et de Russie suffisent, par les articles stupéfiants de mauvaise foi qu’ils ont provoqués, à le prouver. La question qu’il aurait fallu poser, si l’angle d’attaque avait été le bon, aurait été celle-ci : pourquoi donc un tel livre a-t-il été prisé au-delà du Channel ? N’avait-on pas intérêt à le faire ?
Or, il faudrait en outre se demander si la fiction d’un présupposé scandale, qui mettrait en péril les certitudes d’une classe dirigeante amollie, aveugle et suicidaire, ne constitue pas la première carte d’un jeu de divertissement, au sens pascalien, et, in fine, de manipulation. Autrement dit, nous sommes les plus dangereux, dont les plus intéressants, puisqu’on est censé nous censurer. Donc, tout le reste est secondaire.
Qui est Christopher Cadwell ? D’où vient cette mise en garde, cette alarme virulente, qui est destinée à réveiller une Europe entraînée par ses défauts vers le déclin et la mort ?

Il faut rendre justice au site Polemia d’avoir contrebalancé l’enthousiasme, l’admiration échevelée de René Sclheiter, en publiant, à la suite de la première partie de son article, l’avertissement d’un « ami anglo-saxon », qui a tenu à garder l’anonymat. Son exégèse est remarquable par sa lucidité et sa pertinence. Que dit-il ?
Il note ainsi que Cadwell se réfère ou cite des noms de néo-cons, indiquant que « celui qui domine entre tous est le « Tsar » des néo-cons, Leon William Kristol, qui pendant des années a écrit dans l’organe des néo-cons, The Weekly Standard. Il a aussi écrit pour le New York Time Magazine, The Financial Times, etc. !!! » Il ajoute que « Caldwell a bénéficié d’un accès privilégié à des banques de données auprès de ces grands médias que sont The Financial Times, The New York Times, The Weekly Standard – appartenant tous à l’Etablissement. » Il synthétise en outre le projet de l’auteur : « A mon avis, ce livre essaie, d’une manière très sophistiquée, d’adopter un parti pris antimusulman acceptable au sein de l’élite européo-américaine. »

Tout est dit. Le reste est une question de savoir-faire, de doigté, de psychologie politique, de sémiotique et de rhétorique.

Apparemment, et selon même le jugement de notre anglo-saxon si perspicace, le point fort de l’étude de Cadwell est cette « rigueur arithmétique » dont il avait été question tout à l’heure. Il note en effet que « les statistiques sont révélatrices – et choquantes – et utiles pour les auteurs et penseurs dits de droite – pour nous aider à clarifier et étayer nos arguments à propos de cette « crise de la culture européenne » ! » Ce point positif est cependant un obstacle s’il devient la massue qui va empêcher toute prise de conscience par la distance. On englobe l’intelligence de données incontestables, de façon à induire les conclusions auxquelles on veut que le lecteur parvienne. Elles sont tellement abondantes qu’il est impossible de laisser place à une autre hypothèse, à une autre analyse. C’est la méthode employée par le système, les politiciens, les experts, les mass medias, les officines de propagande, pour nous persuader, à défaut de nous convaincre, que les choses étant ce qu’elles sont, il n’est qu’un seul diagnostic possible, et par conséquent une seule voie imaginable. La prétendue « crise » actuelle, par son chantage financier dont les causes nous sont livrées avec ce qu’il faut de déformation et d’invention pour parvenir à la fatalité de la « rigueur », en est une illustration.

Cadwell fait la même chose avec l’immigration de masse, et parvient en gros aux mêmes conclusions par rapport aux destinées de l’Europe, qui serait dans l’incapacité de continuer le modus vivendi qu’elle avait adopté avec des populations allogènes, et largement islamisées.

Il se livre donc à une rétrospective historique, qui explique comment l’Europe, et plus singulièrement la France, ont opté d’abord pour une immigration économique, due aux besoins de main d’œuvre des Trente glorieuses, pour finalement se résigner à une immigration de peuplement, et à un projet de société multiculturelle, renforcé par le diktat moral du droit d’asile. Assez vite, les pouvoirs publics auraient ressenti une peur, devant ce déluge humain, qu’ils auraient transformée, par un tour de passepasse idéologique, en « tolérance », qui n’est qu’un aveu de faiblesse. La faute en reviendrait donc à l’aveuglement des classes dirigeantes, malgré les objurgations du conservateur d’Enoch Powell, en 1968.Elles n’ont pas su, ou pas voulu prévoir l’inévitable, Le sentiment récurrent de culpabilité les a minées depuis le massacre des Juifs d’Europe et le drame de la décolonisation.

Etrangement, l’évocation d’Auswitch, et celle des « lois mémorielles », comme la loi Gayssot-Fabius, qui institue un délit d’opinion et impose un dogme dans le domaine historique, ne sont invoqués que pour dénoncer les inhibitions, la repentance interdisant une prise de conscience suffisante des dangers du flux migratoire, et non pour mettre en lumière des formes de pression ou de chantage orientant soit l’opinion, soit la politique extérieure de la France dans un sens favorable, par exemple, à Israël, ou aux pacte atlantique. Du moins est-ce ce que j’ai cru comprendre des divers comptes rendus que j’ai lus.

La façon dont des vérités sont éclairées par une perspective que l’on pourrait appeler anglo-saxonne, et qui les transmute en autant de mensonges, n’est pas sans commune mesure avec ce que les arrière fonds sonores mélodramatiques, les accompagnements musicaux sinistres, la basse continue emphatique des films propagandistes, des documentaires orientés que notre âge de totalitarisme mou et engluant a l’habitude de nous prodiguer en guise de nourriture intellectuelle et affective. Des mots et des expressions connotées négativement, des associations dramatiques ponctuent un discours qui, en vérité, est destiné à semer l’effroi et un ressentiment, dont l’aboutissement logique – mais bien sûr non explicité – serait le pogrom, quelque chose comme la valise ou le cercueil. Aussi la « couleur » se trouve-t-elle désignée dans le discours d’Enoch Powell qui « laissa entendre qu’à long terme, l’Angleterre connaîtrait des ghettos similaires à ceux de l’Amérique ». L’angle racial, comme l’on sait, est un facteur qui n’est pas méconnu, ni occulté dans les consciences et analyses anglaises et américaines, fondées sur la conviction des différences ethniques. C’est pourquoi Cadwell l’utilise, en insistant sur ce qui semble être une invasion : « » […] sur 375 millions d habitants en Europe, 40 millions vivent en dehors de leur pays de naissance ». Mettant ainsi en parallèle la chute démographique de la population autochtone, et la fécondité prolifique des indigènes, il montre que ce danger est le fruit d’une différence de culture religieuse, en citant bizarrement un passage du Coran : « Marie-toi, car par toi je surpasserai les peuples. » (Verset du hadith, Ibn, 1 : 599), sans pour autant rappeler que l’on trouve la même injonction dans l’Ancien Testament.

La démonstration fait vite un rapprochement avec le terrorisme « comme celui du 7 juillet 2005 dans les transports en commun à Londres. »

CQFD, si l’on veut.

René Schleiter a résumé les positions de Cadwell sous forme d’axiomes. Encore une fois, ces assertions possèdent une part de vérité, et l’on peut d’ailleurs en saisir les sources dans les thèses d’un grand historien anglais, Arnold Toynbee. On formulerait la loi permanente des nations de cette façon : l’immigration est un danger mortel lorsque les peuples accueillants, singulièrement leurs classes dirigeantes, ont abdiqué toute volonté de vivre, et même de survivre, minés par des idéologies émollientes, mortifères et fatales. Cadwell insiste sur le fait que le cas européen est dissemblable de la société nouvelle, vierge et neuve, que constituait l’Amérique, et qui permettait que s’ébauchât ce fameux melting pot, qui ne peut nous servir de modèle. Nous sommes donc condamnés à une « transformation », plus précisément, à terme, à la substitution d’un peuple par un autre. Le dilemme se pose donc de cette façon : la guerre ethnique ou bien la mort, la disparition.

Par ailleurs, Cadwell s’en prend à toutes les stratégies intéressées des immigrés, qui tendent à appauvrir l’Europe, et à la ravaler vers un paupérisme digne du tiers monde en lui pompant ses richesses. Des quartiers en déshérence créent des zones de non droit, la violence se répand. Enfin, last but not least, la religion des envahisseurs, l’Islam, interdit toute forme, non seulement de compromis, mais même d’intégration. La charia est l’horizon indépassable de cette culture, ennemie de toujours de l’Europe, avec son mépris de la démocratie, des libertés, et de la femme.

Nous avons donc des raisons d’avoir peur.

Rappelons au passage que René Schleiter est un membre éminent de l’association Riposte laïque, qui s’est illustrée récemment dans des charges virulentes et des diatribes agressives contre les immigrants, à la manière d’un Geert Wilders.

Il est évident qu’une partie du diagnostic est vraie, et ne pourrait être que difficilement niée. Car, en effet, des dizaines de millions d’immigrants sont entrés dans la « forteresse » Europe, et ont fait souche, ou s’apprêtent à le faire. Il est non moins vrai que la plupart, l’écrasante majorité, sont de confession musulmane, et que leur foi tranche avec le scepticisme des Européens, leur matérialisme. Il est avéré aussi que le nombre d’enfants issus de ces populations est supérieur à ceux issus de couples indigènes. Il est enfin assuré que ce changement, ce bouleversement démographique ne va pas être sans conséquences.

On peut partager aussi la critique que fait Cadwell de la duplicité des classes gouvernantes européennes, de leur pusillanimité, de leur cécité. On regrettera avec lui l’absence de sentiment immunitaire des populations de notre vieille civilisation, qui se trouve bloquées, dans des réactions qui devraient la sauver, par des considérations morales, souvent teintées d’hypocrisie ou de cynisme.

Toutefois, il est nécessaire de souligner les lacunes de la démonstration, et son manque de discernement et d’approfondissement.

Comme on l’avait fait remarquer auparavant, Cadwell ne dénonce qu’une espèce d’aliénation de notre liberté, de notre destin. Il désigne les immigrés et les groupes de pression qui les défendent, mais il omet d’accuser d’autres catégories, d’autres forces, d’autres lobbys, sans compter la véritable OPA culturelle, économique, militaire et diplomatique qu’ont effectuée les USA et Israël sur l’Europe.

Ensuite, rien n’est dit au sujet du choix économique fondamental, qui a rendu possible cette immigration massive. Certes, Cadwell invoque, en un premier temps, les Trente glorieuses et les nécessités en main d’œuvre. Au fond, il suggère que les classes dirigeantes étaient animées des meilleures intentions, et qu’elles ont péché par insouciance. Or, il est évident que l’immigration, en soi, est une attaque contre les salaires et les travailleurs du pays, et que ce plan a été voulu.On aurait pu par exemple développer des outils de production modernes et automatisés, afin de pallier ce manque de salariés. Mais cela n’a pas été fait. Pourquoi ?

Là, on sort de l’économie pour entrer dans le domaine plus politique, et même métapolitique des cinquante dernières années. Comment Cadwell explique-t-il par exemple le soutien affiché des USA à certains islamistes, même radicaux, aux Frères musulmans, aux Wahhabites ? Que dit-il de l’aide apportée à de nombreux « jeunes » des banlieues, qui sont invités, à la suite de maints personnages politiques de notre Nation, à effectuer des stages en Amérique ? Pourquoi ne pas avouer que cette immigration, destinée à diviser les Européens, à susciter la guerre civile ou ethnique, correspond tout à fait, non seulement à une logique libérale qui veut détruire les frontières et miner la résistance des peuples en les faisant douter de leurs racines, mais aussi à celle de l’impérialisme yankee, qui se sert de ce levier pour asseoir sa domination ?
Il faut le répéter : s’en prendre aux immigrés, qui sont victimes du déséquilibre économique mondial créé par des ennemis qui sont les nôtres, est non seulement une faute morale, mais aussi une erreur. Il faut attaquer les racines du mal, qui sont le système marchand mondialiste, et son fer de lance, les Etats Unis d’Amérique.

Que l’Europe doive se relever, prendre confiance en elle, retrouver le goût de se battre, c’est une évidence. Disons-le franchement. Il est faux de prétendre que la population immigrée est homogène, et soudée par un projet religieux conquérant. La plupart de ses membres seront absorbés par la société de consommation, et la transition démographique ramènera la fécondité à un niveau bas. En revanche, il est inenvisageable, sous peine de provoquer ce que justement les Américains attendent, à savoir la guerre civile, de vouloir rejeter à la mer les immigrés et leurs enfants. Nous devons vivre ensemble, et il n’est pas inconcevable que ce soit dans de bonnes conditions.

Pour ma part, je pense que cette société enracinée, à laquelle nous rêvons, sera une Europe qui s’étendra de Brest à Vladivostok, et qui permettra, par sa volonté, son ambition et la confiance revenues, une pluralité d’existences et de sensibilité, sans que soit oblitéré le patriotisme qui nous unira. Toute autre option ne peut que nous conduire au sort malheureux de l’ex Yougoslavie.
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