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Mardi, 20 Octobre 2015
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Fascisme et Kémalisme
Docteur Bernard Plouvier
Impérialisme :: Varia
Comme exemples de régimes modernistes, soit l’adaptation au XXe siècle du despotisme éclairé, l’on peut considérer deux systèmes qui eurent leurs décennies de gloire, avant d’être abandonnés, le premier – après une inutile guerre perdue – pour la pratique du capitalisme échevelé, mâtiné d’intense corruption politico-maffieuse, le second lors d’un retour en force de l’islamisme politique.

Erreur



Le Fascisme


C’est l’exemple-type (« l’archétype ») du mouvement moderniste, né juste après la Grande Guerre, composé et dirigé par des Anciens Combattants, frustrés dans leurs espoirs d’expansion territoriale (l’armée italienne a été lamentable durant la guerre, même si les fascistes prétendent le contraire ; à la Conférence de la Paix, les politiciens italiens n’ont pratiquement rien obtenu de ce qu’on leur avait promis, en 1915, pour qu’ils entrent en guerre : Fiume et la côte dalmate, Albanie, extension coloniale à partir de la Somalie et de l’Érythrée) et dans leurs espérances de justice sociale.

Depuis 1870, l’Italie est une ploutocratie « radicale », c’est-à-dire de type capitaliste et anticatholique, où Juifs et Francs-maçons font la loi, où les salaires sont faibles et la protection sociale minime.

Le régime ploutocratique est menacé dès 1919 par les agitateurs anarchistes et marxistes, à l’italienne… soit dans des combats de rue où l’on s’expose assez peu aux armes de l’adversaire : des coups de matraque et de l’huile de ricin du côté des fascistes, qui sont presque tous des anciens combattants ; des armes à feu mal manipulées par les marxistes, qui ont en général évité l’incorporation durant la guerre (les ouvriers ont été « mobilisés » dans leurs usines.

Il y aurait un livre (politiquement très incorrect, cela va sans dire) à faire sur la véritable injustice sociale de la Grande Guerre, durant laquelle les paysans et employés sont massivement partis au front, tandis que les ouvriers devenaient des « affectés spéciaux » dans les ateliers (étant bien payés, tandis que les familles des combattants devaient subvenir à leurs propres besoins, le « prêt du soldat » étant ridiculement faible ; ce sont les hauts salaires des ouvriers des industries de guerre qui ont fait monter les prix à la consommation… et les ouvriers mâles, planqués et bien payés – ce n’était pas le cas des dames, mal payées -, ont parfois osé se mettre en grève !)… aucun honorable universitaire n’a osé, jusqu’à présent, aborder cette épineuse question. Toute l’histoire du XXe siècle est à réécrire… quand la Loi le permettra !

Benito Mussolini, futur Duce (chef) du mouvement puis parti fasciste, est né dans un foyer misérable (comme « Staline »-Dougashvili, alors que presque tous les autres chefs marxistes sont nés fils de bourgeois ou de gros agriculteurs). Instituteur puis enseignant du secondaire, il devient journaliste, membre en vue du Parti socialiste italien (et jugé marxiste prometteur aussi bien par « Lénine » que par « Trotski »). Francophile et germanophobe, il fait campagne pour l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés des Alliés et s’engage dans l’armée.

Comme exemples de régimes modernistes, soit l’adaptation au XXe siècle du despotisme éclairé, l’on peut considérer deux systèmes qui eurent leurs décennies de gloire, avant d’être abandonnés, le premier – après une inutile guerre perdue – pour la pratique du capitalisme échevelé, mâtiné d’intense corruption politico-maffieuse, le second lors d’un retour en force de l’islamisme politique.

Il est trop connu comme politicien pour être envoyé au front ; c’est en manipulant un lance-mines, à l’arrière, qu’il est blessé en 1917 (et tout le petit monde de la politique et de l’état-major général défile devant le lit de souffrances du « politicien-héros », nanti d’une demi-douzaine de médailles).

Le 23 mars 1919, Mussolini fonde à Milan (la capitale économique du royaume d’Italie) les Fasci di combattimento (faisceaux de combat – par analogie aux faisceaux de fusils des unités au repos), pour rétablir l’ordre dans le pays. Il publie le 6 juin le Manifeste du mouvement, qui compte environ un millier d’Aniciens Combattants à l’automne, échouant totalement aux législatives du 15 novembre 1919 (le maestro Toscanini, candidat sur la liste fasciste, n’est pas élu et se fâche avec Mussolini : il deviendra le « symbole de la lutte Antifa » !!!).

Gros succès électoral le 15 mai 1921 (le mouvement compte alors 200 000 membres et Mussolini en est le Duce – soit le chef civil et militaire ; en 1922, le PCI ne comptera que 43 000 membres). En novembre 1921, le mouvement devient Parti National Fasciste. Le 29 octobre 1922, les chefs du parti organisent la Marche sur Rome de quelques milliers de fascistes pour chasser les marxistes qui saccagent la ville et chasser les députés corrompus. Le Duce est désigné par le roi pour diriger un cabinet de coalition, avec le centre gauche. En 1924, le Parti fasciste remporte la majorité absolue aux nouvelles législatives et le Duce se fait octroyer les pleins pouvoirs par la Chambre en janvier 1925 (il les gardera jusqu’en juillet 1943). En 1943, pour un pays de 38 millions d’habitants (non comptées les ex-colonies, alors perdues), le Parti comptera encore 4,77 millions de membres (dont 1,22 million de femmes).

Contrairement à la réputation de férocité qu’a faite au fascisme la propagande du Komintern (l’organisation moscovite d’agitation et de financement des Partis Communistes en dehors de l’URSS), on relève 12 000 arrestations d’antifascistes de 1925 à 1943 et 26 exécutions pour raison politique de 1922 à 1943 (dont 17 durant les années de guerre, 1940-43)… à comparer avec les 12 millions d’hôtes du GOULAG en 1939, le million de morts chez les Cosaques en 1920-21, les 6 à 10 millions de morts de l’Holodomor (l’Holocauste ukrainien de 1930 à 1932), les 2 millions de morts des purges staliniennes de 1936-38 !

L’idéologie fasciste est floue (le Duce est un phraseur, pas un penseur original) : anticapitalisme et lutte contre l’esprit bourgeois ; culte de la jeunesse et des sports ; exaltation de la communauté nationale et refus de la lutte des classes ou de la haine des castes ; modernisme (voire « futurisme artistique », mais dans une optique figurative) ; quête de la grandeur et sens de l’épopée… avec une population de grands causeurs, très peu combatifs ! C’est ce qui fait sourire les observateurs français et allemands ; curieusement, les Britanniques croiront longtemps au danger italien (jusqu’aux piètres prestations de l’armée italienne durant la guerre d’Espagne).

La propagande fasciste exalte les souvenirs de l’Empire romain (le faisceau des licteurs devient emblème national) et on entreprend d’énormes fouilles archéologiques (notamment sur le forum de Rome, alors totalement enfoui) ; la Méditerranée doit redevenir Mare nostrum (notre mer)… conflits prévisibles, croit-on, avec la France et la Grande-Bretagne (la Marine italienne est riche de superbes navires de combat et d’une centaine de sous-marins et très pauvre en hommes de guerre… seuls quelques dizaines de plongeurs de combat sauveront l’honneur, de 1941 à 1944).

L’impérialisme colonial est à l’ordre du jour : pacification de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque de 1928 à 1939, réunies sous le nom antique de Libye en 1935 ; conquête de l’Éthiopie (torts partagés par le négus esclavagiste et belliqueux) en 1935-36 ; conquête de l’Albanie (en état permanent de guerre civile et riche en gisements de pétrole) au printemps de 1939 ; conflit larvé avec la Grèce depuis 1925 (les Italiens occupent, dès avant la Grande Guerre, les îles du Dodécanèse et Rhodes) ; le Duce réclame Nice, la Savoie et la Corse… pour obtenir un condominium en Tunisie où sont installés davantage de colons italiens que de colons français.

Le régime lance une politique de grands travaux, dès 1923, qui multiplie les emplois (700 km d’autoroutes construits de 1923 à 1939 et 7 000 km de routes, en plus de 500 ponts ; agrandissement des ports ; extension du réseau ferré ; édification d’aéroports ; défrichements et assèchements de marécages ; logements sociaux). Les récoltes de céréales doublent entre 1920 et 1940. On multiplie les barrages pour produire davantage d’électricité (la production triple entre 1923 et 1934). Le Duce exploite les « réserves de productivité » de fonctionnaires, nombreux et jusque-là peu zélés. On constate un essor remarquable de l’architecture et de l’urbanisme à la périphérie de Rome. Parallèlement, le régime lutte contre la corruption administrative et le gaspillage des fonds publics.

Les salaires sont mieux adaptés au coût de la vie (jusqu’à la crise économique du milieu des années trente). Une Charte du Travail sert de loi cadre au règlement des conflits du travail, pour éviter grève et lock-out.

Surtout, le régime lutte contre l’émigration et favorise la natalité par une politique sociale d’allocations familiales, la traque des avorteurs et avorteuses, et un encadrement médical gratuit des femmes enceintes et des nourrissons. On lance d’énormes campagnes de lutte contre le paludisme (« malaria »), la tuberculose, l’alcoolisme, les maladies vénériennes et la toxicomanie. Dès 1925, le Duce a entamé une guerre impitoyable contre la mafia et la camora (qui seront des alliés de l’envahisseur US en 1943-44).

Le régime entreprend une grande campagne de lutte contre les dialectes et d’alphabétisation : jusqu’en 1925, 80% des adultes du Sud de la botte et des îles (Sicile – Sardaigne) étaient illettrés. En 1925, le droit de vote est accordé aux femmes (1945, pour la France).

Opposé aux organismes supranationaux (telle la Franc-maçonnerie, qui comptait un demi-million d’adeptes en 1923), le Duce veut la paix en Italie et prend l’initiative de réconcilier l’État italien et la papauté, en guerre ouverte depuis 1870 : accords du Latran, signés en 1929, créant l’État du Vatican et le dotant de deux milliards de Lires (ce qui stimule l’industrie du bâtiment à Rome).

Le régime met en place une politique de loisirs culturels à bon marché (théâtre, opéras, concerts, cinéma). Cinecitta est fondée en 1937 et la Mostra de Venise est instaurée par le Duce, tandis qu’une école du cinéma fonctionne à partir de 1935. On redécouvre Vivaldi, alors totalement oublié. Jusqu’à l’entrée en guerre, toute l’élite culturelle italienne (à l’exception de très rares marxistes, de Toscanini hué à Bologne en 1934 et des Juifs à partir de l’été de 1938) est fasciste.

Au total, un bilan très impressionnant jusqu’en 1935 où la crise économique internationale frappe l’Italie, comme le reste de l’Occident. Jusqu’alors, le Duce a été acclamé par tous les hommes politiques et tous les artistes non marxistes de la planète. C’est le chef de gouvernement le plus respecté et le plus adulé, même par le pape et par Churchill, alors simple député aux Communes !

Tout bascule à partir des années 1935-36. Les Britanniques prennent peur de l’implantation italienne en Éthiopie (qui menace les sources du Nil). Les marxistes et leurs « compagnons de route » déclenchent une énorme campagne « Antifa », à l’occasion de l’intervention italienne dans la guerre civile d’Espagne (à laquelle prennent part également le Reich nazi, le Portugal, l’URSS et son komintern, sans oublier les envois d’armes lourdes par les gouvernements du Front populaire français). Enfin, à partir de l’été de 1938, les associations juives de la planète lancent leurs foudres, en raison de mesures prises pour impressionner le nouvel associé allemand… qui n’avait rien réclamé : il cherchait des terres d’accueil pour les Juifs du Reich et ne voulait en aucun cas que les Juifs soient refoulés par d’autres pays !

Le Fascisme ne fut nullement antijuif à ses débuts (le terme consacré par l’usage : « antisémite » est absurde, puisque les musulmans, antijuifs par excellence, usent de l’arabe qui est la langue sémitique la plus employée de nos jours, et que la quasi-totalité des attentats antijuifs depuis quarante ans, sur l’ensemble de la planète, sont perpétrés par des musulmans). Bien au contraire, jusqu’en 1937, 45% des Juifs adultes des deux sexes sont des membres du Parti fasciste !

C’est à partir de l’automne de 1937 que Mussolini commence à ruminer des idées antijuives, qui l’amèneront à prendre, en août 1938, des mesures antijuives d’ordre économique, puis raciste (interdiction des mariages mixtes) en octobre 1938… des mesures approuvées par le roi et par l’opinion publique et vertement condamnées par le pape (Pie XI) et son secrétaire d’État (et futur successeur), le cardinal Eugenio Pacelli.

Dès 1937-38, en Espagne, les observateurs se sont rendu compte de la nullité de l’armée italienne. En 1940, Adolf Hitler ne veut surtout pas l’entrée en guerre de l’Italie… et le Duce, vexé, entreprend une guerre dans les régions montagneuses de la Grèce durant l’automne et l’hiver – qui sont respectivement très pluvieux et glacial-, puis une action contre l’Égypte sous domination britannique. Grecs et Britanniques ridiculisent les forces italiennes ; la participation italienne à la campagne de l’Est, contre l’Armée Rouge, sera lamentable.

La population italienne ne commencera à souffrir de la guerre qu’avec l’invasion anglo-US de la Sicile en juillet 43, puis du sud de la botte à l’automne de 1943 : destructions par bombardements aériens, navals et terrestres ; viols en masse (une spécialité des troupes d’Afrique française) ; épidémies (fièvre Q, apportée par les ANZAC – les soldats australiens et néo-zélandais ; maladies vénériennes) ; tortures de prisonniers allemands par les glorieux résistants suivies de représailles (10 communistes ou Juifs exécutés par soldat allemand assassiné). Les Alliés ne déboucheront au sud de la plaine du Pô qu’en avril 1945. Le Duce est alors assassiné par de glorieux communistes. Le rapide essor industriel de l’Italie du Nord, dès les années cinquante, et le cinéma italien sont l’héritage du fascisme.

Mussolini a-t-il réellement instauré un « régime totalitaire » ? Un de nos glorieux universitaires, un académicien blanchi sous le harnais, un frétillant historien mondain se pâmeraient de colère en entendant poser une telle question, puisque c’est à propos de l’Italie fasciste que les antifascistes, réactionnaires et marxistes à l’unisson, inventèrent puis abusèrent du néologisme : « totalitarisme ». On a vu qu’il s’agissait d’une appellation nouvelle pour une réalité antique (il en va de même pour les mots de racisme et de génocide).

Pourtant, la question se pose réellement ! Le Duce n’a jamais proposé de doctrine fasciste précise ; de ce fait, la propagande fluctua beaucoup. En outre, de 1922 à 1943, ont coexisté trois pouvoirs en Italie : le Duce (chef du parti unique, de l’exécutif, du législatif et de la magistrature), le roi - l’inintelligent Victor-Emmanuel III, de la maison de Savoie – (chef des armées), enfin le pape (l’atrabilaire Pie XI – qui fut un partisan du Duce tant que celui-ci accepta la libre concurrence des Jeunesses catholiques et des Jeunesses fascistes – et Pie XII – qui toujours détesta Mussolini).

Le fascisme ne fut un régime totalitaire que lorsque les trois potentats vécurent en harmonie : le Duce, le roi et le pape. Jusqu’en 1942, le régime demeura extrêmement populaire. Bien entendu, après juillet 1943, personne « n’avait été fasciste » (variante : « tout le monde avait été antifasciste »). On a connu le même phénomène : « Tous résistants » en France et en Belgique à compter de l’été ou de l’automne de 1944, selon les régions

Le Kémalisme


C’est la version turque du modernisme et d’un totalitarisme que l’inspirateur, Mustafa Kemal, repoussait avec horreur, se proclamant « démocrate » ! L’individu était profondément ambigu ; son régime ne le fut pas !

Une légende musulmane en a fait un « descendant de Juifs », stupide vengeance vis-à-vis de celui qui abolit le califat en mars 1924, pour régner sans partage. Il est Turc par son père, Turkmène par sa mère, ce qui fait de lui un parfait Touranien, mais il n’encouragera jamais la doctrine (raciste et impérialiste) panturque.

Francophile et admirateur de Napoléon Ier depuis son adolescence, républicain déclaré depuis 1906, dans un Empire agonisant, il passera sa vie de chef d’État à lutter contre le colonialisme et rompra toute relation avec Mussolini quand celui-ci entreprendra la campagne d’Éthiopie.

De 1911 à 1918, il est constamment victorieux au cours de guerres, toutes perdues par son pays : campagne de Libye contre les Italiens, en 1911-12 ; contre les Bulgares, en 1912 ; contre les Australiens à Gallipoli, en 1915 ; contre les Russes, en 1917 ; enfin, bloquant l’accès à l’Anatolie des troupes britanniques, en octobre 1918. En novembre, après la défaite reconnue par le calife-sultan Mehmet VI, il est nommé généralissime des troupes turques et rompt, en juin 1919, avec le souverain qui, à Istanbul, se vautre devant les vainqueurs.

En septembre 1919, le Congrès qu’il a convoqué en toute illégalité le nomme chef du gouvernement provisoire, siégeant à Ankara. En avril 1920, il est élu président de l’Assemblée nationale (autoproclamée) et s’oppose à l’application du Traité de Sèvres (signé en août 1920 par l’envoyé du souverain d’Istanbul) qui ôte à la Turquie des territoires en faveur des Arméniens (au nord), des Kurdes au sud-est, de la Syrie sous mandat français (la Cilicie), des Italiens et des Grecs à l’ouest de l’Anatolie. Il est aidé par le gouvernement soviétique qui lui envoie des subsides et des armes : en dépit de son anticommunisme, il demeurera toujours fidèle à l’alliance politique (mais non militaire) avec l’URSS.

Durant l’automne de 1920, ses troupes écrasent celles des Arméniens, puis les Kurdes ; en janvier 1921, les Français sont obligés de quitter la Cilicie ; les Britanniques sont chassés d’Istanbul. Après quelques succès initiaux, la puissante armée grecque est battue en janvier et en avril 1921, étrillée en un mois de combats en août-septembre 1921, puis écrasée en août-septembre 1922, quittant précipitamment l’Anatolie. En octobre 1922, les Turcs reprennent aux Grecs la Thrace orientale (la « Turquie d’Europe »). Durant les années suivantes, on procèdera, sans délicatesse, à l’échange de populations : 1,5 million de Grecs seront chassés d’Anatolie et de Thrace orientale ; 0,5 million de Turcs seront chassés de Thrace occidentale.

Le Traité de Lausanne, signé en juillet 1923, annule celui de Sèvres et, le 29 octobre 1923, Kemal proclame la République, dont il est élu Président (et sera réélu sans opposition tous les quatre ans, jusqu’à sa mort, survenue en novembre 1938, par cirrhose du foie d’origine alcoolique). La Constitution est calquée sur celle de la Ière République française (celle du 22 août 1795, ou de l’An III). Le Parlement abolit le califat le 3 mars 1924, sur l’injonction de Kemal ; en avril 1924, la charî’a perd toute autorité juridique (la monogamie et l’égalité entre les sexes deviennent officielles) et le mouvement des soufis est interdit en septembre 1925 : Kemal tient sa République laïque.

Il la modernise vite et rudement (les réfractaires sont bastonnés et les rebelles pendus). Dès 1924, l’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes (la scolarisation des filles est une véritable innovation dans un pays musulman). Les vêtements occidentaux sont imposés et les chapeaux remplacent le fez, en 1925. En 1926, Kemal impose le calendrier grégorien, un Code pénal (imité de celui de l’Italie fasciste), un Code commercial (imité de l’allemand) et un Code civil (imité du suisse). En 1928, il impose l’alphabet latin, remanié pour l’adapter à la langue turque. Il s’oppose à la culture arabe et persane, imposant l’occidentalisation culturelle… il ose même patronner une édition du coran en Turc (alors que tout muslim – musulman – doit lire le livre saint en arabe, langue du prophète Mahomet).

La Constitution de 1923 avait créé un régime mixte où le Président de la République dirigeait l’État, aidé d’un Parlement qui votait et amendait les projets de lois, dont les députés étaient élus par les seuls mâles adultes (de 21 ans et plus), dans un système de pluralité des partis. En 1926, après le démantèlement d’un complot dirigé contre lui et sa répression sanglante, Kemal instaure le règne du Parti unique (le Parti Républicain du Peuple) ; en août 1930, il tente d’introduire une opposition « libérale », ce qui provoque des émeutes et l’on revient, en novembre 1930, au parti unique jusqu’en 1945. Il octroie le droit de vote aux femmes en 1934, l’année où il impose le choix d’un nom de famille à tout chef de famille turc (le Parlement lui attribue le nom d’Atatürk – l’ancêtre des Turcs).

Avec l’aide des Soviétiques, il lance l’industrialisation (timide) du pays. À l’imitation de l’Italie fasciste, il se lance dans une politique de grands travaux (routes et logements) et d’urbanisation d’Ankara, devenue capitale depuis 1920 (situation officialisée en 1923). Il préside au remembrement des terres. Le développement économique est lent, mais indéniable.

En politique étrangère, il refuse toute aventure et entretient des relations de bon voisinage à toutes ses frontières. Seuls les Kurdes (descendants des Mèdes antiques, donc ni Touraniens ni « sémites »), qui se révoltent périodiquement espérant obtenir leur indépendance du bon vouloir des Français et des Britanniques, sont durement châtiés à chaque rébellion… la haine turco-kurde et arabo-kurde est toujours perceptible de nos jours !

Ce bisexuel, débauché depuis la fin de son adolescence, est mort sans postérité (mais après avoir adopté sept filles).

Il fut, avant le dernier shah d’Iran Mohamed Reza Pahlavi, le premier chef d’État musulman à rejouer le « despotisme éclairé » du XVIIIe siècle européen… et, qu’il l’ait reconnu ou non importe peu, a instauré un totalitarisme laïc.

La destruction de la Turquie laïque entreprise, depuis 2002, par l’islamiste Recep Erdogan, est très populaire (l’homme a été réélu chef de l’État, dès le premier tour de scrutin, en 2014). L’armée tente de s’opposer à ce reniement du kémalisme. L’introduction de la Turquie dans l’Union Européenne en ferait le plus puissant « Cheval de Troie » islamique, doublant la population musulmane d’Europe qui passerait de 50 à 110 millions de fidèles (la France en contient 10 millions, ce qui est, pour l’instant, le record absolu dans les pays européens).
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