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Mercredi, 7 Décembre 2005 |
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La géopolitique plus forte que tout en Méditerranée
Jean-Marc Brissaud |
Théoriciens :: Autres
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Il est assez difficile pour des peuples résolus à prendre leur destin en main d’admettre que la géographie des terres où ils vivent déterminent tout autant leur présent et surtout leur avenir que leur volonté propre : religieuse, culturelle, politique, militaire…
C’est pourtant ce que nous ont appris les grands maîtres de la géopolitique depuis Fiedrich Ratzel jusqu’au général Heinrich Jordis von Lohausen en passant par Carl Schmitt et Albrecht Haushofer…
Cette chronique n’a pas la prétention ni d’entamer un exposé logique et rigoureux ni de donner des leçons mais de mettre le doigt sur des faits objectifs qui vont déterminer notre avenir.
Un seul continent eurasiatique
La définition de l’Europe géographique tant à l’Est qu’au Sud est purement historique et conventionnelle. Il n’existe en fait qu’un continent eurasiatique et ses dépendances…
A l’Est, l’Oural n’est en rien une frontière et seules les migrations et les invasions en ont fixé une : à Kiev face aux Tatars, à Vladivostok avec les Tsars… Aujourd’hui la Russie et le reste de l’Europe ont retrouvé leur vocation à la coopération et à la construction d’un grand ensemble géopolitique eurasiatique.
Au Sud, la Méditerranée, loin d’être une frontière est un trait d’union entre les populations des rives opposées : ce fut la mer Égée grecque de l’Antiquité, de Troie et de Milet à Spartes et Athènes ; ce fut la Mare Nostrum romaine, lac intérieure de paix et de prospérité.
Depuis les conquêtes musulmanes arabes et turques, la donne a changé : cette mer est devenue frontière et ses pays riverains objets de rivalités. Sans pour cela que l’unité géopolitique de cet ensemble soit détruit.
On sait que les puissances européennes (Grande-Bretagne, France, Italie, Espagne et même Allemagne et Russie) s’y sont installées provisoirement au cours des deux derniers siècles. Elles en sont parties sans que jamais leur influence n’y disparaisse car la géopolitique garde toujours ses exigences.
Créer une zone de coprospérité
Désormais, l’ère de coprospérité européenne passe inévitablement par une coopération avec tous les pays riverains de la Méditerranée. Tout en construisant une Europe fondée sur son identité historique, le XXIème siècle devra fonder un vaste ensemble d’États associés à cette zone de coprospérité. Attention les XXIème créent des interlignages inégaux
Il nous faut le faire très vite ; il nous faut avoir le courage politique de dire, dès aujourd’hui, « non » à la Turquie dans l’Europe politique et institutionnelle mais de ne pas la laisser quinze ans encore à la porte d’un ensemble à créer, dès aujourd’hui, avec le Maghreb puis progressivement les autres pays du pourtour Méditerranéen. Il est impératif d’inventer et de proposer à tous ces pays – et cela, il faut le répéter, dès aujourd’hui et non pas dans dix ou quinze ans – un cadre institutionnel nouveau, porteur d’espérance pour les populations qui y vivent comme pour nos économies sans croissance.
Voir dans la Turquie ou les pays du Maghreb des ennemis, des réservoirs de danger migratoires ou islamiques ou même de simples rivaux est une grossière erreur.
Qui ne comprend aujourd’hui que la montée économique de la Chine - par exemple dans le textile - touche tout autant nos pays européens que la Turquie, le Maroc ou la Tunisie ?
En effet, cet ensemble, à construire au plus vite, aura vocation à rivaliser avec l’actuel géant américain mais aussi avec les géants naissants de demain - la Chine et ses dépendances japonaises et du sud-est asiatique – et le sous-continent indien…
Nul doute que l’Européen et en tout premier lieu les Français, dont les parents ont émigré de ces pays joueront un grand rôle dans ce processus comme partenaires naturels du processus, tant en Europe que dans leurs pays d’origine.
Le principal enjeu de ce siècle
Deux objections à cela : l’immigration clandestine et l’Islam.
La première joue à saute-mouton par-dessus les frontières et nous voyons l’Europe envahie par des populations venues d’Asie et d’Afrique centrale, ruinant tous les efforts de coopération avec les populations musulmanes méditerranéennes, ici, en Europe, comme chez elles.
Le second n’est pas un problème géopolitique mais de culture et de civilisation, voire de politique ou de simple lutte contre le terrorisme.
Certes, il n'existe pas actuellement d'Islam européen réellement respectueux des espace ? « valeurs » auxquelles se réfèrent les pays d'accueil. Il n’en existera peut-être jamais et nul ne peut méconnaître les risques de conflits avec l’Islam en terre d’Europe.
Mais il faut bien concevoir que si nous avons avec eux des liens naturels, historiques, ethniques et culturels, nous n’avons aucun intérêt géopolitique commun avec les chrétiens des deux Amériques ; les musulmans de France ou d’Alger n’en ont d’ailleurs pas plus avec ceux d’Ottawa ou de Los Angeles.
Gras ! Que nous le voulions ou non, le principal enjeux de ce siècle commençant ne sera pas un illusoire choc des civilisations ni une lutte mondiale contre le terrorisme islamique qui ne profite qu’à l’unique superpuissance et à ses pseudopodes mais bien, pour nous en tout cas peuples européens, l’émergence ou non d’un ensemble eurasiatique associé dans une aire de coprospérité aux pays méditerranéens.
Si nous refusons ce nouvel enjeu historique, non seulement nous se créerons pas l’Europe institutionnelle nécessaire, non seulement nous ne sauverons pas - un par un - nos pays soi-disant « souverains » mais encore nous contribuerons à la globalisation du phénomène de mondialisation en cours.
Se voiler les yeux devant la mondialisation de l’économie, se contenter de la dénoncer par des imprécations idéologiques, quelle qu’en soit la valeur par ailleurs, ne servira à rien, il faut en combattre les effets pervers par ses propres armes. Mais c’est un tout autre débat…
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Niveau 2 :: La Lettre « Les Nôtres »
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Niveau 3 :: Résistance Hors Serie
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