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Dimanche, 21 Juin 2009
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Quelle identité ?
Claude Bourrinet
Théoriciens :: Autres
Quelle identité ?
L’identité jadis était une évidence, à tel point que l’appartenance à la chrétienté était pratiquement équivalant à une définition sui generis de la nature humaine. On disait « chrétien » pour désigner un homme. De même les Hellènes se considéraient-ils comme les représentants par excellence de l’espèce humaine qui, en tant que zoon politikon, à l’opposé du barbare, cultive la vie en cité et son expression la plus idoine, la langue grecque. Telle tribu indienne n’a d’autre terme pour se nommer que celui d’ « hommes ». Les sociétés holistes, organiques, fermées sur leurs principes, c’est-à-dire l’ordre harmonieux qui les régit et qui les relie au cosmos, manifestent cette propension à se définir comme essence humaine. Les guerres qui les traversent sont souvent inexpiables. L’Autre est rejeté dans les ténèbres de l’animalité ou de la sous-humanité. Les Slaves ont servi de gibier de servitude durant le haut moyen-âge. L’ennemi vaincu n’a le choix qu’entre l’esclavage, lorsqu’il semble encore utile et qu’il implore grâce, ou bien la mort. Cette manière de voir l’éthique guerrière n’était pas l’exclusivité des grands ensembles, mais appartenait tout aussi bien à la moindre cité arrimée à sa fierté et assez forte pour ne pas se soumettre au diktat des autres. Les Méliens en savent quelque chose. L’identité se définit ainsi dans sa composante conflictuelle, comme conscience de soi-même en opposition aux autres. Les traits discrets qui servent à se désigner sont autant de distinctions plus ou moins fantasmés. Les Chrétiens ont argué pour justifier leur supériorité par rapport aux Musulmans et aux Juifs d’une surabondance d’amour (la charité venant du cœur), affirmation qui ne fait que les engager. Les Grecs ont dévalorisé la civilisation mèdique en jugeant les apparences (par exemple, le cérémonial achéménide voulait que tout visiteur admis en présence du Grand Roi porte la main droite à la hauteur de sa bouche (proskynèse) pour manifester la reconnaissance des pouvoir charismatiques du monarque, ce qui ne manquait pas de susciter la critique des Macédoniens. Mais ce rapport de vénération politico-mystique allait être largement répandu dans le monde hellénistique – malgré le combat d’arrière-garde du malheureux Callisthène, ce qui montre que des traits distinctifs instaurant une frontière peuvent être transcendés sans dommage, puisque la civilisation grecque garderait sa spécificité, même après l’extinction de la vie civique. Des intellectuels tels qu’Anaxarque ne se firent d’ailleurs pas prier pour théoriser la relation sacrale au Basileos, et l’on sait que les Stoïciens ont élaboré l’idéologie monarchique gréco-romaine).

Il est vrai que ces mêmes Grecs reconnaissaient à leurs ennemis moyen-orientaux des qualités morales exceptionnelles, dont était doté l’adversaire d’Alexandre, Darios III. Ils savaient reconnaître chez les autres peuples des particularités, notamment spirituelles, présentes de façon éminente dans leur propre culture. Platon ne se fait pas faute de prendre souvent son inspiration dans la vénérable Histoire égyptienne. On ira même jusqu’à reconnaître chez les Celtes, par ailleurs méprisés, une haute philosophie pythagoricienne, que les druides prétendument cultivaient. Quant aux Scythes, peuplades sans cités, proche de l’animalité, ils ont pu irriguer la pensée grecque par des mythes et le chamanisme.

Si l’on évoque de nouveau les Chrétiens, il faudrait longuement commenter ce qu’ils doivent aux relations avec les Musulmans, qui, même conflictuelles, n’ont pas toujours été stériles. La fin’amor et la figure du chevalier sont de cet ordre. Il ne sert à rien de le nier. Et je ne vois pas en quoi de tels faits seraient dégradants, le déshonneur ne venant pas de ce que l’on reçoit, ni de son origine, mais de ce que l’on en fait.
On voit donc en quoi la notion d’identité peut paraître non seulement floue, mal définie, mais aussi singulièrement fragile, dans ce qu’elle a d’autosuffisance et d’aveuglement. A moins que l’on ne considère qu’elle porte comme part consubstantielle le mythe, c’est-à-dire des signes hautement culturels échappant à la réduction historiciste et scientiste, qui, sous forme de récits, de légendes, permet à ceux qui se reconnaissent en eux de communier dans un même destin. Homère, Virgile ont joué ce rôle de médiateurs entre leurs peuples et un arrière-plan épique qui posait des valeurs et des repères. La Chanson de Roland a assumé en partie cette fonction, et, dans les Temps modernes, les Grandes Révolutions ont été des fondements idéologies porteurs de sacralité.

Il paraît évident que la crise identitaire actuelle, notamment parmi les peuples occidentaux, provient de la perte de ce substrat mythique, que le XIXe siècle avait tenté de redynamiser en substituant au christianisme les notions de progrès, d’humanité, voire de race.

Notons au passage que ceux qui réduisent la définition de l’identité culturelle et politique à la race sont dépendants de structures mentales issues de la Révolution bourgeoise, du scientisme du XIXe siècle, et du mythe nationaliste, dont on sait non seulement qu’il est de création récente (le paysan lozérien de 1850 par exemple s’identifiant plutôt à sa province, et ne sachant pas parler français), et lié à la bourgeoisie ascendante, laquelle a détruit de fond en comble la société d’Ancien Régime, où subsistaient encore le larges restes de l’Ancien monde de la Tradition.
Toute identité surévaluant les traits raciaux (le Blanc, le noir etc.) ou ethniques (la musique occidentale versus la musique orientale) non seulement repose sur un terrain miné, fragile et fantasmatique, mais a le tort de se limiter à une dimension horizontale niant la véritable division entre les hommes, qui est verticale.

La réduction de l’idée identitaire à une dimension biologique, génétique, ou à la simple pigmentation de la peau, suscite quelque perplexité, à vrai dire. On peut certes trouver une unité apparente entre les Blancs, de l’Argentine à la Sibérie, en passant par New York, mais c’est affirmer qu’il existe plus de points communs entre un pêcheur chilien, un Juif de Brooklyn, un Wasp, un paysan français, un marchand hollandais, un pasteur sicilien et un pope russe, qu’entre des consommateurs blacks, latinos, parisiens et pékinois.

Le monde qui nous est annoncé est un vaste supermarché dégradé, une entreprise mondialisée, technicisée, marchandisée, matérialiste, où le petit bourgeois, dans sa version épicière ou administrative, va régner sans partage. Les spécificités liées à l’ethnie, au mode de vie, à la langue (dans la mesure où l’anglais va s’imposer sans partage) disparaîtront, au profit d’une médiocrité universelle nourrie de bassesse, de couardise devant la tragédie du monde, où le grotesque, le cynisme, l’intolérance, l’indifférenciation agressive et haineuse vont être les choses du monde les mieux partagées.

Que cette décadence ait été rendue possible par différents facteurs, dont on veut bien croire qu’ils aient parfois une origine ethnique, cela est possible, bien que chaque peuple possède en son sein de quoi détruire amplement son âme. Il n’en demeure pas moins que l’avidité matérialiste, le calcul marchand, la folie destructrice des racines ont été adoptés avec enthousiasme par des nations racialement au-dessus de tout soupçon, comme les Anglo-saxons et les Celtes. Les USA en témoignent. On peut avancer l’imprégnation puritaine, judaïsée etc., mais il n’en demeure pas moins que ces peuples ont largement reçu une idéologie contraire au génie indo-européen, et ce n’est pas sans poser des interrogations essentielles et redoutables. Et au lieu de considérer les peuples en blocs, il vaudrait mieux analyser ce que sont les fonctions, ce que l’ensemble de la pensée indienne ou grecque a envisagé dans le mythe des âges, et dans la vision tragique qui était la leur.

A partir de cette donnée cauchemardesque, non seulement possible mais probable, la ligne de partage est toute tracée. D’une part les partisans de l’esprit, de la beauté, de l’authenticité ; de l’autre ceux qui placent la force stupide, le groupe, la masse, qu’elle soit blanche, rose ou rouge comme parangons de l’excellence ; d’un côté ceux qui pensent que les racines sont dans le cosmos, qui pensent qu’on ne se suffit pas à soi-même, qui croient en l’avènement d’une aristocratie mondiale (qui se connaîtra et se reconnaîtra), et ceux qui ne font aucune distinction en le bas et le haut.

Si, par le passé, existèrent des communautés identifiables clairement conscientes de leur identité, c’est qu’elles trouvaient leur archè dans le Nomos, dans l’ordre des dieux. Ceux-ci ayant momentanément déserté le monde, nous subsistons, survivons dans le désert. Aucune comparaison n’est plus possible avec les temps anciens, qui ne vivent plus que de notre nostalgie. Le nihilisme impose d’autres données. Les vieux concepts, dont on ne saisit pas toujours l’origine douteuse, ne sont plus que balivernes. Il faut trouver nos racines dans l’invention d’un avenir. Les particularités, les différences essentielles entre peuples, dont il faut évidemment défendre la singularité, ne signifieront quelque chose que si s’unissent dans un même combat leurs représentants les plus éminents, ceux qui placent leur vision au plus haut.

Je me sens plus proche d’un griot peulh que d’un bouffeur blanc de hamburger
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