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Mercredi, 21 Novembre 2007
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Blague belge, drame wallon
Thomas Tribout
Étranger
Blague belge, drame wallon
Des lois invisibles formatent notre quotidien. Prenez Evin (plus de spiritueux sur les écrans) et Toubon (moins d’anglais sur ces mêmes écrans) et comparez avec les chaînes wallonnes : une suite de réclames alcoolisées dans la langue de Murdoch, pas même adaptées des formats anglo-saxons pour un grain de coût probablement appréciable. C’est justement sous un slogan anglais que les belges ont marché dimanche dernier pour l’unité. « I want you for Belgium ! » marque à l’évidence la volonté de ne froisser personne : ni flamingants, ni francophones, ni même les 75.000 germanophones. Il trahit sans doute aussi la détestable imprégnation de ce misérable esperanto de marchands, dans le plat pays un peu plus encore que pour l’hexagone. Mais cette manifestation d’attachement était tellement dominée par le français parlé qu’on se demande si cette précaution était nécessaire. Historiquement ça se comprend, la nation belge c’est une histoire très francophone, très française même. En 1792 et en 1830, des dates clés de son histoire, la Belgique fait écho à nos Révolutions. A tel point qu’on se demande si cet écho n’est pas un prolongement tout naturel. Si la Wallonie n’est pas une région de la « maison France », c’est un hasard de l’Histoire (1) et de la défaite. On comprend alors mieux la différence d’appréciation entre le Sud (wallon) et le Nord (flamand).

Ce qui est saisissant chez le belge de la rue, c’est son ignorance du monde politique de son propre pays. Une ignorance toute volontaire en fait, un mépris affiché qui se comprend. Les partis y sont encore plus atomisés, plus veules, plus anodins que chez nous. Alors quand l’aspirant premier ministre Yves Leterme (2), flamand militant mais francophone distingué, entonne la Marseillaise au lieu de la Brabançonne, devant les caméras, le roi et en pleine fête nationale, on pourrait penser à une bourde bien belge. On aurait tort, le couplet est volontaire. Leterme, loin d’être idiot ou inconséquent, envoie un message : la Belgique est une affaire de francophones pour les francophones. C’est qu’en Flandre, démocrates-chrétiens ou socialistes font partis d’un cartel comprenant des nationalistes. La position du Vlaams Belang sur l’identité flamande n’est pas isolée, elle traduit une réalité bien ancrée, qui, contrairement à l’immigration, ne connaît pas de tabou. Une identité tellement décomplexée qu’un flamand peut vous demander de vous taire si il perçoit quelques mots de français en Flandre. C’était le début de la crise (le début de la fin ?), dans les communes à facilités (des bourgs autour de Bruxelles mais en terre flamande, avec de fortes minorités voir une majorité de francophones) des bourgmestres (3) ont osé envoyer des imprimés en français à ceux qui le pratiquaient. Il ne s’agit donc pas pour les flamands de pouvoir parler, lire et écrire leur langue, ce qui est logique et bien compréhensible, mais de l’imposer à leurs voisins, ce qui l’est beaucoup moins… S’en suit plus de 160 jours de crise (4), cinq mois d’humiliations où des élus non flamingants sont harcelés, menacés, voir purement agressés. C’est qu’en plus de la Wallonie et de la Flandre, une troisième entité perturbe le débat : c’est Bruxelles, à l’accent très français mais inséré en pays flamand. Une scission à base nationaliste signifierait sa perte pour la Flandre : la perte d’un pôle de prospérité économique et de commandement politique (commission européenne, siège de l’OTAN…). Voilà qui explique les pudeurs confédérales ou autonomistes de la plupart des partis flamands : on ne veut plus payer pour ses « rats francophones » (ce qu’on peut lire sur les calicots) mais on veut encore de la prospère et puissante capitale européenne.

A notre modeste niveau et suivant nos grilles d’analyses, quels enseignements tirer de ce désamour qui vivote en union de raison ?

* Derrière les drames, on a beaucoup moqué les passions « nationales » en ex-Yougoslavie ou les haines entre Hutu et Tutsi, autant d’archaïsmes que les occidentaux policés étaient censés ne plus connaître. Nous constatons qu’ici, à nos portes, il n’en est rien… La nation vécue, ressentie, continue à marquer le politique, à faire l’histoire. Que le cœur du libéralisme pseudo-européen et de l’impérialisme occidental connaisse ce genre de turpitudes : voilà du renfort pour nos convictions…

* La revendication flamande est un « nationalisme de nantis » (5). Elle s’accroît d’autant que le fossé avec le sinistre post-industriel wallon se creuse. Nous assistons un peu partout sur le continent à la montée de ces « ethno-régionalismes » ultra-libéraux (Vlaams Belang mais aussi Ligue du Nord, encore récemment dans une coalition de gouvernement en Italie), avec comme corollaire évident : l’atlantisme, le philo-sionisme, l’islamophobie, la remise en cause des états nationaux et de la solidarité. Quand on connaît les projets états-uniens de recomposition du Moyen-Orient : micros états à base confessionnelle tenus par des ploutocraties pro-occidentale, il faut être idiot, autiste ou distrait pour ne pas y voir quelques similitudes…

* Un mal très français frappait et frappe les wallons : alors que le Vlaams Blok/Belang grimpait, les media traquait et exorcisait leur propre extrême-droite, pourtant pas spécialement menaçante. Aujourd’hui, l’offensive flamande ose parler de « France Belang », rejetant faute et opprobre sur les seuls wallons. On serait en droit d’attendre un peu de soutien des nationalistes français à nos frères d’outre-quiévrain. Il n’en est rien, pas l’ombre d’une tribune, pas même un mot pour notre langue bafouée. Ils étaient nombreux à vouloir marcher sur Bruxelles contre l’Islam d’Europe, pas un ne fait marcher son clavier pour la défense des français de Belgique. Il y a pourtant, plus que jamais, une main à tendre, mais nos libres gaulois préfèrent lever le bras devant les succès électoraux de Dewinter. La brutalité germanisante a décidemment du charme pour ces ataviques soumis.

notes

1 Voir un « accident » pour l’historien belge Henri Pirenne.

2 «Les francophones ne sont pas en état mental de parler le flamand » : ou comment faire porter à une communauté le poids et les errances du passé. Les flamands ayant eux aussi été dominés par une bourgeoise francophones et francophiles. Les wallons ne parlaient pas à la base le français mais une série de patois.

3 Le système des municipales diffère du nôtre, le bourgmestre est nommé par le ministre compétent, même si la tradition (et la logique démocratique) veut qu’on le choisisse dans la liste majoritaire.

4 Cinq mois de non-gouvernance sans que le pays soit spécialement perturbé dans sa vie quotidienne. Ce qui en dit long sur la prépondérance du libéralisme. On se demande si le politique tient encore un rôle, si ce n’est un rôle de fiction ?

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Goulag 23/02/08
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