Les conséquences de Falloujah pire que celles d’Hiroshima ?
La ville de Falloujah, située à soixante-dix kilomètres à l’ouest de Bagdad, fut, du 6 au 29 novembre 2004, le théâtre d’une violente opération militaire américaine contre la résistance baasiste. Le bilan des combats, très violents, fut lourd et la prise de la cité coûta la vie à une centaine de GI’s et à quatre mille irakiens dont plusieurs centaines de civils. Les choses ne se sont, cependant, pas arrêtées là et, six années plus tard, nombreux sont les habitants de Falloujah, principalement des enfants, qui décèdent toujours des suites des combats. Victimes indirectes de ceux-ci, ils développent des pathologie incurables dues à l’usage par l’US Army de munitions contenant de l’uranium.
Le quotidien britannique The Independant a été un des rares médias occidentaux à rendre compte récemment de l’étude menée, en janvier et février dernier, sur 5000 habitants de la ville martyre par le professeur Chris Busby, le spécialiste britannique le plus réputé en matière de maladies cancerigènes. Elle confirme ce dont se plaignaient, depuis 2005, les médecins de Falloujah : le taux de cancer y a été multiplié par quatre chez les adultes et par douze chez les enfants. Les leucémies tout particulièrement ont été multipliées par trente-huit, soit le double de ce qui fut constaté parmi les survivants d’Hiroshima au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Et ce n’est pas tout, le nombre des bébés naissant hydrocéphales, acéphales, dépourvus de membres et de certains organes, etc. a explosé. Ainsi, et ce n’est qu’un exemple, l’incidence d’anophtalmie (absence d’yeux) dans les maternités de Falloujah est 250.000 fois plus élevée que l’occurrence moyenne habituelle. Pour , Chris Busby c’est l’indication sans équivoque d’« un dommage génétique lié à une exposition majeure à un élément mutagène ».
Celui-ci est, de toute vraisemblance, l’uranium appauvri utilisé par l’armée de l’Oncle Sam pour renforcer la puissance de pénétration de ses obus bien que son usage soit condamné par une résolution des Nations Unies de 1996. Les militaires américains affirment qu’il n’y a pas de raison qu’ils s’en privent puisque l’uranium appauvri n’est pas nocif. Les Irakiens prouvent par leurs pathologies le contraire, et, selon les termes même du Professeur Busby, les conséquences de son utilisation lors de la prise de Falloujah sont proportionnellement plus dramatiques que celles causées par l’utilisation de l’arme atomique à Hiroshima et Nagasaki.
La mort lente dans les Balkans
Les troupes américaines on eu recours pour la première fois à des projectiles à l’uranium appauvri en 1991, lors de la guerre du Golfe. Avant d’en faire usage contre Falloujah, treize ans plus tard, elles les utilisèrent en Europe, à deux reprises, lors de leurs intervention en Yougoslavie en 1995 et 1999.
Durant l’hiver 2008, le docteur Mirjana Andeljkovic-Lukic a publié à Belgrade le livre Les Cadeaux de l’ange de miséricorde dans lequel elle rend compte de ses études de terrain et des constatations de ses collègues. Tous notent dans les zones qui ont été pilonnées par les avions de l’OTAN avec des missiles à l’uranium appauvri une augmentation des cancers qui va de 50% dans la région de Bujanovac à 200% dans celle de Kosovska Mitrovica. Pire, le pédiatre Liljana Pejcic relève que les enfants y sont anormalement atteints de troubles cardiaques, de diabète, de cancer et de leucémie. Ce qui fait dire à Adnan Salihu de la polyclinique de Bujanovac : « Notre environnement est pollué de manière irréversible. La population entière verra plusieurs générations successives porter les marques de l’irradiation de leurs aînés. Nous vivons un Hiroshima au ralenti. »