Si l’été a été et continu et continu d’être rude pour le ministre du Travail Éric Woerth, ce mois d’août voit l’ancien président Jacques Chirac rayonnant. On le serait à moins. L’accord signé avec la Mairie de Paris sonne comme un formidable pied de nez à la Justice française, soit comme l’a immédiatement commenté l’euro-député Eva Joly : “Un mauvais deal au très haut niveau qui traduit encore un mépris de la justice.”
On pourrait certes faire remarquer à la possible future candidate écologiste à la fonction suprême que ce “mauvais deal” de date pas d’aujourd’hui. Il avait été signé par la quasi totalité de la classe politique en 2002. La France avait alors à choisir entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Les troupeaux auto-proclamés défenseurs de la démocratie outragée tout autant que de la République en danger défilaient allégrement en beuglant qu’il valait mieux “un voleur” qu’“un facho” à l’Élysée.
Le verdict des urnes avait ensuite été rendu au mépris de la décence publique. Qu’il soit bientôt confirmé par celui d’une justice bafouée n’en est que la conséquence tardive.
En revanche, il est cocasse de voir comment le “scandale Chirac” est brusquement devenu le “scandale Delanoë”. Scandale en passe d’éliminer définitivement l’actuel Maire de Paris de la course aux candidats potentiels à l’investiture socialiste… et à donner du Parti à la rose la plus vilaine des images : celle de la magouille à travers de tels “petits arrangements”.
L’escroquerie dont ont été victimes les contribuables parisiens passent ainsi au second plan : ne reste plus que “l’accord entre copains-coquins” qui débouche, si on réfléchit bien, sur une nouvelle escroquerie – la même ! – aux contribuables de toute la France désormais : l’UMP va régler la majeure partie des 2,2 millions d’euros de dommages et intérêts réclamés par la Mairie de Paris en puisant dans ses ressources qui proviennent… du financement public des partis politiques, on a trop tendance à l’oublier !
Ça rappelle désagréablement les paroles d’une chanson(1) d’il y a quelques décennies qu’on pourrait facilement adapter à la situation :
Et tout ça fait
D’excellents français
D’excellents électeurs
Qui votent au pas
En pensant que la République
C’est encore le meilleur régime ici-bas.
Et tout ces gaillards
Qui pour la plupart
N’étaient pas tous du même avis politique
Les v’là tous d’accord
Quelque soit leur sort
Ils désirent désormais
Qu’on arrête de les faire cracher
Au bassinet de toutes les canailleries politiques…
… n’est pas dame Bettencourt qui peut !
(1) “Ça fait d’excellents français” (Jean Boyer - Georges van Parys-1939). En pleine Drôle de Guerre, cette chanson était le morceau de bravoure de Maurice Chevalier pendant ses tournées dans le cadre du théâtre aux armées. Dans la salle, c’était du délire.
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