L'actuel ministre des Transports, fin politique et expert des dossiers sociaux, tient la corde pour remplacer son collègue de la Rue de Grenelle, sur le départ.

Drôle de baisser du rideau gouvernemental avant la pause d'août ! Alors que le dernier Conseil des ministres s'est tenu hier, les couloirs ne bruissaient que de cela : le départ au pire moment de François Rebsamen.
Comme nous le révélions dans nos colonnes jeudi, l'actuel ministre du Travail souhaite reprendre les clés de la mairie de Dijon.
« Il a fait le choix du cœur », confie un proche, désarçonné par le décès impromptu en début de semaine d'Alain Millot, ancien premier adjoint devenu maire de la ville à la suite de l'entrée de François Rebsamen au gouvernement en avril 2014. Un événement qui a « précipité les choses ». Car, s'il remporte la mairie de Dijon à l'issue du vote du conseil municipal prévu le 10 août, « Rebs » devra quitter son poste au gouvernement, non-cumul des mandats oblige. Selon nos informations, l'Elysée et Matignon se donnent une quinzaine de jours pour lui trouver un remplaçant.
Sale temps pour François Hollande, qui doit se séparer d'un fidèle d'entre les fidèles et essuie en plein milieu de l'été un nouveau coup dur venu de la Rue de la Grenelle. Là où se niche le très stratégique QG du ministère du Travail chargé d'inverser la courbe du chômage. « Ça fait vraiment désordre aux yeux de l'opinion », confesse un socialiste. Un couac de plus, quelques jours à peine après les déclarations polémiques de Rebsamen sur la « stabilisation » en trompe-l'œil des chiffres du chômage de juin (nos éditions du 29 juillet). Rude défi aussi pour le prochain ministre du Travail qui devra prendre le poste au vol. Et essuyer les plâtres avec des dossiers très délicats à piloter immédiatement : réforme des retraites complémentaires, négociation de l'assurance chômage et conférence sociale en octobre.
« Le job est compliqué. La réélection de Hollande est gagée sur le recul du chômage. Pas question que ce soit un bleu ! » lance un député, inquiet. Le profil du poste, déjà défini en haut lieu, est exigeant : un homme respecté des partenaires sociaux, patronat et syndicats ; capable de mettre de l'huile dans les rouages du dialogue social ; qui connaît déjà parfaitement les sujets sociaux ; pragmatique ; fin politique... Les noms sérieux qui circulent sont peu nombreux. Celui d'Alain Vidalies, actuel ministre des Transports, tient la corde. « C'est le technicien, compétent, solide, qui connaît très bien les dossiers. Il a une bonne image auprès des partenaires sociaux. Quelqu'un d'armé pour ça », juge un proche du président. « Un fin négociateur », ajoute un conseiller. Autres noms cités, celui du député aubriste Jean-Marc Germain (plutôt appelé à rejoindre l'équipe gouvernementale à la fin de l'année) et celui de Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. « Il est sous-employé. C'est un jeune bien sous tous rapports, qui s'est toujours intéressé au social. Ce serait un beau symbole », dit de lui un fidèle de Hollande. Quoi qu'il en soit, il ne s'agira pas d'un remaniement mais d'un « remplacement poste pour poste », insiste-t-on à l'Elysée.