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Lundi, 1 Juin 2009
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Internet et vide politique
Claude Bourrinet
Tribune libre
Internet et vide politique
L’entrée en XXe siècle n’offre pas d’ouverture, terme à prendre dans tous ses sens, plus distordue et biaisée que celle qui nous glisse, sans qu’on en ait la conscience très nette, comme une fugue vicieuse, dans ce voyage célinien en plein cœur de la nuit. L’attaque polyphonique du roman dont la fable anamnestique s’inscrit dans ce crépuscule guerrier qui engloutira l’Europe dans la décadence, donne la tonalité vérace d’une époque avide de mots. Deux personnages beckettiens avant l’heure, deux compères liés comme un chiasme, miment un affrontement dans un café devant les pages ouvertes d’un journal, le Temps, et déblatèrent leurs opinions bien senties avant de se contredire avec autant de zèle. Si tout ne se terminait en flot de sang, cette logorrhée dirait tout le vide des Temps modernes, lesquels, selon le dogme enfin admis de l’infaillibilité de la vox populi, fuctuat nec mergitur sur la grise mais remuante volonté d’un peuple, nouveau Roi, dont les ministres font semblant d’être les courtisans.

Le pessimisme célinien, comme tous les pessimismes, touche le point douloureux, là où ça gratte et fait mal. Car derrière ces prises de parole interminables tente de s’articuler l’hypertrophique prétention du petit moi, qui se donne à entendre pour se persuader qu’il n’est historiquement pas grand-chose. Et il ne s’aperçoit pas, ce friselis sociologique, qu’en tourbillonnant avec ses misérables arguties et ses accents à la Déroulède, il nourrit la tempête qui le noiera. Telle est la tragédie contemporaine, qui n’a plus besoin des dieux pour périr dans les destins les plus ironiques.

C’était donc vraiment un coup de génie d’indiquer, du coup de plume du romancier, le leitmotiv d’un nouveau siècle. Les opinions ne connaîtront que les crises de surproduction, qu’elles assumeront à l’unisson sur les places publiques ou les champs de batailles, à moins que ce ne soit dans les camps, avant que l’épuisement et les plaisirs sucrés ne les agglutinent dans cette mélasse universelle qui prolifèrent dans la logosphère actuelle.

Il semble évident que, dès lors qu’aucune voix extrahumaine ne se fait plus entendre, les consciences se heurtent dans un mouvement brownien comme des particules en suspension dans un liquide ou un gaz, maintenant un semblant de cohérence par une accélération permanente de leurs interactions en danger de vide, ce qui ne manquerait pas d’occasionner un surcroît de chaleur humaine, la chaleur étant, selon Benjamin Thompson, « un mouvement intestin ou vibratoire des parties constitutives des corps chauffés ». L’invention d’outils de communication de plus en plus performants, leur multiplication exponentielle, le ravissement des attentions par l’ogre multimédia et virtuel, auraient dû favoriser l’agrandissement et l’approfondissement d’un univers interrelationnel plein de sens. On pensait avoir abouti là à l’état ultime de la démocratie directe, spontanée et libertaire, ludique et constructive, grâce à laquelle se seraient conciliés individu et collectivité. Une communauté mondiale illimitée et puisant dans l’active collaboration des utilisateurs paraissait donner corps aux utopies les plus ambitieuses.

Mais la chaleur dégagée par cette agitation protéique est froide, glacée, morte. La solitude suinte des écrans, les besoins insatisfaits, les opinions infestent les blogs de narcissiques infatuations, les images hurlent l’absence réelle, les misères se déversent, les perversions et les délires compassionnels s’y déposent comme une boue ayant trouvé son lit.
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