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Fascisme, Fascismes, National socialisme
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26/11/03 |
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9.02 t.u. |
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Thomas Stahler |
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Dès 1942, Himmler abandonne cette idée et développe le pan-aryanisme en intégrant de nombreux européens, et même des nationalistes indiens, dans la Waffen-SS. Dès 1943, il étend son pan-aryanisme à certains Slaves, Ukrainiens et Biélorusses surtout, mais aussi aux Caucasiens, formant par exemple une Légion Arménienne. Enfin, en 1944, son pan-aryanisme concerne les Russes, qui ne sont plus vus comme des sous-hommes. S’il avait soutenu dès 1942 l’action de Vlassov, ce qu’il n’a pas fait avant 1944, le cours de la guerre eut probablement été changé, de la même façon que s’il avait su mettre en place un gouvernement fasciste en Pologne, au lieu de pratiquer une terrible répression antipolonaise. C’est par un racialisme mal orienté que le fascisme allemand a été vaincu. Son antislavisme primaire, son rejet des Russes, sont les grands responsables de Mai 1945.
L’antisémitisme fasciste a connu en Allemagne une vigueur sans précédent à l’époque moderne, rappelant l’antisémitisme antique des Grecs et des Romains. Il a dépassé en force l’antisémitisme de la Garde de Fer roumaine ou des Centuries Noires russes. La «shoah» pourrait être qualifiée de «Bar Koshba II».
En l’an 70 de notre ère, les empereurs Vespasien et Titus exterminent près de deux millions de Juifs. En 135, la révolte juive de Bar Koshba est matée dans le sang par l’empereur Hadrien, causant la mort d’un demi-million de Juifs, et aboutissant à la destruction de Jérusalem et à la construction d’une ville païenne, Aelia Capitolina, sur ses fondations. Il ne faut pas non plus oublier les nombreux pogroms en Syrie, en Anatolie et en Egypte. Déjà sous Tibère, les Juifs de Rome avaient été déportés en Sardaigne et exterminés. Et sous Claude, ils avaient été expulsés. Enfin, sous Trajan, la communauté juive d’Alexandrie fut décimée après qu’elle se soit révoltée contre l’empire. Hitler, avec des moyens modernes, s’inscrit dans cette démarche. Il refuse de choisir l’expulsion de masse vers la Palestine, croyant au danger d’un nouveau foyer juif et de toute façon irréalisable en temps de guerre. Proudhon avait dit que le choix pour le problème de la «race juive» était de «la renvoyer en Asie ou l’exterminer» ; Voltaire quant à lui s’était contenté de souhaiter leur expulsion vers la Judée. Hitler, refusant le premier choix, applique logiquement le second, considérant cette race «ennemie du genre humain» (Tacite). Son antichristianisme n’aboutit pas, comme chez l’empereur Julien, à s’allier avec les Juifs contre l’Eglise car il voit dans le christianisme une manoeuvre juive. Julien le pensait vraisemblablement aussi mais son réalisme l’avait obligé à une alliance, contre-nature, entre les Païens et les Juifs. Hitler parle de «Julien le Fidèle» et de «Constantin le Traître» montrant qu’il n’a pas oublié Julien.
L’antisémitisme d’Hitler est fort distinct de l’antisémitisme chrétien. Certes, dans ses Propos de Table, il parle à un moment de Jésus comme du fils d’un soldat romain d’origine gauloise et d’une juive et voit dans «l’anticapitalisme de Jésus», c’est à dire dans la dénonciation des marchands du temple, la justification de sa mort, tué par les Juifs. C’est le seul propos vaguement chrétien. Dans Hitler m’a dit de Rauschning, Hitler dénonce l’idée d’un Jésus aryen; il y voit un «bluff judaïque».
En réalité, Hitler, en nietzschéen, est un antisémite païen qui voit dans les Juifs les pères spirituels du christianisme, du bolchevisme et du capitalisme. Il les accuse non du meurtre de Jésus mais de celui des religions aryennes antiques dont il est nostalgique sans pourtant partager les opinions rénovatrices de Rosenberg et Darré. Il croit également à l’opposition éternelle entre l’Aryen, «ce Prométhée du genre humain» (Mein Kampf), et le Sémite, et dont toute l’histoire serait faite. Ainsi, ce combat millénaire se retrouverait en Egypte, en Perse; la Grèce contre la Phénicie, Rome contre Carthage c’est l’Aryen contre le Sémite, de même le paganisme contre le christianisme. L’opposition entre le monde «juif», à savoir l’Occident libéral, l’Union soviétique et leurs dominions, et l’Europe fasciste, s’inscrirait dans ce schéma.
L’extermination de près de six millions de Juifs s’explique par une véritable «théologie» dont les influences sont davantage le ragnarök où le Wotan aryen combattra le Loki sémite, influences wagnériennes dont on connaît leur rôle sur Hitler, que l’opposition entre Dieu et le Diable du christianisme. Si Hitler évoque une puissance supérieure, un «seigneur», c’est plus Wotan, ce Dieu à la lance, dont il a «hérité» du caractère coléreux et impitoyable. La shoah est donc, au même titre que les shoahim de l’antiquité païenne, motivée par des raisons aussi religieuses que raciales.
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