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Vladimir Poutine est-il fatigué ?

La figure de Vladimir Poutine est la plus prestigieuse dans le monde des antisystèmes. Mais ce prestige est-il (encore) mérité ? Les risques incessants de guerre totale, l’affaire ukrainienne, les mérites limités de l’économie russe (Poutine est-il trop libéral, comme le regrette Shamir ?), le maintien des oligarques en place (voyez Sheffler, Abramovitch, Ousmanov, Melnichenko, voyez les super-yachts de ces braves gens, voyez le gendre de Poutine évoqué ici), tout cela ne mérite-t-il pas une analyse serrée ? Entre la russophobie et l’adoration du fan, y a-t-il une place pour un objectif point de vue ? D’ailleurs la russophobie n’a-t-elle pas décliné depuis que le Donald a pris la place du « maître du Kremlin » dans les sondages d’impopularité de notre occident déjanté ?

Un commentateur de Unz.com (pas vraiment un site pro-système !) a mis les pieds dans le plats et enragé une partie de ses lecteurs. Il s’agit d’Anatoly Karlin. Il écrit à propos de l’émission de télé qui oppose un parterre de questionneurs à l’éternel numéro un russe :

« J’ai l’impression que Poutine a commencé à décliner en tant que leader, en commençant par sa façon de parler. Bien qu’il ait commencé sa présidence comme un médiocre orateur, il avait évidemment obtenu des frais de scolarité, et il était devenu meilleur à la fin de son premier mandat. Au cours des deux dernières années, cependant, cela a commencé à s’inverser. Je pensais que les Q & A décevantes de l’année dernière auraient pu être une exception, mais cette année confirme que c’est une tendance. »

Pour Karlin, Poutine, qui est en place depuis près de vingt ans tout de même, manque maintenant de vista, de vision, d’ambition :

« Mais beaucoup plus inquiétant était le contenu, qui n’a pas permis d’articuler une vision cohérente pour les prochaines années et a révélé une complaisance alarmante par rapport à la politique étrangère et aux autres problèmes sociaux brûlants de l’époque. »

Anatoli Karlin regrette la faiblesse de la Russie en Ukraine et trouve qu’on en a fait trop pour la Syrie :

« Cela a été reflété dans les commentaires de Poutine sur l’Ukraine, où il a tenté d’opter pour un autre « mnogokhodovochka » (échecs 4D). En réponse à un Russophile de Kiev, lui demandant pourquoi il ne fait plus pour soutenir les sympathisants russes en Ukraine, Poutine lui a dit: «Nous ne voulons pas apporter de soutien public, parce que nous ne voulons pas vous nuire et Nous essayons de ne pas nous impliquer dans les affaires politiques ukrainiennes internes « . Pendant ce temps, des centaines de sympathisants russes continuent à pourrir dans les prisons du régime. Avec des amis comme ceux-ci… »

Karlin enfonce le clou :

« Pendant ce temps, la seule question légitime à propos de l’Ukraine – « Lorsque vous secouez la main de Poroshenko, vous n’avez pas peur de vous salir avec le sang des gens du Donbass? » – a été retirée de l’écran en quelques secondes. »

Karlin rappelle la corruption inhérente au système russe, que n’aura guère contesté Poutine :

« Mais il a ensuite poursuivi avec une suggestion à Poroshenko que s’il voulait vraiment être européen, il devrait se séparer de ses comptes à l’étranger. Pas mal, mais il aurait été plus convaincant que les élites de Poutine ne soient pas incluses dans des schémas analogues – en effet, les papiers de Panama, qui ont révélé les comptes offshore de Poroshenko, ont également révélé des actifs de 100 millions de dollars liés à Roldugin, un ancien ami de violoncelle De Poutine, qui est parrain de sa fille. Dans les Q & A de l’année dernière, Poutine avait maladroitement expliqué ces comptes comme ayant servi pour acheter des instruments historiques rares pour les jeunes musiciens russes talentueux. »

Poutine accuse mollement les médias :

« Parlant d’enquêtes anti-corruption: «Nous savons tous que, malheureusement, les médias en général et Internet sont également utilisés pour diffuser de fausses nouvelles, au service de la lutte politique. Que faire, c’est la vie, il n’y a rien d’inhabituel ici.»

Plus grave selon Anatoli Karlin :

« Pas de nouvelles idées audacieuses sur la politique sociale, économique ou étrangère. Il y a eu une déclaration vague selon laquelle une transition vers un «nouvel ordre technologique» était nécessaire, mais pas d’autres détails. »

Poutine se semble pas se rendre compte de l’hostilité qu’il a suscitée par son annexion de la Crimée (la Crimée pouvait avoir été donnée par le pauvre Khrouchtchev, elle était quand même ukrainienne sur le papier). Karlin encore :

« Poutine a commenté que la Russie a «de nombreux partisans» aux États-Unis, peu importe alors que l’approbation de la Russie aux États-Unis soit à des niveaux de bassesse record et que, ce même jour, il y avait un vote bipartisan de 97 sur cent au Sénat pour poursuivre les sanctions contre la Russie). »

On peut rappeler que Medvedev fut reçu enthousiaste par Condoleeza Rice à Yale…

Karlin n’est pas non plus satisfait de cette opération syrienne (et qui le serait sans rire ?) :

« La répétition des vieux topos. « Nous devons renforcer les forces armées syriennes ». Pendant ce temps, plus d’un an après le début de l’intervention russe, la grande majorité de la SAA reste militairement inutile… avec de plus en plus de mercenaires russes dans la Compagnie Wagner. »

Karlin continue, sur les prochaines élections :

« Bien que les élections présidentielles aient moins d’un an de distance, il est maintenant clair que Poutine ne semble pas avoir d’idées, de plans ou de visions nouvelles pour l’avenir à long terme, en dehors de la faiblesse et peut-être en espérant que les appareils d’état dans le Les États-Unis et l’Europe de l’Ouest continuent de se dégrader encore plus vite qu’en Russie. Il est assis sur ses lauriers d’approbation de 80%, son statut de candidat «inévitable» assuré. »

Karlin conclue :

« Nous avons un nouveau Brejnev. »

Sauf qu’un commentateur russe explique froidement que du temps de Brejnev on avait un bon cinéma, une vraie puissance mondiale, pas d’inégalité, un bon taux de natalité (il reste exécrable), pas d’immigration de masse à Moscou et en Russie, une vaillance technologique, enfin pas plus d’alcoolisme qu’aujourd’hui, alcoolisme conforté par la drogue, le crime, les conflits ethniques, dans oublier les affreux problèmes de logement ! Comme le rappelait un de mes collègues de Pravdareport.com, il faut 150 ans de salaire moyen pour être propriétaire à Moscou…

Sources

  • Presidential Q&A: Bye Putin, Hi Putlet (Unz.org, 15/6/2017)
  • Tetyana et Nicolas Bonnal – Le cinéma soviétique et le folklore slave (Amazon.fr)

Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles chez:

  • AVATAR Diffusion (lien)
  • Amazon France (lien)

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