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Les Hauts & les Bas des PsyOps occidentalo-centrées ! [2]

La Propagande de guerre est, comme sa maison-mère, la Guerre tout court, une maison difficile à tenir. En quelque sorte, elle ne s’use que lorsque l’on s’en sert. Au point où nous en sommes, la belle a plus l’allure d’une vieille maquerelle vieillie sur le trottoir où l’expédient, tous les matins, ses commanditaires & sponsors que d’une jouvencelle aux atours prometteurs. Avec à la clé quelques ratés qui feraient sourire si les fronts de lutte contre la terreur takfirî n’étaient pas si coûteux en vies humaines. 2ème Partie.

« Ni oubli, ni pardon, ni reconnaissance diplomatique, ni négociations. Destruction du pseudo-État islamique. Totale. Partout. Maintenant ».
Une amie Internaute sur Facebook. Dorénavant, cette phrase sera notre Delenda Carthago est1.

| Q. Quid de l’Affaire des frappes chimiques de l’aviation syrienne ?

Jacques Borde. Frappes attribuées à l’aviation syrienne ! Ce qui n’est pas du tout la même chose. Le soufflé médiatique concoctée dans les cuisines des Renseignements britanniques s’est effondré à peine sorti du four. En fait, plusieurs choses sont à relever :

1ère Etape. Encore une fois, tout est parti de Londres. Plus précisément de l’agence Reuters qui, citant l’OSDH, a prétendu que « des appareils appartenant au gouvernement russe ou syrien » ont attaqué avec des armes chimiques la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib. Sauf que, dans son message d’origine, l’OSDH mentionnait seulement l’existence de frappes aériennes sans indiquer leur appartenance. En bon français, une belle PsyOp made in Britain.

2ème Étape. La réponse russe : le ministère russe de la Défense, accusant Reuters de de déformer (intentionnellement?) « les premières informations propagées par la source [l’OSDH] », a clairement fait savoir que ses appareils « n’ont mené aucune frappe dans la zone de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib. En annonçant l’implication des avions russes dans le bombardement de Khan Cheikhoun avec des armes chimiques, l’agence britannique Reuters a réussi à déformer les premières informations propagées par la source, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui n’avait rien dit à ce sujet ».

3ème Étape. Les explications : le ministère russe de la Défense de nous apprendre qu’une frappe aérienne dans la province d’Idlib a bel et bien été réalisée, mais :

1- par l’Al-Qūwāt al-Jawwīyä al-Arabiya as-Sūrī (FAAS);
2- Il est sûr, à 99,99% que les Russes n’ont dans leur arsenal militaire projeté en Syrie aucune arme chimique d’aucune sorte ;
3- sur un « entrepôt de munitions et d’équipements militaires, et contenait de substances toxiques ». « Selon les données objectives du contrôle russe de l’espace aérien, l’aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste ». Il abritait « un grand nombre de munitions et des terroristes… ainsi que les munitions d’armes chimiques qui avaient été apportés d’Irak ».

Ce qui, au passage, implique ad minimo l’incapacité des forces de coalition occidentalo-centrée à empêcher ce transfert…

Côté syrien, le vice-ministre des Affaires étrangères, le Dr. Fayçal Al-Meqdad, a rappelé que l’arsenal chimique syrien a, lui, été démantelé en 2014. Ce qui a été confirmé à plusieurs reprises par, notamment, des SR occidentaux…

| Q. Quelles conséquences va avoir cette affaire ?

Jacques Borde. Pratiquement aucune, en fait. La PsyOp a échouée. En toute logique la diplomatie russe devrait se réveiller et bloquer la résolution onusienne que va immanquablement nous pondre le camp occidental au Conseil de sécurité des Nations-unies. Aucun véritable intérêt.

À noter toutefois :

1- l’effacement de la diplomatie russe, justement. Le cabinet de l’insignifiant Lavrov (sorte de clone Jean-Marc Ayrault) a été incapable de réagir à la PsyOp des SR britanniques embrayant au quart de tour sur ce qui s’avère être une frappe de la FAAS sur un dépôt d’armes terroriste takfirî – à 99% un dépôt de Jabhat an-Nusrah li-Ahl ach-Chām3, selmble-t-il – ou était stockées des armes chimiques.
2- la confirmation de la confiscation de la diplomatie russe au Levant par les militaires. En toute honnêteté une excellente chose. L’aberrant en cette affaire est que le président russe, Vladimir V. Poutine, puisse continuer à laisser sa diplomatie en des mains aussi incompétentes que celles de Lavrov…
3- encore une bonne chose (qui sait) : la fausse opposition syriennne – des adeptes de la terreur takfirî comme les autres, rappelons-le – pourrait lâcher les pourparlers de paix.

Ce que la mollesse géopolitique du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï V. Lavrov encore une fois, n’aura obtenu, les bombes de la FAAS y parviendront peut-être…

| Q. Qu’est-ce qui vous permet de dire ça ?

Jacques Borde. Les propos de Mohammad Sabra, qui représentait l’opposition (sic) au dernier round de négociations à Genève fin mars.

« Ce crime remet en cause l’ensemble du processus de paix (…) Si l’ONU est incapable d’empêcher le régime de commettre de tels crimes, comment faire avancer un processus politique en vue d’une transition [en Syrie] ? ».

Si lui et ses amis pouvaient aller jusqu’au bout de leur raisonnement et abandonner la table des négociations…

| Q. Comment réagissez-vous à ce qui s’est passé à Saint-Pétersbourg ?

Jacques Borde. Un peu comme tout le monde je pense. Mais ce que j’espère, surtout, c’est que les Russes vont se réveiller.

| Q. Pourquoi dites-vous ça ?

Jacques Borde. Parce qu’entre une certaine routine sur le terrain et les inutiles pourparlers d’Astana-Genève qui ne mènent à rien de bon, nos amis russes ont un peu, excusez l’expression, le nez dans le guidon

| Q. Et où voyez-vous de la routine ?

Jacques Borde. Dans une guerre qui dure, il y a toujours une forme de routine qui finit par s’installer. C’est comme ça. Tout le monde pense à 14-18, mais je vous vais donner un exemple plus approprié à notre sujet :

La Guerre d’octobre de 1973. Elle vint rompre cette routine qui s’était installé entre les forces égyptiennes et hiérosolymitaines dans leur face-à-face : aucune vraie décision, aucune percée. Les Historiens ont appelée ça la Guerre d’Attrition ou Guerre d’Usure (une des guerres les plus coûteuse en hommes pour Tsahal). Quasiment peu traitée par l’historiographie française, à l’exception de quelques-uns, comme Pierre Razoux4.

1973 permit de renverser la table. Et, que ce soit pour les Égyptiens et les Israéliens, rien ne sera plus comme avant.

Du côté du Caire :

1- les Égyptiens vont récupérer le Sinaï ;
2- prouver leur valeur militaire ;
3- obtenir le premier traité de paix israélo-arabe.

Du côté de Jérusalem :

2- les Israéliens y consolider, de manière incontestable et définitive, leur statut de 1ère puissance militaire au Levant ;
2- se débarrasser d’un Sinaï arabe plus un boulet qu’autre-chose ;
3- geler définitivement leur Front Sud grâce à la paix avec la 1ère puissance militaire arabe.

| Q. Et, par comparaison, les Russes n’en sont pas là, je suppose ?

Jacques Borde. Vous supposez bien. Lorsque je dis que les Russes ont le nez dans le guidon…, je veux dire par là que :

1- même si les Russes ont, avec la Vozdushno-Kosmicheskiye S’ily (VKS)5, une de plus fortes composantes aériennes (de loin la plus efficace) face aux armées terroristes que sont Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)6 et Al-Jayš al-Fateh (Armée de la conquête)7, ce dispositif est notoirement insuffisant ;
2- il n’y a quasiment pas de troupes au sol russes. Seuls des paras et des Spetsnaz8. Et la décision de faire assurer par des contingents russes la sécurité des principales agglomération chrétiennes vient à peine d’être prise.
3- ce dernier dispositif, et c’est là bien sûr son principal défaut, reste défensif ;
4- les Russes se sont englués à Astana-Genève dans des discussions stériles avec de supposés opposants modérés qui ne valent même pas le prix de la corde avec laquelle il faudra les prendre un de ces jours.

| Q. Que doivent faire les Russes ?

Jacques Borde. La guerre, mais la guerre totale.

Primo. Les derniers fiefs takfirî doivent écrasés avec des moyens bien au-delà de ceux qui ont été engagés lors des Batailles de Grozny. Un Choc & Effroi à la russe, pour reprendre le titre de l’ouvrage Shock & Awe: Achieving Rapid Dominance de Harlan K. Ullman & James P. Wade9….

Secundo. L’autoproclamée et fausse opposition syrienne doit être neutralisée (sic) sur le champ et ces pourparlers grotesques doivent être abandonnés.

Lors de la Grande Guerre patriotique, il n’y avait rien à négocier avec les Hitlériens. Aujourd’hui, il n’y a rien à négocier avec les nazislamistes takfirî.

La victoire finale, croyez m’en, sera à ce prix et pas un autre !…

Notes

1 En français : Il faut détruire Carthage, ou plus littéralement : Carthage est à détruire). Selon la tradition, Caton l’Ancien prononçait cette formule à chaque fois qu’il commençait ou terminait un discours devant le Sénat romain, quel qu’en fût le sujet.
2 Force aérienne arabe syrienne.
3 Ou Front pour la victoire du peuple du Levant, ou de manière abrégée Front al-Nosra.
4 Pierre Razoux, La Guerre israélo-arabe d’octobre 1973 : une Nouvelle donne militaire au Proche-Orient, Paris, Économica, 1999 (ISBN 2-7178-3813-9).
5 Ou Forces aérospatiales russes. Créées le 1er août 2015 suite à la fusion de la Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï (VVS, armée de l’Air) avec les Voïenno Kosmicheskie Sily ou (UK-VKS, Troupes de défense aérospatiale.
6 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
7 Coalition articulée autour d’an-Nusrah li-Ahl ach-Chām (Front Al-Nosra), le bras armé d’Al-Qaïda en Syrie. Se compose, pour être complet, de : Ahrār ach-Chām (Mouvement islamique des hommes libres du Cham), Jund al-Aqsa (Les soldats de Jérusalem), Liwāʾ al-Haqq, Jayš al-Sunna, Ajnad ach-Chām et de la Légion de Cham.
8 Spetsnaz est la contraction de Spetsial’noïe Naznatchéniyé (nom complet Voyska Spetsialnogo Naznacheniya forces à désignation/but spécial).
9 Doctrine basée sur l’écrasement de l’adversaire par l’emploi d’une très grande puissance de feu, la domination du champ de bataille, et des démonstrations de force spectaculaires destinées à paralyser la perception du champ de bataille par l’adversaire et annihiler sa volonté de combattre.

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