Dans le terrorisme made in CIA, la palme du ridicule, et de l’involontairement humoristique, revenait jusqu’à ces derniers jours à ce « terroriste » mentalement dérangé qui avait tenté de faire exploser un avion en vol avec des semelles de baskets piégées… Le malheureux vient d’être dépassé, et de loin, par des « terroristes » bigrement plus imaginatifs qui entendaient égaler le 11 septembre en mélangeant de la mousse à raser, du shampoing et du jus d’orange (avec peut-être un zeste de citron ou un peu de crème chantilly)… (1)

Il y avait de quoi rester pantois en regardant l’annonce de tout cela au JT du soir. On ne savait même pas ce qui était le plus étonnant : la cohue dans les terminaux d’aéroport, l’annonce d’un complot terroriste à une « échelle inimaginable » destiné à faire exploser en vol, avec des ingrédients improbables, une dizaine d’avions de ligne entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ou l’incrédulité mal dissimulée des journaleux qui jouaient leur rôle de désinformateurs avec une absence de conviction totale tant l’info était peu vraisemblable.

Depuis, certains d’entre eux n’ont pas hésité à mettre en doute la réalité du complot, relevant par exemple que sa gravité extrême n’avait nullement empêché Bush et Blair de partir en villégiature comme si de rien n’était. Ainsi le journal russe Kommersant s’est étonné que face à la menace supposée être la plus grave depuis la deuxième guerre mondiale, Bush et Blair ne mettent pas fin à leurs vacances. « Le monde entier est excité, les aéroports paralysés, mais ils (Bush et Blair) bronzent. On s’imagine qu’on puisse ne pas avoir peur d’un attentat en préparation dans un cas seulement : quand on est sûrs qu’il n’aura pas lieu ». Quant au Daily Miror, il a mis l’accent sur le fait que Tony Blair « a été averti, 48 heures avant la population, d’un risque d’attentats majeurs, mais il est pourtant parti en vacances moins d’une heure plus tard. »

On ne peut préjuger de la réalité et de l’ampleur du complot. Il y a statistiquement chez les musulmans – radicaux ou non – autant d’allumés que chez les chrétiens, les bouddhistes ou les juifs. Que certains aient « déliré » un peu ou fumé plus de moquette qu’il convient est possible. Mais ce qui frappe avant tout, c’est comment cette affaire tombe à pic pour le Premier ministre britannique qui était alors vigoureusement contesté au sein de son propre parti pour son alignement total sur l’administration Bush au sujet de l’agression israélienne contre le Liban. De même, c’est également une aubaine pour George W. Bush et les faucon néo-cons, en chute libre dans les sondages et critiqués pour leur gestion de la guerre en Irak. En déclarant que ce « complot est le parfait rappel que cette nation - les Etats-Unis - est en guerre contre les fascistes islamiques », le Président de l’Empire du mal peux espérer faire remonter d’un cran le niveau de paranoïa des yankees moyens et améliorer ainsi les scores électoraux futurs de ses amis.

En fait, ces attentats au jus d’orange qui ont peut être été imaginés mais n’ont pas eu lieu portent bien, à l’évidence, la marque d’al-Qaïda. Une marque qui, comme toutes les multinationales, confie le gros de son travail à des sous traitants du tiers monde, mais qui a son siège en Occident, à Langley !