Je ne sais si les lecteurs de cette chronique fréquentent aussi le site du Parti socialiste. S'ils ne le font pas régulièrement, ils devraient pour une fois y aller pour télécharger l'intéressant Pdf d'une centaine de pages que les amis de Ségolène consacrent à Nicolas Sarkozy.
Avec leur mots propres et leurs raisonnement bien à eux, les socialistes ont dans cette brochure un angle d'attaque qui recoupe très largement nos critiques anti-sarkozy.
Le ton est donné quand Eric Besson se demande dans les premières lignes de la préface : "La France est-elle prête à voter en 2007 pour un néo-conservateur américain à passeport français ?"
La centaine de pages qui suivent développent ce thème et, au fur et à mesure des chapitres, on peut découvrir quelle est la vraie source d'inspiration du candidat Sarkozy.
Elle n'est même pas authentiquement libérale (le libéralisme de Sarko empreinte mille fois plus à Hayek ou Friedman qu'à Tocqueville ou Aron). Elle enterre le gaullisme autant que l'héritage laïque et républicain. En réalité, la vraie Bible de Nicolas Sarkozy réside dans la pensée néo-conservatrice américaine et son vrai modèle est Georges Bush.
Une anecdote, rapportée par les rédacteurs de l'opuscule socialiste, est d'ailleurs particulièrement symptomatique.
Elle se passe en septembre 2006. Plusieurs journalistes qui ont accompagné le candidat aux USA lui demandent en quoi il se différencie de Georges Bush. Sa réponse fuse : "Il a été élu deux fois. Moi pas".
Il s'agit d'une boutade, mais elle est révélatrice. Spontanément, Nicolas Sarkozy ne voit rien qui le distingue de Bush, sauf sa bonne fortune électorale !
Avec leur travail qui, précisons le, n'est pas exempt lui non plus de génuflexions de convenance devant l'Oncle Sam, nos amis socialistes rendent au camp national un fier service. Ils renforcent sa thématique et prêchent pour lui.
Même le Diable porte pierre, dit-on. En l'espèce, c'est bien le cas !
Quoiqu'il en soit, la lutte contre "Sarko l'Américain" est d'actualité et pour nous tout vaudra mieux, même Ségolène, que - pour reprendre les termes de Laurent Fabius - "quelqu'un qui se fixe comme programme d'être le futur caniche du président des Etats-Unis."