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Mardi, 27 Mars 2012
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Toulouse : retour sur une tuerie
Claude Bourrinet
Éditorial
Toulouse : retour sur une tuerie
La tuerie de Toulouse impose une certaine prudence, sinon une certaine modestie, dans les tentatives de « décryptage » qu’un tel événement suscite, lecture elle-même cryptée par des a priori idéologiques. L’exégèse n’est, en effet, qu’une arme discursive dans ce combat de nègres dans un tunnel qu’est la joute politicienne.

Avant de se limiter à cerner les faits et à les peser en fonction de la logique, que l’on pourrait nommer « postmoderne », qui régit le monde actuel tel qu’il est, il est utile de rappeler la nature des réactions à chaud. Ces déclarations, en contrepoint quasi immédiat avec l’actualité, font partie du premier cercle, celui qui touche directement le spectateur, l’auditeur ou le lecteur des médias, et ne concernent que les acteurs « naïfs » de la vie politique, même s’il est parfois difficile de déterminer, dans ces interventions, quelle est la part de sincérité ou de comédie.

La première hypothèse avancée fut donc le crime raciste, commis par un militant « ultra-droite » ou « néo-nazi ». Quelques témoignages, recoupements ou supputations, fondés sur une description approximative du visage du terroriste, au moment de l’assassinat des soldats de Montauban, l’origine des victimes, tant militaires que civiles, les unes étant antillaise et maghrébines, les autres juives, ont paru étayer cette hypothèse. Dans le contexte électoral actuel, et, en arrière-plan, à l’occasion des polémiques sur l’islam, l’immigration, l’identité nationale et le terrorisme international, il n’en fallait pas plus pour que certaines associations ou personnalités n’entonnent le couplet antifasciste, antiraciste et anti-Front national. On a assisté alors à un remugle de la rhétorique « anti-haine », que l’on crut un moment déconsidérée par le passage d’une partie de l’Etablissement dans ces zones opaques où connotations et insinuations embrouillent le jeu des appartenances. En effet, la classe politique, face au problème de la viande Hallal, des prières de rue, de l’islamisme radical, et, de façon lancinante, obsessionnelle et peut-être plus tangible, parce que, contrairement à tout le reste, vécu au plus profond de certains esprits, la question du conflit israélo-palestinien, les frontières qui coupaient comme une ligne de démarcation la droite nationaliste de la droite classique s’étaient estompées. Des associations « laïques » et « républicaines » avaient même eu quelque complaisance dans la critique « culturelle » (comportementale et sociétale) d’une certaine immigration. L’attentat erratique de Toulouse a paru réactivé les vieux réflexes, ce qui a permis à notre bon vieux BHL, figure incontournable et grotesque de la « résistance » anti-bête-immonde, de lâcher sa petite logorrhée contre l’idéologie française, matrice du fascisme. « Ainsi donc, « écrit-il, la France est un pays où l’on peut, en 2012, dans la troisième métropole du pays, tirer sur une école juive et y tuer, à bout portant, des enfants ». Et d’invoquer la mémoire, plutôt douteuse, de la profanation du cimetière de Carpentras. De même, le souvenir encore frais d’Anders Breivik, pourtant pro-sioniste, celui-là, paraissait étayer la thèse d’extrême droite, et Brasillach semblait reprendre du service.
Tout ce vent mauvais cessa lorsqu’on s’aperçut que, apparemment, le terroriste était un islamiste convaincu, et peut-être aguerri. Ses périples, dignes d’un Hergé un peu déréglé, au Pakistan, la maîtrise qu’il manifestait dans le maniement d’armes qu’il détenait en abondance, semblaient le désigner comme un tueur chevronné. Ses revendications directement inspirées du « choc des civilisations », sa volonté provocatrice de « venger les enfants palestiniens » pouvaient faire basculer radicalement le rapport de force idéologique : ce n’était plus chez des Européens de « souche » qu’il fallait prospecter, mais dans la masse informe et inquiétante, la « nébuleuse », d’une immigration censée porter en germe tous les ingrédients de la terreur.

A supposer que les paroles du terroriste aient été véritablement tenues, car nos sources sont souvent policières ou politiques, Guéant étant le grand médiateur entre les faits et les médias, et même si Mérah affiche, de façon assez ostentatoire et grotesque pour qu’on n’ait pas à se poser quelques questions – comme de diffuser le film de sa tuerie, qu’il s’était évertué de réaliser à des fins qui ne sont pas seulement propagandistes (mais nous y reviendrons) – la tentation est grande de se livrer à tous les amalgames, même si on prétend le contraire.

Comme pour la tuerie d’Oslo, il est difficile cependant de démêler la réalité de la fiction, le mensonge de la manipulation. Si celle-ci existe, elle appartient aussi bien aux faits qu’à leur exploitation médiatique et politique.

Il demeure évidemment très difficile de déterminer quel peut être le commanditaire, s’il y en a, ou celui qui a tiré les ficelles de ce pantin sanglant. On sait qu’Al Qaïda n’est pas une organisation au sens strict du mot, mais un affichage assez lâche, une sorte de marque non déposée, à usage assez souple, dont on s‘empare lorsqu’on veut montrer que l’on s’affilie à la mouvance communautaire islamique. C’est par exemple le cas du mouvement AQMI. Un individu seul, agissant de sa propre initiative, peut très bien invoquer un mouvement dont on sait qu’il n’existe, de fait, pratiquement plus qu’à l’état d’entité idéologique.

L’itinéraire et les incohérences des services secrets sont en tout cas à passer au peigne fin, car ils semblent étayer l’hypothèse, non peut-être d’une manipulation machiavélique directe – encore que… - mais d’un mode de gestion de la situation pour le moins dilettante. On a peut-être voulu « laisser faire », du moins à un certain point.
Ce n’est donc pas dans cette zone trouble, qui ne sera jamais, sans doute, très bien éclairée, que l’on cherchera, non des réponses, mais des interrogations.

Indépendamment donc des ficelles secrètes qui ont mené à cet attentat étrange (qui a duré plusieurs jours pour le moins farcis de doute – à commencer par l’exécution – évitable – du « forcené »), il faut se demander quelles en sont les répercussions, et quel type de réalité il révèle de la nature actuelle de la société.

D’un point de vue politique, il est indéniable que l’évènement a profité à Sarkozy. Il ne faut pas évacuer le sordide, la petitesse et la bassesse dans un monde qui en est infesté. Mais s’arrêter à ce point, c’est oublier l’essentiel.

Plus sérieusement, le fait, terrible, impose subjectivement les moyens d’un Patriot Act à la française. Sarkozy a déjà préparé le terrain. Tout semble, depuis quelques années, évoluer vers une société de surveillance et de contrôle intense, vers un maillage policier des consciences et des corps. La crise en est la cause, mais aussi le projet utopique d’un Nouvel Ordre Mondial. L’occasion, en quelque sorte, fait le larron.

D’autre part, Israël sort gagnant de l’épreuve. Dans les esprits, et notre classe politique a tout fait pour que l’idée s’incruste dans les consciences, Israël fait non seulement partie de l’Europe, mais semble même, subrepticement, avoir fusionné avec la France. D’un point de vue idéologique, l’empathie avec la cause palestinienne a régressé. D’autant plus qu’une partie conséquente de la droite patriote emboite le pas à cette version, oubliant les exactions « terroristes » d’un Etat qui se réclame explicitement d’une origine communautaire pour justifier des actes normalement condamnés par les lois de la guerre.

Enfin, au-delà de la question de savoir s’il existe un complot islamiste – qui relève du fantasme- ou si l’immigration constitue les légions conquérantes du « fascisme vert », il est urgent de s’interroger sur la nature des massacres qui ont lieu depuis une ou deux dizaines d’années, et qu’il faut indéniablement lier. Le dixième anniversaire de la tuerie de Nanterre, où huit conseillers municipaux avaient été tués par Richard Durn, un militant de gauche, d’abord socialiste, puis écologique, trésorier de la section locale de la Ligue des droits de l’homme, nous rappelle à plus de prudence dans l’analyse de l’attentat de Toulouse. L’identité d’Anders Breivik, occidentaliste, sioniste, franc-maçon, raciste, doit appuyer cette réserve. D’autres tueries, dans les pays « développés », devraient éveiller nos doutes, sans parler de celles qui ont lieu dans certaines zones du globe, et qui relèvent, toutes, de la modernité et du Nouvel Ordre mondial. En effet, le « terrorisme, bien souvent exécuté par des êtres fragilisés et fanatisés, se retrouvent dans tous les camps, y compris comme mode d’action d’Etats considérés au-dessus de tout soupçon. Des organisations cultivent la haine, le ressentiment, l’acte extrême, et l’on trouve aussi bien des désaxés chez les islamistes que dans les armées de l’OTAN, comme le massacre récent en Afghanistan de 17 civils par un soldat américain le montre. Ce militaire était-il « évangéliste » ? Ce serait intéressant de le savoir.

On a évoqué la « gentillesse » de Mohamed Mérah, et la droite nationaliste à mis sur le compte de l’intoxication bisounourse une telle prétention. Or, cette réalité de la personnalité du tueur est tout à fait vraisemblable, comme d’ailleurs les mêmes traits chez les autres massacreurs. Il se trouve que notre âge, déraciné, déstructuré, disloqué, suscite des errances mortelles, des délires paranoïaques, pas seulement dues, comme l’avance Cheminade, aux jeux vidéo, ce qui est anecdotique, mais plus profondément à une destruction profonde de la personne dans son mode de rattachement au monde. Il est plus vraisemblable qu’un musulman pieux et bien intégré à sa communauté est beaucoup moins dangereux qu’un Européen de souche broyé par la société consumériste et nomade. Or, Mohamed Mérah a sans doute plus à voir avec ce dernier qu’avec le premier.
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