L’année 2008 sera l’anniversaire de trois événements importants à mes yeux : la nakba de 1948, la pseudo-révolution de mai-juin 1968 et l’assassinat de François Duprat le 18 mars 1978.
J’aurai au fil de l’année, sur ce site et dans les colonnes de la revue Résistance, l’occasion de revenir sur chacun de ces faits historiques.
Il convient cependant, sans déflorer ce que je serai alors amené à écrire, d’en révéler dès maintenant la ligne directrice, l’idée générale que je développerai tout au long de cette année.
Pour comprendre ce que fut la nakba, il faut absolument lire « Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949) » de Dominique Vidal qui figure dans la colonne « documents » de ce même site
:: Lien :: Basé uniquement sur les travaux d’historiens israéliens, cet article insiste sur un fait caché, occulté, celui du nettoyage ethnique de la Palestine menée par les milices sionistes. C’est à juste titre qu’il cite Ilan Papé : « [les faits ayant entraîné la nakba sont] un cas évident d’opération de nettoyage ethnique, lequel est désormais considéré par la loi internationale comme un crime contre l’humanité ». Avec l’irruption des moyens de communication électroniques, poursuit Pappé, « il est devenu quasiment impossible de dissimuler des crimes contre l’humanité à grande échelle ». Et pourtant « un de ces crimes a été presque totalement effacé de la mémoire publique globale : la dépossession des Palestiniens en 1948 par Israël ». Pis, il a été « systématiquement nié et n’est toujours pas reconnu aujourd’hui comme un fait historique ».
Du printemps de 1968, qu’ai-je à dire ? Rien que du mal… Pour reprendre le titre d’un article du mensuel Ordre nouveau qui me marqua dans ma prime adolescence, ce fut un moment où les égouts débordèrent… A titre personnel, tout ce que je peux mépriser, tout ce qui me soulève le cœur, tout ce à quoi je m’oppose, a connu une fortune nouvelle ou est apparu au grand jour avec « Mai 68 ».
Mais ce n’est pas tout, et ce n’est même pas là l’essentiel. Ce qui est important c’est ce que François Duprat, dans son livre Les Journées de mai 1968 (1), avait longuement analysé, c’est-à-dire le rôle de certains services qui voulaient abattre le général de Gaulle et les liens étroits qu’ils entretenaient avec les dirigeants de quelques uns des groupuscules les plus en pointe dans l’agitation. Une thèse qui n’est d’ailleurs pas spécifique à François Duprat et à notre mouvance. On la retrouve chez certians gaullistes de conviction et chez quelques gauchistes sincères comme Leila Salem, un cadre d’ATTAC, qui fit scandale chez les bien-pensants, en 2006, avec un article intitulé «Recette pour détruire la démocratie» (2). L’auteur évoquant les actuels «nouveaux réactionnaires» et «néo-conservateurs» français remarquait que «ceux-ci sont, pour la plupart d’entre eux, sionistes et anciens trotskistes». Et s’interrogeait : «comment expliquer raisonnablement cette mutation idéologique radicale lorsqu’on sait que ces intellectuels sont presque tous issus de la gauche et que, parmi eux, beaucoup furent les hérauts du vent de liberté de mai 68, voire les meneurs» ? La réponse de Leila Salem, même si elle était formulée interrogativement, était sans ambiguïté :«Se peut-il que l’engagement, en mai 68, de ces intellectuels viscéralement proches d’Israël, n’était pas sincère et n’avait pour seul but que l’utilisation de la colère et de l’énergie des révoltés pour mettre KO De Gaulle et promouvoir leurs intérêts et ceux d’Israël?».
François Duprat, nul ne l’ignore, fut assassiné alors qu’il était un cadre de premier plan du Front national (3). Son assassinat, très sophistiqué, fut clairement signé.
Il y a quelques années, rendant hommage à notre camarade, Hervé van Lathem écrivait ces quelques lignes qui résument très bien la raison de sa mort : « Duprat, avant tout le monde, dénonçait les risques que faisait peser l’immigration sur l’identité des peuples européens (4). On peut donc lui reprocher des choses mais certainement pas de ne pas avoir vu clair tôt assez. Mais ce qui était remarquable chez Duprat, c’était cette capacité d’analyser les phénomènes de société et d’en analyser les causes profondes. Et pour lui, dénoncer l’immigration n’était pas suffisant, il voulait aussi dénoncer les forces qui l’avaient provoqué. Et il n’hésitait pas à les désigner comme étant les forces de l’argent cosmopolite : le grand capital apatride et vagabond... Il avait démonté les rouages d’un mécanisme qui avait des buts divers : main d’œuvre à bon marché, métissage des peuples, destruction des spécificités nationales et de l’esprit potentiel de résistance qui en découle, préparation au mondialisme, etc... ».
En clair Duprat nous conseillait de nous attaquer aux causes et non pas aux effets. A ceux qui les font venir et non pas aux émigrés.
Alors que je commençais à réfléchir à cette chronique le Figaro a rendu compte du rapport de la Commission Attali en charge de réfléchir sur la croissance. Que nous propose Jacques Attali, ce représentant à l’état pur du « grand capital apatride et vagabond » ? Rien de moins que de relancer l’immigration, qui serait « une source de création de richesse, donc de croissance », et permettrait – surtout ! - de « détendre le marché du travail ».
Décidément en 1948, 1968, 1978… ou en 2008 rien ne change et tout se tient !