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Dimanche, 24 Novembre 2002
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Entretien avec le Dr. Jörg Haider sur l'avenir politique de l'Autriche
Propos recueillis par Andreas Mölzer
Impérialisme :: Entretiens
AM : Dr. Haider, pour la première fois depuis seize ans, l'Autriche connaîtra des élections pour le "Conseil National" (Nationalrat) et vous n'êtes pas candidat en tête de liste pour la FPÖ. Nous avons derrière nous une campagne électorale très importante ‹je dirais même dramatique‹ dans la mesure où elle débouchera sur une votation capable de transformer le paysage politique de fond en comble. Où ira l'Autriche après le 24 novembre ?

JH : Cela dépendra d'une chose : les forces qui visent à défendre le système réussiront-elles à affaiblir la FPÖ de façon telle qu'une nouvelle édition de la coalition démocrate-chrétienne/socialiste gouvernera le pays? Je pars personnellement du principe qu'une telle coalition s'avèrera, à terme, plus dangereuse qu'une coalition entre les socialistes et les écologistes. Une éventuelle réédition de la coalition démo-chrétienne/socialiste, au niveau fédéral, ne signifie pas seulement un retour au système de la corruption, comme nous l'avons connu pendant des décennies en Autriche, et que nous, les ?Freiheitlichen?, avons brisé, mais signifiera surtout une concentration de puissance qui s'arrangera pour changer le système électoral autrichien, pour le remplacer par un système à tendance majoritaire, pour éviter que, dans l'avenir, un parti challengeur ne prenne de l'ampleur, comme l'a fait la FPÖ à partir de la moitié des années 80, pour culminer à la fin des années 90; un tel "challenge" ne sera plus possible.

AM : Donc une grande coalition démo-chrétienne/socialiste signifiera le retour à la proportionnalité totale des charges, postes, etc., répartis entre les créatures politiciennes des grands partis, à l'exclusion de tous les autres citoyens, en dépit de leurs mérites et de leurs compétences professionnelles ?

JH : Nous avons pu constater, pendant le temps où nous avons participé au dernier gouvernement entre les démocrates-chrétiennes et nous, les ?Freiheitlichen?, que ce système partitocratique demeure très vivant. Prenons l'exemple de Reinhart Gaugg (qui est le dirigeant des associations "freiheitlichen" des travailleurs) dans le système des assurances sociales; n'importe quel observateur, qui connaît le système un tant soit peu, doit avoir clairement perçu que même un gouvernement ne peut imposer un mandataire important des "Freiheitlichen" parmi les 29.000 employés du système des assurances sociales établis par les socialistes et les démocrates-chrétiens. Cet exemple nous montre la solidité de ces coalitions formées par les partis de l'établissement. Nous pouvons dès lors nous imaginer ce qui nous attend si nous avons de nouveau, au niveau parlementaire, une majorité composée de ces gens-là, qui feront en sorte de transformer définitivement le mode de scrutin, afin de favoriser leurs desseins ad infinitum : le mouvement des Verts et le nôtre, celui des ?Freiheitlichen?, connaîtront alors l'exclusion définitive hors des assemblées du peuple autrichien. Nous serons confrontés à une situation à l'anglaise. Là-bas, ce sont soit les travaillistes soit les conservateurs qui sont au pouvoir, mais tout le spectre politique, varié, qui se situe entre ces deux pôles cesse d'exister politiquement. Une telle situation n'est pas démocratique et exclut de larges strates d'électeurs de la représentation.

AM : Dans ce cas, les trois années de participation de la FPÖ au gouvernement n'ont rien changé qualitativement à cette situation?

JH : De fait, elles n'ont pas pu changer grand chose. Nous avons tenté de changer la politique autrichienne, gentiment, mais, pour l'essentiel, nous n'avons pas réussi à démocratiser le système ni à infléchir raisonnablement la vie politique autrichienne dans le sens d'une démocratie normale. Il suffit d'observer le domaine de l'assurance sociale dans son ensemble et le système bien rigide des chambres syndicales et des associations socio-économiques, où démo-chrétiens et socialistes se sont retrouvés côte à côte pour empêcher l'éclosion d'un véritable printemps politique; leurs poids dans ces institutions s'est avéré inamovible. J'imagine, avec anxiété, que les temps reviendront, où des majorités absolues seront à nouveau possibles. Et, quand il y a des majorités absolues, trop solidement bétonnées, il ne reste rien aux challengeurs politiques, à ceux qui font véritablement fonctionner les démocraties.

AM : Les anciennes coalitions SPÖ-ÖVP trouvaient leur ciment dans la répartition au pro rata des postes politiques, en tous domaines, et dans la corruption et le népotisme; cette situation, inacceptable d'un point de vue démocratique, a fait que la FPÖ a attiré tant d'électeurs et les a rassemblés sous sa houlette. Il y a désormais des bruits qui courent et disent que le gouvernement du changement n'a pas été exempt de telles tentations. L'électeur aurait-il troqué Satan contre Belzébuth?

JH : A distance, je ne peux en juger. Mon impression est la suivante : je pense que, dans le système politique de la Seconde République, la FPÖ n'a pas eu d'ancrage véritable et n'a pas eu, à sa disposition, suffisamment de personnes ‹et de personnalités‹ pour avoir, ne fut-ce que la tentation, de mener une politique conséquente d'occupation des places. Cependant l'ÖVP démocrate-chrétienne a exploité ce vide avec grande habilité; l'ÖVP, qui était devenu le plus faible des trois partis en course en 1999, a pu acquérir, par le gouvernement ÖVP/FPÖ, un surplus de pouvoir réel et de fonctions dirigeantes, si bien qu'elle doit en avoir engrangé davantage qu'auparavant. Voyez : du plus haut sommet de l'Etat, avec le Président de la République ‹qui n'est certes pas un ami du Chancelier fédéral‹ jusqu'à la base, dans les chambres syndicales et professionnelles, dans les associations socio-économiques, ainsi que dans la majorité des Länder de la fédération autrichienne : tout est aux mains des affiliés de l'ÖVP!

AM : Estimez-vous qu'une coalition entre l'ÖVP et la FPÖ a encore du sens?

JH : Elle n'aurait de sens que si nous parvenions à nous entendre pour poser les jalons concrets d'une réforme en profondeur du système politique. Car je crois que cela devrait être fixé clairement et en détail dans un programme de gouvernement. En effet, dans la coalition qui va maintenant à sa fin, nous n'avons pas vraiment débattu de la question : nous n'avons pas fixé les critères objectifs qui auraient dû s'appliquer au recrutement des fonctionnaires, à la répartition des postes, à commencer par les écoles et l'administration publique; en fait, l'application de critères faussement objectifs, illusoires, n'a pas contribué à améliorer les choses.
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AM: Pouvez-vous nous dire un mot sur une éventuelle coalition rouge-verte : si l'Autriche finit par avoir un gouvernement de ce type, comment voyez-vous l'avenir immédiat de la République?

JH : Je ne vois là aucun problème, parce que je crois qu'une telle hypothèse est irréaliste. Car les principales forces à l'?uvre au sein du parti socialiste autrichien visent à recréer une grande coalition avec les démocrates-chrétiens, car, dans tous les cas de figure, c'est la façon la plus facile de gouverner. Les deux formations principales de l'échiquier politique autrichien se partageront le pays et reprendront la population sous leur contrôle: des enseignants aux fonctionnaires, des employés des assurances sociales au personnel hospitalier.

AM : Quel avenir voyez-vous pour le projet, largement débattu depuis cet été, d'une coopération entre les forces démocratiques de droite à l'échelon européen?

JH : Je pense que l'élimination de la FPÖ de la participation au gouvernement autrichien s'est déroulée dans des circonstances étranges, où les actes de trahison ne sont pas à exclure, à moins qu'il y ait eu un ordre, donné quelque part à Bruxelles, pour expulser le plus rapidement possible les mouvements démocratiques de droite de tous les postes à responsabilité. Nous avons pu observer une situation analogue aux Pays-Bas, où, à la suite de vicissitudes aventureuses, on a torpillé depuis Bruxelles la nouvelle coalition en place, afin de chasser le mouvement démocratique de droite de Pim Fortuyn du gouvernement néerlandais. En bout de course, seuls pourront se maintenir ceux qui s'adapteront complètement au système en place et ne feront plus de vagues. La même règle sera d'application en Italie, où le processus d'adaptation de la Lega Nord et de l'Alliance Nationale se poursuivra, car, plus que probablement, la même centrale occulte de Bruxelles et les centrales du pouvoir réel en Italie même tentent, en y consacrant énormément d'argent et en y déployant une formidable stratégie persuasive, de liquider une fois pour toutes ces mouvements politiques du centre-droit.

AM : Resterez-vous à la disposition des groupes politiques qui partent du principe que vous avez été et restez le moteur principal de cette grande idée de coopération entre partis de droite partout en Europe?

JH : S'il y a une chose qui me paraît absolument décisive, c'est la suivante : il faut que dans la tête des citoyens germe et mûrisse la conviction que nous avons besoin d'un vaste espace de démocratie et que le système pseudo-démocratique aujourd'hui dominant n'est jamais qu'une caricature et une mutilation de la démocratie. Ma décision dépendra aussi de ce que nous serons capables de faire au niveau européen. Si les citoyens européens veulent vraiment d'une Europe citoyenne, alors ils doivent clairement exprimer leur volonté et, s'ils ne le font pas, ils ne devront pas se plaindre, plus tard, d'être sans cesse confrontés à des structures autoritaires et d'être dominés par une caste de politiciens de moyenne ou de piètre envergure.

(entretien paru dans "Junge Freiheit", Berlin, n°48/2002, http://www.jungefreiheit.de ).
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