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Le 11 mars a les mêmes caractéristiques que le 11 septembre
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Impérialisme :: Entretiens
Entretien avec Ernesto Mila Rodriguez et Enrique Moreno [1]

Quelle est votre opinion sur les attentats de Madrid ? al-Qaïda ? ETA ? ou autre ?

Enrique Moreno : Je n’ai pas de réponse sûre. Si vous me demandiez qui est l’auteur du 11/09, je ne pourrais pas vous répondre non plus avec certitude. Le 11/03 a les mêmes caractéristiques que le 11/09. Il semble que la piste wahhâbite, est chaque jour plus certaine et que des marocains ont été les exécuteurs des attentats. Mais comme pour le terrorisme des années de plomb italiennes, il s’écoulera beaucoup de temps avant que nous connaissions la vérité et ses détails.

Ernesto Mila : Au début, l’hypothèse que l’ETA soit l’auteur des attentats a paru la plus solide. En seulement un mois, à quatre occasions, des membres de l’ETA avaient tenté de commettre des attentats similaires. Par ailleurs, il existe actuellement au sein de l’ETA, un affrontement entre la base (qui veut continuer les attentats et qui accuse la direction de l’organisation d’irresponsabilité et d’erreurs dans les procédures de sécurité) et la dite direction (dont une partie semble vouloir négocier avec le gouvernement et dissoudre le mouvement afin d’échapper à la répression et de se partager le trésor de guerre de la structure). De ce fait, on pouvait penser que l’attentat était le fait d’etarras incontrôlés.

La « piste islamique » n’est apparue que dans un second temps. Elle conduit à des terroristes marocains... non pas à al-Qaïda. Aujourd’hui, il reste bien des points obscurs dans l’enquête. Il est un fait qu’une partie de l’islam fondamentaliste maghrébin considère la péninsule ibérique comme al-Andalus, la seule « terre d’islam » qui ait été définitivement reconquise par des croisés et des infidèles.

Mais tout est obscur. Si cela avait été l’ETA, cela aurait été clair. Le terrorisme islamique lui est confus et souvent manipulé. Par exemple, il est difficile de comprendre, actuellement, comment un petit groupe de marocains, liés à des délinquants de droit commun, a pu réaliser un tel attentat.

Quelle est votre opinion sur le résultat des élections et le remplacement du PP par le PSOE ?

Enrique Moreno : A titre personnel, je suis heureux de la déroute du parti populaire. Le PP était un parti fort qui avait les médias et le pouvoir économique derrière lui. Son échec marque un changement de la société espagnole.

Je ne sais pas ce que va donner le PSOE. C’est pour nous la première fois qu’un candidat nouveau gagne les élections la première fois qu’il s’y présente. Cela ne s’était jamais produit. C’est au point que les socialistes ne croyaient pas à la victoire de Zapateros.

Ernesto Mila : Je pense que c’est la conséquence directe de la politique extérieure d’Aznar dont les attentats ont fait prendre conscience, soudain, qu’elle était une chose concrète. Zapatero manque d’expérience politique, de prestige et d’énergie pour diriger l’Espagne en cette période décisive. Je ne pense pas que le changement sera positif et je ne crois pas que l’Espagne, à court terme, se détachera des Etats-Unis.

L’Espagne est actuellement face à quatre problèmes cruciaux : sa persistance comme Etat du fait des indépendantismes basques et catalans ; une récession économique (le chômage et les emplois précaires augmentent, la couverture sociale se réduit, l’économie spéculative joue un rôle de plus en plus grand) ; l’immigration (il y a actuellement quatre millions d’immigrés, dans quinze ans 30 % de la population espagnole sera d’origine non européenne et un récent sondage a révélé que 60 % de la population marocaine souhaiterait émigrer en Espagne !...) ; la politique étrangère (relations avec l’Union européenne et avec Washington).

A mon sens, sur aucun de ces points le programme du PSOE n’est crédible et je doute qu’il puisse solutionner quoique ce soit.

Comment jugez vous les résultats de la mouvance nationale ? A un tel niveau de score, continuer dans la voie groupusculaire et électorale est-il justifié ?

Enrique Moreno : Les résultats ont été mauvais, mais ils correspondent à ce que la direction du Mouvement social républicain avait prévu tant pour ses candidats que pour l’ensemble des forces patriotiques.

Les votes phalangistes se sont effondrés ces dernières années et ils ne représentent plus que vingt-six mille voix réparties inégalement entre les différentes phalanges qui se présentaient aux élections.

Les votes nationaux-populistes et social-patriotiques au contraire ont progressé, même si les résultats restent très faibles. En 2000, on en comptait neuf mille cinq cents, il y en a eu vingt deux mille (Démocratie nationale : douze mille, España 2000 : quatre mille cinq cents et Mouvement social républicain : six mille cinq cents).

Ernesto Mila : La mouvance nationale et nationaliste connaît depuis dix-huit ans des échecs à répétition. Cela a conduit ses meilleurs cadres à l’abandonner. L’âge moyen de ses membres est fort bas et ce n’est en fait rien de plus qu’un mouvement de jeunesse d’un parti qui n’existe pas.

Cette mouvance est divisée en quatre courants.

Les « historiques » composés de quatre Phalanges et de trois mouvements carlistes [2] ont le plus grand mal à s’adapter au XXIe siècle.

Les « rénovateurs », sont formés de groupes qui ont peu de chose en commun : la Démocratie nationale et le Mouvement social républicain. La DN est le « parti frère » du Front national français, tandis que le MSR, à l’origine NR, regroupe maintenant diverses tendances en son sein.

La « droite nationale » est constituée de dissidents du Parti populaire en phase d’extinction (le Partido de Accion Democratica Española), de catholiques anti-avortement (Familia y Vida) et de surgeons de Fuerza Nueva (Alianza Nacional).

La « lunatic fringe » enfin, est composée de groupes locaux dirigés par des « líder máximo », des grands timoniers et des âyâtollâhs de tribus urbaines.

Ces quatre courants se sont présenté aux législatives sous quinze dénominations différentes, mais seulement trois partis avaient des candidats dans toutes les circonscriptions (FE-LaFalange, DN y MSR). Les résultats ont été très faibles : Familia y Vida arrive en tête avec seize mille voix (0,06 %) suivie de Démocratie nationale avec quatorze mille voix (0.06 %).

FE de las JONS fait onze mille sept cents voix (0.05 %) [3], FE-La Phalange [4] frôle les dix mille voix (0.04 %), le MSR dépasse les six mille (0.03 %), le Partido de Accion Democratica Española en obtient cinq mille (0.02 %), la Falange Auténtica [5] en a, elle, quatre mille (0.02 %) et España 2000 autant. Sept autres partis obtiennent des résultats encore inférieurs !

Personnellement, je crois que le grand problème de tout ce milieu est la contradiction qui existe entre des « conditions objectives » chaque jour un peu plus favorables pour le développement d’un grand mouvement national et l’absence de « conditions subjectives ». Il n’existe aucun leadership, les différences entre les groupes rendent le travail en commun impossible, les cadres capables sont rarissimes et rares sont ceux qui font des analyses politiques réalistes. L’âge moyen des membres est très inférieur à trente et la plupart des organisations sont des groupes de jeunes sans ancrage social et sans densité militante suffisante. Les analyses politiques sont subjectives, ingénues, voire infantiles ! Démocratie nationale, qui possède une relative base sociale à Alcalá de Henares et qui a obtenu le plus grand nombre de voix dans l’agglomération madrilène n’a cependant pas fait assez pour creuser le fossé de manière significative et créer un « effet Dreux ».

Avec tout cela, bien que je sois membre de DN, je ne peux qu’être pessimiste sur l’évolution future de la mouvance. Les élections européennes risquent bien d’être une répétition de ce que nous venons de vivre, si on assiste à une telle inflation de candidatures nationales que pour les législatives.

Notes :

1 - Enrique Moreno est membre de la direction nationale du Mouvement social républicain, Ernesto Mila Rodriguez dirige la maison d’édition Pyre et le portail internet Krisis.info, il est membre de Démocratie nationale.

2 - Le carlisme espagnol correspond plus ou moins au légitimisme français. Il s’oppose aux partisans de l’actuel roi. Il faut noter que le courant carliste est divisé entre une fraction d’extrême-droite, elle même fort désunie, et une autre orientée très à gauche, le Parti carliste.

3 - FE de las JONS, est dirigée par Diego Marquez. C’est l’héritière « officielle » de la Phalange de José-Antonio Primo de Rivera.
4 - FE-La Falange est issue d’une scission « rénovatrice » de la précédente. Elle est devenue par la suite plus « franquiste » et avait conclu, l’an passé, une alliance avec les partisans de Blas Pinar.

5 - Falange Autentica, scission de la précédente, refusant les contacts avec Pinar. Aux dernières élections municipales, elle avait obtenu de bons scores dans certaines villes et quelques élus.
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