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Jeudi, 5 Janvier 2012
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Arkaim : l’ancienne cité russe et l’origine arctique de la civilisation
Victoria Lepage
Histoire :: Europe de l'Est
Arkaim : l’ancienne cité russe et l’origine arctique de la civilisation
Des forces immenses et imprécises sont en mouvement en Asie Centrale – ou plutôt dans la plus vaste région que nous appelons Eurasie –, des forces qui pourraient changer pour toujours la face de notre société et de notre civilisation mondiale.

Même si l’équilibre des forces géopolitiques est en train de basculer inexorablement en faveur des superpuissances eurasiennes – principalement la Russie, la Chine, les Etats d’Asie Centrale ainsi que l’Inde –, un nouveau souffle spirituel souffle depuis l’Asie Intérieure et ses nombreuses écoles mystiques cachées, annonçant la montée de la nouvelle alliance à des hauteurs jamais vues de pouvoir international, politiquement et culturellement. L’immensité de la future turbulence occasionnée par ce basculement de l’Occident vers l’Orient est incalculable, c’est le symptôme extérieur d’une révolution globale de la conscience.

Déjà la transformation de la conscience accompagnant ce basculement hémisphérique crée à la fois de l’exaltation et un malaise chez tous les gens sensibles aux changements évolutionnaires. A mesure que l’Occident traverse un tumulte économique et géopolitique pour se diriger vers ce que beaucoup considèrent comme la naissance d’un nouvel Age Mondial, des questions pressantes se posent. En quoi sommes-nous en train de muter et quelle sorte de réalités sociales remplacera celles que nous connaissons ? Le mystère et la terreur ne concerne pas tant la vitesse du changement que sa destination inconnue. Où nous dirigeons-nous ? Vers quel précipice énorme et épouvantable, ou vers quelle destination bénie ?

En tentant de répondre à de telles questions, de nombreux ésotéristes se sont aujourd’hui tournés vers certaines traditions très anciennes pour jeter un éclairage sur la crise de notre temps. Tenant de plus en plus compte des preuves aveuglantes appuyant cette thèse, ils suggèrent que la clé de l’avenir de l’humanité se trouve dans son passé lointain, dans l’héritage d’une race antédiluvienne inconnue qui vivait à une époque si éloignée que son existence a été effacée de la mémoire humaine [1].

Une race oubliée

Il y a peut-être 100.000 ans ou plus, selon cette hypothèse, un grand peuple de l’ère glaciaire, observateur des étoiles, vivait dans la région arctique, une zone tempérée à cette époque, avant de migrer au sud, vers l’Asie Intérieure, à mesure que le climat changeait et que les grandes plaques de glace fondaient. Là, dans un pays fertile et paradisiaque, ces sages inconnus devinrent le noyau d’une race ouralo-altaïque qui continua à évoluer durant tout le millénaire, améliorant la souche de l’humanité primitive par les mariages mixtes, développant des sciences cosmologiques et des structures politiques qui semèrent les germes de notre présente société civilisée, migrant sur toute la terre puis disparaissant, laissant des légendes immortelles sur elle-même.

L’auteur britannique John Michell cite les très nombreuses indications en faveur d’une telle civilisation, qu’il considère comme essentiellement magique, des traces encore faiblement visibles sur le globe pour ceux qui prennent la peine de regarder :

« Toute la surface de la terre est marquée par les traces d’un gigantesque travail d’ingénierie préhistorique, les vestiges d’un système jadis universel de magie naturelle, impliquant l’usage du magnétisme polaire associé à une autre force positive liée à l’énergie solaire. Des diverses races humaines et surhumaines qui ont occupé la terre dans le passé, il ne nous reste que les récits oniriques des premiers mythes. Tout ce que nous pouvons supposer, c’est qu’un désastre écrasant… détruisit un système dont la maintenance dépendait de son contrôle de certaines forces naturelles sur toute la terre. » [2]

Michell n’est qu’une voix parmi beaucoup d’autres affirmant que dans les souvenirs des peuples préhistoriques une race oubliée a laissé des traces d’un ensemble avancé de connaissances, apparemment aussi bien spirituelles que technologiques, qui peuvent nous guider, si nous le voulons, vers un avenir viable.

Bien qu’ignorée par les historiens et les anthropologues de l’establishment, cette théorie est avancée avec toujours plus d’insistance par des chercheurs hautement qualifiés comme une indication de la très grande ancienneté de notre espèce. On continue à trouver des indications non seulement dans les légendes des peuples de toutes les parties de la planète, mais aussi dans les milliers d’anomalies technologiques qui sont découvertes dans des couches géologiques différentes.

Les anciens historiens grecs avaient beaucoup à dire sur ce sujet, en particulier sur les légendes d’Asie Mineure qui parlaient de la descente, aux époques lointaines des ères glaciaires, des Hyperboréens, une mystérieuse race d’être supérieurs venus des régions polaires dont le Pilier érigé sur terre était destiné à refléter les cieux étoilés au-dessus d’eux. Mais ce sont les peuples d’Asie Centrale et Intérieure plus à l’est, un immense pays de steppes, de montagnes et de déserts de sable, qui préservent les souvenirs les plus significatifs d’une époque immémoriale où des villes étaient à la place des déserts et où une antique race parcourait la terre. Et ce sont ces régions ouralo-altaïques qui arrivent maintenant au centre de la scène, à mesure que continue la quête des racines de l’homo sapiens et de la voie vers un avenir viable.

Arkaim : une ville de l'âge de bronze dans le Sud de l'Oural

En 1987, au milieu de la steppe russe, une équipe d’archéologues russes découvrit les ruines d’une ville fortifiée appelée Arkaim, causant une grande excitation dans les milieux scientifiques et un regain d’enthousiasme néo-païen et nationaliste parmi les intellectuels russes. La région était connue pour avoir préservé des points de repère des cultures les plus diverses, de toutes les époques et dans toutes les directions de la boussole, mais Arkaim fut la première preuve claire d’une ancienne culture avancée sur le sol russe.

Construit sur un principe circulaire autour d’une place centrale, avec environ soixante maisons semi-enterrées bâties à l’intérieur de ses remparts, l’établissement était situé dans la partie sud de l’Oural, près de la ville russe de Tcheliabinsk. Il était défendu par deux remparts concentriques de blocs d’argile et de pisé sur un cadre en bois, et on ne pouvait y entrer que par quatre passages habilement construits qui auraient rendu l’entrée d’ennemis éventuels extrêmement difficile. Les habitants et la place centrale commune étaient ainsi bien protégés par la disposition défensive d’Arkaim, tournée vers l’intérieur. On découvrit que la ville était étroitement alignée sur plusieurs points de référence célestes, et on pense donc qu’elle était un observatoire autant qu’une forteresse, un centre administratif et religieux.

Surnommé « le Stonehenge russe », ce site de l’Age de Bronze est âgé d’environ 3.600 ans et était contemporain de la civilisation crétoise et mycénienne, du Moyen-Empire égyptien et des civilisations mésopotamiennes et de la vallée de l’Indus, et plusieurs siècles plus ancien que la Troie fabuleuse d’Homère, dont le tracé lui ressemble si fortement. Arkaim fut habitée pendant deux cent ans et fut ensuite mystérieusement brûlée et désertée.

Les explorations de l’équipe russe montrèrent qu’Arkaim jouissait d’une technologie avancée pour son époque. Elle était équipée d’un caniveau de drainage et d’un système d’évacuation des eaux de pluie, et était aussi protégée contre le feu : les planchers en bois des maisons et les maisons elles-mêmes étaient imprégnées d’une substance incombustible – un fort composé dont les vestiges peuvent encore être trouvés dans les ruines. Chaque maison donnait sur un chemin circulaire intérieur pavé de blocs de bois ; et dans chaque maison il y avait un âtre, un puits, des celliers, un four et des provisions avec un système de stockage et de refroidissement de nourriture. Le four était tel qu’il devait être possible d’y faire fondre du bronze, ainsi qu'y de cuire des poteries.

Ultérieurement à ces fouilles passionnantes, plus de vingt autres sites fortifiés et nécropoles furent découverts dans la vallée d’Arkaim, certains bâtis en pierre, plus grands et plus impressionnants qu’Arkaim. Avec Arkaim comme capitale possible, le complexe finit par être appelé le Pays des Villes et présenta de nombreux mystères aux scientifiques. Ce fut la première preuve concrète d’une civilisation néolithique disparue dans le sud de la Russie, ce qui confirma ce qu’on pensait depuis longtemps, c’est-à-dire que le sud de l’Oural et le nord du Kazakhstan, situés à la jonction de l’Asie et de l’Europe, furent une région importante pour la formation d’une société aryenne complexe.

« Une lumière possible fut jetée pour la première fois sur le développement, la nature et le large modèle migratoire de la première culture indo-européenne, et stimula toutes sortes de théories dans les milieux russes concernant les racines aryennes des Slaves. » [3]

Cela, cependant, n’avait été que le début de la quête d’une nouvelle identité ethnique, culturelle et religieuse dans une minorité russe petite mais influente depuis la chute de l’Union Soviétique. Rejetant de plus en plus la vision américaine et européenne d’une hégémonie globale enracinée dans le christianisme occidental, les Russes, en plus de leur intérêt pour leurs racines indo-européennes, se tournent vers l’est pour trouver une connexion avec la souche ethnique turco-mongole. Beaucoup, surtout parmi les jeunes, adoptent déjà la mystique d’un peuple et d’une communauté eurasiens unis et cimentés par des liens spirituels bien plus anciens que ceux du christianisme et de l’islam. Arkaim est immédiatement devenue un point de convergence pour ces idéaux, le symbole d’une future base pour la paix mondiale. Ar-ka signifie ciel, et Im signifie terre, dit Alex Sparkey, un auteur russe. Il explique que cela signifie que Arkaim désigne un endroit où le Ciel touche la Terre. Ici le matériel et le spirituel sont inséparables.

« L’Orient et l’Occident fusionnent ici. Aujourd’hui, en Russie, nous sentons que l’humanité se trouve face à la nécessité de choisir l’Unité. La culture occidentale doit s’unir à la sagesse orientale. Si cela peut se faire, l’harmonie qui régnait jadis suprêmement dans le Pays des Villes sera restaurée. » [4]

En fait, il est douteux que la paix et l’harmonie aient existé à l’époque d’Arkaim, puisque la cité et les sites fortifiés environnants étaient manifestement conçus pour la guerre ou du moins pour de sérieuses mesures défensives dans un environnement hostile. Il faut remarquer que le culte de Tengri, le dieu du Ciel turco-mongol qui joue un rôle de première importance dans la religion d’Asie Centrale, encourage un féroce nationalisme compétitif plutôt que des relations pacifiques avec les voisins. Cependant, Sparkey a raison de souligner le principe d’un accord implicite harmonieux dans l’idéologie d’Arkaim, indiquant par là l’héritage d’une culture jadis plus pacifique.

Le chef de l’équipe archéologique observa :

« Un survol d’Arkaim en hélicoptère vous donne une impression incroyable. Les énormes cercles concentriques sont clairement visibles dans la vallée. La ville et ses parties extérieures sont tous inclus dans les cercles. Nous ne savons pas encore quel était le but des énormes cercles, s’ils étaient faits pour des usages défensifs, scientifiques, éducatifs ou rituels. » [5]

La vérité est qu’Arkaim était une ville de Troie, ainsi nommée d’après la ville d’Asie Mineure que le roi grec Agamemnon détruisit durant la guerre de Troie. Bâtie sur le même principe circulaire que Troie, ainsi que celle-ci est décrite dans l’Iliade d’Homère, mais plus vieille d’au moins six cent ans, Arkaim trouve son prototype dans l’Atlantide de Platon avec ses trois cercles concentriques de canaux ; dans la légendaire Electris, la cité hyperboréenne dont certains disent qu’elle fut bâtie sous l’Etoile Polaire par le dieu de la mer Poséidon ; et dans Asgard, la cité sacrée dédiée au dieu nordique Odin et qui est décrite dans l’Edda islandaise. Toutes ces villes de Troie légendaires ont le même plan circulaire. Elles sont passées dans l’histoire comme des centres de sagesse néolithique et comme sièges des anciens rois divins, et cela met indubitablement en lumière la fonction cultuelle d’Arkaim à cette époque, comme nous le verrons.

Dans les milieux plus mystiques de la Russie il y a un intense intérêt pour l’ancienne cité, qui est vue comme la cité-temple bâtie par le légendaire roi Yama, souverain des Aryens durant l’Age d’Or, et qui doit un jour redevenir le centre du monde [6]. Cependant, la découverte du site a permis un aperçu historique sur quelque chose de bien plus important que les batailles et les conquêtes d’un peuple indo-européen agressif menées à travers l’Eurasie et dans les pays méditerranées, où leurs chars de guerre mirent fin à la paix de l’Ancienne Europe. Ce que le Pays des Villes a révélé par sa structure même et son histoire est avant tout le passé encore plus éloigné des peuples ouralo-altaïques – un passé d’une antiquité si énorme qu’il présente plus de mystères qu’il n’en résout.

Bâtie sur le modèle architectural de l’Asgard nordique, le lieu le plus sacré des Ases dont l’Edda en prose dit que « les hommes l’appellent Troie », Arkaim pourrait avoir été un lieu sacré dédié à la religion aryenne du Soleil, mais les racines de son caractère sacré pourraient avoir résidé dans le culte bien plus ancien de l’Etoile Polaire. Essentiellement, celui-ci était le culte du chamane, du magicien, de l’homme-médecine et autres faiseurs-de-miracles en contact avec les esprits de la nature.

Ainsi le svastika, qu’on pensait être le symbole exclusivement aryen du culte solaire et qui fut détourné par les nazis [7], et qui est représenté sur beaucoup de pots en argile découverts à Arkaim, est un symbole religieux et métaphysique plus ancien que celui attaché au dieu aryen du Soleil, ses racines se trouvant dans le chamanisme totémique. René Guénon, l’éminent ésotériste français, souligne que le svastika, symbolisant le mouvement éternel autour d’un centre immobile, est un symbole polaire plutôt que solaire, et qu’en tant que tel il était un symbole essentiel du culte de l’Etoile Polaire, originellement dédié à une déité planétaire associée à Ursa Major, la Grande Ourse. Ce centre, souligne Guénon, « constitue le point fixe connu symboliquement dans toutes les traditions comme le ‘pôle’ ou l’axe autour duquel le monde est en rotation… ». Le svastika est donc connu dans le monde entier comme le « signe du pôle » [8].

En bref, ce serait une erreur pour la fierté ethnique russe de trop se focaliser sur le passé aryen d’Arkaim, car la cité était l’héritière d’une grande force de civilisation qui existait dans le corridor eurasien longtemps avant l’existence des Indo-Européens. Un trait universel des villes de Troie est manquant dans Arkaim – probablement parce qu’il a été détruit avec le passage des siècles – et c’est le pilier sacré sur la place centrale. Indubitablement, à Arkaim nous voyons une expression tardive d’une religion mégalithique du Pilier qui régnait jadis universellement à chaque coin du globe, chez presque tous les peuples, quel que soit leur type ethnique, et qui fut plus tard associée aux villes de Troie. C’est la plus ancienne religion qui nous est connue et elle remonte à la plus lointaine antiquité, quand les hommes voyaient les cieux tourner autour de l’axe de l’Etoile Polaire.

C’est seulement plus tard que le Soleil, comme centre du système stellaire en rotation, remplaça l’Etoile Polaire comme déité suprême du culte du Pilier et que cela conduisit à l’élévation du dieu-soleil des peuples indo-européens. Cela conduisit à leur plus grand développement intellectuel, à des civilisations complexes, à des arts et des sciences avancées et à la transcendance de la nature.

Des villes de Troie comme Electris – et Arkaim – furent bâties en tant qu’observatoires stellaires. Leur fonction était d’unir la terre au cosmos étoilé, en accord avec le principe du « tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », au moyen d’un axe central symbolisé par un pilier en pierre. Ainsi Diodore de Sicile, au premier siècle avant l’ère chrétienne, citant l’historien Hécatée, décrivit le sanctuaire d’Electris comme une ville de Troie d’après le motif des sphères

« par lequel il désigne un motif astronomique similaire à celui de Stonehenge et à d’autres anciens temples solaires, où le schéma des sphères célestes ou corps astraux entourant la terre était représenté schématiquement par une série de cercles concentriques marqués par des murs, des fossés ou des douves autour d’un pilier de pierre central. » [9]

Ces sanctuaires clôturés et bien gardés, dédiés aux dieux du grand cosmos, n’étaient habités que par des prêtres initiés et par leurs familles, et étaient interdits aux nomades se déplaçant au-delà des remparts. Pour les archéologues, le mystère est de comprendre comment une science astronomique aussi avancée a pu être utilisée à une époque où des chasseurs-cueilleurs parcouraient encore le pays. Colin Wilson, un chercheur hautement qualifié, nous renvoie aux Sumériens de l’ancienne Mésopotamie, un peuple qui était presque sûrement originaire de l’Asie Centrale, comme le dit la Bible : « Alors que les hommes migraient depuis l’est, ils trouvèrent une plaine dans le pays de Shinar [Sumer] et s’y établirent ». Sumer est considérée comme le site de l’une des premières vraies civilisations de l’histoire humaine.

Wilson souligne que les Sumériens étaient des astronomes accomplis qui avaient compilé sur des tablettes les mouvements de toutes les planètes, y compris Uranus et Neptune, il y a cinq mille ans, longtemps avant l’existence d’Arkaim. Il ajoute que d’après la bibliothèque de tablettes d’argile compilée par le roi assyrien Assurbanipal (669-626 av. J.C.) et découverte au XIXe siècle, les Sumériens avaient aussi compris la précession des équinoxes, et connaissaient donc le zodiaque. [10]

D’autres révélations sur la science astronomique sophistiquée des Sumériens convainquirent Wilson que les astronomes chaldéens comprenaient notre système solaire aussi bien qu’Isaac Newton [11]. En fait, Wilson finit par avoir la conviction que la connaissance scientifique de l’univers existait déjà sur terre il y a 64.000 ans, sinon plus.

Arkaim était manifestement un Centre de Sagesse dans un réseau de Centres semblables qui reliaient jadis tous les peuples préhistoriques de la terre, sous l’égide spirituelle de la religion du Pilier et de ses élites sacerdotales. Les vestiges d’innombrables cercles de pierres similaires, menhirs et villes de Troie sont dispersés dans toute l’Europe, les Amériques, l’Eurasie et les terres du Pacifique, souvenirs des grandes migrations entrecroisées des peuples, tous fidèles au même principe axial qui relie la terre aux cieux.

Quant au berceau de cette grande diaspora, le peintre mystique et explorateur russe Nicholas Roerich vit des milliers de ces piliers mégalithiques dans les hautes terres du Tibet, et il était d’avis qu’ils étaient plus anciens que ceux des autres pays. Il suggéra qu’ils avaient des liens étroits avec les ouvrages des Celtes et des tribus scythes, ainsi qu’avec les mégalithes de Carnac en Bretagne, et qu’ils représentaient un culte du Pilier qui naquit il y a bien longtemps dans les régions transhimalayennes de l’Asie Intérieure. [12]

Ce berceau eurasien proposé pour le phénomène des villes de Troie est renforcé par les recherches d’un certain Jacob Bryant en 1776. Bryant, un expert renommé de la Troie homérique, publia une encyclopédie de la mythologie antique dans laquelle il affirma que les Troyens descendaient d’une très ancienne race « atlantéenne » qui s’était établie il y a bien longtemps dans toute l’Eurasie [13]. Si les premières villes de Troie furent bâties en Asie Centrale, la religion universelle du Pilier aurait-elle pu naître aussi dans cette région ?

Comme je l’ai dit, diverses versions du culte du Pilier du Monde tel qu’il se répandit dans le monde étaient jadis connues depuis les Amériques jusqu’en Afrique du Nord, où les blonds Tamahu adoraient la Magna Mater [= la Grande Mère] et son époux le Porteur-du-Ciel, tout comme leurs cousins de Bretagne et d’Espagne. En Inde hindoue l’Axe du Monde, le Mont Méru, montait jusqu’aux cieux tournant autour du centre des trois mondes, et aux Iles Canaries les Guanches cro-magnons aujourd’hui disparus adoraient par des sacrifices le dieu du Pilier du Monde qu’ils appelaient « le dieu qui soutient les cieux », et qui empêchait ainsi l’effondrement des fondements du monde » [14]. Un vestige de ce système de croyance survit dans la légende de l’échelle de Jacob dans le Livre hébraïque de l’Exode, où nous apprenons que sur cette échelle les anges montent et descendent entre le ciel et la terre.

Chaque race a considéré un certain arbre comme symbolisant le Pilier du Monde et donc comme sacré. Dans la Völuspa, le chant de la prophétesse nordique, l’arbre sur lequel le dieu Odin se suspend pour recevoir les runes sacrées était nommé Yggdrasil, le pôle des cieux ou axe du monde. Le frêne Yggdrasil fut proclamé le plus grand et le meilleur de tous les arbres ; ses branches s’étendaient sur le monde et au-dessus des cieux, son tronc formant le pivot du ciel toujours en rotation. Au pied de cet arbre les lois furent proclamées pour la première fois par les Ases, les dieux nordiques, et Yggdrasil était adoré comme la source de toutes les connaissances supérieures. [15]

Pour les habitants de Sumer, dont la langue est inconnue – une langue ni indo-européenne ni sémitique –, le Pilier était un trait religieux dominant : ainsi Nippour, l’une des principales villes de Sumer, avait dès l’an 3.800 av. J.C. la signification de « Lien entre Ciel et Terre ». Un éminent spécialiste dit que dans le texte sumérien de l’Enuma Elish « des indications du but de Nippour ont été trouvées dans des références à un haut pilier montant jusqu’au ciel » [16].

Dans l’ancienne Egypte, le pays des peuples chamitiques, la cité d’An ou Anou, qui fut renommée Héliopolis par les Grecs, signifiait originellement Cité du Pilier [17]. Comme un commentateur l’a remarqué, ce fait pourrait apporter un éclairage sur le mystérieux pilier djed, l’« épine dorsale d’Osiris », souvent associé à Héliopolis [18].

Comme d’autres membres de la fraternité du Pilier, le chamane totémique dédiait sa vie et sa vocation à la vision du mariage du ciel et de la terre accompli grâce à un Arbre de Vie soutenant le ciel. Dans l’ancienne Crète, il était attaché aux rituels dans le temple de la Grande Mère Déméter ; en Sibérie, en Mongolie et aux Amériques, il était le magicien et le sage de sa tribu. Battant du tambour et escaladant le mât central de sa yourte, le pilier symbolique grâce auquel il communiait avec les esprits du ciel au-dessus, le chamane rapportait ainsi des guérisons, des prophéties et des conseils donnés par les ancêtres au peuple de sa communauté. La tradition chamanique turco-mongole avec son dieu du Ciel Tengri et son Arbre du Monde survit encore dans une vaste région de la planète, bien que ses racines se trouvent loin dans le passé dans les brumes de l’âge paléolithique.

Le mystère d’Arkaim est en effet le mystère de la religion du Pilier. Qui apporta à tous les peuples primitifs de la terre cette connaissance de l’Axe Polaire, les unissant pour de nombreux milliers d’années dans une culture planétaire commune ? Qui leur enseigna les secrets astronomiques du système solaire, du zodiaque et de la précession des équinoxes à une époque de la préhistoire où l’intelligence humaine n’était pas supposée être suffisamment évoluée pour avoir développé toute seule cette connaissance ? Et quel rôle joua Arkaim dans cette diffusion ?

A la recherche des origines arctiques de la civilisation

Les Babyloniens croyaient en un mystérieux paradis dans le « nord lointain » où vivait une race de grands sages ; et les anciens Grecs aussi chantaient un Elysée nordique où les Hyperboréens, une race sage, pacifique et de grande longévité, étaient supposés vivre dans une grande splendeur et une grande prospérité. Même si Delphes était considérée comme le centre du monde grec, son dieu Apollon et sa sœur la déesse Artémis étaient reconnus comme des déités originaires de ce lointain pays secret au nord, où se trouvait l’axe cosmique que les Grecs appelaient Hélice, « Ce qui tourne ». Beaucoup d’historiens grecs ainsi que des spécialistes ultérieurs situaient ce paradis nordique en Scythie ou dans l’Altaï, et comme ayant sa source dans le chamanisme qui se développa autour des magiciens et des seigneurs polaires semi-mythiques de l’Altaï. Mais les recherches tout comme la tradition sacrée suggèrent que son origine remonte encore plus loin dans le passé, dans le nord-est de l’Asie à l’intérieur du cercle arctique, jusqu’à une société qui s’épanouissait sur les rives de la Mer de Sibérie.

Nul ne sait à quelle époque exactement et pendant combien de temps cette culture circumpolaire a pu exister : il y a peut-être 200.000 ans ou plus. Dans The Interpretation of Radium, le renommé physicien Frederick Soddy a dit que certaines des croyances et des légendes qui nous ont été transmises depuis l’antiquité pourraient être « des traces d’une ancienne civilisation complètement inconnue et insoupçonnée dont tous les autres vestiges ont disparu » [19]. Il a pu exister, a-t-il suggéré, des cycles antérieurs dans l’histoire inconnue du monde, durant lesquels des hommes civilisés vivaient « dans un passé peut-être tellement lointain que même les simples atomes de civilisation ont littéralement eu le temps de se désintégrer » [20].

Après des années d’investigations, Charles Hapgood, un professeur d’histoire de Nouvelle-Angleterre, déclara en 1982 qu’il y a peut-être 100.000 ans, le centre d’une civilisation maritime mondiale avec un niveau très élevé de connaissances scientifiques a dû exister dans le cercle arctique [21]. Jusqu’à ces derniers temps les découvertes de Hapgood, présentées dans Earth’s Shifting Crust (1958) et dans Maps of the Ancient Sea Kings (1966), ont été largement ignorées dans les milieux scientifiques, même si elles obtinrent l’appui du grand physicien Albert Einstein ; mais aujourd’hui l’intérêt en leur faveur se répand chez un nombre croissant de chercheurs hautement qualifiés.

René Guénon fait appel aux traditions ésotériques les plus anciennes et les plus authentiques en affirmant que longtemps avant l’apparition des races indo-européennes, à une époque où l’humanité des chasseurs-cueilleurs se trouvait encore à un stade primitif de développement, les tropiques étaient situés différemment et une grande culture hyperboréenne s’épanouissait autour du cercle arctique, « dans les Iles Fortunées sur les rivages de l’Océan où les grands maelstroms tourbillonnent » [22].

C’est seulement plus tard, après un changement catastrophique des conditions géologiques, que cette ancienne race émigra vers le sud, en partie vers l’Asie Centrale, en partie vers l’Atlantide à l’ouest, peut-être en traversant le détroit de Béring. L’Atlantide a été localisée par certains chercheurs dans les Antilles, deux grandes îles au-delà du Golfe du Mexique considérées par beaucoup comme les vestiges de ce qui était jadis une grande masse de terre submergée [23] (à l’appui de cette théorie, les Caraïbes et les tribus d’Hispaniola ont longtemps eu une tradition disant que beaucoup des îles des Antilles, une zone sismique bien connue, étaient jadis reliées en une seule masse de terre, avant un grand cataclysme qui submergea le tout il y a environ 15.000 ans et qui ne laissa intacts que les fragments d’îles connus) [24].

Laissant de coté la référence indirecte de Guénon aux deux refuges des Hyperboréens comme étant en Russie et en Amérique Centrale, il suggère que dans les deux cas les deux groupes apportèrent avec eux des connaissances mathématiques et astronomiques avancées et les germes des arts et des sciences qui furent finalement transmis à nos rudes ancêtres pour devenir la base, il y a environ huit mille ans, de nos propres civilisations.

Sumer au Moyen-Orient et l’Amérique Centrale ont tous deux des histoires de déluge qui furent écrites longtemps avant le récit biblique du déluge de Noé, et dans toutes ces histoires l’activité salvatrice de l’ancienne race est cruciale. Il y a le récit sumérien d’Utnapishtim et de sa femme qui, aidés par les dieux, survécurent à un déluge et devinrent immortels ; et de même les anciens récits américains racontent que le dieu Viracocha, qui « venait de l’est », détruisit la terre par un grand déluge. Plus tard, après qu’un homme et une femme aient survécu en trouvant refuge dans une boîte flottante, « Viracocha recréa les peuples de la terre, et donna à chacun d’eux sa propre langue et ses propres chants » [25]. Wilson cite de nombreux exemples où des histoires de déluge concernant les Hyperboréens et le sauvetage de notre race par eux peuvent être trouvées dans l’Ancien Monde aussi bien que dans le Nouveau.

Guénon souligne toutefois que des deux emplacements principaux, qui ont tous deux parfois porté le nom de Tula (connu des Grecs comme Thulé), celui de l’Asie Centrale était le plus ancien. La Tula atlantéenne, dit Guénon, doit être distinguée de la Tula hyperboréenne, la Terre Sacrée suprême, qui représente le centre premier et suprême pour le Manvantara [cycle humain] tout entier, et qui est l’« île sacrée » archétypale.

Toutes les autres « îles sacrées », bien que portant partout des noms de signification équivalente, ne sont cependant que des images de l’originale. Cela s’applique même au centre spirituel de la tradition atlantéenne, qui ne gouverna qu’un cycle historique secondaire, subordonné au Manvantara [26]. Platon lui-même note cette distribution hiérarchique : l’empire atlantéen, dit-il, ne fut qu’un centre établi par les dieux dans un plus grand réseau de Centres dont la capitale était ailleurs « au centre de l’Univers » [27]. Ainsi le heartland eurasien, dit Guénon dans son bref mais révolutionnaire ouvrage, Le Roi du Monde, est en effet devenu ce « centre de l’Univers », l’authentique « pays suprême » qui,

« …d’après certains textes védiques et avestiques, était originellement situé vers le Pôle Nord, même au sens littéral du mot. Bien qu’il puisse changer de localisation selon les différentes phases de l’histoire humaine, il demeure encore polaire au sens symbolique parce qu’il représente essentiellement l’axe fixe autour duquel tout est en rotation. » [28]

Cependant, cela ne nous dit toujours pas pourquoi la localisation en Asie Centrale fut choisie comme principale destination des Hyperboréens ? La réponse de Guénon à cette question est extrêmement énigmatique. Il reconnaît qu’il a affaire à du matériel proscrit qu’il n’est pas autorisé à divulguer, mais révèle néanmoins que le mont Méru, la « montagne polaire », se dresse au centre du « pays suprême » – et le mont Méru, tel qu’il est généralement compris, symbolise le mystérieux Axe du Monde ou Arbre du Monde de la tradition ésotérique. En d’autres mots, l’Asie Centrale fut choisie parce que l’Axe du Monde s’y trouvait ; c’était le véritable but de la migration. L’Axe du Monde était, et est toujours, le « centre de l’Univers » ; c’est l’Axe du Monde qui fait de la région environnante une Terre Sainte – un fait qui commence seulement à être compris dans les milieux parascientifiques.

Comme nous le verrons dans la seconde partie de cet article, la structure ésotérique de la terre est un sujet qui a été gardée secrète pendant des milliers d’années, et cela s’applique spécialement au Mont Méru ou Axe du Monde des mystiques. John Major Jenkins, dans son livre Galactic Alignment, fut l’un des premiers chercheurs modernes à éclairer le sens de cette tradition et de nombreuses autres traditions hyperboréennes que Guénon ne désirait pas ou ne pouvait pas exposer. En-dehors d’une allusion à la plus ancienne race comme étant celle des « gardiens des mystères sacrés de la Terre », Guénon garda le silence à cause de ses vœux initiatiques.

Qui étaient donc ces mystérieux Hyperboréens – ou comme nous devrions peut-être les appeler, ces Anciens, ces premiers Maîtres de Sagesse qui comprenaient l’importance de l’Axe du Monde ? Les archives de la plupart des peuples de l’Age de Bronze comportent une légende disant qu’une race inconnue d’Anciens nous donna la royauté et la civilisation et qu’ils descendaient des dieux et comprenaient les plus puissants secrets de notre planète – des secrets qui ont depuis lors été perdus.

Les Anciens ont été connus sous le nom de Nephilim, de Fils de Dieu, d’Annunaki, de Veilleurs et beaucoup d’autres appellations ; G.I. Gurdjieff les considérait comme des agents du Démiurge divin, venant d’un précédent cycle de l’humanité. Mais en-dehors de leur grande sagesse et de leurs pouvoirs magiques supposés, de leur stature de géants et de leurs crânes de forme allongée, on ne sait pas grand-chose sur eux. Existèrent-ils vraiment ? Tout ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’ils restèrent comme une vague présence bienveillante et invisible dans l’arrière-plan de presque toutes les traditions préhistoriques de notre race.

Ces âmes venues de Sirius, disent les anciens textes, descendirent par l’Axe du Monde et s’incarnèrent sur la terre il y a bien longtemps pour aider notre espèce débutante. Quand vers la fin de l’ère glaciaire, vers le douzième millénaire avant l’ère chrétienne, une grande catastrophe nous menaça d’extinction, ces fils et filles des dieux instituèrent le hieros gamos, une science génétique qui mêla leurs gènes aux nôtres et créa ainsi une souche humaine supérieure avec un plus grand potentiel de survie – une race qui se répandit graduellement depuis le cœur de l’Asie d’une part, et depuis l’Atlantide d’autre part, jusque dans le reste du monde [29].

Le climat changea à nouveau vers le neuvième millénaire avant J.C., qui est généralement considéré comme la date de la submersion de l’Atlantide et de la dispersion forcée de son peuple vers l’ouest en Amérique Centrale et vers l’est en Europe. Des séismes catastrophiques et des raz-de-marée s’étendant à de vastes régions du globe [30] constituèrent une grave menace pour la survie de notre espèce, et cette crise provoqua une autre réponse de la part de cette ancienne race.

Bien que les Anciens avaient disparu, leurs dynamiques descendants, une longue lignée de rois-prêtres néolithiques, lancèrent un nouveau programme évolutionnaire. Durant ses migrations depuis l’Asie Centrale, la race ouralo-altaïque aurait établi à chaque coin de la terre sa religion du Pilier, que le Critias de Platon décrit très clairement comme étant la religion des Atlantes. Des piliers de pierre ont survécu à Malte depuis l’an 5.000 avant J.C., et aussi à Çatal Huyük en Anatolie, depuis environ 5.800 av. J.C. [31]. La religion du Pilier est le premier véhicule connu d’une doctrine spirituelle complète originellement centrée sur l’Etoile Polaire, dans laquelle la lune est l’image primordiale des mystères de la naissance, de la génération et de la mort. C’est la racine fondamentale de toutes les religions et des traditions ésotériques que nous connaissons aujourd’hui, ainsi que de tous nos enseignements supérieurs. Sa diffusion fut l’aube de sociétés pacifiques, égalitaires et adoratrices de la Déesse, vivant dans des villes et des villages néolithiques dans le monde entier, où le principe féminin était dominant et le conflit peu connu [32].

Arkaim et les Dieux du soleil

Les historiens modernes ont découvert que trois grands déluges semblent avoir eu lieu durant la durée connue de l’histoire humaine. D’après Stephen Oppenheimer dans Eden in the East, le troisième déluge, vers le cinquième millénaire avant J.C., correspond au Déluge de Noé et fut le plus grand des trois, et culmina durant le quatrième millénaire [33]. Il causa des inondations côtières catastrophiques, des tsunamis et de puissants séismes, ainsi que la désertification de l’intérieur des masses terrestres, et la civilisation disparut. Une fois de plus l’espèce était menacée d’un retour à la sauvagerie, et une fois de plus le salut vint de l’Asie Intérieure.

Au troisième millénaire avant J.C., nous disent les archives des anciens Chinois, les Fils du Soleil – également connus sous le nom de Fils du Ciel – se déployèrent dans le monde, venant de leur patrie dans la chaîne du Karakorum à l’extrémité occidentale du Transhimalaya, emportant avec eux la révélation supérieure de la religion du Soleil [34]. C’était un système de croyance patriarcal et hiérarchique qui révélait de nouvelles profondeurs de sagesse métaphysique et technologique favorisant la civilisation. Partout les cercles de pierre dont l’axe central était dédié à l’Etoile Polaire, comme Stonehenge dans l’ancienne Bretagne, évoluèrent en l’espace d’un millier d’années en observatoires plus sophistiqués centrés à présent sur le Soleil et ses planètes environnantes, et la culture humaine s’épanouit à nouveau.

Cette innovation, cependant, ne se fit pas sans guerres religieuses, puisque de nombreux groupes ethniques, comme les peuples turco-mongols des steppes orientales, restèrent fidèles au culte de l’Etoile Polaire. En même temps, des pyramides ainsi que des villes de Troie défensives comme Arkaim se multiplièrent en hommage aux dieux du Soleil, dont la mystique devint de plus en plus occulte à mesure que l’hostilité s’accroissait envers la puissante foi nouvelle. En fait Arkaim a pu être le siège de l’une des religions solaires à mystères de cette période, et le féroce holocauste qui détruisit le site après deux cent ans d’existence pourrait bien avoir été causé par ce même conflit interne entre l’ordre ancien et le nouveau.

Les indications picturales contenues dans l’Enuma Elish montrent que les Sumériens comprenaient très bien que les Anciens qu’ils vénéraient tant « venaient des dieux » – qu’ils n’étaient pas eux-mêmes des dieux mais des êtres humains, bien que possédant une conscience bien plus avancée. D’après les peintures murales qu’ils nous ont laissées, les premiers Egyptiens savaient aussi d’une certaine manière que leurs déités étaient en fait de grands maîtres chamanes, chacun d’entre eux portant le masque officiel de son totem animal. Mais cette compréhension devait être occultée par la domination de plus en plus agressive de la religion solaire, lorsqu’une sorte d’amnésie obscure tomba sur la conscience collective de notre race. Les prêtres du Soleil se retirèrent derrière des barricades, et dans la société se produisit une division spirituelle qui n’avait jamais existé auparavant.

Comme l’historien Giorgio de Santillana l’a souligné dans son livre Hamlet’s Mill, dès ce moment la compréhension éclairée de nos ancêtres commença à tomber dans la mythologie et la superstition, de petites poches de sagesse secrète appelées temples brillèrent dans un océan d’obscurité, et une mystique des dieux remplaça la connaissance cosmologique des premiers âges [35]. Pendant que des bandes d’initiés porteurs de culture se répandaient sur tout le globe pour semer une fois de plus les germes de la civilisation, un noyau de l’ancienne race se retira au plus profond des chaînes montagneuses de la Haute Asie qui entourent le désert de Takla-Makan et coupèrent tout contact direct avec le monde extérieur.

Depuis lors, tout le cœur de l’Eurasie, depuis l’Oural jusqu’au Gobi en incluant le sud de la Sibérie, a porté la marque d’une sacralité particulière. La Haute Asie en particulier a été qualifiée par toute une série de peuples et de religions de Paradesha, de Pays Interdit, de Pays des dieux vivants, de Thulé, Djong, Uttarakuru, Olmolungring, Shambhala, Terre Sainte et Pays des Eaux Blanches [Bielovodia]. Quel que soit son nom actuel, presque toutes les traditions ésotériques de l’Ancien Monde ont associé cette vaste et mystérieuse région de l’Eurasie Intérieure, si riche en hautes connaissances, à la légendaire race des Anciens et l’ont vénérée comme le foyer de l’Ancienne Sagesse pour l’Age Mondial actuel.

La légende des Fils et Filles de Dieu n’a donc jamais disparu, bien qu’elle soit devenue secrète. L’Asie Intérieure, qu’on pensait être le berceau immémorial du chamanisme ainsi que de tous les systèmes yogiques et religieux, est considérée par beaucoup de gens comme toujours efficace spirituellement, une terre sainte qui, sous l’autorité d’une seule Hiérarchie gouvernante, accueille sans crainte ni faveur des écoles et des fraternités secrètes persécutées partout ailleurs. Les soufis, les bouddhistes, les chrétiens nestoriens, les taoïstes, les zoroastriens, les juifs, les néo-platoniciens et d’autres qui ont été dissimulés au monde profane par de longues chaînes de transmission initiatique ont toujours trouvé un sanctuaire dans ce protectorat particulièrement béni, où tout a commencé.

Après être restée dans l’ombre pendant des milliers d’années, la région est aujourd’hui illuminée par des feux venant de tous les angles possibles. La découverte d’Arkaim n’est qu’un de ces angles. La querelle hautement médiatisée entre la Chine et le Tibet en est un autre ; la lutte toujours plus intense entre les USA et la Russie pour la domination militaire des provinces d’Asie Centrale riches en pétrole et en gaz ; l’engagement croissant de la Russie, de la Chine, de l’Iran et de l’Inde en faveur d’un bloc géopolitique eurasien, en opposition tacite avec les puissances occidentales ; et en même temps un renouveau d’intérêt en Occident pour la mystérieuse richesse spirituelle qui peut être perçue dans cette région, sont encore d’autres facteurs amenant le cœur de l’Asie au centre de l’attention mondiale. Pourtant les questions posées demeurent pour l’instant sans réponse.

Quel est le secret de la Terre Sainte ? Qui étaient vraiment les Anciens qui nous donnèrent la civilisation ? Guident-ils encore notre évolution sous une forme désincarnée ? Quel est le secret de l’Axe du Monde ? Comprenons-nous toujours les principes archétypiques qui gouvernent notre planète ? Et pourquoi commençons-nous seulement à nous poser de telles questions ?


notes

Note de la rédaction de Voxnr : Voxnr ne cautionne pas ce texte dont la rédaction relève pour partie non pas de l'Histoire mais du mythe (voire du délire). Il n'est publié que comme document illustratif de ce mythe.

1. Colin Wilson, Atlantis and the Kingdom of the Neanderthals, Bear & Co., Vermont, 2006.
2. John Michell, The View Over Atlantis, Sphere Books, London, 1975, 117.
3. V.A. Shnirelman, Archaeology and Ethnic Politics: the Discovery of Arkaim, Unesco, 1998.
4. Alex Sparkey, The Ancient Land of Arkaim, from Spirit of Ma’at: Russia: Land of Living Mysticism, Vol. 3, No. 9, 3.
5. Pravda.Ru, An Ancient Aryan Civilisation, 16/07/2005.
6. Shnirelman, op. cit., 38.
7. Louis Pauwels & Jacques Bergier, The Morning of the Magicians, Souvenir Press, London, 1960, 188.
8. René Guénon, The Lord of the World, Octagon Press, U.K., 1983, 9.
9. Victoria LePage, Shambhala, Quest Books, Illinois, USA, 1996, 197, citing Diodorus Siculus, The Library of History, Loeb Classical Library, London, 1936 – 67.
10. Colin Wilson, op. cit., 32.
11. Ibid., 32.
12. Nicholas Roerich, Shambhala: In Search of the New Era, Inner Traditions International, 1930, 221.
13. Jacob Bryant, A New System or An Analysis of Ancient Mythology, T. Payne, P. Elmsly, B. White and J. Walter, publishers, London, 1776.
14. Jurgen Spanuth, Atlantis of the North, Sidgwick & Jackson, 1979, 123 – 24.
15. Joseph Campbell, The Masks of God, Vol. 1, Penguin, Harmondsworth, 1984, 121.
16. Alan F. Alford, Gods of the New Millennium, Hodder & Stoughton, London, 1996, 261.
17. Ibid., 261
18. Ibid., 261
19. Frederick Soddy, The Interpretation of Radium and the Structure of the Atom, Putnam, New York, 1922, quoted by Colin Wilson, op. cit., 292.
20. Ibid., 292.
21. Colin Wilson, op. cit., 2.
22. Hesiod [Works], R. Lattimore, trans., University of Michigan Press, Ann Arbor, 1959, 172 – 3.
23. Lewis Spence, The History of Atlantis, Rider, London, 1926; cited by Geoffrey Ashe, Atlantis, Thames & Hudson, London, 1992, 21.
24. Eberhard Zangger, The Flood from Heaven, Sidgwick & Jackson, London, 1992, 66.
25. Colin Wilson, op. cit., 91.
26. René Guénon, op. cit., 56.
27. Plato, Timaeus and Critius, Desmond Lee, trans., Penguin, Harmondsworth, 1983, 145.
28. René Guénon, op. cit., 50.
29. Ibid, 56.
30. Stephen Oppenheimer, Eden in the East, Weidenfeld & Nicolson, London, 1998, 30 – 41.
31. Anne Baring & Jules Cashford, The Myth of the Goddess, Penguin, 1993.
32. Ibid., 50 –56.
33. Oppenheimer, op. cit., 35.
34. Andrew Tomas, Shambhala: Oasis of Light, Sphere Books, London, 1976, 26.
35. G. Santillana & H. Von Deschend, Hamlet’s Mill, Gambit International, Boston, 1969.

Victoria Lepage a publié de nombreux articles sur le nouveau paradigme spirituel qui est en train d’émerger dans les cultures du monde entier et elle est l’auteure de Shambhala: The Fascinating Truth Behind the Myth of Shangri-la, publié dans dix langues étrangères.

Cet article a paru dans New Dawn n° 111 (novembre-décembre 2008).

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