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Dimanche, 14 Juillet 2002
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L’occultisme et la politique dans la Russie contemporaine
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Histoire :: Europe de l'Est
L’existence d’un occultisme politisé à l’extrême-droite est une caractéristique majeure de la scène russe contemporaine. Il est difficile de dire si ses prosélytes sont en réalité des occultistes, ou si ils utilisent cyniquement des symboles occultes pour manipuler les citoyens russes ou pour obtenir l’attention des médias en mettant en lumière des idées qui font horreur aux « occidentalisés », par contre, il ne fait aucun doute que de nombreux Russes croient aux sciences occultes.

La droite radicale russe comprend de nombreux anciens apparatchiks communistes qui continuent à diviser le monde entre les forces du bien et les forces du mal. Par exemple Grigory Klimov, l’auteur d’un pamphlet intitulé Krasnaia Kabbala (La Kabbale rouge), dit être un ancien agent du KGB. Selon Klimov, le « Politburo d’Hitler » était composé de sionistes qui suscitèrent l’anti-sémitisme pour dominer le monde.

A quelques exceptions près, les idéologues de la droite radicale tendent à rejeter Swedenborg, les rosicruciens et l’Anthroposophie. Swedenborg parce qu’il prêchait la fraternité universelle et l’égalité des hommes et des femmes ; les rosicruciens parce qu’ils sont historiquement liés à la Franc-Maçonnerie et l’Anthroposophie parce que Steiner serait d’origine juive. Le militant chrétien de droite rejette aussi la Théosophie car c’est une religion syncrétique.

Parmi les membres du comité de lecture de la maison d’édition Russkaia Satrina (La vieille Russie) qui publie des reprints de livres russes sur l’occultisme, on trouve des nationalistes radicaux et des antisémites tels que Iury Bondarev, Valentin Pikul et Vladimir Soloukhin. C’est cette maison d’édition qui a réédité Les protocoles des sages de Sion et de la littérature d’émigrés blancs des années 20-30 qui dénonçent la « révolution bolchevique comme une conspiration judéo-maçonnique » et blâment les juifs pour tous les problèmes de la Russie . Ces livres sont habituellement imprimés sur du papier bon marché, ce qui peut indiquer soit que leurs éditeurs manquent de fonds soit qu’ils souhaitent ne pas se distinguer de la production locale de livres.

L’Ariosophie a été recyclée par Alexandre Douguine, né en 1962, qui la combine avec l’Eurasianisme, la « géographie sacrée, la conspirologie (Konspirologiia), le fascisme et le nazisme). Sa maison d’édition Arktogeia publie deux revues illustrées : Elementy : Evraziiskoe obozrenie (Eléments : une revue Eurasienne) et Milyi Angel (Cher Ange), comprenant des articles de Douguine et de Russes de mêmes opinions et des traductions de travaux d’Occidentaux ultra-conservateurs et fascistes. Presque chaque parution contient un texte de Julius Evola (1898-1974), auteur qui amalgama le fascisme avec les doctrines occultes occidentales, les cycles cosmiques hindous et le yoga tantrique. Un autre auteur favori est René Guénon (1886-1951), qui essaya de mélanger la tradition occultiste occidentale (la chrétienté ésotérique, l’hermétisme et l’alchimie) avec le mysticisme hindou, le taoisme et l’islam, et qui finit par devenir musulman . Nietzsche est fréquemment cité. L’illustration de couverture du quatrième numéro d’Eléments en 1993 montre la tête d’un être sévère de type aryen mais avec des yeux en olive et un soupçon d’une sorte de moustache de mandarin. Sur son casque, il y a une roue solaire et des ailes, au-dessus quatre faucilles et marteaux sont disposées pour former une swastika.

Dans un entretien daté de 1995, Duguine se dépeint comme « un conservateur-révolutionnaire et un national bolchevique ». Il nomme Mussolini, Hitler et Staline des « conservateurs-révolutionnaires » et affirme que l’Allemagne et la Russie seront les puissances suprêmes d’une Eurasie unie qui s’étendra de « Dublin à Vladivostok ». La frontière sud de celle-ci n’est pas nette, ce pourrait être l’Océan Indien . Allant bien au delà de la symbiose russo-mongole louée par les eurasianistes habituels, Douguine envisage une union de la Russie, du monde islamique, de la Chine et d’autres nations asiatiques.

La « géographie sacrée » de Douguine est basée sur la théorie des races d’H-P Blavatsky, sur sa version de la légende hyperboréenne, sur l’eurasianisme, sur la géopolitique de Karl Huashofer et sur la « conspirologie ».

Une légende grecque parlait de l’Hyperborée comme d’une terre de soleil perpétuel au delà du vent du nord. Blavatsky affirmait que l’Hyperborée était le pays de la seconde race-racine (avant les Lémuriens et les Atlantes). Pour Douguine c’était la demeure du « peuple du soleil » et elle était située dans ce qui est maintenant la Russie septentrionale. Certains fascistes russes maintiennent que les Russes étaient les premiers Aryens, mais Douguine parle plus en terme de types spiritualo-culturels (peuple du soleil et peuple de la lune) qu’en terme réellement raciaux. Les peuples du soleil sont créatifs, énergiques ; les peuples de la lune sont matérialistes et profondément conservateurs. Le conservatisme n’est pas toujours une faute (Douguine se réfère quelquefois au « conservatisme sacré ») mais il est matérialiste. La spiritualité de Douguine est plus païenne que chrétienne.

Douguine énonce une lutte éternelle, eschatologique, entre les puissances continentales et maritimes qui prend la forme de « conspirations géopolitiques » d’Atlantistes (« conspiration judéo-maçonnique ») et d’Eurasiens. L’ennemi par excellence de la Russie d’aujourd’hui n’est pas le monde Romano-Allemand mais l’Amérique et le Nouvel Ordre Mondial.

Des aspects de l’Eurasianisme ont été retenus par les politiciens nationaux bolcheviques tels Guennady Ziuganov et Vladimir Zhirinovsky.

Un autre phénomène, nullement confiné à la droite radicale est une version occultiste de « l’idée russe », une nouvelle forme de messianisme russe qui exalte la supériorité spirituelle russe sur l’Occident matérialiste. Une des raisons de la popularité de Roerich est qu’il écrivit que la spiritualité russe serait bonne pour le monde entier. La Russie contemporaine cite l’astrologue américain Alice Bailey, qui prédit que « de la Russie émergera une nouvelle religion magique » . Le cosmisme est très en vogue, partiellement à cause de sa généalogie russe . Valentin Kublev maintient que « les racines du mouvement New Age sont indubitablement en Russie », et prédit une « troisième culture » différente et supérieure au marxisme et au libéralisme . De telles opinions rappellent la position slavophile que la Russie ne doit pas purement et simplement imiter l’Occident, mais trouver son propre chemin.

L’occultisme qui a fleurit en Russie au vingtième siècle a été une réponse à des périodes de tension aiguës de la société, un symptôme comme la douleur et la fièvre. L’occultisme politisé était cette sorte de symptôme. Dans la Russie pré-révolutionnaire, il favorisait la fuite, l’extrémisme et la démonisation, aidant par là à assurer que les problèmes politiques, sociaux, économiques et culturels auxquels il donnait une pseudo-réponse demeurent non-résolus. La croyance que « Tout est Un » avait un effet d’éteignoir sur les droits de l’individus vis à vis de la société. Dans la période soviétique, l’occultisme nourrissait des attentes utopiques qu’aucun gouvernement ordinaire ne pouvait réaliser, rendant les peuples réceptifs aux mesures extraordinaires du temps de Staline. Le maillage de la technologie et de l’occultisme facilitait la conception déshumanisante du peuple comme machine. L’occultisme fournissait du blé à moudre pour des rumeurs qui attribuaient les pénuries et les malversations à un réseau de conspirateurs qui avaient l’intention de s’opposer au plan, de causer du tort aux masses laborieuses et de détruire l’Union Soviétique. Dans la Russie actuelle, la mentalité anti-empirique, anti-rationnelle, que l’occultisme entraîne peut fusionner avec les craintes apocalyptiques dans des idéologies politiques extrêmistes.

Ce texte est adapté de Bernice Glatzer Rosenthal, Political Implications of the Early Twentieth-Century Occult Revival, publié dans The Occult in Russian and Soviet Culture, Cornell University Press, Ithaca, 1997. Il est bien évident que nous ne le citons qu’à titre d’information et que nous ne reprenons pas à notre compte la totalité des informations et analyses qu’il contient.
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