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Jeudi, 29 Septembre 2005
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La dernière guerre
Une interview avec Sir Oswald Mosley
Histoire :: Pays anglo-saxons
Pourquoi vous êtes-vous opposé à la guerre lorsqu’elle est venue ?

Pour trois raisons, qui furent toutes publiées à l’époque et qui depuis se sont révélées vraies :

- Que la guerre mènerait à la perte d’une grande partie de l’Empire britannique.

- Qu’elle ferait de la Russie la plus forte puissance en Europe, et ferait du communisme un danger mondial.

- Qu’elle diviserait et affaiblirait l’Europe dans une lutte fratricide, avec pour résultat que l’influence mondiale passerait du continent européen aux puissances extérieures de Russie et d’Amérique.

Qui peut nier que ces choses sont arrivées ?


Mais un homme n’est-il pas un traître s’il s’oppose à une guerre dans laquelle son pays est engagé ?

Toute l’histoire britannique démontre l’absurdité de cette proposition. Si c’était vrai, Lord Chatham aurait été un traître. Il s’opposa à la guerre avec l’Amérique. Pourtant c’est une chose curieuse d’appeler un traître l’homme à qui nous devons l’Empire britannique. Car ce Premier Pitt, jugé sur son accomplissement constructif pour la Grande-Bretagne, fut de loin le plus grand homme d’Etat de l’histoire britannique. Nous devrions aussi appeler Charles James Fox un traître. Car le fondateur du Parti Libéral s’opposa à la guerre avec Napoléon. Et durant la brève paix d’Amiens, toute l’opposition whig alla à Paris pour voir Napoléon et tenter d’arranger une paix permanente. Lloyd George aussi fut appelé un traître au début de sa vie, pour son opposition à la guerre des Boers.

Le fait est qu’en Grande-Bretagne nous avons une tradition selon laquelle les hommes d’Etat ont non seulement le droit d’exprimer librement ce qu’ils pensent, mais ont aussi le devoir de le dire sans crainte. J’aurais manqué à mon devoir si j’avais gardé le silence alors que je pensais que la guerre mènerait à un désastre pour la Grande-Bretagne. Cela aurait été une chose lâche et indigne. Car cette guerre ne pouvait conduire qu’à un désastre. Perdre la guerre aurait été un désastre complet. Mais même la gagner impliquait la perte de l’Empire britannique et la montée du communisme.


Votre campagne contre la dernière guerre n’affecta-t-elle pas le moral civil ?

Non. Les gens ne sont pas des enfants, et ne doivent pas être traités comme s’ils l’étaient. Ils sont parfaitement capables d’entendre les arguments en faveur de la paix et de se former leur propre idée pour ou contre une politique. S’ils décident ensuite de continuer avec la guerre, leur moral pour ce but sera bien meilleur s’ils examinent d’abord la question à fond.

En fait, nous avons exposé nos arguments pour la paix pendant la « drôle de guerre » à la fin de 1939 et au début de 1940, lorsqu’il n’y avait pas de combats sérieux. Rappelez-vous que ce fut notre gouvernement qui déclara la guerre, et à cette époque nous aurions pu arrêter à tout moment. Nous avons toujours dit à tous nos membres dans les forces armées qu’ils devaient faire leur devoir, et à tous nos membres civils qu’en aucune circonstance ils ne devaient faire quoi que ce soit qui puisse aider un ennemi de leur pays. Ainsi j’ai publié le message suivant aux membres [de la BUF] le 1er septembre 1939 :

« Notre pays est impliqué dans la guerre. Je vous demande donc de ne rien faire qui puisse nuire à notre pays, ou aider une autre puissance. Nos membres doivent faire ce que la loi exige d’eux, et s’ils sont membres d’une des Forces ou d’un des Services de la Couronne, ils doivent obéir aux ordres, et, en particulier, obéir aux règles de leur Service… Nous avons dit une centaine de fois que si la vie de la Grande-Bretagne était menacée nous combattrions à nouveau. »

Nous avons également dit que nous combattrions tous comme nous l’avions fait avant si notre pays était attaqué. Le 9 mai 1940, j’ai publié ce qui suit :

« En pareil cas [d’invasion], chaque membre de l’Union britannique serait à la disposition de la Nation. Chacun d’entre nous résisterait de toutes ses forces à l’envahisseur étranger. Si corrompu que soit le gouvernement en place, et si grande que soit notre hostilité envers sa politique, nous nous lancerions dans l’effort d’une nation unie jusqu’à ce que l’étranger soit chassé de notre sol. »

Mais pendant l’accalmie avant le début des véritables hostilités, nous avons demandé au pays de donner un jugement réfléchi contre une guerre que nous pensions inutile. Le jugement ne fut jamais donné, parce qu’il n’y eut pas d’élections entre 1935 et 1945, et nous fûmes arrêtés et emprisonnés sans charge ni procès avant le début de la véritable guerre.

Quiconque suggère que nous n’avions pas le droit de demander à nos compatriotes d’examiner la question devrait réfléchir aux implications de son argument. Premièrement, un gouvernement pourrait à tout moment faire entrer le pays dans une guerre, non seulement sans que le peuple soit consulté dans une élection générale mais aussi sans que personne ne soit autorisé à exprimer une opinion contraire. Tout cela alors que le gouvernement avait été élu des années auparavant sur des questions tout à fait différentes ; en fait, sur l’engagement de Mr. Baldwin : « Peace in our time » [la paix pour notre époque]. Pour que cet argument soit valable, le pays ne doit avoir aucune occasion d’examiner la question dans les nouvelles circonstances qui surviennent. Où est alors la liberté d’expression ? Où est alors la volonté du peuple ?

Deuxièmement, si ce principe avait été appliqué dans toute notre histoire, plusieurs hommes d’Etat célèbres (comme déjà signalé) auraient été condamnés et injustement emprisonnés pour s’être opposés à la guerre. Ils ne furent pas traités de cette manière parce que les valeurs étrangères ne régnaient pas en Angleterre. Votre suggestion s’écarte à la fois de notre liberté et de notre histoire, ainsi que des faits de notre cas particulier.


Si vous aviez adopté une ligne similaire sur la guerre en Allemagne ou en Italie, n’auriez-vous pas subi un sort pire que l’emprisonnement ?

Non seulement en Allemagne et en Italie, mais aussi en France et dans beaucoup d’autres pays du continent, un homme qui s’opposait à la guerre aurait été exécuté. Leur système est entièrement différent. En effet, tout le monde est appelé sous les drapeaux au début de la guerre, et un soldat qui désobéit aux ordres est exécuté. A mon avis, c’est meilleur sur un point : chacun sait à quoi s’en tenir. C’est bien meilleur que de prétendre que nous avons réellement la démocratie et la liberté d’expression pour tous même en temps de guerre, et ensuite de suspendre l’Habeas Corpus et de mettre en prison tous ceux qui osent faire usage de la liberté tant vantée, sur la suggestion mensongère qu’ils sont un danger pour l’Etat qu’ils veulent sauver. Cette procédure combine l’hypocrisie et le mensonge. Une position de gouvernement claire et nette est préférable. Je suis un soldat régulier par profession d’origine, et j’aurais certainement obéi aux ordres si j’avais été appelé sous les drapeaux. Mais si on me dit en tant que politicien que je suis libre d’exprimer mon opinion, je suis un lâche si je ne l’exprime pas simplement parce qu’elle est impopulaire.


Les dirigeants travaillistes ne s’opposèrent-ils pas à la première guerre mondiale en 1914 et à la campagne de Suez en 1956 ?

Oui. Mr. Douglas Jay, Secrétaire économique au Trésor dans le gouvernement travailliste de 1945-50 résuma la question dans les termes suivants quand le Labour s’opposait à la guerre à Suez : « N’oubliez pas que Chatham, Charles James Fox, Gladstone et Lloyd George menèrent tous des campagnes politiques vigoureuses contre ce qu’ils jugeaient être des guerres injustes… » (dans Forward, 14/9/56).

Cette déclaration véridique, cependant, n’empêcha pas certains autres dirigeants du Labour de me couvrir d’injures infâmes parce que je m’étais opposé à une guerre que je considérais non seulement comme erronée mais en fin de compte comme désastreuse pour mon pays, en dépit du fait que j’avais combattu dans la guerre précédente pendant que tant d’entre eux étaient des objecteurs de conscience ou des planqués.


Votre opposition à la guerre est-elle un handicap pour vous maintenant ?

Elle l’a été pendant de nombreuses années. Maintenant elle devient un avantage pour notre mouvement, pour deux raisons : de plus en plus de gens voient qu’il est vrai que la guerre nous a fait perdre l’Empire et créé la puissance du communisme. De plus en plus de gens, qu’ils soient d’accord ou pas avec nous concernant la guerre, aiment les hommes ayant le courage de leurs convictions. La guerre a commencé il y a plus de vingt ans. Des quantités de gens qui à l’époque n’étaient pas d’accord avec moi sont maintenant d’accord avec moi sur d’autres questions. Et ils sentent tout comme moi que ce serait une folie de permettre à une querelle vieille de vingt ans de nous diviser alors que nous sommes d’accord sur les questions vitales d’aujourd’hui. Que vous ayez été d’accord ou non avec mon opinion, vous reconnaîtrez que j’avais le droit de l’exprimer. Sinon, où est la liberté d’expression ? Quelle fumisterie de parler de liberté d’expression et de démocratie, si des hommes ne peuvent exprimer que des opinions qui sont populaires ! C’est le droit et le devoir des hommes d’Etat d’exprimer des opinions sur les grandes questions, même des opinions qui sont impopulaires. Autrement, la vérité de demain ne serait jamais entendue.


En résumé, quelle doit être à votre avis la bonne attitude pour un homme d’Etat qui est opposé à une guerre dans laquelle son pays est engagé ?

Il doit rester dans son pays et faire tout son possible pour persuader ses compatriotes de faire la paix. C’est exactement ce qui fut fait par la longue liste des hommes d’Etat britanniques déjà mentionnés. C’est la vraie tradition de la politique britannique. Bien sûr, c’est la position la plus difficile dans laquelle un homme peut être placé, être opposé à une guerre que la majorité de ses compatriotes soutiennent. Rien ne peut être plus douloureux ou plus difficile. Dans une telle situation, nous devons nous en tenir simplement et fermement aux principes essentiels, et ce sont les suivants : un homme ne doit jamais rien faire contre son pays ; mais c’est son devoir de dire à ses compatriotes la vérité telle qu’il la voit. J’ai résumé notre attitude dans mon livre My Answer (1946) comme suit :

« Supposons que la vieille mère d’un homme exprime sa ferme intention d’aller épancher sa mauvaise humeur au bistrot du coin, où un certain nombre de sales types ont leurs habitudes. Cet homme peut, en fait, prévoir un tas de problèmes ; et son inquiétude ne sera en aucun cas diminuée par le fait que sa vieille mère n’a rien trouvé de mieux pour l’occasion que de s’armer d’un parapluie et d’une voix stridente. Mais sa ligne de conduite est parfaitement claire. Il fera tout son possible pour la dissuader d’une entreprise dont il sent qu’elle ne peut apporter rien de bon ni pour elle ni pour sa famille ; s’il ne réussit pas, il ne se défilera pas mais l’accompagnera. Quand l’inévitable querelle commencera, il fera tout son possible pour la protéger et pour la faire sortir de là le plus tôt possible avec le minimum de mal possible. Toute autre attitude serait contraire à la nature et à tout sentiment humain normal. Il n’est pas important de savoir, dans cette simple analogie, si la vision par le fils du comportement de sa mère était valable ou pas. Tout ce qui importe est l’acceptation du principe que, à tort ou à raison, il puisse profondément désapprouver sa conduite et pourtant être empêché par les lois de la nature et par tout sentiment normal de lever la main sur elle ou de faire autre chose que de la secourir et la protéger dans ses difficultés, quelle qu’en soit l’origine. Il cherchera à la dissuader, oui, mais il ne cherchera jamais à la blesser. Telle fut notre attitude envers notre pays dans la dernière guerre.


Avez-vous été arrêté sous la Loi 18b ?

Oui, sous une partie spéciale de cette loi qui permettait de détenir quelqu’un sans procès ou même sans charges en tant que membre d’un parti politique dont le dirigeant avait eu un lien quelconque avec les dirigeants des pays avec lesquels la Grande-Bretagne était en guerre. La dernière fois que j’avais vu Hitler ou Mussolini, c’était en 1936, trois ans avant la guerre. Mr. Chamberlain s’était associé avec eux à Munich, deux ans plus tard. Au cours de ma vie politique, j’avais été associé – au sens de rencontrer – avec presque tous les hommes d’Etat étrangers de toutes tendances. Par exemple, j’avais été associé au président Roosevelt quelques années avant qu’il devienne président, en l’accompagnant dans une partie de pêche comme invité sur son bateau.

Quant aux faits de notre affaire, ils furent donnés par Mr. Stokes, membre du Parlement, qui devint ministre dans le gouvernement travailliste d’après-guerre. Il déclara que nous avions été « détenus à cause de notre campagne en faveur d’une paix négociée » (Hansard, 10/12/46). Cette déclaration fut acceptée par le gouvernement. Le Lord Chancelier ajouta à la Chambre des Lords (11/12/1946) : « Ils n’ont jamais été accusés d’aucun crime ; non seulement ils n’ont pas été convaincus d’un crime mais ils n’ont pas été accusés d’un crime ».


L’Habeas Corpus fut-il suspendu ?

Cet emprisonnement sans procès fut rendu possible par une suspension de l’Acte d’Habeas Corpus qui est supposé être la pierre angulaire de la liberté britannique. Cette sauvegarde de la liberté fut entièrement suspendue, et une dictature fut établie qui emprisonna des prisonniers politiques aussi facilement que le font les dictateurs africains aujourd’hui.

L’affaire fut facile pour les Tories habitués à la suspension de l’Acte dans les colonies et en Irlande du Nord, et aussi pour les dirigeants du Labour qui suivaient des politiques conservatrices lorsqu’ils étaient au pouvoir. Nous fûmes emprisonnés en 1940 à peu près pour les mêmes raisons que les dictateurs noirs emprisonnent leurs opposants aujourd’hui. Nos discours se révélaient trop efficaces. En l’occurrence, mes meetings publics pendant la « drôle de guerre » en 1939-40 attiraient de grandes foules et un appui enthousiaste. Il fut plus tard reconnu que le gouvernement craignait que je persuade le peuple de faire la paix. Donc l’Acte d’Habeas Corpus fut suspendu afin de supprimer la liberté même pour laquelle le gouvernement prétendait combattre.


Qui vous attaqua le plus pendant la guerre ?

Je fus le plus attaqué par ceux qui n’avaient jamais combattu une seule fois dans une guerre, et certains d’entre eux avaient pris bien soin de ne jamais le faire. Pouvez-vous sentir l’impudence de cela ? Car certains dirigeants du Labour refusèrent de combattre dans la première guerre mondiale ; d’autre part je survolais nos lignes un mois après mon 18ème anniversaire, étant l’un des soixante premiers aviateurs qui prirent l’air contre les Allemands, et je les combattis aussi dans les tranchées avec mon régiment. Pendant la seconde guerre mondiale, certains des actuels dirigeants du Labour passèrent juste un coup de fil à Whitehall et obtinrent de bons sièges dans des bureaux, alors qu’ils étaient largement en âge de partir à l’armée. Bien sûr de nombreux membres du Labour combattirent honorablement et bravement, mais certains qui ne firent rien de ce genre furent ceux qui m’attaquèrent le plus méchamment.

Un ancien combattant d’une guerre devrait-il être traité ainsi parce qu’il a dit que la prochaine guerre serait une erreur ? Et être ainsi injurié par qui ? Par certains des hommes qui étaient des objecteurs de conscience alors qu’ils étaient assez jeunes pour combattre, mais qui faisaient campagne pour envoyer des hommes plus jeunes mourir dans leurs querelles politiques lorsqu’ils étaient trop âgés pour combattre. J’ai dit avant la guerre :

Toutes les guerres sont bonnes pour certains dirigeants du Labour, à condition que trois conditions soient remplies :

- que la guerre serve les intérêts de la Russie soviétique et non les intérêts de la Grande-Bretagne.

- que les troupes britanniques n’aient pas d’armes pour combattre.

- que les dirigeants du Labour ne fassent pas partie des troupes.

Je quitte ce sujet en répétant que je suis fier d’avoir souffert de ces choses pour avertir mes compatriotes de la vérité aujourd’hui prouvée : que cette guerre mènerait à la perte de l’Empire britannique et à la montée de la Russie soviétique.


Qu’avez-vous à dire sur les atrocités, les chambres à gaz, etc., les condamnez-vous ?

Oui, je les condamne. J’ai toujours condamné les atrocités, quel qu’en soit l’auteur. Certains de mes opposants condamnent les atrocités seulement quand ils n’aiment pas la politique de ceux qui les commettent ; ils ne disent jamais un mot sur celles commises par leurs amis. Les communistes russes ont été coupables en temps de paix d’au moins autant d’atrocités que les Allemands sont supposés avoir commises en temps de guerre. Ils se donnent à peine la peine de le nier. Mais la gauche dans ce pays a du mal à dire un mot là-dessus. Vous ne les entendez pas beaucoup parler des atrocités des Rouges durant la guerre civile espagnole ou des atrocités noires au Congo, ou du groupe Stern en Palestine, ou du meurtre de sang-froid d’opposants par leurs amis à Cuba. Mais ils ont fait un boucan de tous les diables quand quelques policiers sud-africains ont ouvert le feu à Sharpeville pour échapper au sort de neuf de leurs camarades, qui avaient été coupés en morceaux par des émeutiers à Cato Manor quelques semaines avant.

La gauche ne semble pas se préoccuper le moins du monde des atrocités de leurs amis. Ils ne se préoccupent pas d’atrocités, seulement de politique. Un tyran de leur camp peut massacrer les gens par millions. Mais un chef de police qui doit faire face à l’une de leurs émeutes organisées ne doit pas ordonner une charge à la matraque. C’est de la fumisterie – de la fumisterie malhonnête, mensongère.

La réduction finale de leur position à sa clarté misérable est la complainte des Rouges : « Ne pourrions-nous donc pas oublier cette vieille histoire ? », lorsqu’on leur rappelle le massacre par les communistes de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sans défense en Hongrie il y a seulement cinq ans. Pourtant ils utilisent tout ce qui est arrivé dans la chaleur de la guerre il y a presque vingt ans, dans le but de diffamer un adversaire, même s’il n’avait aucune responsabilité pour les camps de concentration allemands, puisqu’il était lui-même emprisonné sans procès dans un camp de concentration britannique. Le fait est que la plupart des pays ont parfois commis des atrocités de différentes manières et à différents degrés. J’ai combattu toute ma vie ceux qui étaient coupables de telles choses – quels qu’ils aient été – et cela est dans les annales publiques.

La manière la plus satisfaisante de traiter ces questions serait de les faire toutes examiner par un tribunal neutre. Vous trouveriez quelques changements très sensationnels dans les faits auxquels on croit aujourd’hui. Qu’il examine les atrocités soviétiques dans la paix comme dans la guerre, les atrocités allemandes dans la dernière guerre ou à tout autre moment, l’usage américain de la bombe atomique alors que les Japonais avaient déjà engagé des négociations de paix, l’action de certaines forces inhabituelles employées par le gouvernement britannique et beaucoup d’autres choses dont d’autres peuples n’ont pas de raison d’être fiers. Alors – quand la pleine vérité sera connue – taisons-nous sur le passé et mettons fin à cette dispute amère qui empoisonne et divise l’Europe. Décidons-nous ensemble à construire un avenir meilleur et plus propre. Décidons-nous à faire ce que nous pouvons pour améliorer la nature morale de l’homme, y compris la nôtre. Soyons déterminés à nous conduire dans les moments de passion comme des hommes honorables, davantage comme de vrais soldats éprouvés, avec de la discipline, de la dignité et de la retenue dans le triomphe et le désastre, et moins comme des animaux vindicatifs, hystériques et méchants. Car c’est le caractère nécessaire à toute grande réalisation, le caractère de l’honneur et de la virilité.

(interview réalisée en 1961)
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