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Mardi, 30 Août 2005
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Cette vie sportive
Aidan Rankin
Impérialisme :: Varia
Les Jeux Olympiques sont presque sur nous, au moment où j’écris. Pour beaucoup d’écologistes, ce sera au mieux un sujet d’indifférence, ou au pire d’hostilité. D’indifférence, parce que ceux qui ont la mentalité écologiste tendent à attacher une faible importance au sport de compétition. C’est précisément son esprit de compétition qui les dérange. Ils préfèrent les efforts coopératifs, ou les activités où l’individu se met lui-même à l’épreuve sans se mesurer aux autres. L’hostilité, cependant, est comme la plupart des hostilités nées du zèle idéologique. Car les Jeux Olympiques, et d’autres événements sportifs de masse, sont vus comme des fêtes commerciales qui légitiment le pouvoir commercial. Le culte de l’athlète est rejeté comme de l’individualisme égoïste, l’usage des drapeaux est chauvin, les grandes dépenses condamnées comme immorales.

Encore pire, les iniquités du capitalisme global semblent être soulignées par le sport international. L’image qui vient à l’esprit est celle des enfants du sous-continent indien qui fabriquent les ballons de football pour la Coupe du Monde. Des images aussi puissantes pèsent très désagréablement sur la conscience écologiste. Elles dérangeraient quiconque se préoccupe de justice sociale, ou qui croit que l’économie devrait servir un but éthique. Beaucoup de militants écologistes verront Sydney, le site olympique de cette année, moins comme l’une des grandes villes du monde et plutôt comme un rappel de l’oppression raciale. Ils se souviendront de la destruction de la culture aborigène par les envahisseurs blancs et de la triste situation actuelle des Premiers Australiens. Les Jeux Olympiques ne sont donc généralement pas perçus comme un événement « vert ». Mais devons-nous arrêter la discussion ici ?

En Occident, particulièrement, la montée des événements sportifs de masse accompagne le déclin de la participation au sport et la montée de la culture de la fainéantise. Plus nous regardons de sport à la télévision, moins nous tapons dans un ballon dans le parc ou moins nous marchons à travers la rude campagne. Plus nous transformons les sportifs en célébrités, moins nous fournissons de terrains de jeux à nos enfants. Nous construisons des stades dont le coût permettrait de nourrir et de loger des millions de gens. Nous achetons et vendons des joueurs de football, comme s’ils étaient des gladiateurs esclaves de la Rome antique. Et pourtant, notre santé est de plus en plus mauvaise, pour les individus comme pour la société. Plus nous nous détachons de la nature, plus nous sommes aliénés de nos corps, plus le sport devient le nouvel opium du peuple.

Vue de cette manière, l’accusation écologique contre les Jeux Olympiques, la Coupe du Monde ou l’Euro 2000 devient irrésistible. Néanmoins, l’une des faiblesses de la pensée écologiste a été de ne pas avoir appliqué le même critère aux sociétés humaines de la même manière qu’au monde naturel. Les Verts se font lyriques concernant la conservation et la biodiversité, mais tendent à rejeter le conservatisme culturel et la diversité humaine en faveur de l’« égalité » homogénéisante et d’un programme social « libéral » légué par la gauche. Dans ce sens, le mouvement écologique fait la même erreur que la politique « anthropocentrique » à laquelle il s’oppose, celle de couper l’homme du reste de la nature.

La sagesse écologique ne peut pas exister sans la compréhension humaine. Cela exige que nous rejetions le bagage idéologique d’une Nouvelle Gauche vieillissante et que nous regardions plus attentivement les questions sociales, comme le sport. Quand nous faisons cela, nous pouvons voir un lien entre le nationalisme brandisseur de drapeau ou les loyautés régionales exagérées que le sport provoque, et le déclin des symboles nationaux, l’érosion de ce sens du lieu qui donne à nos vies un contexte et un but. Nous pouvons voir un lien entre l’attaque contre les valeurs masculines en Occident et les éruptions de violence mâle associées aux événements sportifs. L’adulation des athlètes est le dernier refuge des patriotes. Le hooliganisme du football devient le dernier refuge du jeune mâle fort et en bonne santé. L’exploitation commerciale et la violence ne sont pas de simples produits du « capitalisme ». Au contraire, elles sont le résultat de mauvaises politiques sociales qui ne parviennent pas à répondre aux besoins humains.

R.D. Laing, le psychiatre radical, posa un jour la question : « Qui pourrait être superstitieux au point de supposer que l’âme n’existe pas, simplement parce que nous ne pouvons pas la voir au bout d’un microscope ? ». Bien qu’étant marxiste et humaniste, il comprenait que le déclin de la religion et que l’absence de sacré dans la vie publique créaient un vide dans le cœur de la civilisation occidentale. Pour beaucoup d’individus, ce vide était comblé par la maladie mentale. Laing réprimandait ses collègues scientifiques pour la superstition moderne du sécularisme. Il existe beaucoup d’autres superstitions modernes, si nous acceptons la définition du Dictionnaire Anglais d’Oxford, celle d’« une notion déraisonnable ou infondée ». Deux parmi les plus fortes et les plus intimement liées sont l’internationalisme et l’unisexualité. Elles font partie d’une version pervertie du libéralisme qui piétine la tradition et refuse de comprendre la valeur du rituel.

De plus en plus, les législateurs, les intellectuels et les commentateurs bien-pensants supposent que les symboles nationaux sont sans valeur dans le monde moderne, ou que les loyautés qu’ils incarnent peuvent être rejetées. On suppose que par une « éducation » laveuse de cerveau et par la coercition, on parviendra à obtenir que les Britanniques cessent de se considérer comme des Britanniques et qu’ils deviennent des citoyens de l’« Europe ». On croit aussi que les distinctions de culture, de croyance ou de mode de vie peuvent être abolies ou nivelées par le « multiculturalisme », que notre mémoire historique en tant que peuple peut être effacée. De plus, on suppose généralement que de tels changements constituent un progrès, que la délégation de pouvoir vers le haut ou le brouillage des frontières culturelles créent une nouvelle compréhension entre les êtres humains.

De telles idées sont superstitieuses parce qu’elles sont démenties par le comportement humain réel. Nous avons vu, particulièrement depuis le dernier siècle, les dangers des unions politiques artificielles. La plus grande partie de ce que nous appelons le Tiers Monde est définie par des lignes sur une carte, des abstractions basées sur des frontières coloniales, éloignées de la manière dont les gens pensent et sentent. Pour la plupart des Nigérians, l’appartenance aux nations Ibo, Yoruba ou Hausa, ou à beaucoup d’autres nations plus petites mais tout aussi fières, est plus importante que d’être Nigérian. Peu de Congolais ressentent de la loyauté pour le gouvernement de Kinshasa. En Afrique particulièrement, les unions politiques artificielles ont conduit à des régimes centralisés, bureaucratiques et corrompus, qui renforcent les préjugés occidentaux.

Nous voyons le contraste entre les structures hautement participatives du village africain ou de la région africaine, et les gouvernements dictatoriaux, civils ou militaires.

Plus près de chez nous, nous pouvons observer que plus de soixante-dix ans de tyrannie soviétique ont échoué à créer le « nouvel homme soviétique », que les loyautés nationales et les croyances religieuses retranchées l’ont emporté sur l’internationalisme séculier. La Yougoslavie aussi était une union politique destinée à apporter la paix aux Balkans, mais seul un dirigeant fort et énergique put maintenir ensemble ses parties composantes. En Grande-Bretagne, le préjugé internationaliste dans l’enseignement et la politique a réussi peu de choses à part un renouveau de ferveur nationaliste anglaise. Le « multiculturalisme » et le dénigrement de l’histoire n’ont pas encouragé une citoyenneté commune mais ont accru les tensions entre les groupes ethniques. Les jeunes racistes blancs sont des produits de l’enseignement « libéral » et de son préjugé pacifiste.

La négation de l’identité nationale, et des instincts qui la soutiennent, favorise la méfiance entre les nations. Inversement, l’affection d’un individu pour sa propre culture lui permet de s’ouvrir aux autres cultures aussi. Ainsi il est erroné de blâmer le « nationalisme » pour la violence et la vulgarité des événements sportifs de masse. C’est le culte de l’internationalisme qui est à blâmer, car il réprime des sentiments nationaux qui pourraient être dirigés vers des fins positives – incluant le bon soin de l’environnement.

La plus grande partie de la violence associée au sport est la violence de jeunes mâles exubérants. Cela conduisit des psychologues à la mode, craignant l’opinion « libérale », à conclure qu’il y avait une « crise de la masculinité ».

Pourtant un tel comportement suggère au contraire que la masculinité est bien vivante. Le problème est une société qui néglige ses jeunes hommes, gaspille son énergie mâle, dévalue la créativité masculine et le rôle des hommes en tant que pères ou nourrisseurs. Depuis les années 60, la politique publique a été fondée sur la prétention que les hommes peuvent être socialisés, entraînés et éduqués exactement de la même manière que les femmes, que les sexes sont non seulement « égaux » en politique mais socialement interchangeables. Comme l’internationalisme, l’unisexualité est destinée à créer un nouveau type de société où les différences seront abolies. Les internationalistes déprécient les drapeaux nationaux comme chauvins et méprisent les armées nationales. Les partisans de l’unisexualité déprécient la paternité et rejettent la plupart des traditions comme « patriarcales ». Les bastions mâles, comme l’Eglise ou les Forces Armées, doivent être « féminisés » ou poussés vers les marges de la société – ou de préférence les deux.

Dans les intérêts de l’« égalité » socialement construite, nous ignorons les besoins émotionnels des jeunes hommes, que les sociétés écologiquement plus équilibrées que les nôtres connaissent instinctivement. Ils savent que le mâle adolescent a besoin d’un rite de passage, par lequel il fait la transition de jeune garçon à homme. En Inde, le jeune brahmane apprend la tradition védique de la bouche d’un parent mâle plus âgé, habituellement son grand-père. Parmi les Sambas mélanésiens, les jeunes se voient offrir l’amitié d’un guerrier plus âgé et cette amitié dure toute la vie. Les mythes et les techniques de chasse des Américains Natifs sont transmis aux jeunes hommes par les plus âgés.

Toutes les sociétés humaines, soi-disant primitives et soi-disant civilisées, ont donné à l’initiation mâle une fierté culturelle et spirituelle du lieu. En plus d’apprendre de ses aînés, le jeune homme doit souvent sortir de la société, faisant des désirs adolescents antisociaux une partie de l’initiation. Robert Brain, décrivant les rituels aborigènes australiens, parle de l’« indépendance débridée et le tempérament indiscipliné des garçons non-initiés » comme étant une chose considérée comme normale, et non pas intimidante, par la tribu [1]. Les initiations impliquent habituellement un élément de danger. Les jeunes Masaïs mâles deviennent à la fois des guerriers et des êtres intelligents en mettant leur vie en jeu. Comme l’explique Teplillit Ole Saitoti, lui-même un Masaï :

« Un guerrier doit être fort, habile, courageux, confiant, sage et mesuré. Il doit chasser les lions pour leur crinière, protéger ses troupeaux des prédateurs, retrouver le bétail volé ou égaré… et protéger sa communauté. » [2]

En se mesurant à la nature, le jeune homme devient « sage et mesuré », autant que fort. En satisfaisant son sens de l’aventure, il devient un membre utile de la société.

Le jeune Masaï est donc plus chanceux que ses homologues occidentaux. Car plus l’Occident s’éloigne de la nature, plus il réprime les jeunes mâles. L’éducation consiste de plus en plus à rester assis pendant des heures et à apprendre machinalement des faits inutiles. La sécurité est placée au-dessus de l’aventure. L’idée de l’homme comme nourrisseur pour les enfants, ou protecteur des femmes, est moquée comme étant vieux-jeu. Le service militaire n’est plus valorisé et est de plus en plus soumis à des normes civiles. Pour de plus en plus de garçons, il n’y a pas de figure du père à vénérer et à imiter, pas de modèle mâle à l’école et plus de héros à part les célébrités sportives.

La violence mâle du football est donc aussi « verte », à sa manière, que les protestations contre les organismes génétiquement modifiés. Il s’agit d’un plaidoyer désespéré pour un retour à une société qui reflète notre vraie nature.

Les écologistes devraient continuer à critiquer les événements sportifs lorsqu’ils sont gaspilleurs et iniques. Mais ils devraient regarder le patriotisme qui inspire les spectateurs des Jeux Olympiques et d’autres événements similaires, et la solidarité mâle qui inspire les foules du football, comme des forces positives. Car elles font partie de l’écosystème humain.

[1.] Cité dans Geoffrey Ben-Nathan, “Crimes of Passage” (Brunel University, 1995), p. 5.

[2.] ibid., p. 8.

Article publié dans « The Ecologist », Septembre 2000.
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