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Jeudi, 29 Septembre 2005
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La Ligue des nations réelles
Aidan Rankin
Impérialisme :: Varia

Un petit pays a peu d’habitants
Bien qu’il existe des machines qui peuvent travailler
Dix ou cent fois plus vite que l’homme
Elles ne sont pas nécessaires.
Les gens prennent la mort au sérieux et ne voyagent pas loin.
Bien qu’ils aient des bateaux et des chariots, personne ne les utilise.
Bien qu’ils aient des armures et des armes, personne ne les montre.
Les hommes reviennent aux cordes à nœuds à la place de l’écriture.
Leur nourriture est simple et bonne,
Leurs vêtements beaux mais simples,
Leurs demeures sûres.
Ils sont heureux avec leurs coutumes.
Bien qu’ils vivent sous le regard de leurs voisins,
Et que le chant du coq et l’aboiement du chien soient tout près,
Ils se laissent en paix l’un l’autre
Pendant qu’ils vieillissent et meurent.
(Tao Te King, 80)


Lao Tseu, le fondateur du « taoïsme », identifiait la vraie sagesse à l’Etat décentralisé, de dimension gérable, dont les habitants préféraient l’artisanat traditionnel au « progrès » technologique déshumanisant, la perspicacité et l’autodiscipline à l’« éducation » de masse, vivant sans être tentés par davantage de possessions matérielles, de territoire et d’expériences sensuelles superficielles.

Un siècle plus tard, Aristote observa qu’il existe des limites naturelles à la taille des nations, de même qu’il y a des limites à la taille des plantes et des animaux. Ce fut sa mise en garde contre l’expansion des cités-états grecques, sa défense des communautés de taille humaine ou supportable.

A une époque plus récente, la vision gandhienne du « swadeshi » ou « économie domestique », basée sur les communautés villageoises, s’opposa à la sagesse reçue du « développementisme » imposée d’en haut.

Dans le « Blueprint for Survival » [Plan de Survie], qui relança la politique écologique dans la Grande-Bretagne d’après-guerre, Edward Goldsmith et ses collègues décrivent leur « but » comme étant « une société formée de communautés décentralisées, autosuffisantes, dans lesquelles les gens travaillent près de chez eux (et) ont l’opportunité de se gouverner eux-mêmes ».

Les écologistes du Japon aussi parlent du besoin pour leur société de dépasser les normes technocratiques dominantes, d’« harmoniser la vie des êtres humains avec l’environnement naturel et de rejeter le matérialisme ».

Au-dessous des cultures du monde, il y a une croyance partagée en une société construite à l’échelle humaine et travaillant dans le sens de la nature, plutôt que contre elle. Il y a le sentiment que nous perdons quelque chose en tant qu’êtres humains quand nous plaçons le matérialisme au-dessus de la moralité et de la justice, qu’il ne peut y avoir ni paix ni liberté quand des nations subjuguent d’autres nations, quand des grandes entreprises piétinent des communautés locales ou quand l’humanité foule aux pieds le monde naturel.

Le soutien à l’autogouvernement, à la décentralisation et à la politique avec une base éthique est en contradiction avec les idéologies dominantes de la croissance économique, du matérialisme et des concentrations du pouvoir économique global. Nous pensons que la diversité culturelle et l’indépendance politique font partie de la biodiversité, que la défense des nations indépendantes est inséparable de la défense du monde naturel.

La « Ligue des Nations Réelles » a été formée par un groupe d’individus préoccupés, venant de nombreux pays, régions et communautés du monde, qui souhaitent voir la dimension naturelle des Etats restaurée. Nous rejetons les formes destructives et expansionnistes du nationalisme, ainsi que les idéologies anti-humaines et racialistes et que les mouvements de « libération nationale » d’inspiration marxiste, qui imposent invariablement une tyrannie collectiviste. A leur place, nous proposons l’idée de peuples se gouvernant eux-mêmes, exerçant leurs responsabilités à l’intérieur d’une communauté mondiale.

Pour nous, une nation signifie une communauté de taille gérable dont les institutions politiques sont intelligibles pour les individus, et dont les habitants partagent des valeurs et des suppositions culturelles similaires. De tels liens peuvent être ethniques, mais pas nécessairement – on peut être « britannique » sans être « blanc », par exemple, et les Touareg et les Berbères d’Afrique du Nord incluent toute une série de types ethniques.

Généralement, elle est basée sur une histoire partagée, une affinité linguistique, des influences écologiques et géographiques, une croyance religieuse et, sauf pour quelques peuples nomades, sur l’occupation d’un territoire. Souvent, la nationalité transcende les limites des Etats modernes.

La nation Yoruba, par exemple, n’est pas confinée au Nigeria, mais forme des minorités importantes au Bénin et au Togo, parce que les frontières modernes reflètent les divisions coloniales plutôt que la ressemblance ethnique ou culturelle.

Pour des raisons similaires, les Inuits du Groenland et du Canada restent divisés, alors que les Américains Natifs restent les « Premières Nations » en dépit de la perte de leur indépendance et de leur terre.

Les nations ne peuvent pas être créées ex-nihilo par des politiciens et des cartographes. Elles ne peuvent pas non plus, en fin de compte, être maintenues par des dictateurs.

Les nations réelles existent là où il y a un équilibre entre l’individu et la société, l’autorité et la liberté, l’humanité et le reste de la nature. Elles évoluent organiquement et sont unies par le consentement et la loyauté.

Les nations réelles offrent plus d’espoir pour un ordre mondial pacifique que des « Super-Etats » artificiellement unifiés. Cependant, pour réaliser le désir humain naturel d’indépendance, de décentralisation et d’institutions accessibles, nous devons contester beaucoup des suppositions gouvernant l’économie politique moderne, des suppositions que nous pensons être moralement erronées, écologiquement périlleuses et abrutissantes pour les individus comme pour les sociétés.

Démocratique ou autre, la politique conventionnelle gratte à la surface de la condition humaine. Car le problème sous-jacent est spirituel plus que politique. C’est le déséquilibre créé par le culte de la croissance économique et par l’élévation de la prospérité matérielle au-dessus de la qualité de la vie.

Les nations réelles ne sont pas des collections de solipsistes rivalisant pour la richesse ou affirmant des « droits » contre la nature et leurs compagnons humains.

Le retour à la politique de dimension humaine nous contraint à inverser la tendance « historique » vers des unités de gouvernement toujours plus grandes, des entreprises toujours plus grandes, des centres de pouvoir plus éloignés et une culture « mondiale » de plus en plus homogénéisée.

Nous pensons qu’en réalité, cette tendance n’est pas historique du tout. En effet le cours des deux derniers siècles a été l’idée de l’inévitabilité historique.

Les idéologies dominantes du capitalisme libéral et du socialisme ont toutes deux été également obsédées par la croissance économique. Respectivement, elles ont considéré le marché et l’Etat centralisé comme plus important que les individus et les communautés. Elles ont réduit l’histoire à une ligne de « progrès inévitable », allant de l’échelle humaine au grandiose, du spirituel au matériel, de la nation au supranational, de l’artisanat à la production de masse, de l’individu à la société de masse.

La mentalité coloniale imposa des idées occidentales de progrès aux cultures indigènes. Son héritier est aujourd’hui un impérialisme « politiquement correct » qui cherche à mondialiser le « libéralisme » superficiel de la société de consommation occidentale, en dépit de la spoliation écologique et de la rupture sociale qu’il a déchaînées.

Bref, la « Ligue des Nations Réelles » s’oppose à la vision-du-monde « progressiste »-impérialiste telle qu’elle est caractérisée par Brock Chisholm, ancien directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé :

« Pour parvenir à un Gouvernement Mondial, il est nécessaire d’enlever aux esprits des hommes leur individualisme, leur loyauté envers les traditions familiales et l’identification nationale. »

Cela vient en appui à la vision de l’économie politique exprimée par Alexandre Soljenitsyne, le grand dissident soviétique :

« La société doit cesser de regarder le ‘progrès’ comme quelque chose de désirable. Le ‘progrès éternel’ est un mythe insensé. Ce qui doit être mis en œuvre n’est pas une ‘économie en expansion régulière’, mais une économie de croissance zéro. La croissance économique n’est pas seulement inutile mais ruineuse. »

La « Ligue des Nations Réelles » cherche à faire coïncider l’objectif du mouvement écologique d’une économie d’Etat solide, alliée à la nature plutôt qu’opposée à elle, avec des structures politiques qui reflètent les loyautés naturelles des êtres humains.

Le nouveau millénaire nous permet, certains diraient paradoxalement, de contester le mythe du « progrès », de conserver ce qui est le meilleur dans les sociétés traditionnelles. Nous travaillons pour un réajustement, ou une décentralisation globale, par lesquels les individus regagneraient le contrôle de leur travail et de leurs loisirs, les communautés regagneraient le contrôle de leurs ressources et les nations regagneraient leur indépendance.

La « Ligue des Nations Réelles » rejette toute forme de violence, que ce soit sur l’ordre des gouvernements, des intérêts commerciaux, des soi-disant mouvements de « libération » ou du crime organisé, et que cette violence s’exerce contre le monde naturel ou contre des compagnons humains. Notre vision de l’humanité est radicale précisément parce qu’elle est conservatrice.

On a déjà vu l’humanité livrée à elle-même ;
On n’a jamais vu l’humanité être gouvernée.
Le laissez-faire vient de la crainte que les dispositions naturelles des hommes soient perverties et leur vertu laissée de coté.
Mais si leurs dispositions naturelles ne sont pas perverties ni leur vertu laissée de coté, quelle place reste-t-il pour le gouvernement ?
(Tchouang-Tseu)
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