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Samedi, 9 Juillet 2005
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Verdir les bleus
Aidan Rankin
Impérialisme :: Varia
Aux Etats-Unis, il y a une plaisanterie sur les Verts qui est à peu près la suivante :

- « Pourquoi le Parti Vert est-il comme une pastèque ? »
- « Parce qu’il est vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur. »

Bien que dite par les Républicains conservateurs, la vraie plaisanterie est sur les Démocrates « libéraux » [= de gauche]. Ils sont furieux de l’apparition du Parti Vert en Amérique, car ils lui reprochent, avec de bonnes raisons, de leur prendre une partie des suffrages de gauche. Les trois pour cent des Verts ont signifié la défaite pour les Démocrates, en particulier dans l’Etat indécis de Floride. Mais l’humour des Républicains et la colère des Démocrates reflètent la même vérité sous-jacente concernant les Verts. Bien que leur candidat présidentiel Ralph Nader ne soit pas un homme de gauche, la plate-forme de son parti se révéla être un mélange de marxisme vulgaire et de Politiquement Correct. Elle combinait les obsessions autoritaires-« libérales » d’après les années 60 – droits des minorités, discrimination raciale et sexuelle inversée, attaque contre toute forme de valeurs ou de tradition établies – avec des demandes d’extension du contrôle de l’Etat sur tous les domaines de l’économie et la vie de l’individu. Bien qu’il y ait de nombreux écologistes authentiques en Amérique, « voter Vert » signifiait souscrire au programme économique et culturel de l’extrême-gauche et donc, de fait, « voter Rouge ».

Je commence par les Etats-Unis parce que c’est ici que la polarisation entre conservatisme et écologie politique est devenue la plus évidente. Pendant que les Verts, en tant que parti, virent toujours plus à gauche, les conservateurs adoptent une interprétation fondamentaliste du libre-échange. La leur est de plus en plus un « individualisme étroit », pour utiliser la phrase de Tocqueville, parce qu’elle tient peu compte de la société civile (dont dépend la liberté individuelle) et ont aussi peu de considération que la gauche politiquement correcte pour les coutumes et la sagesse accumulée. Pourtant ces polarités américaines peuvent aussi être trouvées dans la politique de la Grande-Bretagne et de l’Europe continentale. Bien que généralement moins platement affirmées, elles sont au moins aussi prononcées, spécialement parce que l’extrême-gauche de l’Europe occidentale est plus ouvertement marxiste et plus explicitement révolutionnaire dans ses objectifs.

Dans toute l’Europe, les Verts en tant que force politique organisée rivalisent directement avec les trotskystes et les ex-communistes ou agissent comme une caisse de résonance d’extrême-gauche pour les partis sociaux-démocrates. Même là où ils adhèrent à une tradition centriste, comme au Danemark, les Verts se trouvent englués dans le goudron gauchiste. « Nous disons que nous sommes au centre, mais ils ne nous croient pas », m’a dit une amie danoise. « Quoi que nous disions, ils pensent que nous sommes à gauche ». La raison qu’elle donnait pour cette méfiance de la part des électeurs danois modérés et eurosceptiques était le modèle de la politique verte en Europe, notamment en Allemagne. Ici, le type de centrisme défendu par les Verts danois fut d’abord défini comme « ni gauche, ni droite, mais devant », en d’autres mots pas un terrain neutre insipide, mais une philosophie qui transcendait les stéréotypes de droite et de gauche.

Ce principe fondateur des Parti Vert allemand à la fin des années 70 fut bientôt brutalement mis de coté. Les activistes de gauche – la « génération de 1968 » – s’emparèrent largement du parti. Ils sont plus énergiques que les conservateurs parce que le fanatisme et l’intolérance leur sont naturels. En conséquence, ils le firent quitter la politique « purement » environnementale rejetée par la gauche en faveur d’une obsession pour les critiques féministes du « patriarcat » et pour le soutien aux causes marxistes du Tiers-Monde. En Grande-Bretagne, le Parti Vert est plus ancien que son cousin allemand (il fut fondé en 1973 sous le nom de Parti de l’Ecologie), mais a adopté une série de politiques de gauche et n’est pas accueillant pour les écologistes conservateurs. Il accueille les transfuges de la gauche du Labour Party et travaille parfois étroitement avec les factions marxistes.

Défensivement « progressiste », la politique des Verts en Grande-Bretagne suit le même ensemble de réactions pavloviennes que l’activisme de gauche. La tradition est oppressive. L’Etat-nation est mort. L’élitisme est mauvais. Les hommes et les femmes sont interchangeables. Le changement est bon. En Grande-Bretagne tout comme en Europe continentale, les Verts ont tiré un certain profit de l’effondrement des partis communistes et de la désillusion générale concernant la social-démocratie. Mais dans leur pacte faustien avec la gauche « politiquement correcte », les Verts ont développé un programme politique qui est incohérent et contradictoire à tous les niveaux. Leurs racines écologiques leur enjoignent de conserver les écosystèmes locaux pendant que leurs réflexes idéologiques de gauche leur demandent de dédaigner les traditions locales. Les modèles « naturels » doivent être préservés alors que les modèles de comportement humain doivent être constamment perturbés.

De cette manière, l’écologisme de gauche détruit les bases holistiques de la politique écologique en faisant revivre des idées de conflit dualiste. De plus, il exprime l’aliénation entre l’homme et la nature qui s’est révélée si problématique dans la pensée occidentale et que l’écologie politique avait l’intention de remettre en cause. L’orientation de gauche de la politique « verte » peut rapporter des gains électoraux à court terme en attirant les votes protestataires « rouges ». En même temps, elle enferme les partis Verts dans un ghetto électoral en s’aliénant de larges franges du vote public. Cela fut reconnu, bizarrement, après les élections parlementaires européennes de 1989. Les Verts britanniques, présentant un visage modéré, attirèrent des électeurs ruraux conservateurs et des gens de la gauche traditionnelle (c’est-à-dire ceux qui croient réellement dans la liberté tempérée par la civilité) et remportèrent 15% du vote populaire. Loin d’être satisfaits du résultat, les militants de l’aile gauche du parti firent savoir qu’ils ne « voulaient » pas d’électeurs conservateurs. Les principaux porte-parole du parti, Sara Parkin and Jonothon Porritt, furent dénoncés comme réactionnaires et finalement chassés.

Ce ne fut pas toujours ainsi. Il y a trente ans, Edward Goldsmith et un groupe de pionniers écologiques publièrent un petit livre intitulé Blueprint for Survival [Plan de Survie] qui mena à la fondation du Parti de l’Ecologie. Sa critique de la croissance économique comme fin en soi trouva un écho chez les gens de sensibilité conservatrice qui s’inquiétaient de la perte des valeurs humaines dans la politique et de l’extension du vide moral et du matérialisme. Le « but » de Goldsmith et de ses collègues était de faire passer l’équilibre de la culture politique occidentale de l’obsession pour la croissance économique, à tout prix humain et écologique, à une préoccupation plus profonde pour la qualité de la vie, pour les individus comme pour les communautés. L’écologie politique, par conséquent, implique la décentralisation et la dispersion du pouvoir.

Nous avons vu que l’homme dans notre société actuelle a été privé d’un environnement social satisfaisant. Une société constituée de communautés décentralisées, autosuffisantes, dans lesquelles les gens travaillent près de chez eux, ont la responsabilité de se gouverner eux-mêmes, de gérer leurs écoles, leurs hôpitaux et leurs services d’aide sociale, en fait de gérer leurs propres communautés, devrait être, nous le sentons, un endroit beaucoup plus agréable. Ses membres, dans ces conditions, auraient une chance de développer une identité à eux, que beaucoup d’entre nous avons perdue dans la société de masse où nous vivons. Ils tendraient, une fois de plus, à trouver un but à la vie, à développer un ensemble de valeurs et à tirer fierté de leurs réalisations aussi bien que de celles de leur communauté.

Cette aspiration a beaucoup en commun avec les principes conservateurs traditionnels. De fait, il pourrait difficilement y avoir un meilleur manifeste pour le Parti Tory [= la droite, NDT], s’il cherchait à faire revivre ses traditions de décentralisation et volontaristes. Car ce fut Edmund Burke, après tout, qui parla des « petites sections » comme des principaux piliers de la société civile. Ce fut l’association volontaire, au niveau local, qui soutint à la fois la liberté individuelle et la conscience sociale. Les institutions centralisées, qu’elles soient d’origine étatique ou collective, tendent à saper les deux. Historiquement, les conservateurs ont privilégié la continuité et l’évolution sociale sur les ruptures radicales avec le passé. Ils préfèrent l’expérience aux plans utopiques, l’organique à l’abstrait. Le conservatisme naquit en réponse aux certitudes néophiliques radicales de la gauche révolutionnaire. La politique « verte » naquit, à l’origine, en réponse à l’âge industriel, avec son respect superstitieux pour la nouveauté et sa préférence pour l’expansionnisme politique et économique. Les penseurs Verts pionniers comme E.F. Schumacher et Leopold Kohr popularisèrent l’idée que « le petit est beau » [« small is beautiful »], que la vie économique et sociale devrait revenir à une échelle humaine. Cela s’accorde bien avec la croyance conservatrice en un système politique intelligible avec de fortes racines culturelles et un sens de la proportion. Encore au milieu des années 90, l’écrivain « vert » John Pearce reconnaissait le lien entre l’écologie politique et le conservatisme. Les Verts, écrivait-il, pourraient « emprunter à la tradition conservatrice la sauvegarde de ce qui est le meilleur dans le passé, c’est-à-dire la préservation. Cette préservation s’appliquera aux ressources, aux anciens sites et bâtiments, forêts et habitats, cultures, langues, sports, musique et art ».

Les conservateurs peuvent aujourd’hui bénéficier des approches holistiques de l’écologie politique. Une synthèse créatrice des approches Tory et Verte favoriserait les véritables entrepreneurs – les petites et moyennes entreprises, les artisans qualifiés et les indépendants – contre l’ingérence étatique bureaucratique et le pouvoir homogénéisant des multinationales. Influencés par la pensée « verte », les Tories pourraient combler leurs vides électoraux sans émettre des formules magiques politiquement correctes auxquelles ils ne croient pas réellement. Beaucoup d’hindous, par exemple, se sentent l’objet d’un paternalisme de la part des flatteries de gauche et n’apprécient pas d’être placés dans une masse amorphe nommée « Asiatiques britanniques ». Beaucoup de femmes, en particulier celles qui ont des fils, sont dégoûtées et insultées par le féminisme déformateur des genres. De tels électeurs seraient attirés par un parti qui reconnaîtrait la valeur de la tradition et les complexités de la vie, sans tenter de les faire entrer dans des catégories simplistes. La pensée verte, à son tour, bénéficierait des perspectives historiques du conservatisme. Le lien entre la préservation de la biodiversité et la valorisation de la diversité culturelle serait restauré. Sans ce lien, la politique verte est devenue presque dépourvue de sens.

Le conservatisme et la politique verte sont tous deux nés de la recherche d’une dimension spirituelle, de la conscience que la politique de la satisfaction immédiate produit l’aliénation et la discorde. Pourtant les conservateurs et les Verts n’ont généralement pas réussi à reconnaître qu’ils avaient des valeurs communes. Les conservateurs ont eu tendance, durant la dernière génération, à s’allier avec une idéologie autrefois décrite par un humoriste latino-américain comme une « marketolâtrie ». Cette forme de fondamentalisme ou de culte aveugle pour les forces du marché a aussi peu à voir avec la véritable libre entreprise que la « droite religieuse » fanatique a à voir avec les enseignements du Christ. Loin d’encourager le choix, elle se retranche derrière le monopole commercial. Les Verts, pendant ce temps, ont eu tendance à embrasser le Politiquement Correct, la tyrannie diviseuse des groupes de pression militants. Le fondamentalisme du marché et le Politiquement Correct sont tous deux basés sur une pensée linéaire démodée, une vision du « progrès » humain simpliste et curieusement passée de mode. A mesure que les certitudes s’effritent, les arguments en faveur d’une alliance bleue-verte deviennent plus forts que jamais.
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