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Dimanche, 20 Décembre 2015
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Pourquoi la géopolitique a toujours intéressé le Front national
Nicolas Lebourg
Impérialisme :: Varia
Le mot "nationalistes" que l'on utilise souvent pour qualifier les extrémistes de droite amène à quelques confusions - et souvent ceux-ci préfèrent le terme de "patriotes", de Maurice Barrès il y a plus d'un siècle à Florian Philippot aujourd'hui. La pensée d'extrême droite n'est pas confinée à l'échelle nationale, son corpus théorique s'appuyant souvent sur une réflexion géopolitique à l'échelle mondiale comme le rappelaient récemment Stéphane François et Olivier Schmitt. Son action non plus, comme le soulignait Jean-Yves Camus pensant les résultats du FN dans leur échelle européenne. En fait, tous les mouvements d'extrême droite contestent l'ordre géopolitique en place: c'est là un élément de définition pour classer un mouvement politique dans ce champ. Par-delà, les renouvellements des extrêmes droites s'avèrent directement liés aux changements géopolitiques.

L'extrême droite, fille de la géopolitique


Historiquement, on considère que le nationalisme français passe de gauche à droite après la défaite de Napoléon III en 1870. La IIIe République qui fait suite est obsédée par la revanche contre l'Allemagne, et cette aspiration se cristallise un temps autour de la personne du général Boulanger, surnommé "le Général Revanche". C'est là que se forge ce qui a été baptisé "le national-populisme", courant central de l'extrême droite française : le culte d'un Sauveur émergeant du peuple pour balayer des élites défaillantes et redonner fierté et union à la Nation, en gouvernant à coups de référendums afin d'être en lien direct avec le peuple. La Première guerre mondiale donne naissance à l'extrême droite radicale, qui ne souhaite pas seulement régénérer la Nation mais créer un homme défait des tares du libéralisme. Les mouvements les plus connus sont bien sûr le fascisme et le nazisme, mais il en est d'autres, tel le national-bolchevisme, la "plus extrême droite" allemande selon le mot de l'historien Louis Dupeux, qui souhaite l'alliance de la Russie et de l'Allemagne contre l'Occident. Les radicaux projettent des Empires, et certaines de leurs tendances internes rêvent de construire l'Europe.

Réduit à la marge par les États totalitaires, cet européisme est ressuscité lorsque le IIIe Reich a besoin de nourrir le front de l'Est de volontaires européens - la moitié des 900 000 Waffen-SS de la fin de la guerre n'étant pas allemands. Quant à l'Italie fasciste, elle se donne en 1943 pour objectif l'édification d'une Europe fédérant des régimes nationalistes et exploitant les colonies africaines. C'était là une réactivation du thème de "l'Eurafrique", idée de cogestion des colonies inventée après la Première guerre mondiale comme une possibilité de lier les économies française et allemande pour que ces pays ne soient plus en guerre. Au sein du IIIe Reich , l'Eurafrique est un thème porté par le ministère des Affaires étrangères (qui le conçoit comme un système d'exploitation finalement au service des Allemands), et par celui de l'Économie (qui veut organiser une zone de libre-échange où chaque nation aurait une économie spécialisée). Le thème est encore réactualisé en 1948, suite à l'opprobre qui couvre désormais les régimes d'extrême droite, mais alors que vient d'être établi l'Apartheid en Afrique du Sud. Sir Oswald Mosley, l'ancien leader de la British union of fascists, et Oswald Priow, ancien ministre sud-africain aux sympathies pro-nazies, proposent alors un nouveau plan eurafricain: réserver le tiers du continent africain à des nations blanches, les deux autres à des nations noires.

Les Internationales d'extrême droite

Ces nouvelles pistes reflètent la tendance générale: unifier tous les Blancs, et les séparer des autres. En effet, le constat est partagé par les radicaux : la défaite proviendrait du nationalisme chauvin d'Hitler qui n'aurait pas su édifier sincèrement une Europe nouvelle. Le racisme intérieur à la race blanche est abolie. Alors que l'hitlérisme voyait les Salves tels des sous-hommes, les néonazis perçoivent souvent la Russie comme un foyer de "résistance aryenne" face à une Amérique "enjuivée". La réponse blanche donc doit dépasser les antagonismes nationaux et instaurer une commune "résistance" (le retournement du vocabulaire se fait chez les anciens Waffen-SS français dès 1946). En 1956, un rapport de la CIA liste les 134 personnalités animatrices de ce qu'il nomme "l'internationale fasciste". Il y a là 31 Allemands, 30 Français, 17 Suédois, 11 Belges, 10 Italiens, 9 Danois, 6 Autrichiens, 5 Espagnols, 5 Norvégiens, 4 Anglais, 4 Néerlandais, 4 Suisses, et 1 Finlandais... C'est le sens même d'une internationale comme la World Union of National-Socialists, fondée en 1962 et dont le leader George Lincoln Rockwell lancera le slogan "White power". Du côté des Internationales strictement européennes, le Mouvement Social Européen et le Nouvel Ordre Européen lancent dans les années 1950 des mots d'ordre anti-colonialistes en exigeant en retour le renvoi des Noirs et des Arabes sur le continent africain. Pour ces formations, l'immigration est une œuvre du "complot juif" qui vise à détruire la race européenne par le métissage biologique et culturel au bénéfice du "mondialisme", c'est-à-dire l'instauration d'un gouvernement et d'un marché mondialisés.

Et maintenant ?


On reconnaît en ce mythe le prototype de celui du "Grand Remplacement". Pourtant, la version actuelle, qui a su toucher les masses très au-delà de l'extrême droite radicale, ne comporte aucune connotation antisémite. Bien au contraire, ces adeptes mettent en avant un "choc des civilisations" entre un monde "judéo-chrétien" et l'Islam. C'est que l'ordre géopolitique a encore changé, provoquant un nouvel ajustement de l'extrême droite. Après le 11 septembre 2001, l'islamophobie a fourni le mythe mobilisateur du renouvellement. Ce fut d'abord aux Pays-Bas que l'extrême droite de l'ex ultra-libéral Geerts Wilders a entamé ce qu'avec Jean-Yves Camus nous nommons "la mue néo-populiste". L'extrême droite se présente désormais comme défendant les libertés acquises par les sociétés européennes, comme défendant les minorités (gays, juifs, etc.), contre un "totalitarisme" islamiste que les sociétés multiculturelles laisseraient se déchaîner.

La crise géopolitique de 2001 a été suivie de celle financière de 2008. Aujourd'hui elles sont complétées par la crise des réfugiés. L'extrême droite y trouve son carburant, proposant ce qui serait une fermeture protectrice contre une globalisation économique, politique, culturelle et démographique. Si son histoire démontre qu'on ne saurait la qualifier d'eurosceptique, on comprend comment cette situation donne une dynamique aux mythes nationaux - alors même que l'ère des États-nations est close depuis 1918, et que l'extrême droite radicale est confinée à la marge dans toute l'Europe hormis la Hongrie et la Grèce.


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Table des matières

Comment naissent les extrêmes droites

Réaction et contre-révolution
Nationalisme et socialisme
Fascismes
Diversité des radicalités
Le Nouvel ordre européen du IIIe Reich
Nouvelles vagues
Le temps présent

Que faire après le fascisme ?

Réévaluer le nazisme
Le laboratoire italien
Le nationalisme-européen
Du nazisme au néo-racisme
Le moment Jeune Europe
Un contre-Mai rampant

White Power

Un sectarisme transatlantique
Les skinheads d’extrême droite
Violences, radicalités, populismes

Les Nouvelles droites

Plasticité du phénomène
Nouvelle droite et nationalisme-européen
Euro-régionalisme
Subculture(s)
Quelle est l’identité des identitaires ?

Les intégrismes religieux

Une foi, des voies
Les intégristes dans le contexte du Front National
Les chemins partisans

Les partis populistes

Insiders et outsiders
Une critique national-libérale
La mutation néo-populiste
Pourquoi le populisme ?

A l’Est, quoi de nouveau ?

Du national-bolchevisme au néo-eurasisme
L’ère Poutine
Le voisinage avec la Russie
Recompositions et permanences en Europe centrale et orientale

Comment peuvent mourir les extrêmes droites


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notes


Nicolas Lebourg:

Chercheur associé au Centre d’études politiques de l’Europe latine, coauteur du livre "Les droites extrêmes en Europe"

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