Evo Moralès, le président de la Bolivie répond ainsi à une question sur les liens entre démocratie et équilibre de la planète : « Les Indiens vivent en paix non seulement avec les autres êtres humains, mais aussi avec la mère-nature, la Pachamama. La démocratie ajoutée au mode de vie des Indiens peut résoudre le changement climatique. Nous devons apprendre à vivre en communauté, ensemble et d’une manière décente. Vivre bien, ce n’est pas la même chose que vivre mieux, parce que vivre mieux implique que d’autres vivent moins bien. (…) Si nous nous attachons à vivre bien plutôt que de vivre mieux, peut être pourrons nous résoudre le problème de notre écosystème. Pour cela il faut changer les politiques économiques. Le capitalisme est le pire ennemi de la vie, donc de l’humanité » (Métro, 2 octobre 2007, p. 9).
Il y a dans ces propos simples en apparence une force extraordinaire : il s’agit de viser la « société bonne » d’Aristote, et non le toujours plus (ou le « toujours ailleurs » de Platon pour qui le réel visible n’est pas le vrai réel, ce qui a comme conséquence qu’on peut le saccager). Il s’agit de choisir le monde réel et non le fétichisme de la marchandise. Il s’agit de rompre avec un certain « humanisme » anthropocentré. Il s’agit d’aimer tout ce qui est valeur d’usage plus que ce qui est valeur d’échange – cette dernière étant devenue contrairement à ce qu’indique son nom valeur d’accumulation. Evo Moralès montre le chemin : chaque peuple doit reprendre son destin en main. C’est un monde nouveau qui est à construire, ou à reconstruire. Le monde des peuples. Le monde de la diversité.