La réponse israélienne à l’offre palestinienne de compromis toujours plus de brutalité
L’armée de terre israélienne est entrée en force, mercredi matin, dans la bande de Gaza, en déployant plusieurs milliers d’hommes dans les zones de Khan Younes et Rafah (sud de ce minuscule territoire), tandis que ses avions détruisaient des ponts et des installations électriques, pour écraser un peu plus encore la population locale.
Selon le discours officiel, l’opération militaire a un objectif concret, et un seul, celui de libérer le soldat Gilad Shalit, capturé dimanche par un groupe de résistants palestiniens. Pour autant, personne, ni dans la population palestinienne, ni même dans la population israélienne, n’accorde le moindre crédit à une telle propagande.
D’abord, parce que l’invasion terrestre de mercredi matin ne fait que prolonger une politique systématique d’étranglement de la population de Gaza, précisément déjà aggravée depuis l’annonce de la capture de Shalit il y a trois jours. Depuis dimanche, toutes les sorties du territoire sont hermétiquement bouclées, non seulement celles qui ouvrent , -par intermittence- sur Israël, mais également le passage vers l’Egypte au niveau de la ville de Rafah. L’armée israélienne a en effet ordonné la fermeture de ce passage ; Egyptiens et « observateurs » de l’Union européenne en poste à Rafah ont obéi dans l’instant, et des centaines de civils palestiniens, dont de nombreux malades candidats à un traitement médical à l’étranger ou revenant de l’étranger, sont bloqués depuis trois jours à la frontière, dans des conditions extrêmement précaires, rapporte le Centre Palestinien des Droits de l’Homme (PCHR).
Surtout, il n’est pas nécessaire d’être un expert en affaires militaires pour comprendre que l’offensive israélienne, loin de favoriser les chances de délivrance du prisonnier, augmentent au contraire les risques pour sa propre survie. Ehud Olmert, Amir Peretz, et tout l’appareil militariste qui formatent la société israélienne depuis sa création le savent pertinemment, et ils s’en vantent d’ailleurs à longueur de journée : un représentant de la race des seigneurs ne saurait être l’otage de barbares, et mieux vaut donc que le jeune Shalit soit mort que captif. C’est ce que les médias appellent la « consigne Hannibal », qui fait partie de l’endoctrinement des troupes israéliennes, et qui exigeraient que les soldats israéliens, au cours d’un combat, tirent sur leurs propres camarades lorsque ces derniers sont tombés aux mains de l’adversaire ! Les menaces publiques, et constantes, d’assassinat des dirigeants du Hamas, ne sont bien évidemment pas faites non plus pour améliorer les chances du prisonnier. Et puis, quand bien même l’opération lancée mercredi matin déboucherait -par ingéniosité militaire ou un autre moyen- sur la récupération d’un Gilad Shalit en vie, le problème de l’Etat-major resterait entier : les dirigeants israéliens ont fini par avouer, mercredi matin et après 48 heures de tergiversations, qu’un second militaire, Yehahu Pinchas Asheri, 18 ans, avait été selon toute vraisemblance capturé par des résistants en Cisjordanie. Asheri est membre de la colonie néo-fasciste d’Itamar, près de Naplouse, et il effectue son service dans une de ces unités très spéciales que sont les « yeshiva militaires » (« école religieuse-militaire » !)
La décision du déploiement terrestre à Gaza intervient quelques heures après une initiative politique majeure de la résistance palestinienne : mardi soir, en effet, le Hamas, le Fatah ont annoncé un accord, pour la première fois, sur le document dit « des prisonniers », élaboré il y a un mois par des militants emprisonnés des différentes formations politiques (Hamas, Fatah, FPLP notamment, mais pas Djihad Islamique).
Ce document confirme que les deux composantes majoritaires de la vie politique palestinienne, Hamas et Fatah, sont d’accord pour la création d’un Etat palestinien à l’intérieur des territoires qu’Israël n’avait pas encore conquis militairement avant juin 1967, c’est-à-dire Jérusalem-Est, la Cisjordanie, et Gaza. Cette offre généreuse, qui sanctionne l’existence d’Israël sur 78% de la superficie de la Palestine historique, a été formulée de manière répétée, comme on le sait, depuis plus de 15 ans par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dirigée par le Fatah. Des dirigeants du Hamas, depuis leur victoire électorale au début de l’année, ont tenu un langage identique, désormais officialisé avec le « document des prisonniers », mais que ni les gouvernements occidentaux, ni leurs grands médias, aux ordres les uns et les autres d’une direction israélienne forte de son impunité, n’ont daigné prendre en compte. Et cela, alors même que le peuple palestinien, malgré la terrible répression qu’il subit, continue d’être majoritairement favorable à un tel compromis, pourvu que cesse l’occupation et la colonisation de son pays, qu’il subit depuis des décennies.
Par leur brutalité permanente, les dirigeants israéliens ne laissent d’autre choix aux Palestiniens que celui de résister. Solidarité avec eux !