L'ancien chef conservateur du gouvernement espagnol Jose Maria Aznar a déclenché une controverse en déclarant lundi à la BBC que l'OTAN pourrait bombarder le Liban "si c'était nécessaire" et si Israël appartenait à l'Alliance atlantique.

L'ancien leader du Parti Populaire (PP-droite), au pouvoir de 1996 à 2004, a répondu par l'affirmative, lors d'une interview à la chaîne d'information BBC World, au journaliste lui demandant si l'OTAN devrait bombarder le Liban si Israël en faisait partie et si était appliqué le principe de sécurité collective.

"Si c'est nécessaire, oui. Parce je considère qu'Israël est une partie essentielle du monde occidental et parce que je considère que mon intérêt, ma démocratie, ma liberté et ma prospérité passent en grande partie par l'existence d'Israël", a dit M. Aznar lors du programme "Hardtalk".

"Eux (les Israéliens) combattent le terrorisme et je soutiens l'idée qu'il est nécessaire d'appuyer l'existence d'Israël", a-t-il ajouté.

Aznar "est allé trop loin", a jugé le secrétaire à l'organisation du Parti socialiste espagnol au pouvoir (PSOE), José Blanco, tandis que l'ancien chef du gouvernement espagnol Felipe Gonzales (1982-1996) qualifiait ces déclarations de "grotesques".

"Nous savions déjà qu'il travaillait pour une multinationale de la communication (ndlr: le groupe News Corporation de Rupert Murdoch), nous commençons à soupconner qu'il doit avoir un contrat avec une multinationale de l'armement, sinon, on ne peut expliquer ses déclarations", a estimé M.Blanco.

Aznar s'est mis "du côté des faucons qui bombardent les colombes, les civils, les enfants et les vieillards du Liban" a déclaré pour sa part Gaspar Llamazares, coordinateur général de la Gauche Unie (IU - communiste), très critique de l'offensive israélienne au Liban.

Le secrétaire général du PP, Angel Acebes, a défendu M. Aznar en qualifiant "d'hypocrites" les critiques de M. Blanco, tandis que le porte-parole du PP au Parlement, Eduardo Zaplana, jugeait les déclarations de l'ancien chef du gouvernement "tout à fait logiques".

Les polémiques autour de l'intervention israélienne au Liban, jugée "abusive" par le gouvernement espagnol, se multiplient depuis quelques jours à Madrid.

L'ambassadeur d'Israël en espagne, Victor Harel, a notamment qualifié lundi "d'infâme" une déclaration de M. Blanco accusant Israël de viser des civils au Liban.