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Samedi, 3 Juin 2006
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Le mauvais garçon du Pérou
Gwynne Dyer
Étranger
Le mauvais garçon du Pérou
Ollanta Humala prépare un «coup d’État à visage démocratique», a mis en garde le président du Congrès péruvien Marcial Ayaipoma. «Préserver la démocratie ou devenir une dictature : voilà les enjeux de ces élections», a déclaré Mario Vargas Llosa, l’écrivain le plus célèbre du Pérou et ancien candidat à l’élection présidentielle. «[Humala] gouvernera avec l’armée, dissoudra le Congrès, s’opposera à Washington, autorisera la libre culture de la coca, et ne ratifiera pas le traité de libre échange. Il persécutera la presse… Ce sera une dictature, cela ne fait aucun doute», a de son côté averti l’ancien ministre des Affaires étrangères Fernando Rospigliosi.

Alors heureusement qu’Ollanta Humala ne remportera pas le second tour de la présidentielle du 4 juin. Humala est arrivé en tête au premier tour en avril, mais le dernier grand sondage d’opinion, réalisé entre le 24 et le 26 mai par l’institut Apoyo, donne l’ancien président Alan Garcia vainqueur avec 55 % des votes contre 45 % pour Humala. Donc tout va bien. Sauf que…

Sauf que les électeurs peuvent mentir aux sondeurs d’opinion. Quand l’institut Apoyo a fait remplir aux personnes interrogées des bulletins secrets pour connaître leurs intentions de vote, les résultats étaient différents : Garcia ne devançait plus Humala qu’avec 52 % des voix contre 48 %. Par ailleurs, un cinquième des électeurs se dit encore indécis : sont-ils vraiment tous indécis, ou beaucoup sont-ils seulement embarrassés d’affirmer qu’ils voteront pour Humala? La course présidentielle n’est pas encore terminée.


Pourquoi quelqu’un de sensé voterait-il pour Ollanta Humala? Cet ancien officier de l’armée de 42 ans est soupçonné d’avoir violé les droits de l’homme lorsqu’il commandait les forces de la contre-insurrection dans les montagnes dans les années 1990. Sa seule gloire est d’avoir dirigé avec son frère un coup d’État militaire manqué en 2000. Mais au moins, cette tentative de coup d’État visait l’ancien président Alberto Fujimori, un homme pas vraiment réputé pour son amour de la démocratie. Le frère cadet d’Humala, Antauro, est quant à lui en prison pour avoir mené, l’an dernier, une révolte sanglante contre le gouvernement élu démocratiquement du président Alejandro Toledo.

La famille Humala tout entière est notamment connue pour son extrémisme. Bien que d’une famille blanche et très aisée, le père de Humala, Isaac, a fondé un mouvement ultranationaliste et autoritaire appelé «ethnocacérisme» qui proclamait la supériorité ethnique de la majorité indienne et métisse au Pérou par rapport aux descendants blancs des migrants espagnols, encore dominants dans le monde des affaires et sur la scène politique. Ollanta Humala se prévaut grosso modo du même argumentaire; il s’appuie sur le ressentiment et les revendications économiques et ethniques des pauvres du Pérou, en majorité indiens et métis.

Ces cinq dernières années, sous le gouvernement de Toledo, l’économie péruvienne a connu une considérable croissance de 4,5 % pour atteindre 7 % l’an dernier. Alors pourquoi Toledo est-il le dirigeant le plus impopulaire d’Amérique, avec une cote de popularité en-deçà de 10 %, Et comment un candidat aussi inattendu qu’Ollanta Humala, inexpérimenté, instable et excentrique peut-il être à seulement quelques points de pourcentage de la présidence du Pérou?

C’est parce qu’au Pérou, la théorie du «trickle down» (selon laquelle l’argent des riches finit par profiter aux pauvres) ne marche pas : la croissance économique fait augmenter le niveau de vie des riches et de la classe moyenne qui constituent une minorité. Presque rien ne va à la moitié de la population qui vit avec moins d’1,25 dollars par jour. La majorité des Péruviens se sent complètement lésée par le système démocratique : un sondage réalisé par l’Université de Lima a révélé que 92,2 % de la population ne fait pas confiance aux partis politiques, 89,4 % ne fait pas confiance au Congrès et 83,1 % ne fait pas confiance à la justice.

Le peuple a le sentiment que tout est corrompu, que les dés sont toujours pipés et que les pauvres ne gagnent jamais. Le peuple n’a pas tout à fait tort, de sorte que les électeurs sont prêts à faire un saut dans l’inconnu et à choisir quelqu’un d’extérieur au «système». En 1990 il s’agissait d’Alberto Fujimori, ce mois-ci ce sera peut-être Ollanta Humala. Sera-t-il un autocrate? Qu’importe! Selon une récente étude des Nations unies, plus de 70 % des Péruviens sont favorables à un gouvernement plus autoritaire.

Avec Humala comme président, la situation des pauvres au Pérou pourrait-elle s’améliorer un peu? Vraisemblablement pas, car il n’a aucun programme politique et ne s’appuie sur aucun vrai parti politique. À l’instar des présidents Hugo Chavez au Venezuela ou d’Evo Morales en Bolivie, il préfère le populisme au dur labeur de la politique de gauche traditionnelle. Ces deux présidents lui apportent leur chaleureux soutien, bien sûr – Chavez est même allé jusqu’à dire qu’il rompra les relations diplomatiques avec le Pérou si Humala n’est pas élu – mais eux-mêmes ne sont pas vraiment de gauche.

Ces jours-ci, on évoque beaucoup la manière dont l’Amérique du Sud a «viré à gauche», alors même que le gouvernement des États-Unis, préoccupé par le Moyen-Orient, a détourné les yeux de son «pré carré», mais c’est bien plus compliqué encore. Les pays qui jouissent d’un système politique moderne et d’une économie plutôt développée comme le Brésil, l’Argentine et le Chili ont élu des gouvernements véritablement de gauche (ou en tout cas, en ce qui concerne l’Argentine, un gouvernement péroniste qui partage beaucoup de leurs préoccupations) et de sérieux changements sont en train de s’opérer. La croissance économique est au rendez-vous et certains de ces changements sont clairement positifs.

Au Venezuela et en Bolivie, le processus politique est grossièrement populiste et le «long terme» se limite à l’année suivante. Alan Garcia ne séduit pas la majorité des Péruviens – au cours de son dernier mandat présidentiel, entre 1985 et 1990, l’inflation avait atteint 7 000 pour cent – mais s’il ne passe pas, le Pérou deviendra lui aussi un des «empêcheurs de tourner en rond».

notes

Gwynne Dyer est un journaliste indépendant basé à Londres, ses articles sont publiés dans 45 pays.

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