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Lundi, 11 Mai 2009
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Où va l’Afrique du Sud, un entretien avec Pierre-Olivier Sabalot
Rédaction
Étranger
Où va l’Afrique du Sud, un entretien avec Pierre-Olivier Sabalot
Né en 1970, Pierre-Olivier Sabalot est diplômé de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, et titulaire d’un DEA « Histoire d’Outre-Mer » de l’Université d’Aix-en-Provence. Il a vécu en Afrique du Sud et enseigné les Sciences économiques et sociales au Lycée français de Johannesburg. Il est l’auteur de la première biographie complète du Dr Verwoerd disponible en français (Verwoerd, le prophète assassiné, Editions du Camas, Marseille, 2009, [email protected])

Le 22 avril dernier, se sont déroulées les élections générales en Afrique du Sud. Quelle est la situation économique et politique de ce pays ?

Quinze ans après les premières élections non-raciales d’avril 1994 et la victoire de l’ANC, ce dernier a eu le temps de « verrouiller » l’appareil d’État et les structures économiques de la RSA. Ces élections étaient donc sans grand suspens, ni enjeux, en termes politiciens, si ce n’est que le Président programmé du pays, Jacob Zuma, est un personnage haut en couleur, Zoulou polygame, populiste de gauche, raciste, très différent de Kgalema Motlanthe, homme de transition très effacé, et de son prédécesseur Thabo Mbeki (1999-2008), homme du sérail, fils de Govan Mbeki, un des dirigeants historiques de l’ANC. Il faudra suivre de près le COPE, le nouveau parti de Mbeki fondé par ses partisans après le putsch parlementaire qui l’a destitué. La RSA est formellement une démocratie parlementaire, mais elle est soumise à un parti, l’ANC, ultramajoritaire, qui a fait main basse sur les structures politiques et économiques du pays, et a fait émerger une bourgeoisie noire (tout aussi rapace que la bourgeoisie blanche anglophone) sur laquelle il s’appuie.

Pour les cinq années à venir les vrais enjeux, non politiciens, sont nombreux : la crise économique et la montée du chômage; une immigration massive (qui a provoqué de graves émeutes xénophobes à Johannesburg en mai 2008, avec de nombreux morts) ; un taux de SIDA hallucinant (12% de la population sud-africaine, soit 6 millions de personnes, est séropositive) ; la « déqualification » professionnelle (qui se ressent chaque jour d’avantage), liée à la politique de « discrimination positive » de l’ANC en faveur des Noirs ; le problème non réglé de la redistribution des terres des fermiers blancs à des Noirs (mille cinq cents fermiers blancs ont été assassinés depuis quinze ans, un bon moyen de pression…) ; la violence endémique (Johannesburg est considérée comme la ville la plus dangereuse du monde) ; l’urbanisation chaotique des Noirs (qui menace même les Coloureds…) qui était pourtant maîtrisée à l’époque de l’apartheid ; le vieillissement et la dégradation des structures industrielles (en grande partie mises en place à l’époque du Dr Verwoerd), faute de politique cohérente d’investissement, ce qui hypothèque l’avenir économique du pays ; la corruption de plus en plus profonde ; sans oublier l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2010 (la première sur le continent africain) pour laquelle le pays est encore loin d’être prêt…

C’est quand même moins pire que dans l’ex Rhodésie ?

Les situations sont très différentes, compte tenu des enjeux à la fois économiques (la RSA est la première puissance du continent africain, alors que le Zimbabwe a toujours été un pays marginal dans ce domaine) et surtout démographique, puisque les Non-Noirs (Blancs 10%, Coloureds 9%, Indiens 3%) représentent 22% de la population sud-africaine, ce qui est sans équivalent en Afrique noire (la Rhodésie, à l’époque de Ian Smith, a compté un maximum de 5% de Non-Noirs). La RSA compte 48 millions d’habitants (dont 5 millions d’immigrés noirs plus ou moins illégaux, essentiellement zimbabwéens et mozambicains, qui ont fui la misère et la répression politique de leurs pays respectifs). On estime que depuis 1994, 1 million de Blancs ont quitté la RSA, essentiellement des cadres, fuyant l’augmentation continue de la violence et la politique de discrimination positive mise en place par l’Etat-ANC, contribuant à la baisse de leur proportion dans la population totale.

Cependant, l’aggravation de la situation économique (amplifiée par la crise mondiale actuelle) et la personnalité même du futur Président Zuma (grand ami du Président zimbabwéen R. Mugabe, qui a ruiné son propre pays) rendent pessimistes et déprimés de nombreux économistes et politistes locaux, car Zuma sera sans doute tenté de mener une politique de « bouc émissaire » envers les Non-Noirs , aggravant encore plus la situation politique. Cette « politique du pire » serait d’ailleurs une assez bonne chose pour les nationalistes afrikaners…

Il existe donc encore une résistance politique afrikaner…

Le paysage politique afrikaner (la communauté afrikaner représente environ 60% de la population blanche) est très éclaté et sa volonté de combat, sur le plan politique, s’est très émoussée depuis 1994 du fait du « choc de la défaite », mais aussi du contrecoup des transformations sociologiques entre les années 60 à 90. D’autant que sur le million de Blancs qui ont émigré, se trouvent de nombreux Afrikaners, des cadres. Les partis « identitaires », jouant le jeu parlementaire, sont marginalisés, et la majorité des Blancs s’apprêtent à voter (tout comme les Coloureds, d’ailleurs) pour la Democratic Alliance, l’équivalent local de notre UMP, de l’Afrikaner libérale Helen Zille, également maire de la ville du Cap. Les aspirations nationalistes afrikaners authentiques sont représentées par le vieux Herstigte Nasionale Party, né en 1969 du refus des vrais nationalistes de cautionner la politique réformiste de BJ Vorster. C’est un parti fidèle à l’héritage idéologique du Dr Verwoerd et qui refuse de jouer le jeu parlementaire, une farce à ses yeux. Lors de son 40è Congrès, début mars 2009, le HNP vient de se doter d’un nouveau Leier (guide), le Dr Japie Theart.
Sur un plan politique, les Afrikaners sont dans une phase de dépolitisation, de « gros dos », laissant passer la tempête, en attendant des jours plus favorables, comme ce fut le cas durant le XIXè siècle, lorsque leurs ancêtres boers subissaient le joug colonial britannique. Par contre, de nouveau, leur combat identitaire est beaucoup plus marqué dans le domaine culturel…

Justement, une chanson consacrée au général De La Rey a connu, ces dernières années, un grand succès parmi les Blancs d’Afrique du Sud. A défaut d’une résistance politique conséquente, existerait-il une résistance culturelle que pourrait incarner la communauté d’Orania ?

Cette chanson du jeune chanteur « folk » afrikaner Bok van Blerk a effectivement connu, à sa sortie en 2006, un immense succès auprès de larges couches du public afrikaner, au point que lors d’un concert au stade de rugby de Pretoria (le Loftus Versfeld), plus de 30.000 personnes ont repris en chœur le refrain (comme une sorte de nouvel hymne national afrikaner), qui appelle au retour d’un Général qui commanderait de nouveau les Boers… Cette chanson est symptomatique de la redistribution des cartes en cours. La reconstruction de l’identité afrikaner, diluée et violemment remise en cause depuis 1994 par le revanchisme de l’ANC mondialiste (villes, monuments, rues… débaptisés ; symboles afrikaners effacés ; statues déboulonnées ; utilisation systématique de l’anglais pour faire reculer l’afrikaans…) se met en place peu à peu par un revival culturel, en grande partie déconnecté de la politique. Universitaires (dont le fameux Pr HB Giliomee, pourtant libéral), chanteurs, écrivains (y compris ceux qui comme A Brink, B Breytenbach ou le Prix Nobel de littérature JM Coetzee, avait toujours lutté contre l’apartheid) se mobilisent aujourd’hui pour la défense de l’afrikaans, cette langue originale que les Afrikaners partagent avec les Coloureds. Quant à Orania, c’est un petit village, une enclave blanche de 600 habitants, dirigée par le Pr Carel Boshoff (gendre du Dr Verwoerd, et initiateur du projet de Volkstaat, une sorte de « Blantoustan » afrikaner), sa réussite est incontestable (« développement durable » fondé sur une agriculture uniquement bio en partie exportée, économie « propre » basée sur le tertiaire informatique, chômage inexistant, vie culturelle intense, création d’une monnaie locale, l’ora, pour marquer symboliquement l’indépendance de la communauté…), mais cela reste un laboratoire, une expérience, compte tenu du faible nombre de personnes concernées. Par contre, en cas de « clash », alimenté par la crise économique et/ou une nouvelle explosion de SIDA, Orania pourrait être un refuge pour de nombreux Afrikaners ou servir de modèle à l’établissement de nouvelles enclaves sécurisées et totalement autosuffisantes…

Vous venez de consacrer un livre au Premier ministre HF Verwoerd. Estimez-vous que ses idées politiques sont encore actuelles ?

Les idées politiques – ethnodifférencialistes et non suprémacistes - du Dr Verwoerd étaient, dans le contexte idéologique de l’époque (entre 1958 et 1966, période d’indépendance de la majorité des pays africains), des idées neuves, rompant à la fois avec le colonialisme européen et le libéralisme mondialiste négateur des identités. L’idée d’une Afrique des peuples (chaque peuple maître sur son territoire propre, se développant à son rythme, au sein d’une sorte de CEI –Verwoerd parlait d’un Commonwealth austral-africain- pour le bien de tous) est une idée révolutionnaire, rompant avec le cadre colonial dans lequel les États-Nations d’Afrique noire sont parfaitement artificiels et illégitimes, découpés en dépit de tout réalité ethno-culturelle et historique, regroupant des ethnies hostiles ou en écartelant d’autres, au seul profit des puissances coloniales. Avec comme conséquences l’instabilité politique chronique, les massacres interethniques, l’accaparement du pouvoir politique et économique par des minorités s’appuyant uniquement sur leurs propres ethnies ou tribus, pratiquant la corruption et le népotisme à grande échelle. Concernant la RSA elle-même, l’idée de faire éclater le pays en entités politiques à base ethnique était un facteur de « développement durable », harmonieux, seule alternative (dans une société plurielle et multiraciale) à l’intégration mondialiste voulue et réalisée par le grand patronat blanc (en partie juif) local, ennemi historique de la politique de développement séparé. Verwoerd qui pensait (à juste titre, d’ailleurs) que la ségrégation raciale (celle pratiquée avant 1948, puis après lui) était une solution bâtarde, et que seule la séparation raciale complète pouvait donner une chance à tous les peuples composant la RSA de pouvoir se développer à leur propre rythme, sans qu’un groupe ne domine les autres. Il n’a d’ailleurs pas été assassiné par un marxiste fanatique, mais par un déséquilibré métis manipulé par les services secrets alliés au Grand Capital local, qui refusait le « socialisme ethnique » afrikaner et la politique volontariste (coûteuse et anti-économique à leurs yeux) d’économie dirigée du premier Ministre, une économie dirigée et semi-planifiée remise à sa place, aux ordres du Politique.

On a souvent parlé d’une alliance entre la RSA et Israël or, en lisant votre livre, j’ai pu constater que Verwoerd était très hostile au sionisme.

Le Dr Verwoerd était en effet très réservé vis à vis du sionisme, et surtout vis à vis du lobby israélien, qu’il accusait de servir des intérêts étrangers à l’Afrique du Sud, et potentiellement dangereux pour elle. Avant 1954 (y compris à l’époque du Dr Malan, fondateur de l’apartheid, de 1948 à 1954), les gouvernements Smuts, puis Malan, ont affiché une judéophilie (Smuts était un ami proche du Dr Haïm Weizmann, 1er Président d’Israël) puis une israélophilie (l’Afrique du Sud, membre fondateur de l’ONU, vote le plan de partage de la Palestine en 1947 ; Malan se rend à Tel Aviv en mai 1953 où il affirme des valeurs communes de « peuples pionniers » face à des « océans » ennemis) sans faille. Mais JG Strijdom (de 1954 à 1958), puis surtout le Dr Verwoerd (de 1958 à 1966), tous deux antisémites « politiques » (mais non nazis) relâchent ces liens.

Israël condamne par deux fois (en 1961 et en 1962) à l’ONU la politique de développement séparé, puis vote l’embargo de 1963. Verwoerd souligne publiquement le fait que les juifs sud-africains soutiennent massivement les partis de gauche, hostiles au développement séparé, menace Israël de représailles et stoppe les relations économiques. La RSA du Dr Verwoerd n’entretient pas de bonnes relations avec l’entité sioniste.

C’est en 1968, après la mort de Verwoerd, que les relations reprennent, avec son successeur, le réformateur BJ Vorster (pourtant, lui, ex-nazi !), lié au Complexe militaro-industriel et favorable au big business sud-africain. Des relations qui évoluent rapidement (Vorster se rend en « pèlerinage » à Yad Vashem en 1976) et les deux pays collaborent à la mise en place d’armes nucléaires, L’hostilité politique du Dr Verwoerd peut se comparer à celle du Général De Gaulle (« un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur »…) : relations tendues d’État à État et hostilité intérieure au lobby, alors qu’avant et après lui, ce dernier était puis fut tout puissant. L’hostilité du Dr Verwoerd au lobby constitue d’ailleurs une des causes de son assassinat en septembre 1966…
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