Il ne s’agit pas tant de parler ici du CPE , (il y avait un avant, se déroule un pendant, il y aura un après) que de ses conséquences. Les syndicats ne se sont pas trompés : ils sont aujourd’hui dans l’incapacité de mobiliser des troupes en nombre suffisamment important pour inquiéter un gouvernement. En revanche, les lycéens et étudiants, suivis de leurs enseignants sont toujours une plaie pour le pouvoir en place.

En tout premier lieu parce qu’ils sont nombreux ce qui se traduit par des cortèges impressionnants qui ne laissent pas les français indifférents et qui marquent donc une opposition frontale et de masse aux gouvernements tout en bénéficiant de la sympathie des français. Ensuite parce qu’il existe depuis la mort d’un étudiant en 1986 d’un syndrome de peur. Il est dès lors très difficile de réprimer et même de canaliser une manifestation de jeunes post adolescents souvent peu politisés et assez sympathiques par crainte d’une éventuelle bavure.

On peut déjà prévoir que dans les manifestants seront présents des délinquants ou des provocateurs. Egalement, on sait suite à l’expérience du passé que les gouvernements de gauche comme de droite finissent toujours au final par retirer leurs projets.

Les syndicats ont eu aussi besoin de redorer leurs blasons qui ne cessent de pâlir : en s’associant aux jeunes, ils espèrent comme on peut s’y attendre, récupérer une partie du bénéfice que cela soit en terme de notoriété mais également par l’intermédiaire de négociations fructueuses et officieuses avec le gouvernement. Les syndicats étudiants quant à eux ne représentent pratiquement rien. En effet, obtenir 40 %, des voix, ce qui n’est pas peu, ne signifie rien dans une élection où il n’y a eu que 5% de votants. C’est alors 2 % des étudiants qui ont fait ce choix et rien de plus. On revient à la non politisation des étudiants à laquelle je faisais référence plus haut. C’est un mélange d’esprit de fête et de légitime inquiétude pour leur avenir qui les mènent dehors.

De plus, on sait très bien que la gauche est mal en point. Pas tant parce qu’elle a perdu son électorat, mais parce qu’elle n’a pas d’autre avenir à proposer. Et qu’elle le sait parfaitement. Que Jack Lang dise que la tva est injuste socialement est juste : il ne précise pas, bien entendu qu’elle rapporte à l’état deux fois plus que l’impôt direct et deux fois plus que l’impôt sur les sociétés.

Par voie de conséquence il n’apporte rien. Il reste donc à la gauche comme seule possibilité de prendre en marche les différents trains de la contestation. Celui ci est le plus puissant et ne doit pas être loupée. La gauche évidemment suit et approuve.

Enfin, si le ministre de l’éducation est en première ligne, il reste avant tout un second couteau. Sont beaucoup plus exposés et Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur qui paierait de suite une erreur des forces de l’ordre, mais aussi Dominique de Villepin qui premier ministre, dirige l’ensemble.

En cas de succès comme d’échec, c’est peut être la présidentielle qui maintenant sous nos yeux va se jouer.