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Rap convergent
Je me permets un préambule, histoire d'ouvrir la voie entre nous. Parlons vrai, Il ne s'agit pas de sacrifier à la tendance comme on nous le reproche souvent. On a le goût du rap ou pas, ça ne se décide pas. Mais vous parcourez le site voxnr, pas celui des inrocks, donc laissez le dégoût et les couleurs derrière vous. Un jugement de valeur est le fruit de l'environnement, de l'expérience, de l'éducation... Le rap peut être votre ordinaire, le symbole d'une expérience douloureuse ou un univers tout étranger. Dépassez la réaction épidermique du contenant, attachons nous au contenu, aux implications sociales et politiques. Il y a matière à condamner dans le rap, mais il existe aussi une tendance plus réjouissante, voilà une preuve par l'exemple:
"Sobre", c'est le refrain leitmotiv du dernier clip de Sniper, "trait pour trait", tiré de l'album éponyme. Une sobriété qui claque comme un slogan, un texte et des symboles visuels qui méritent l'attention. La vidéo entend situer le groupe dans la galaxie du hip-hop. On commence par une maturité affirmée: le trio de tête reste de marbre devant le "modèle" véhiculé par le rap US et ses épigones francophones. Les gogos luisantes en deux pièces, s'agitant façon épilepsie contre de grosses américaines, sont pudiquement poussées vers la sortie. Les membres du groupe ont des proches, se soucient de leurs avis et de l'image qu'ils livrent aux plus jeunes. Rescapée du banissement des bimbos, la caisse kitschissime façon tuning fait ensuite place à une vieille meule gauloise. D'abord travesti à la mode bling-bling, le collectif abandonne progressivement les oripeaux poilus, bagouses, gourmettes et autres verroteries pour du classique, du fonctionnel: jean/basket, la mise à jour du béret et du bleu de travail. Ils mettent finalement en garde contre le paraître, la femme-objet et autres scories véhiculées par le rap "mainstream", affirmant en choeur être restés fidèles au quartier qui les a vu pousser, jamais très loin de leur famille. Blacko (1) termine cet effeuillage drapé dans un drapeau rastafari: une pure revendication identitaire (une influence reggae que la rap partage avec le mouvement skinhead)...
Identitaires et nationaux justement qui, autour du rap, se sont abandonnés à un véritable feu croisé. On connaissait les campagnes de la nébuleuse (2) contre ce même Sniper, actions relayées et élargies par la droite parlementaire. On connait un peu moins les déclarations de JC Martinez (3) et la réplique à la bile d'un Bompard (4). Mr Martinez pêche sans doute par enthousiasme et méconnaissance, c'est certains. Il propose en exemple les pires représentants du rap en boîte, lyophilisés par les maisons de disques: du prêt à bouffer pour ados normalisés. Ces engeances dénoncées le rappeur MC Jean Gabin qui "critiquent la soupe mais font les croûtons qui vont avec". Le cas Bompard est bien plus grave, car il oublie, il néglige (les connait-il?) les quelques millions d'européens, autochtones ou eux-mêmes migrants, concentrées dans les couronnes urbaines... Victimes de l'insécurité, de toutes les insécurités et eux aussi discriminés: marasme économique, disette du travail, discrimination spatiale, suspicion policière... le tout privé de soutien communautaire.
Alors oui Mr R ou Sniper ont vomis la France, son état et la muraille bleue qui la sert et l'entoure. Mais cette France là donne tout autant la nausée aux radicaux de tout poil. La France du fric, des politiques et des media complices ne méritent-elle pas une gerbe bien chaude sur le revers de son veston gris et vieilli? Quand Mr R déclare en introduction de "FranSSe": "Quand je parle de la France, je parle pas du peuple français mais des dirigeants de l'état", ça sonne comme un air connu: la dichotomie pays légal, pays réel. D'ailleurs Maurras savait se réjouir quand la CGT pendait l' éffigie de Marianne, alors pourquoi s'offusquer d'un Mr R qui fusille l'état bourgeois? Fraction condamné pour "une balle pour la police" et NTM relaxé pour "des balles pour la police municipale" c'était hier. Aujourd'hui les identités des migrants sont criminalisées comme celle des autochtones. "Jeteur de pierre", morceau de bravoure de Sniper sur la Palestine occupée, a fait scandale. Le MRAP les défend mollement, "n'en fait pas des modèles" et "désapprouve fermement certains de leurs propos". En couli d'Elie, l'oligarchie louait Dieudonné. Mais quand il pointe tous les esclavagistes sans en omettre aucun, c'est la levé du bouclier du Système... Si on de décidait à mettre "identité" au pluriel?
(1) Karl Appela dit Black Renégat ou Blacko
(2) Tracasseries qui rappellent le "harcèlement démocratique" qu'ont connu les groupes "identitaires" (la victime se fait bourreau: un classique) ou les styles jugés "ambigus": Indus, Dark-Folk, Gabber, malgré un apolitisme déclaré... Un appel à la censure que Guillaume Faye, pour une fois inspiré, a condamné au nom de la liberté d'expression.
(3) Lors d'une conférence de Presse du FN, l'AFP a relayé cette déclaration du député européen: "Au moins les beurs et les immigrés eux, n'ont rien à faire de l'anglais, quand ils font (...) du rap, c'est du rap en Français." Il donne comme exemple Diam's et MC Solar.
(4) Jacques Bompard lui répond à l'occasion d'un communiqué de presse de l'esprit public: "Jean-Claude Martinez (...) ne connaît sans doute pas les groupes de rap qui insultent la police, menaçent les Français (...)". Il poursuit pour "l'édification du pauvre (sic) Martinez qui n'a jamais vu un rappeur de près" en citant les paroles de "FranSSe", la chanson de Monsieur R. |
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