La sacro-sainte démocratie ne se conçoit pas de la même manière pour tous. Il n’y a là rien de nouveau. Invoquée en tout lieu et en toute occasion comme l’idole suprême, la déesse unique et jalouse, que l’on se doit d’adorer, elle donne généralement lieu aux interprétations les plus diverses.

Alors que le lectorat des médias politiques institutionnalisés se réduit aussi régulièrement qu’impitoyablement pour cause de politiquement correct – pas de sujets qui fâchent, les annonceurs publicitaires ne seraient pas contents ! – celui des sites indépendants explosent.

Sur l’un d’eux, on peut lire ces lignes : « Les médias conventionnels se sont accommodés aux puissants de notre pays. Une capitulation non avouée, mais une capitulation tout de même. Si les finances ont définitivement pris le dessus sur la politique, ils ont également, dans leur écrasante domination, piétiné et bafoué le droit à une information libre. Et voir débarquer des sites pertinents d’information sur Internet, cela m’est plutôt agréable, comme à beaucoup d’autres, je suppose. Un peu de fraîcheur, de liberté dans un monde tout offert aux arrivistes, aux carriéristes, aux manipulateurs d’idées, aux faiseurs de rêves exclusivement mercantilistes, c’est tout ce que nous demandons. Rien d’autre ! »

Elle est signée « Éric. B » et résume assez bien la situation. Mais la liberté de ton n’est pas du goût de tous. Ni de toutes !

On beaucoup commenté la venue à la dernière fête des BBR du Front national de Dieudonné M’bala M’bala, saltimbanque diabolisé pour son antisionisme devenu un peu trop voyant et ex-futur candidat à la prochaine élection présidentielle : il a dû jeter l’éponge faute des 500 signatures d’élus nécessaires… On a beaucoup moins parlé de ceux qui l’accompagnaient. Car Dieudo n’est pas venu seul dans « l’antre du diable ». Il était accompagné à cette occasion d’Ahmed Moualek, président de l’association « La banlieue s’exprime ». Depuis mars 2005, cet info graphiste de 35 ans dirige une télévision par Internet. Tout d’abord destinée aux Balbyniens(1), elle a rapidement vu son audience exploser.

Depuis sa visite chez Jean-Marie Le Pen, son soutien municipal a explosé aussi. En plein vol, lui ! Madame la Mairesse de Bobigny et sa Municipalité communiste ont en effet sanctionné Ahmed Moualek pour sa simple visite au BBR.

« Un membre de la mairie de Bobigny m’a téléphoné et m’a informé que madame la Mairesse ne souhaitait plus associer la municipalité à mon projet de télévision par Internet », explique le président de « La banlieue s’exprime ». En clair, plus un rond pour le social-traître !

Et Éric B. de conclure : « Voilà une municipalité communiste, donc à priori proche du “peuple d’en bas” qui, apparemment, ne subventionnerait que des associations lui faisant acte d’allégeance ».

Qu’Éric B. découvre l’eau humide a quelque chose de sympathique. Mieux vaut tard que jamais ! Et quand il ajoute…

« Je tenais à informer les Balbyniens, et au-delà les citoyens français, de certaines pratiques en France qui consistent, avec les deniers publics, a octroyé des subventions plus ou moins généreuses à des associations qui, en contrepartie, “rouleraient” pour tel ou tel parti politique. Cela est injuste et donc inacceptable. Il serait temps de légiférer sur les subventions accordées aux associations locales et d’instaurer une transparence ainsi que des règles claires et équitables. »

… je ne peux que l’en féliciter. Ça ne rendra pas plus riche Ahmed Moualek pour autant, mais il se consolera peut-être avec cette citation d’Urbain Gohier(2) : « Vous voulez vivre ? Vivre, c’est agir ; et l’or est un puissant levier.

La misère aussi, qui donne l’indépendance.

Il est fort, l’homme qui dispose de quelques millions. Mais il est redoutable, l’homme qui n’a pas de besoins, qui n’a pas de liens, qui n’a pas de crainte, et qui garde une âme ferme, une pensée lucide, l’œil juste et la main prompte.

Restez pauvres.

Si vous êtres privés des filles d’opéra, du salut gouailleur des laquais, de l’obsession des parasites, de l’envie des faquins, de la trahison de vos amis, vous ne manquerez pas cependant de quelques satisfactions.

Vous sentirez les vivifiantes secousses de la colère et les fortes jouissances du mépris. »