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Mercredi, 11 Octobre 2006 |
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Merci Nicolas
Il me faudra remercier Nicolas Sarkozy pour m’avoir permis de détester davantage et définitivement la démocratie.
Ce point mérité évidemment une explication.
La volonté qui existait autrefois au sein du peuple de savoir et de comprendre qui n’était que la conséquence de l’action délibérée d’une minorité d’éclairés a disparu suite à la volonté d’une autre minorité celle ci obscurantiste. Comme dans la foulée l’individualisme a mis fin aux structures communautaires (famille, travail de groupe, syndicats, partis, etc…), chacun se choisit désormais des groupes d’adoption (réels ou virtuels) en fonction de ses propres affinités. C’est ainsi qu’au lieu de voir s’épanouir la nécessaire confrontation des idées on trouve désormais une pensée unique qui s’auto-entretient dans le cadre de bulles qui quoique distinctes convergent vers l’essentiel à savoir la pérennisation du système actuel dont la signification contemporaine n’est autre que le quasi néant.
Ces modifications dans la sphère sociologique qui sont voulues par le lobby économique se traduisent pratiquement dans la représentation théatrale de l’action politique. Il n’y a d’ailleurs plus de politique au sens noble du terme c’est à dire de pensée de l’organisation de la vie de la cité en fonction du bien commun mais une autogestion à l’encontre des peuples par le biais du laisser aller économique.
Ainsi, on singe l’action politique à défaut de la pratiquer. Voilà qui nous amène à la primatologie sarkozienne.
L’animal ne surprend qu’en France. Aux Etats Unis, il serait dans la norme. S’il est novateur ici c’est parce qu’il a pris ses leçons là bas. Tant de choses nous viennent d’outre atlantique : l’hystérie anti-tabagique après le cow boy marlboro, l’obésité, les sdf, les ravages des jeux video et j’en passe.
Les descentes récemment filmées en France dans les cités des forces de police ne font-elles pas irrésistiblement penser aux images du débarquement en Somalie ? Si le résultat est le même, ce n’est guère probant. Mais évidemment cela marque les affects à défaut des esprits ce qui est justement l’essentiel dans une démocratie où on s’est acharné à lobotomiser.
Tout comme aux Etats Unis on ne rend pas compte de son bilan. Il faut dire que s’il est négatif comme ce fût le cas au ministère de l’intérieur (alors qu’il donnait l’IMPRESSION du contraire), il s’ensuit immédiatement une critique non fondée à l’encontre de la magistrature. Et d’invoquer l’opinion du peuple, celui là même que ce type de comportement politicien conduit à décérébrer, afin de se justifier. A tort ou à raison peu importe ici, si Nicolas Sarkozy a refusé de s’expliquer sur son bilan tout en mettant en cause la responsabilité de la magistrature, c’est qu’il admet de facto un constat négatif… sans le dire. Voilà qui est écrit.
Le 11 septembre donnait lieu aux commémorations que l’on imagine. On comprend mal les américains de l’importance accordée à ce détail eu égard aux sévices qu’ils ont infligés de par le monde. De combien de 11 septembre sont-ils responsables ? Ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Le ministre de l’intérieur a donc distribué des médailles françaises à des pompiers dont je ne mets pas en doute le courage mais dont je me demande pourquoi ils ont été ainsi décorés. Quel est le rapport avec la France ? Et si je puis écrire les choses assez crûment avec le ministère de l’INTERIEUR en visite à l’extérieur ? Les Etats Unis sont-ils une province française ? A moins que la France ne soit devenue un Dom ou un Tom des Etats Unis.
Une chose est certaine, le président de l’ump est passé par le bureau ovale. Privilège auquel un ministre de l’intérieur n’a habituellement pas droit. Le voilà désormais assermenté. Il n’est pas considéré outre atlantique comme le tout venant. Il est traité avec des égards que n’ont pas connus ses prédécesseurs. Il faut rappeler qu’un journaliste américain a écrit à cette occasion non sans admiration que Nicolas Sarkozy était le moins Français des hommes politiques français. Mon lectorat sait très bien que j’en ai conscience depuis longtemps: je ne dirai donc pas le contraire.
On peut légitimement se demander pourquoi j’écris si tard après les événements. La raison en est simple. D’une part, il y a eu en France des réactions à ce voyage qui furent peu flatteuses pour le principal intéressé, d’autre part il y a eu une justification à posteriori qui méritait réflexions avant analyse. Enfin, un mois après tout a été oublié ce qui mérite bien un rappel à froid.
‘On’ a dit que Nicolas Sarkozy était le caniche des Etats Unis suite à sa volonté d’une collaboration (sic) étroite entre les deux pays. C’est méchant pour les caniches qui ont été humiliés par cette dévalorisante comparaison. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, parenthèse gaulliste mise à part, cette collaboration existe. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Le président de l’ump se contente donc de placer au grand jour ce qui est su des spécialistes. Faut-il pour autant prendre ces critiques au sérieux ? Pas globalement. Présidentiable, Nicolas Sarkozy sera attaqué sur certains sujets par ceux là même qui pensent comme lui et attendent d’être au pouvoir pour annoncer la couleur. Dominique Strauss Kahn est de ceux là ; en effet, il s’inscrit dans une démarche américanophile en prônant comme il l’a fait l’entrée de la Turquie et d’Israel dans l’union européenne. On peut se demander ce qui nous empêche de convier dans le même élan les sympathiques manchots d’antartique.
Laurent Fabius est de la même obédience: économiste. Il est d’ailleurs davantage européen (de l’Europe libérale, j’entends) que ne l’était Lionel Jospin. Son ralliement au ‘non’ dans le cadre du référendum est une opération politicienne et non une conviction. S’il venait à arriver au pouvoir nous aurions droit tout comme avec son compère et néanmoins rival à du Soft Sarkozy.
Jack Lang aurait pu constituer une heureuse surprise (je n’ai pas écrit ‘divine’ parce que la tolérance a ses limites) s’il avait encore en tête ses discours anti us du début des années 80. Las, il est parti.
Poursuivons dans la délicatesse (après tout c’est Ramadan), François Bayrou est …gentil. Ce n’est pas lui qui arrêtera la déferlante, même si rendons-lui grâce il n’est pas Nicolas Sarkozy.
Ce dernier, justement a trouvé le moyen de biaiser à nouveau (confère la mise en cause da la magistrature) afin d’éviter une explication qu’il se devait de donner compte tenu du fait qu’il avait outrepassé ses fonctions. Il a ainsi mis en cause la ‘pogne’de Poutine serrée par qui l’on sait. Tout comme pour la magistrature le parallèle ne tient pas. Un président ou un premier ministre se doit d’avoir des contacts avec tous ses homologues appréciés ou pas. En revanche, rien n’obligeait Nicolas Sarkozy à se rendre aux Etats Unis. Poutine est d’ailleurs un dirigeant européen qui le rend incontournable pour la constitution d’un axe Paris-Berlin-Moscou, prélude à l’émergence d’une Europe continentale. On ne peut également ignorer le dirigeant d’un pays dont la géographie présente autant d’intérêts pour l’ensemble des européens. Seulement voilà, Poutine est un des grands adversaires de Bush et le président de l’ump a très probablement commis un lapsus révélateur. Le camp qu’il a choisi et jusque dans son for intérieur quoique il puisse en dire est bel et bien celui des Etats Unis : il raisonne en américain et en fonction des intérêts américains. On voit mal d’ailleurs ce qu’il reproche au président russe. S’il aime les droits de l’homme on voit mal ce qui le pousse dans les bras du responsable d’Abou Ghraib de Guantanamo ou d’ailleurs. Il faut peut être chercher la réponse côté générationnel ou bien peu purent échapper au formatage ‘made in America’.
Paradoxalement cette affaire a fait moins de bruit que ce à quoi on pouvait s’attendre. En effet et comme à l’habitude le surplus d’informations à noyé l’événement. Ce qui est choquant, c’est que le ministre de l’intérieur d’un pays a désavoué son propre président ainsi que son premier ministre dans un autre pays. Au point que certains élus américains en ont tout à fait normalement été choqués.
Alors que la France défend une position mesurée et assez originale au proche orient ce qui nous a évités les attentats espagnols et anglais, le ministre de l’intérieur a jugé bon de valoriser les politiques qui furent celles de Aznar, Berlusconi et Blair. Sur l’Iran, sur l’Irak, sur le Liban et la Palestine, ses positions sont exactement celles des Etats Unis et donc absolument pas celles des dirigeants de son propre pays et du gouvernement auquel il appartient.
En conséquence si chacun est en droit de disposer d’opinions politiques, on peut ainsi être américanophobe ou américanophile, il est nécessaire dès lors où on appartient à un gouvernement et surtout dans le cadre d’une visite à l’étranger de soutenir la politique générale initiée par le chef de l’exécutif.
Comme le faisait remarquer Jean Pierre Chevènement en son temps et avec le panache que l’on sait : ‘ Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.’
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