Politique et coquinerie ont toujours fait bon ménage. Argent, sexe et pouvoirs constituent la trinité du monde sublunaire, en attendant qu'à la fin des temps s'impose l'éthique divine. Mais l'Histoire est faite de pâte humaine, c'est-à-dire de sperme, de boue et de vilenie. Il est donc malséant de s'étonner, voire de s'indigner de ce qui est pour ainsi dire une loi de nature. Ajoutons que l'âge démocratique, qui s'était fixé comme cahier des charges le projet de nettoyer les écuries du château, est aussi puant que le régime qu'il a supplanté; avec un défaut supplémentaire : non seulement le pouvoir y est ce qu'en lui-même l'éternité le change, c'est-à-dire souvent malpropre, mais, comme il s'agit de le prendre, ou de ne pas le perdre, selon le comput de son calendrier électoral, l'avidité en est d'autant plus acharnée, et probablement avec un avantage que n'avait pas l'ordre ancien, qui reposait sur la permanence de la naissance et de l'hérédité.
Ce qui rend le spectacle de la briganderie triomphante, dont on ne connaît les exploits qu'une fois les vapeurs de l'orgie quelque peu retombées, ce qui soulève plus le coeur que dans ces temps antiques où, finalement, on ne demandait pas au bon peuple, par des élections dérisoires, d'aller cautionner hypocritement un système organisé de vol et de mensonge (je parle du régime des Rois), c'est que le progrès de la communication et de la diffusion propagandistes nous met perpétuellement en présence du faciès de ces roués potentiels, en quelque sorte jusque dedans notre chambre à coucher, du moins de notre salle à manger.
Ce qui gâte fâcheusement le ragoût.